La fameuse abbaye Notre-Dame d’Orval, située dans les Ardennes, enveloppée d’une brume hivernale © Divine Box
C’est à la frontière française dans les Ardennes, au sud de la Belgique non loin de la frontière française, que l’abbaye Notre-Dame d’Orval connaît une histoire pas comme les autres. Selon la légende, ce serait une comtesse, Mathilde de Toscane, qui aurait été à l’origine de tout ça… et maintenant, l’abbaye est connue pour sa fameuse bière trappiste. Vous vous demandez sûrement quel est le lien ? Et bien Divine Box vous fait découvrir tous les mystères de cette abbaye, c’est parti !
A l’origine d’Orval, fameuse légende !
Nous sommes au XIe siècle. Au cour d’une promenade, Mathilde, comtesse de Toscane et tante de Godefroy de Bouillon, désire se désaltérer dans un ruisseau. Mais horreur ! Alors qu’elle se penchait vers le ruisseau, son alliance glisse dans les eaux. Devant la perte d’un objet si cher, le seul souvenir de son défunt mari, elle n’hésite pas un instant. Elle supplie la Vierge Marie de faire un miracle. Ni une ni deux, sa prière porte ses fruits car Mathilde voit alors surgir de l’eau une truite. Et ce n’est pas tout ! Elle tient dans sa bouche l’anneau si regretté de la comtesse. Remplie de joie et de reconnaissance, cette dernière s’empare de l’anneau en s’écriant : “Vraiment, c’est ici un val d’or” ! Pour remercier la Vierge d’avoir exaucé si rapidement sa prière, elle promit de fonder dans cet Orval une abbaye. C’est celle que nous connaissons aujourd’hui, la fameuse abbaye Notre-Dame d’Orval !
Sur les vitraux de l’abbaye d’Orval est représentée sa légende. Le poisson d’Orval rapporte l’anneau à sa propriétaire ! © Divine Box
Des débuts chaotiques mais des moines toujours présents
1070 est en effet la date historique qui marque les débuts d’une communauté monastique à Orval. Mais une quarantaine d’années plus tard, les moines s’en vont déjà…
Heureusement, des chanoines viennent les remplacer quelqu temps après. Ils doivent cependant faire face à des problèmes d’ordre financier. Ils demandent alors à être rattachés à l’ordre de Cîteaux (en grande expansion à l’époque) ! Leur requête est donc transmise à saint Bernard en personne, qui charge l’abbaye champenoise de Trois-Fontaines de gérer l’abbaye d’Orval. C’est donc en 1132 qu’atterissent à Orval sept moines cisterciens. Ils ne forment qu’une seule et même communauté avec les chanoines déjà sur place. Pas de temps à perdre : main dans la main, les membres de cette nouvelle communauté revoient l’organisation du monastère pour en faire un lieu de vie adapté à la règle cistercienne. Avant 1200, la nouvelle église est même achevée !
Cependant, quelques difficultés se font sentir peu de temps après… En 1252, l’abbaye d’Orval est ravagée par les flammes. La communauté connaît alors un vrai coup de mou : les vocations et les ressources se font si rares que l’on envisage même la fermeture de l’abbaye. Les temps sont durs, hélas !
Malheureusement, les moines ne sont pas au bout de leur peine. Les 15e et 16e siècles sont marqués par les conflits entre les différentes puissances d’Europe. Et même Orval souffre de ces affrontements, car les terres de l’abbaye seront ravagées !
Bien entendu, ce n’est pas sur cette triste histoire que tout s’achève. Le courage et la persévérance des moines leur permet alors de redynamiser l’abbaye. Il a fallu attendre le 17e siècle pour que la communauté connaisse son âge d’or. Quel soulagement après toutes les épreuves endurées ! Et ce n’est pas tout, en 1723, la communauté réunit même 130 membres, elle est « la plus nombreuse de tout l’Empire »!
Lorsqu’éclate la Révolution française en 1789, l’intégralité des biens sont confisqués. Et quelques années plus tard, l’abbaye est détruite et ses membres disséminés. Orval demeure alors à l’état de vestiges, avec des murs complètement calcinés, pendant plus d’un siècle !
