Une belle démonstration de patriotisme via un conte de Noël armé

Épaulé de son berger (allemand), soldat finlandais à l’entrainement, 1941

« STOP Yvan, ici c’est la Finlande, pas la Courlande »

Toute une légende le Général Mannerheim… Ne le confondez cependant pas avec la superbe cité rhénane Mannheim écorchée par les bombardements alliés. La comparaison s’arrête là puisque Mannerheim a repris du service en 1939 pour cause de bombardement, soviétique cette fois.

Carl Gustaf Emil Mannerheim (1867-1951)

Quoique né en Finlande près de Turku, il entre au service de l’armée russe en 1887 et se forme à Saint-Pétersbourg. Après 30 ans de bons et loyaux services, il rentre en Finlande en 1917 durant le tourbillon bolchevique, les troubles civils de son pays natal lui imposant son propre rapatriement.

Il est intéressant de noter qu’à cette époque Mannerheim ne parle pas le finnois mais est parfait trilingue suédois-français-russe.

Il y retrouve une Finlande divisée où les socialistes assimilés aux bolcheviques sont maîtres du sud du pays. Qualifiant le bolchévisme de malédiction totale de l’humanité, il prend le commandement des Blancs et gagne cette guerre civile. En 1919, il perd la lutte présidentielle : aristocrate et soldat dans l’âme, il n’avait probablement pas la meilleure opinion de la démocratie, ceci explique cela.

En 1939, Mannerheim connaît mieux que quiconque les faiblesses et surtout les forces de l’armée soviétique. Il remet donc sa démission au président finnois Kallio mais la légende veut que la vue des dégâts causés par un bombardement aérien soviétique lui aient fait faire volte-face : David Mannheimer affrontera bel et bien Goliath Staline.

Helsinki bombardé par l’aviation soviétique, 1939

Guerre d’Hiver et Guerre de Continuation

La Guerre d’Hiver débute le 30 novembre 1939. Côté finnois : 60 chars dont 30 surannés, 15 divisions dont 3 non armées, artillerie et aviation faibles, peu de munitions. En face, Staline lance en première phase 450.000 hommes (soit plus du double de l’armée finnoise opérationnelle), 1500 (!) chars et des centaines d’avions. Et le front à défendre s’étale sur 1600 kilomètres…

Formellement, le Traité de Moscou du 13 mars 1940 signifie la victoire soviétique et la Finlande perd la Carélie. Mais personne n’est dupe : les Soviétiques ont subi une véritable humiliation militaire et des divisions entières se sont vues encerclées et anéanties par l’agilité et la vitesse d’exécution du Petit Poucet finnois.

Mannerheim dira plus tard : « Je ne me rendais pas compte que mes soldats étaient si bons ou les Soviétiques si mauvais »

La Guerre de Continuation est du point de vue finnois la conséquence logique de l’Opération Barbarossa. Elle débute le 25 juin 1941 et se termine le 19 septembre 1944 par une victoire russe. Mannerheim est ensuite élu par le Parlement finnois pour négocier avec les Soviétiques. Par le Traité de Paris de 1947, Helsinki et Moscou signent la « paix séparée ». Mannerheim a quant à lui démissionné pour des raisons de santé en 1946.

Les deux facettes de Mannerheim

Au service du Tsar Nicolas II, 1900

L’allié temporaire d’Hitler, 1942 : une alliance de facto et non de jure

Mannerheim, une légende nationale

 

Les Finnois retiennent le vainqueur de la guerre civile, la « victoire de prestige » de 1939-40 mais également l’habileté d’un Mannerheim jouant les alliés de circonstance face au bolchevisme tout en s’écartant habilement de Berlin vers la fin de la guerre, ce qui permit sans doute à la Finlande de survivre en tant qu’État démocratique indépendant.

Certains lui reprocheront sa politique de rapprochement avec l’Axe, son attitude « lavalisante » mais nous sommes là dans le péché d’anachronisme qui vous fait juger le passé avec les yeux d’un Occidental du 21èmesiècle : une cruelle erreur de débutant ignorant les réalités géopolitiques du 20ème siècle.

