Quand Franco finançait les pèlerinages à la Mecque pour rallier les musulmans à sa dictature

C’est une information historique apparemment assez secrète. J’en ai entendu parler en regardant la rediffusion d’une émission télévisée qui l’évoquait brièvement : le dictateur Franco avait enrôlé des musulmans en leur promettant un pèlerinage à la Mecque.

Je ne sais pas d’où la présentatrice de cette émission consacrée aux voyages a pu tirer cette information qui m’a interpellé… dans un magazine “grand public” qui n’a rien de complotiste (la présentatrice elle-même étant tout ce qu’il y a de lisse et consensuel).

C’était donc déjà l’époque des prétendus “accommodements raisonnables”, où contre un soutien politique, des dirigeants offrent le droit de porter le voile, financent des mosquées, offre des prestations sociales, ici le pèlerinage à la Mecque… l’islam passe avant toute valeur.

Du côté des sites français, je n’ai rien trouvé sur Internet. Même “Hérodote”, apparemment, n’en dit rien (pourtant la bible de l’Histoire sur Internet).

Les historiens professionnels ou amateurs, habitués aux recherches bibliothécaires sauront peut-être mieux trouver… avis aux intéressés !

C’est finalement le site marocain “Yabiladi” qui en dit le plus. Site marocain qu’on ne peut guère suspecter d’islamophobie.

Alors pourquoi vendent-ils la mèche ? Parce que cela leur permet de critiquer “la colonisation” au passage.

Les vilains Européens sont venus prendre les forces arabes pour servir leurs desseins politiques. Il paraît que les Français jouaient la même partition…

C’est une façon de voir les choses. Une autre est de considérer que, sans aucun scrupule, les intéressés se sont ralliés au dictateur en faisant prévaloir leur objectif islamique, le pèlerinage à la Mecque.

C’est sans doute parce que c’est cet aspect des choses qu’on retient plus facilement, nous Occidentaux, que l’information a rejoint les oubliettes de l’Histoire, ne paraissant pas digne d’être connue aux yeux de la “communauté scientifique”.

Cela donnerait une mauvaise image de l’islam, celle alliance fasciste et sanglante contre la République… ne pas trop en parler…

Alors voici ce qu’on peut lire sur Yabiladi : https://www.yabiladi.com/articles/details/64994/maroc-quand-franco-organisait-financait.html

“Maroc : Quand Franco organisait et finançait le pèlerinage

Le général Francisco Franco, qui mènera une dictature en Espagne (1936 – 1975), s’est fait un nom principalement au Maroc. Par la suite et à son ascension, il verra dans le royaume une zone stratégique pour recruter pour ses troupes, mais aussi un pont vers le monde arabe.

Publié Le 17/05/2018 à 22h30

Ph. DR
Temps de lecture: 4′

Nous sommes en plein mois de décembre 1936. L’Espagne vit une guerre civile, contre le gouvernement de la deuxième république. Le Maroc est sous Protectorat (1912 – 1956). Sur les ondes, Radio Tétouan annonce que le général Francisco Franco, qui a dirigé le pays ibérique d’une main de fer entre 1939 et 1975, a préparé un bateau militaire à vapeur pour emmener plus de 300 musulmans de Sebta à Djeddah.

Depuis ce jour et jusqu’en 1951, Franco organisera et financera chaque pèlerinage annuel vers la Mecque. Cette initiative lui a valu l’image d’«un bon mulsulman», mais quelles étaient réellement les ambitions du dictateur ?

Franco et le Maroc, le début d’une longue histoire

Sous le Protectorat au Maroc, Franco a entretenu une relation très particulière avec le pays. Alors âgé de 21 ans, il demandera à être affecté au régiment des réguliers indigènes. L’un des personnages les plus influents du XXe siècle deviendra une légende, principalement grâce aux prouesses militaires qu’il mènera au Maroc. Il obtiendra la croix du mérite militaire de première classe et en 1915, et sera promu capitaine.

Durant son séjour au Maroc, qui s’achèvera en 1915 après sa blessure lors d’un combat à El-Biutz, à quelques kilomètres au sud de Sebta, celui qui sera promu par la suite commandant apprendra beaucoup aux côtés des Marocains.

