Nathalie Goulet : “Pourquoi acceptons-nous des baisses de remboursement sur les médicaments et les lunettes alors que l’Etat pourrait trouver de l’argent en luttant contre la fraude ?”

Le gouvernement semble vouloir faire des économies à tout prix sur la sécurité sociale. La piste d’un moins bon remboursement des médicaments est sur la table.

Atlantico : Le gouvernement envisagerait de doubler le reste à charge des patients qui achètent des médicaments. Vous vous êtes indignée de cette possibilité, pourquoi ?

Nathalie Goulet : Je suis consternée par certaines pratiques visant à renflouer les caisses sur le dos des assurés qui sont vraiment scandaleuses. Il est crucial de récupérer les fonds détournés des fraudeurs avant de songer à toucher aux réserves des assurés. En ce qui concerne les dépenses médicales, il serait opportun d’exercer une pression sur l’industrie pharmaceutique, qui n’a d’ailleurs , il faut le rappeler ,pas payé d’impôts sur les superprofits considérables générés lors des années Covid. Une stratégie viable consisterait à les encourager à produire des médicaments en doses individuelles. Par exemple, lorsque vous avez besoin de 3 comprimés, vous ne devriez pas être contraint d’acheter une boîte de 10. Cette approche serait économique et ressemblerait à ce qui est en place aux États-Unis.  

 

Parlant des autres mesures liées à la santé, il y a plusieurs problèmes majeurs à aborder. Tout d’abord, la fraude n’est pas du tout sous contrôle. La raison en est simple : l’organisme en charge, la caisse d’assurance maladie, est elle-même responsable du contrôle de sa fraude. Elle ne tient pas compte des recommandations de la Cour des comptes. Par exemple, il n’y a aucun lien entre le service d’immigration français et la carte vitale. Cela signifie qu’un travailleur étranger en France, muni d’un contrat de travail, d’un permis de séjour et d’une carte vitale, peut continuer à bénéficier de prestations même après l’expiration de son contrat et de son titre de séjour, cette situation ne peut plus durer.

La fraude à grande échelle dans l’assurance maladie est réelle, et je trouve tout à fait inacceptable que la première réaction soit de penser à réduire les remboursements pour les individus ayant cotisé toute leur vie, au lieu de s’attaquer aux fraudeurs qui abusent du système.

Et comprenez-vous pourquoi certains pourraient envisager de réduire les remboursements ?

Nathalie Goulet : Il est évident que l’on ne peut pas prendre le problème comme ça. Pour que les citoyens français acceptent de faire des sacrifices, il est primordial d’introduire plus d’équité dans le système. Les gens sont fatigués de voir leurs voisins bénéficier d’aides sociales sans travailler, ce qui suscite une grande frustration. En ce moment, je mène campagne dans une région rurale, et je peux vous assurer que les gens sont extrêmement agacés et irrités. Cela ne fera qu’ajouter au sentiment d’injustice  actuel  au sein de la nation, et cela ne devrait pas être considéré comme normal. La priorité devrait être de lutter contre la fraude, les paiements indus et les faux arrêts maladies, et seulement ensuite de demander des sacrifices aux assurés. Le contraire n’est pas acceptable.

Et donc, pour vous, qu’est-ce qui explique cette décision ?

Nathalie Goulet : Je dirais que c’est un mélange de paresse et de facilité. C’est simplement plus facile d’acheter une sorte de paix sociale, du moins c’est ce que l’on croit. En évoquant  cette mesure au milieu de l’été, juste avant le 15 août, on espère que les Français ne réagiront pas. Mais si cette politique persiste, je peux vous assurer que les tensions dans les territoires ne feront que croître. Les inégalités sont devenues insupportables pour beaucoup de gens, et ce sont les plus vulnérables qui risquent de payer le prix. Ce modèle ne fait que punir les mêmes personnes, encore et encore. C’est une situation explosive et cette proposition très maladroite.

Quel est le montant de la fraude sociale ?