 

France 2020

Aujourd’hui, les Français ont leur Mannerheim personnifié en Éric Zemmour. Ses soldats sont également peu nombreux et on les trouvera notamment parmi les rédacteurs et commentateurs RL & RR. Il n’en reste pas moins que l’Histoire (et pas uniquement celle de France, la plus dense de toutes) est un véritable mode d’emploi si l’on substitue les Islamiques aux Bolcheviques.

Richard Mil

Finlande : Hitler rend visite à Mannerheim, 1942

Fokker D-XXI de l’aviation finnoise, 1941

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5 Commentaires

  1. Dans le genre à avoir évité la folie meurtrière d’Hitler il y aussi la Suisse, la Suède et bien entendu l’Espagne qui avait été sollicitée directement. Mais attaquer l’Espagne avec son armée aguerrie comme on imagine, c’était un gros morceau. La Finlande était un peu loin au vu des pertes en Norvège en 1940 pour imposer une domination, c’est ce qui a relativement sauvé la Finlande.

  2. Je vais écrire quelque chose qui est totalement politiquement incorrect mais je pense que dans les décennies 30-40, il fallait choisir entre démocratie, enfin ce qui lui ressemble et les les pires dictatures qui semble avoir existé sur Terre: le nazisme et le communisme. En détruisant l’ex URSS et par le même coup en s’essoufflant contre les russes, l’aigle nazi nous ont protégé involontairement de l’ours communiste. Il faut savoir qu’après avoir pris Berlin en 1945 Joukov voulait s’arrêter à ….. Brest, Saline a refusé certainement plus en raison de l’état de son armée et de la bombe atomique des américains, même s’il bénéficiait d’une 5ème colonne en l’existence des divers PC implantés dans les pays d’Europe qu’il n’avait pas « libéré ». Le choix de Manneirhem de faire une alliance de circonstances avec l’Allemagne nazie était parfaitement justifiée. Les enjeux pour la Finlande étaient tels que la fin justifiait les moyens: profiter de l’aigle pour lutter contre l’ours et ensuite reprendre sa liberté vis à vis de l’aigle et ne pas se laisser entraîner dans sa folie meurtrière.

  3. Hello FdG, de mon côté je vous encourage à poursuivre votre criblage du monde audiovisuel actuel de plus en plus bariolé. Bravo pour votre illustration du jour Rabbi Jacob. Les prestations de Louis de Funès sont bien plus denses qu’on ne le croit généralement. De plus à cette époque on pouvait tourner dans Paris sans demander au caméraman de jouer au contor-sionniste pour capter un plan digne de ce nom. Je n’en dis pas plus sinon la Schiappa me donne la fessée et Propreté de Paris me fout dans sa benne !

  4. Merci Richard Mil pour cet article très intéressant.

    Je vous donne mon petit avis sur la question.

    Face au danger de l’ours soviétique, les Finlandais ont dû s’allier, après 1941, au loup nazi. C’est qu’ils n’avaient pas le choix, abandonnés par les « Alliés » considérant le partage de l’Europe comme inéluctable : la Finlande devait connaitre le sort des pays baltes.

    Mais l’Armée rouge est tombée sur un os… enfin, plutôt sur le « sisu », l’esprit de résistance suomi…

    Ils ont pu goûter aux cocktails Molotov, au KP31 (pistolet-mitrailleur à camembert, copié par les Russes), à la « mort blanche » et aux embuscades type Suomussalmi…

    Mais à 1 contre 10, ils ne purent que signer l’armistice et se retourner contre les Allemands qui brûlèrent, en représailles, la Laponie.

    En échange de leur indépendance, ils durent accepter de dures conditions (dont l’obligation d’acheter des Ladas !) et remboursèrent intégralement le montant des « réparation » de guerre dans les années 50.

    Mais d’après moi, Mannerheim a été poussé vers la sortie, en 46, par les Russes… c’était, en quelque sorte, leur « revanche » face au vainqueur de la Guerre d’Hiver.

    A signaler : la communauté juive fut protégée par le gouvernement finlandais. Malgré la colère d’Hitler…

  5. Merci Richard Mil , pour ce récit historique, et vous avez raison sur les reproches qui sont fait parfois, sans tenir compte du contexte, c’est souvent le cas ; le dernier paragraphe n’est pas mal non plus , cela devrait plaire à Zemmour

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