C’est la GUERRE !

 

Au lendemain de l’armistice de 1918, les peuples concernés par cette boucherie étaient unanimes : plus jamais ça ! Cette guerre devait être la der des der ! 20 ans après le traité de Versailles, les fils des combattants de 14-18 se retrouvaient sur les mêmes champs de bataille ; depuis cela n’a pas arrêté : guerre de Corée, guerre du Vietnam, guerre dans les Balkans, guerre des six jours, guerre du Kippour, guerre en Ukraine, etc. et de nouveau guerre en Israël, avec à chaque fois un degré de plus dans l’horreur et la sauvagerie.

Ceci étant dit, place à la musique. En 1873, Georges Bizet compose une “Ouverture dramatique“, très vite rebaptisée Patrie, en référence aux souffrances de la France après la guerre de 1870. Dans toute guerre, est-il besoin de le rappeler, tout est fait pour défendre la patrie la Patrie.

Le tableau que l’on peut voir pendant l’exécution de l’ouverture a été peint par Alphonse de Neuville. Il dépeint un épisode poignant de la guerre de 1870. À Bazeilles, dans les Ardennes, une cinquantaine de Français retranchés dans une auberge ont tenu tête aux soldats bavarois entre le 30 août et le 1er septembre 1870. (Source : napoleon.org)

“Le peintre rend l’atmosphère sombre par l’absence de lumière : il n’y a qu’une seule fenêtre au premier plan et on en devine une autre tout au fond. Il ajoute beaucoup de poussière due à la poudre des coups de fusil. En plus de cet aspect étouffant, il multiplie les détails angoissants : fusils, gravats au sol, porte défoncée, … Les personnages sont tous peints dans des positions d’attente et d’angoisse, mais aussi de résistance.
Ce tableau a eu énormément de succès : les gens ont été touchés par le courage des soldats que Neuville a si bien rendu. La peinture restera même très longtemps le tableau le plus cher du monde”.

C’est le 31 mars 1794 que Joseph Haydn présente, aux concerts Salomon de Londres, sa symphonie n°100 Militaire. Elle se révéla être le plus grand succès de sa carrière, dépassant même le succès de la symphonie 94, La Surprise. Voilà ce qu’on pouvait lire dans le “Morning Chronicle” le 9 avril (Source : pochette du double CD Sony “Royal Edition”, symphonies 100 à 104 de Haydn) :

“Une autre symphonie de Haydn a été exécutée pour la seconde fois et le mouvement central a été à nouveau salué par une salve d’applaudissements. De toute part fusaient les “encore ! encore ! encore !” et même les dames n’ont pas fait preuve de retenue. Tout y trouve son expression : le déploiement des armées, la marche des hommes, les signes de passer à l’attaque, le grondement de la bataille, le cliquetis des armes, les gémissements des blessés, et ce que l’on pourrait qualifier de rugissement infernal de la guerre et qui s’intensifie pour se terminer sur une apogée d’une beauté terrifiante. Lui seul est à même d’exécuter un tel tour de force dépassant toute imagination ; il est tout du moins à ce jour le seul à avoir réalisé pareil miracle”.

Voilà cette symphonie dirigée et interprétée merveilleusement par l’orchestre philharmonique d’Israël :

En voici la partition :

C’est le 14 septembre 1812 que Napoléon et son armée font une entrée triomphale dans Moscou abandonné. Mais le jour même des feux éclatent dans la ville et les incendies se poursuivent jusqu’au 20. Le 18 octobre l’Empereur ordonne la retraite. De cette épopée, Tchaïkovski écrira en 1882 L’ouverture 1812, qui selon les versions peut accueillir un chœur, des canons et des vraies cloches. La voici interprétée en plein air avec un orchestre sans les cordes :

Oyez, manants, souffrez à présent que je vous narre une expérience personnelle : en 1968, je séjournais chez des amis anglais résidant non loin de Londres. Un soir ils m’ont amené à un concert dans la gigantesque salle du Royal Albert Hall ; au programme, un seul compositeur, Tchaïkovski et ses “grands tubes”, suite de Casse-Noisette, le premier concerto pour piano, celui pour violon et pour finir en apothéose, ouverture 1812. Pour cette œuvre, le Symphonique de Londres avait été renforcé par un orchestre militaire. Mes amis anglais m’avaient averti que dans 1812, il y avait des canons. Bon, j’ai pensé que des grosses caisses suffiraient, sauf qu’en l’occurrence c’était de VRAIS canons ! Moi qui fais une phobie aux bruits violents et notamment aux explosions, je me suis ratatiné sur mon siège, pour ne pas montrer que je me bouchais les oreilles ! Bon ça a donné à peu près ça (filmé par un spectateur, d’où la mauvaise qualité d’image, la pauvre dame a été aussi surprise que moi, visiblement !) :