Il repart en Espagne et continue à grimper les échelons, jusqu’à se voir attribuer l’armée d’Afrique, constituée de plus de 23 000 hommes. En août 1936, son armée prend le départ de Sebta, pour se rendre à Séville, où il s’affirmera face à un rival mal organisé. Ainsi, il pourra «conquérir» l’Espagne, alors fragilisée par la Guerre civile.

En septembre, Franco, aussi appelé Caudillo (chef en français), sera nommé général en chef jusqu’à fin de la guerre. Cependant, une semaine après et grâce à un décret promulgué presque en catimini, il se verra attribuer le titre de chef d’Etat. Il occupera pleinement le poste du premier octobre de cette année-là jusqu’à sa mort, en 1975.

Isolement politique et rapprochement avec les Etats arabes

Durant ses années au pouvoirs, Franco régnera sur une Espagne affaiblie, non seulement à cause des tensions internes mais aussi en raison du climat politique en Europe avec la montée de l’absolutisme. Dans cette conjoncture, le fasciste se fera des alliés, particulièrement grâce à la proximité géographique et aux rapprochements idéologiques avec les autres dirigeants du continent. Franco sera très proche de Benito Mussolini, l’autre dictateur qui sera aux commandes de l’Italie de 1922 à sa chute, en 1943.

Mais à la fin des fascismes en Europe, l’Espagne de Franco se retrouvera sans alliées. Elle devient l’ennemi de tous, représentant le dernier bastion du totalitarisme sur le continent. Par peur des représailles, le Caudillo se trouve dans l’obligation de s’associer à d’autres pays, en Afrique du Nord et en Moyen-Orient : Arabie Saoudite, Libye, Egypte, Liban, Syrie…

Cet arrangement a été soigneusement travaillé par le dictateur, qui s’est basé sur le passé arabe et musulman de l’Espagne, ancienne colonie des dynasties musulmanes. Cela nous ramène aux expéditions organisées et financées par Francisco Franco. Un article d’El Independiente revient sur les relations qu’entretenait le Caudillo avec Al Andalus.

Les Marocains ont eu droit à cet élan de générosité du dictateur, en 1936 déjà. Par la suite et à partir de 1939, ses bateaux feront escale en Libye, à l’époque occupée par Mussolini. Sur le chemin du retour, les pèlerins s’arrêtaient aussi à Séville et à Cordoue, où Franco s’est réuni avec eux pour se remémorer l’époque glorieuse d’Al Andalus, qu’il comparait à une deuxième Mecque. Le professeur Eric Calderwood, dans son ouvrage «Colonial al-andalus», l’explique :

«Ce n’était pas seulement un geste qui a servi à recruter des soldats marocains affectés à la Garde de Mora. Franco a soutenu l’unité culturelle du Maroc en tant que partie intégrante d’Al Andalus, un cadre politique, culturel et territorial qui lie l’Espagne et le Maroc depuis le Moyen-Age. Al Andalus était un concept géostratégique pour justifier la présence espagnole en Afrique du Nord et faire la différence avec le colonialisme français, son grand rival dans la région, qui parie sur la division de la société marocaine en favorisant le nationalisme de la minorité berbère.»

Le hajj comme outil de propagande

En effet, ce lien entre l’Espagne et le Maroc a toujours été présent. Lors de ces pèlerinages, les problèmes rencontrés par les Marocains sont similaires à ceux des Espagnols. Un document atteste de ce rapprochement. Il s’agit d’un rapport écrit par un officier espagnol, décrivant le périple vers la Mecque, effectué en 1949.

L’officier relate à la première personne du singulier le voyage, entamé depuis Tétouan, en faisant escale à Nador, Alger, Tunis, Tripoli, Benghazi, Alexandrie, Louxor, et atterrissant enfin à Djeddah. Sur place, l’auteur évoque les problèmes de compréhension de langue pour les notables marocains embarqués pour le hajj. De plus, l’officier raconte les problèmes liés aux passeports et à la désorientation à Djeddah.