Nathalie Goulet : D’après la Cour des comptes, il y a actuellement environ 75,3 millions de bénéficiaires de l’assurance maladie en France alors qu’il y a seulement 67 millions de Français, ce qui signifie qu’il y a déjà près de 8 millions de personnes fictives qui profitent du système. Les prestations sociales s’élèvent à environ 740 milliards d’euros par an, avec un taux de fraude d’environ 7 %. Cela dit, Gabriel Attal l’avait bien compris, il est crucial de mettre fin à cette petite musique qui oppose la fraude sociale à la fraude fiscale comme étant une indignation de droite ou de gauche. Les deux formes de fraude sont nuisibles pour les finances publiques et doivent être combattues ensemble,la fraude sociale n’est pas une fraude “de pauvre”, mais le fruit d’un réseau organisé.

À quel point est-il difficile de combattre cette fraude sociale ?

Nathalie Goulet : Il n’y a pas de volonté donc forcément c’est complexe. En commission des affaires sociales, il y a quelques années, Un rapporteur au Sénat proche du gouvernement a essayé d’enterrer le sujet de la fraude documentaire du SANDIA, service qui gère l’immatriculation des personnes françaises ou étrangères nées à l’étranger. Reculer devant l‘obstacle plutôt que de l’affronter !

C’est un défi considérable, et tant que les organismes chargés de gérer la fraude continueront à s’autocontrôler, je crains qu’il n’y ait pas de réelle avancée. Il est urgent de mettre en place un organisme externe chargé de superviser ces organismes. Des sanctions sévères devraient être imposées aux fraudeurs, ainsi qu’à ceux qui facilitent leurs activités frauduleuses. Si le contrôle est laxiste, la fraude devient monnaie courante. Bien sûr, certains chiffres sont présentés pour montrer la fraude détectée, mais ce qui compte vraiment, c’est la fraude non détectée.

En ce qui concerne la fraude sociale, quelles sont les solutions pour renforcer la lutte ? Les choses allaient-elles dans le bon sens avec Gabriel Attal ?

Nathalie Goulet : Un des aspects clés est de lier la carte d’identité à la carte vitale ou au moins au permis de séjour. Cela permettrait de nettoyer la base des bénéficiaires en éliminant les fraudeurs.

Gabriel Attal a marqué une vraie volonté et mis en place une proposition que je faisais depuis trois ans : interdire le versement des prestations liées au domicile français à l’étranger. On a un voté un texte sur les douanes et la fraude douanière  avec Gérald Darmanin, mais j’espère surtout que le successeur de Gabriel Attal va reprendre le flambeau laissé par son prédécesseur .

Le rapport que j’avais fait à la demande d’Édouard philippe avec Carole Grandjean sur la fraude aux prestations divisées devait être examiné par les commissions concernées au Parlement. La fraude transfrontalière doit être traitée par la commission des affaires européennes, tandis que la fraude purement sociale doit être discutée au sein de la commission des affaires sociales. Le sujet des  entreprises éphémères qui fraudent les cotisations examiné par la commission des affaires économiques. Il faudrait un plan massif pour que chacune des commissions puissent s’emparer de sa part du sujet.

Vous évoquiez le mécontentement des territoires, que craignez-vous ?

Nathalie Goulet : Les gens peinent à se soigner par manque de médecins, leurs retraites sont faible etc. ce genre de décisions va nourrir Marine Le Pen. Cette décision ne serait ni juste ni opportune. Et certains vont s’en servir pour dire qu’on préfère piocher chez les Français honnêtes plutôt que de chasser les fraudeurs. 

Quid de la responsabilité de la droite ?

Nathalie Goulet : La droite n’a pas voulu s’emparer de ce sujet, ou alors insuffisamment et trop tard. Les gouvernements successifs veulent acheter la paix sociale. La droite républicaine a toujours été timide sur ces questions. On a voté un texte en 2019, mais il faut véritablement un plan massif. L’argent de la fraude, c’est autant d’argent qui manque pour les hôpitaux, les infirmières et les services publics.

https://atlantico.fr/article/decryptage/nathalie-goulet-pourquoi-acceptons-des-baisses-de-remboursements-sur-les-medicaments-et-les-lunettes-alors-que-l-etat-pourrait-trouver-de-l-argent-en-luttant-contre-la-fraude

 

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15 Commentaires

  1. Et d’Une, il n’y a pas de droite en Frankistan ( sauf reconquête et les Patriotes ) et de 2, on ne touche pas aux fraudeurs étrangers ( papiers français ou pas, ils sont étrangers les africains et autres consoeurs aussi tribaux ).
    Donc, cette arnaque va continuer pour les bons cons de français dont je fais partie et qui ne veulent pas se retrouver devant un juge du SM !!!!