Les ruines de l’ancienne abbatiale d’Orval sont encore aujourd’hui visitables. Un musée a même été mis sur pied pour compléter la visite ! © Divine Box
L’abbaye d’Orval renaît de ses cendres
Heureusement, en 1926 une famille bienfaitrice, les Harenne, sauve les ruines d’Orval et les terres du domaine. Elle en fait cadeau à l’ordre de Cîteaux, afin d’y restaurer la vie monastique, comme il se doit. Ouf, l’honneur est sauf !
La responsabilité de la fondation est alors confiée au père abbé français de l’abbaye de Sept-Fons, Dom Jean-Baptiste Chautard. Il envoie à Orval un groupe de moines qui va devenir la nouvelle communauté. Tout va très vite ensuite : on construit un nouveau monastère sur les ruines du 18e siècle.
A leur arrivée en 1927, les moines d’Orval mettent en place différentes choses pour financer les travaux titanesques de restauration des ruines (cartes postales, dons, timbres etc…), mais cela ne suffit pas. L’abbaye lance alors une brasserie, dont la production est assurée par des laïques, qui financera la fin des travaux, et assurera, encore aujourd’hui, l’équilibre financier de l’abbaye. Depuis le début, le brassage a donc toujours été assuré par des laïques, sous la stricte supervision des moines, conformément à l’exigence du logo “Authentic Trappist Product”. La brasserie emploie aujourd’hui 28 personnes, pour une production qui reste bien en deçà de la demande : l’Orval est aujourd’hui tellement prisée qu’elle est difficilement trouvable dans le commerce traditionnel … Parmi toutes les bières trappistes, c’est probablement l’une des plus mythiques et des plus appréciées par les amateurs : des notes d’agrumes en restant peu fruitée, une amertume bien prononcée, et une mousse bien dense. Miam !
Frère X. (d’Orval) ouvrant l’une des cuves dans lesquelles est préparée l’Orval ! © AIT
Et aujourd’hui ?
Aujourd’hui, la vie des frères trappistes (“cisterciens de la stricte observance”) est rythmée par la règle de saint Benoît, “ora et labora”, prie et travaille. Côté prière, ils assistent à sept offices quotidiens, le premier étant à 5h du matin ! Côté travail, ils passent le restant de leur journée à confectionner de bons petits produits monastiques. Miam ! On trouve parmi les produits de l’abbaye d’Orval phares leur fameuse bière trappiste bien sûr, mais aussi des bonbons au miel ainsi que du fromage.
Fidèle à la tradition des abbayes qui brassent de la bière trappiste, Orval possède sa taverne. Elle s’appelle “Auberge de l’Ange Gardien”, en référence au livre du même nom de la Comtesse de Ségur, souvent lu dans la famille de l’architecte de la nouvelle abbaye de 1927. On y trouve sur place de quoi boire évidemment (Orval, Orval vert et eau de la source Mathilde), mais aussi de quoi se restaurer, avec par exemple la fameuse Orvaliflette, tartiflette à base du fromage d’Orval. N’hésitez pas ! Et pour une petite retraite à l’abbaye, les moines vous accueilleront toujours avec joie dans leur hôtellerie que vous trouverez à l’entrée de l’abbaye, quelques mètres après l’Auberge sur la route.
Dans les bâtiments de l’Abbaye d’Orval comme son hôtellerie sont ornés du poisson à l’anneau © Divine Box
Et maintenant, pour en profiter ?
Pour profiter de ces délices, le mieux est bien sûr d’aller directement sur place. Vous pourrez passer à la boutique de l’abbaye et en profiter pour rendre une petite visite aux moines : Abbaye d’Orval 1, 6823 Florenville, Belgique. Sinon, vous pouvez cliquer ici pour acheter en ligne la bière de l’abbaye d’Orval !
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Erreur…Ce n’est pas dans un ruisseau qu’elle a perdu son alliance.
C’est dans la fontaine de l’Abbaye.
Bonjour Pascal,
Héhé non, l’abbaye n’existait pas encore à l’époque où la comtesse Mathilde se baladait ! 🙂
Merci pour cet article, qui mêle gastronomie et spiritualité ! Des moines brassicoles qui ne se font pas mousser et qui œuvrent dans la discrétion.