Au-delà des problèmes décrits, ce document sert à comprendre comment Franco a séduit le monde arabe. Ainsi, le professeur Josep Lluís Mateo Dieste analyse dans une publication académique («Rarezas» : conversiones religiosas en el Marruecos colonial (1930-1956)) ce que représente le hajj dans l’idéologie politique de l’Espagne franquiste.

Tout d’abord, selon le chercheur, existe un respect inaliénable de l’Islam qui ne doit pas être rompu. «Comme indiqué dans les manuels écrits pour les officiers coloniaux, la stratégie officielle indiquait un respect formel de l’islam. Il était combiné à l’objectif de contrôle des chefs des confréries soufies afin d’éviter les dangers potentiels», explique-t-il.

Au fil du temps, ces expéditions sont devenues un véritable outil de propagande, plus accessible et sous d’autres cieux. Ainsi, l’on facilitera le financement des billets d’avion et l’on supervisera même les délégations marocaines parties pour le pèlerinage.

A la fin de la guerre civile en Espagne, cette stratégie devient plus organisée. Ceux qui ont combattu avec les troupes espagnoles se sont vus offrir en échange un voyage vers la Mecque (une politique également utilisée par les Français).

Ces voyages seront donc une forme de propagande, employée à l’époque pour avoir un pied dans le monde arabe. Une volonté qui sera cependant bafouée par l’émancipation de plusieurs de ces colonies, et notamment par le fait que les Etats-Unis deviendront une superpuissance, poussant les pays arabes à s’allier à eux.”

…Suite : https://www.yabiladi.com/articles/details/64994/maroc-quand-franco-organisait-financait.html

 

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15 Commentaires

  1. Et aujourd’hui, une des plus grosses erreurs de POUTINE, que pourtant j’admire beaucoup, a été de s’allier avec le sinistre islamopithèque tchétchène KADIROV, qui a envoyé une très sinistre milice de tueurs islamistes pour soi-disant “appuyer” les troupes russes en Ukraine!… Je trouve çà impardonable de sa part, et cela fait preuve d’un calcul à TRES courte vue! Et je suis certain que nombre de soldats et officiers russes pensent comme moi!…

  2. La dictateure Macron elle, organise l’invasion musulmerde de la France, avec une prédilection pour les nègres à machette.

  3. Effectivement, confirmé par un combattant républicain revenu en Espagne par mesure de clémence (mais 3 ans supplémentaire dans l’armée).
    Franco fit mieux, si j’ose dire, quand il débarqua pour réagir contre la république espagnole, une bonne part de ses troupes étaient marocaines, bien plus que les quelques centaines annoncées…
    Depuis plusieurs années la représentation historique gauchiste de la dictature franquiste en a pris coup dans l’aile depuis certaines révélations (prouvées) d’un historien au départ de gauche, Pio Moa, auteur des Mythes de la Guerre d’Espagne.
    Certes Franco dictateur, mais pas génocideur comme certains se plaisent à le dire. Rien à voir avec Hitler et même Mussolini, pas de grande idéologie dans le franquisme. Par ailleurs il désespéra Hitler et Mussolini pour ne pas être entré dans la guerre 39/45 (l’Espagne était exsangue avec 1 million de morts*, 400 000 exilés).
    * : bien des charniers restent à découvrir
    Son régime autoritaire, conservateur et traditionaliste proche de l’Église n’a pas aidé au développement de l’Espagne au début, ce n’est que vers la fin qu’il s’est illustré par une politique spectacle de l’eau (nombreux barrages inaugurés, pas très bien élaborés, problèmes d’envasement).
    Pour revenir aux républicains, terme qui englobe socialistes, anarchistes, communistes, indépendantistes. Les choses ne se passaient pas très bien entre eux… Les communistes ont exterminé des anarchistes du POUM par exemple. A Valence, un tribunal révolutionnaire avec un français participant aux jugements (André Marty, membre du Kominterm, par la suite viré du PCF lors de la période des procès de Moscou).