  2. Il ne faut pas accepter ces baisses de remboursement des médicaments , en dehors de celles concernant ceux qui ne sont pas efficaces ou de confort . Il faut en effet plutôt lutter contre la fraude qui représente une somme colossale si on prend en compte des années de versements indus ! Mais les gouvernements successifs qui se sont succédé ont fermé les yeux volontairement; Les élus de ce gouvernement devraient rendre des des comptes et payer très cher !

  3. Il me semble que cette sénatrice avait voulu enquêter sur la fraude à la Sécu, et la Sécurité Sociale ne lui a pas donné accès aux dossiers.
    Ce qui prouve que les fonctionnaires de la sécu sont ceux qui organisent la fraude.
    Je suppute que la majorité de ces planqués est de gauche, n’est-ce pas ?

  4. N. Goulet : “(…) ce genre de décisions va nourrir Mme Le Pen”…
    Ma réponse à Mme Goulet : Tant mieux si ça la nourrit !

  5. L’Association Contribuables Associés dénonce depuis longtemps la fraude et toutes les inepties gouvernementales. Ce sont toujours les citoyens qui paient des impôts, qui cotisent qui doivent payer pour les manquements, les erreurs, les abus, pour tout dire l’aveuglement des politiques. Ils s’en moquent que la classe moyenne soit mise à contribution parce qu’ils savent qu’ils échappent au système… Par ailleurs, je conseille de vérifier si les remboursements de la S. S. sont bien effectués. Quand je vérifie sur mon compte bancaire je m’aperçois que toutes les visites ne sont pas remboursées ou de manière tellement dérisoire ! C’est un énorme scandale et une injustice quand on pense à l’AME !!!

  6. “acheter la paix sociale” : voilà le mantra d’un Etat qui a perdu la main depuis longtemps sur les fraudeurs à l’assistanat : pendant qu’ils ne font rien, allez travailler braves gens, payez des impôts, des taxes, et des mutuelles hors de prix pour des remboursements à minima : c’est ça l’égalité en france

  7. dernières nouvelles de la semaine………..ma femme est allé à la pharmacie avec une prescription médicale (3 cachets/jour pendant un mois renouvelable 3 fois) donc 3 boites pour un mois. La pharmacienne lui a donné que 2 boites parce que la SECU ne rembourse la 3 ième, par contre vous pouvez l’acheter….la sécu conteste les prescription du médecin…… horrible

  8. Eh ben ! La Macronie veut détruire la Sécurité sociale en favorisant le non remboursement des médicaments et des soins pour les Français ce qui montre qu’on devient un pays du Tiers Monde !

  9. Et c’est sans compter sur les centenaires de l’Afrique du Nord. Payer, payer encore, les cons de français c’est nous et si certains espèrent une quelconque reconnaissance de ces parasites ils se foutent le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Pas d’état d’âme faux supprimer et sanctionner.

  10. On prend toujours chez les mêmes, pour que d’autres bénéficient de l’Ame,Cmu et les fraudeurs, stop ca suffit nous avons cotisé et continuons même à la retraite pour que d’autres étrangers aient tout gratuit stop ca suffit ras le bol .

  11. et surtout en cessant de soigner gratuitement tous ces envahisseurs qui n’ont jamais cotisé et ont plus de droits que nous véritables FRANCAIS

  12. Les voleurs mais pas que, les bénéficiaires de l’AME et de la CMU restent à 100%.
    D’où l’augmentation du coût pour les cotisants.

  13. C’est plus simple de creuser là où il y a de la lumière que dans l’obscurité !

  14. Ce sont les classes moyennes qui vont en faire les frais. Les pauvres, CMU, et les migrants, AME. Beaucoup de personnes ne vont plus se soigner. Je ne vais plus chez mon médecin pour deux raisons 1) je me soigne en dehors de lui par la phytothérapie, et je ne m’en porte pas plus mal. 2) Mon toubib est un sale con qui n’ausculte même plus ses patients et qui exerce la médecine à l’aide de son ordinateur en délivrant des traitements types, sans se soucier des effets secondaires ou des allergies.

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