Que faire quand le Canada nomme des islamistes à la tête de la lutte contre l’islamophobie ?

Je commenterai un article de Patrick Moreau,  professeur de littérature à Montréal, collaborateur de la revue Argument et essayiste. Il a notamment publié Ces mots qui pensent à notre place (Liber, 2017) et Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants ? (Boréal, 2008).

Quand Bochra Manaï a été nommée commissaire à la lutte au racisme et aux discriminations systémiques à la Ville de Montréal, Valérie Plante assurait les Montréalais qu’elle avait été sélectionnée au terme « d’un processus très rigoureux » qui était « garant de la qualité de la personne qui avait été choisie » et que cette dernière savait qu’elle servait désormais une « institution » et comprenait bien « son [nouveau] rôle ».

Beaucoup de Montréalais s’inquiétaient en effet du fait que la principale intéressée s’était surtout fait connaître comme porte-parole du Conseil national des musulmans canadiens et qu’à ce titre, elle avait publiquement pourfendu la loi 21 sur la laïcité de l’État et le Québec tout entier, devenu, selon elle, « une référence pour les suprémacistes et les extrémistes du monde entier ». Pouvait-on vraiment penser que quelqu’un qui tenait quelques semaines plus tôt des propos aussi provocants et aussi peu objectifs (elle était allée jusqu’à associer la loi 21 aux attentats de Québec et de Christchurch, en Nouvelle-Zélande) allait se muer instantanément, par la magie d’une nomination, en commissaire impartiale ?

Le noeud du problème est là. On recrute des militants politiques pour en faire des fonctionnaires censés être objectifs et impartiaux et on s’étonne ensuite qu’ils soient demeurés avant toute chose… des militants.

La Ville de Montréal n’est évidemment pas le seul gouvernement à agir ainsi : pensez à la nomination récente d’Amira Elghawaby comme représentante spéciale du Canada dans la lutte contre l’islamophobie. Comme par hasard, elle aussi était proche du Conseil national des musulmans canadiens, pour lequel elle avait travaillé pendant cinq ans en tant que directrice des communications.

En la nommant à ce poste, Justin Trudeau croyait-il lui aussi qu’elle allait devenir une observatrice impartiale de l’islamophobie au pays ? Ce serait tout aussi improbable que de confier à un militant animaliste le mandat de statuer en toute objectivité sur le sort de cerfs de Longueuil !

[…]

Satisfaire ces différents lobbys est aussi pour nos gouvernements un moyen d’acheter la paix. Ils pensent, en intégrant certains de leurs leaders à l’appareil administratif ou en leur distribuant de généreuses subventions, désamorcer à moindre coût leurs critiques les plus virulentes. Le machiavélisme à la petite semaine des uns répond ainsi à l’entrisme des autres ; mais c’est un jeu où il y a un grand perdant : le citoyen ordinaire, qui ne se reconnaît dans aucune « communauté » et n’a donné mandat de le représenter à aucun lobby.

Loin de favoriser l’« inclusivité », ce communautarisme identitaire qui carbure au clientélisme est en train de tuer tout souci du bien commun et tout sens du service public.

Pour lire les passages supprimés : https://www.ledevoir.com/opinion/idees/802447/point-de-vue-dela-affaire-bochra-manai?

Demander aux citoyens de bien accueillir les immigrants pour éviter la xénophobie ou demander aux immigrants de s’intégrer aux valeurs occidentales pour éviter le communautarisme et les conflits avec les Canadiens ?

 On ne sait trop rien de cet agenda caché. Enfumage dans les yeux des Canadiens ou ouvrir les yeux des immigrants sur les réalités culturelles impératives des Canadiens ?

 Il semble naturel que cet effort soit porté mutuellement, mais le multiculturalisme exige plus de tolérance des Canadiens qu’il n’impose d’exigence aux immigrants : surtout à l’égard du statut social des femmes. Il est surtout là le nœud gordien.

 Pour régler le problème du vivre ensemble démocratique, il faut qu’il y ait un cadre (pays, constitution, une autorité publique). De cette banalité, il faut en déduire que cette autorité publique doit promouvoir une philosophie unificatrice et prédominante et exigeante à tous. En Occident, c’est la philosophie des Lumières, et celle-ci écarte toute religion de la sphère publique et la relaye dans les lieux de culte, le domaine privé, intime et dans les lieux de culte.

 

Hors de cette règle, que des querelles féodales et religieuses.

 

Pour régler donc ces vapeurs ou chaleurs intégristes et communautaristes, il n’y a pas de dialogue possible. Il n’y a que le pouvoir triomphant et même contraignant de l’État démocratique.

Par exemple, des cours d’Histoire des civilisations et des valeurs occidentales aux nouveaux arrivants et à leurs enfants, aux termes desquels ils recevraient leur droit de résident permanent et, enfin, leur statut de citoyen.

 Le multiculturalisme, tel que défini si imprudemment, est un Far-West culturel où tout se vaut, comme si la culture occidentale était une sauce de tout et de n’importe quoi venant de partout. Elle a pourtant des principes et valeurs impératives. Les multiculturalistes Trudeau et autres pensent qu’ils s’imposeront d’eux-mêmes avec le temps aux immigrants. Les quartiers communautarisés, le voile, le refus de la laïcité démontrent l’échec canadien et britannique en cette matière. 

Naguère, l’immigrant venait seul ou avec sa famille. Désormais, il vient souvent avec une organisation combattante derrière lui ou déjà présente, et qui va lui mettre le grappin dessus. La solution : tout immigrant doit apprendre ces mœurs et valeurs occidentales afin de les respecter. Plus encore, de les apprécier.