Le 21 juin 1813 eut lieu la bataille de Vitoria qui opposa les troupes françaises escortant dans sa fuite le roi d’Espagne Joseph Bonaparte à un conglomérat de troupes espagnoles, portugaises et britanniques placées sous le commandement du vicomte de Wellington. Cette victoire des Alliés contre nous, sonna la retraite définitive des troupes françaises d’Espagne, à l’exception de la Catalogne. En hommage à cette “victoire”, Beethoven écrivit en octobre 1813 La bataille de Wellington. L’œuvre commence par une présentation des armées, les Anglais avec Rule Britannia et les Français avec Malbrough s’en va-t-en guerre. S’en suit la bataille, la charge et la symphonie de la victoire. Nous allons écouter et surtout voir cette bataille reconstituée sous forme de film (même si celui-ci retrace la bataille de Waterloo) :

Un conseil : si possible, regardez cette vidéo (comme les autres d’ailleurs) sur un téléviseur !

Le 26 décembre 1796 fut créée à Vienne la Missa in tempore belli (messe pour le temps de guerre), aussi nommée Paukenmesse (messe aux timbales). À cette époque après quatre années de guerre consécutives à la Révolution française, les troupes autrichiennes étaient en difficulté en Allemagne et en Italie et l’Autriche craignait une invasion. Les références guerrières de la messe se retrouvent dans le Benedictus et l‘Agnus Dei.

LES BONUS

On retrouve l’orchestre d’Israël dans cette interprétation magistrale de la première symphonie de Brahms en 1973. En 1947, Bernstein était déjà venu diriger cet orchestre nommé à cette époque “l’orchestre de Palestine” :

LE WEST-EASTERN DIVAN ORCHESTRA

Cet orchestre, fondé en 1999, est destiné à promouvoir le dialogue entre Juifs et Arabes ; outre des Israéliens, on y trouve des Syriens, des Libanais, des Égyptiens (personne du Hamas ? Pas de Palestiniens ?) Si vous vous voulez en savoir plus, voici le lien :

https://fr.wikipedia.org/wiki/West-Eastern_Divan_Orchestra

Deux vidéos pour terminer, la neuvième symphonie de Beethoven et le prélude et la mort d’Isolde de Wagner. Je ne peux m’empêcher de faire les commentaires suivants : dans L’hymne à la Joie, on nous dit “Joie, fille de l’Élysée” (Tochter aus Elysium)1, et que “Tous les hommes deviennent frères” (Alle Menschen werden Bruder), notion qui a visiblement échappé à Bergoglio que je me refuse à appeler “Pape”. Quelle beauté dans ces deux œuvres !

1Fake news ! Pas de Joie à l’Élysée sauf peut-être quand “la famille royale” invite un groupe woke pour la fête de la musique, avec des chansons au langage fleuri (non je ne les citerai pas) !

La bête la plus féroce connaît la pitié ;

Je ne la connais pas, je ne suis donc pas une bête.

(Shakespeare, Richard III)

Voilà un syllogisme intéressant ! Les terroristes du Hamas ne sont donc pas des bêtes (et d’ailleurs aucune bête ne serait capable d’autant de cruauté) alors quoi ? Des déchets non recyclables à disperser “façon puzzle”, (au-dessus de la fosse des Mariannes, de préférence) à la manière de Raoul  :

La semaine prochaine on repart en Italie…mais avec des musiques du pays !

Filoxe

 

 

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5 Commentaires

  1. Merci de ces contrepoints culturels érudits dans la tristesse des commentaires de l’actualité ! Quelle beauté et quelle persistance systématique de la vie portée par la musique et les grands compositeurs. La volonté de vivre malgré les fracas et les malheurs est portée au plus haut. Elle en est contagieuse.

  2. Beau tour d’horizon des musiques classiques dites “militaire” on pourrait en citer bien d’autres, mais les plus importantes sont présentes. Il existe un viel album dirigé par Dorati, si je ne me trompe, enregistré chez Philips-Mercury en mono de l’ouverture 1812 et bataille de Wellington ou l’on entend, avec un réalisme incroyable, les canons venus de Douai.

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