« Bonnard, Pierre et Marthe », une atmosphère bucolique loin de notre époque tourmentée

Bonnard, Pierre et Marthe, de Martin Provost (France, 2h02). Avec Cécile de France, Vincent Macaigne, Stacy Martin. re.

Ce  film très plaisant  aborde l’histoire du célèbre peintre français et de sa compagne,  l’amour et l’infidélité.

La vie d’artiste et l’idéal qui peut en naître, un rapport au monde, à la beauté et à la vie.

Synopsis

Tout est dans le titre, il ne s’agit pas d’un film sur l’artiste Pierre Bonnard mais sur le couple indissociable Pierre et Marthe. Il était tout pour elle, elle était tout pour lui, sa femme, sa confidente, sa muse qu’il peignait flou ou de dos.

Extrait

La maison.

L’artiste post-impressionniste y a peint de nombreuses toiles entre 1910 et 1938.

Ciel d’été, 1915 – Pierre Bonnard : la maison immortalisée par le peintre, où l’on distingue le rez de chaussée en briques rouges, l’escalier extérieur et le balcon de bois blanc plus que centenaire.

Bonnard l’ appelait « Ma roulotte » et il avait acquise en 1912.

Dans cette maison au bord de la Seine,   Pierre et Marthe vivent la plénitude de leur fusion charnelle  et c’est là que s’organisent avec Monet et Vuillard des déjeuners presque sur l’herbe.

La  maison du tournage , entourée de nature et au bord de la Seine était vraiment le lieu idéal, à dix kilomètres  de l’endroit où habitait Bonnard !

C’est le département qui a racheté la maison en 2019, et elle est ouverte aux visiteurs. Elle était habitée auparavant par des particuliers, un couple de passionnés,  comme le sont quantité de lieux culturels. En ce moment, c’est la maison de Draveil (91) ayant appartenu au célèbre peintre Eugène DELACROIX qui recherche un investisseur passionné,  en viager,   car la maison annexe a besoin de lourds travaux – mais c’est une autre histoire, tout comme celle de la demeure d’Alphonse Daudet juste à côté, toujours à Draveil -les deux hommes étant voisins et amis. 

 

Il ne faut surtout pas trop  lire avant de voir le film, cela n’aurait aucun intérêt,  surtout pas les entretiens  qui racontent toute l’histoire, comme celui de Cécile de France. 

Restons donc sur la forme plutôt que de dévoiler le récit. 

Entretien avec le directeur de la photographie.

 

Être directeur de la photographie sur ce film vous a particulièrement touché, pourquoi ?

Guillaume Schiffman : Tout d’abord le point de vue sur le film : Bonnard est le premier peintre de l’intimité d’une femme et Martin Provost voulait surtout filmer l’artiste en train de peindre sa femme puisque c’est leur histoire d’amour qu’il veut raconter. Ce qui m’a beaucoup touché, c’est qu’il s’est concentré sur toutes les peintures de Marthe que Bonnard a réalisées. Dans cette intimité et cette impudeur, il n’y a jamais de corps parfait, on voit des positions inhabituelles pour l’époque et pour moi, c’est une belle célébration de la femme.

Les extérieurs, Paris, Rome, vus par les fenêtres, sont des incrustations et ça se voit. Pourquoi ce choix ?

GS :Martin voulait privilégier l’évocation du XVIIIe à travers l’imagerie de cette époque et non pas faire une image réaliste. Donc oui, les matte paintings sont un peu exagérés pour que l’image de Paris ou de Rome ressemble aux gravures du XVIIIe . Cette exagération amène à la peinture.

Quels ont été vos choix pour la mise en image de la peinture ?

GS : On savait que les spécialistes de Bonnard iraient voir le film ! Il nous fallait trouver des ambiances de lumière qui nous plaisent, une lumière de cinéma, sans jamais trahir la vraie couleur sur la toile. C’était LE grand défi du film : rendre l’âme de la peinture.


Comment avez-vous éclairé le principal décor, une très belle maison au bord de l’eau ?

GS :L’un de nos défis avec Martin Provost était que la lumière dans la maison devait venir de l’extérieur, je ne voulais donc pas l’éclairer à l’intérieur. La maison qui a été choisie nous a permis cela car elle avait énormément de fenêtres

https://www.afcinema.com/Guillaume-Schiffman-AFC-parle-de-son-experience-sur-Bonnard-Pierre-et-Marthe-de-Martin-Provost.html

Cécile de France 

 « Bonnard Pierre et Marthe » permet au spectateur de se familiariser avec le processus créatif

Pierre Bonnard, une vie dédiée à la couleur

Vincent Macaigne, dans le rôle du peintre Pierre Bonnard génie parmi les couleurs

Il a emprunté aux Nabis la puissance évocatrice de la couleur, s’est inspiré du japonisme, a revendiqué son statut de « décorateur », a tracé sa propre voie et ne s’est revendiqué d’aucune école.

Pierre Bonnard, Nu à contre-jour (détail), 1908, huile sur toile, 124 x 109 cm, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

L’appel de l’art

Il est né en 1867 à Fontenay-aux-Roses, qui est encore un tranquille village d’Ile-de-France, même si la nouvelle ligne de chemin de fer, qui va jusqu’à Orsay, a rompu son isolement.

Monsieur Bonnard a beau être fonctionnaire au ministère de la Guerre, il aime cultiver son jardin. Et entend bien que son fils, latiniste et helléniste enthousiaste au lycée Louis-le-Grand, brillant bachelier en 1885, fasse son droit. Seulement Pierre n’aime rien tant que dessiner. Ses proches, les fleurs, les animaux. Et puis les paysages et les toits rouges du Grand-Lemps, la maison de son grand-père en Dauphiné, où il passe en famille tous les étés de son enfance. Il s’inscrit donc, tout en suivant les cours de la faculté de droit, à ceux de l’Académie Julian, et est reçu au concours de l’école des Beaux-Arts en 1889, un an après sa licence de droit. On voit très bien où le conduira sa vraie passion Suite sur Connaissances Arts

 

Salle à manger à la campagne, Pierre Bonnard, 1913, huile sur toile, 164,5 x 205,7 cm, exposé au Minneapolis Institute of Arts

 

La place de Clichy, 1912, huile sur toile, 138 x 203 cm, Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie 

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4 Commentaires

  1. Bel article bel hommage.
    Vies et amours trépidants de ces artistes…
    Beau film à voir. Ah les baignades …
    La bohème…

  2. Bonjour,

    Un immense merci Jules : c’est magnifique.

    J’ai toujours eu une passion pour Bonnard.

  3. Merci. Rachida Dati, ministre de la Culture, nommée par Macron, découvreur de talents, va sûrement apprécier cet article, qui lui permettra de découvrir le peintre Bonnard, car, avant, elle croyait que Bonnard, c’était Sarkozy, un type « bonnard », qui l’avait nommée ministre de la justice.

  4. Merci Jules pour cet article. Une page intimiste de la culture française à travers l’histoire d’un peintre.

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