 

À Paris, un chauffeur de taxi d’origine magrébine (que je faisais causer à satiété) m’a dit cet été : « Juge ou policier, ce n’est pas la place d’une femme ». 

Cet homme, bon gars traditionnel, aurait vraiment besoin de tels cours.


https://www.ledevoir.com/opinion/idees/802447/point-de-vue-dela-affaire-bochra-manai
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Jacques Légaré

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16 Commentaires

  1. C’est comme nommer Pablo Escobar à la tête du Département de Police chargé de lutter contre la drogue ! Il n’est pas certain que l’idée soit bonne …. a moins que l’objectif poursuivi réellement ne soit pas celui qui est indiqué…

  2. pauvre Québec que j’ai aimé comme résident il y a 50 ans et que je sens disparaitre sous une subversion migratoire; apres les douleurs infligées par les Anglais ,un moment de répit et d’espoir ,puis un nouveau danger encore plus violent …. triste destin !!!

  3. Bonjour Légaré,
    Que voilà un joli article .
    Les gauchistes croient acheter les militants racistes en leur offrant des postes mirobolants.
    Une grosse erreur de raisonnement, qu’ils devront payer cher.

  4. Demander au chien de garder le rôti pendant qu’on s’absente n’est pas la meilleure idée pour qui veut retrouver son rôti intact. Les Canadiens font preuve de naïveté concernant l’islam et son devoir de conquête et d’inconscience quant à leur avenir.

    • Naïfs mes compatriotes ? Sans doute, car j’y vois leur côté bon enfant, bienveillant a priori.
      C’est une qualité, pas une bêtise.

      L’Église catholique avait envoyé des enfumés combattre la Lumière italienne Garibaldi. En 1939 encore, l’Église catholique du Québec était mussolinienne !!! Mais juste 3 ans plus tard, oui juste 4 ans plus tard en 1943 ! leurs petits-fils allaient massacrer les fascistes allemands en remontant la botte italienne.

      On doit en conclure : mes compatriotes sont immensément patients et tolérants. Jusqu’au moment où ils décident de casser en morceaux la grande gueule démagogue. Au bout du compte, l’Amérique dégaine vite…

      Une journaliste remarquait que les restaurateurs français au Québec se permettaient des écarts qu’auraient brutalement rabroués leurs compatriotes s’ils avaient été commis en France. Question de mœurs.

      Voilà pourquoi Roosevelt et Churchill décidèrent du Débarquement à Québec en août1943. Pour forcer la main des Québécois qui « n’aiment pas la chicane ».

    • Je ne pense pas.

      Bonjour Argo, merci de me causer.

      Le fond brutal de la Liberty (au sens natif, primaire) est très fort en Amérique. Des fois, avec des dérives (le 2e amendement, la liberté de religion sans restriction, les sports à risque insensé).

      Mais l’islamisme, devenu puissant, se ferait broyer en mille miettes, car il ne peut avaler la Liberty (au sens natif, primaire, viscéral et spontané).

  5. Il ne fallait pas laisser l’islam entrer sur le continent américain.Ce continent etait un refuge pour les juifs qui fuyaient le 111 Reich.Mais il y a aussi des juifs gauchistes.C est la. théorie des ensembles on peut appartenir à une catégorie et en même temps à une autre.Dommage pour le Canada qui est un si beau pays.

    • J’avais vu un documentaire (photos d’époque à l’appui) qui montrait les réfugiés juifs sauvés des camps de concentration qui cherchaient à se rendre aux Etats-Unis car personne ne savait où les mener.

      On voyait des bateaux entiers refoulés qui faisaient des ronds dans l’eau en attendant de savoir où ils auraient pu débarquer. Certains avaient même dû revenir en Euros, voire à leur point de départ. Une épreuve supplémentaire dont ils n’avaient pas besoin, certains, seuls, ayant eu toute leur famille décimée….

      • À Prussien et à A. Poulain. Merci de venir causer.

        Quand j’étais enfant, ma mère douce pourtant, me traitait de « Petit Juif ! » quand j’étais malcommode.

        Ses tristes propos étaient le résidu de la pédagogie fasciste des écoles ignorantes des 1930s. au Québec. En 2023, nous en sommes heureusement à des années-lumières.

        j.l., né 1948

    • Bien d’accord, Laurent !Là où on en est, pas question de discuter, de convaincre, d’expliquer, d’informer. Dehors ! C’est le seul mot compréhensible.

      • Bonjour à Christine et à Laurent,

        Comme j’ai discuté de Paris CDG à la Bastille, j’ai cru bien comprendre l’homme. Celui-là est réchappable. J’y serais parvenu si j’avais eu plus de temps, car il avait encore du bon sens, une forte instruction technique, mais peu de culture.

        Mais pas le Canadien Adil Charkaouï, si vous le connaissez. Je l’ai rencontré (mais pas pu lui causer) à une session parlementaire à l’Assemblée nationale du Québec. Son discours était révélateur. Il tonitruait : « Contre les musulmans, c’est la haine, c’est la haine, c’est la haine ! » Il vociférait. Hélas, je n’ai pu lui parler. Pour lui dire : « Ici en Amérique, c’est le compromis en vue de l’apaisement. Seriez-vous pour mener une campagne pour dissuader les musulmanes de porter le voile, tissu ensanglanté par le sang des femmes-Lumières du monde arabe ?
        …suite plus haut

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