  4. Francisco Franco Bahamonde recrutait des soldats marocains dans son armée lorsqu’il était au pouvoir en Espagne de 1936 à 1975 en finançant leur pèlerinage à la Mecque ! C’est bizarre mais ça évoque sa relation très particulière avec les Marocains à travers une portion du Maroc et du Sahara Espagnol auquel il participait aux combats dans la région et c’est bon à savoir !

  5. Je ne connais pas bien le sujet, je peux juste dire que du temps de Franco au début des années 70, et pour avoir fréquemment passé mes vacances d’enfant en Espagne, la sécurité intérieure du pays ne faisait pas défaut, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, on pouvait sans crainte déambuler en n’importe quel endroit de la station balnéaire. On sentait cependant la crainte qu’inspirait la Guardia civil, sans qu’elle n’ait besoin de le démontrer. Si des accointances électorales avec les musulmans sont possibles, pas sur qu’elles soient similaires à celles de LFI, le régime franquiste si dur soit-il savait maintenir ses alliés. Par ailleurs il ne me semblait pas à l’époque, que la jeunesse espagnole ne soit entravée dans son désir de vivre leur temps comme la plupart des pays européens.

  6. françois le français

    y a un paquet de Franco du coté de ma grand mère paternelle livournaise

  7. Ces conquérants musulmans, amateurs de violences et de guerres offensives, étaient dans leur élément naturel aussi bien en compagnie de Franco que en pèlerinage à La Mecque. Le caudillo comme leurs prédicateurs tenaient le même langage : utilisons la violence, multiplions les annexions, implantons le fascisme, c’est au nom de Dieu !

    • Il s’agissait surtout de combattre les athées et la gauche. C’est le risque de la prétendue “union des droites”, récolter tout ce qu’il y a de réactionnaire… On voit bien que la frange ultraconservatrice en France fricote parfois avec les islamistes (par exemple lors de la Manif pour tous).

      • Bonjour,

        Oui, c’est exactement cela.

        C’est que je voulais répondre aussi à Célestin : il y avait une convergence idéologique.

        Les témoins de Gauche, de la Guerre d’Espagne, ne manquent pas de le souligner.

  8. Bonjour,

    Un grand merci, Maxime, pour cet article !

    Les musulmans, “los Moros”, étaient employés comme nettoyeurs de tranchées par Franco, ils étaient d’une cruauté inouïe.

    Ce qui fait que l’extrême-gauche espagnole de l’époque (POUM, CNT-FAI) les vomissait.

    Il faut lire Orwell, Mika Etchebéhère etc, qui ne cachent pas la répulsion que leur inspire la cruauté des musulmans.

    Ce qui, il y a encore quelques années, gênait beaucoup les Gauchistes français.

    Je me souviens d’un article d’un type de la LFI, sur la Toile, qui se livrait à de multiples contorsions pour exhiber quelques musulmans combattant aux côtés des Républicains.

    Il nous reste, quand même, quelques chants républicains, dont je doute qu’ils soient toujours en odeur de sainteté chez les Gauchos français de 2023.

    D’ailleurs les Gauchos qui les mettent en ligne en tronquent les titres.

    Par exemple :

    “(Los Moros) no pasaran”

    https://www.youtube.com/watch?v=TVjSwMmdQ6w

    Une jolie reprise à faire par les patriotes français !

      • Bonjour,

        Oui, merci de ce rappel.

        Le maquis de mon père, de l’Armée Secrète de Corrèze, a capturé plusieurs dizaines de musulmans azerbaïdjanais sous uniforme allemand en juin 44.

        Ils étaient réputés, eux aussi, pour leur extrême cruauté.

        Mon père était très fier d’avoir défilé avec ces captifs, lors de la libération d’Objat.

        Malheureusement, je n’en sais pas beaucoup plus.

        C’est quand vos parents ont disparu que l’on regrette de ne pas leur avoir demandé de raconter leurs souvenirs.

      • Bonjour,

        Très intéressant, en effet : merci pour le lien.

        Les islamo-gauchos toujours à mettre dans notre potage nos “relations avec l’Islam” font les muets du sérail quant à cet épisode.

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