Antisémitisme et/ou Antisionisme en Allemagne

Antisémitisme et/ou Antisionisme en Allemagne

Brochure réalisée par le Bundesamt für Verfassungsschutz (BfV – Office fédéral de protection de la constitution). Traduction et résumé par Jean Schoving.

 

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Le régime national-socialiste a eu pour conséquence en Allemagne que tout comportement antisémite était considéré comme un relent d’extrême-droite nazie. C’est seulement depuis le tournant du siècle qu’on  a pris conscience que l’antisémitisme n’était nullement une caractéristique clé de la seule extrême droite.

À côté d’un « antisémitisme au quotidien », on peut également constater des approches antisionistes et antisémitismes dans l’extrême gauche.

Critique légitime ou antisionisme ?

Pour distinguer nettement l’antisionisme d’une critique légitime de la politique de l’État d’Israël, un groupe de travail du Parlement européen a élaboré une ligne de conduite en 2005. Il en ressort qu’on n’a pas affaire à une critique autorisée de l’État d’Israël, mais à de l’antisémitisme par exemple quand le droit à l’existence est dénié à l’État d’Israël, quand des images ou des symboles en rapport avec l’antisémitisme traditionnel sont utilisés pour décrire Israël et sa population ou quand la politique israélienne est comparée à la politique nazie.

Sionisme et antisémitisme

Le terme sionisme est dérivé de Sion, le Mont du Temple à Jérusalem. Depuis la création officielle de l’État d’Israël en 1948, on entend par sionisme tous les efforts pour conserver et étendre cet État. Sont antisionistes par voie de conséquence toutes les déclarations et actions refusant l’existence de l’État d’Israël.

Toutefois, les conceptions antisémites sont bien plus marquées dans l’islamisme, dans lequel les motifs religieux, territoriaux et/ou politiques s’associent pour former une vision antisémite du monde. Il faut cependant se garder d’en tirer la conclusion que tout réfugié musulman est un antisémite conscient. Sont antisémites toutes les déclarations et attitudes dirigées contre un seul ou plusieurs Juifs en tant que Juifs et/ou contre une communauté juive.

 

L’antisémitisme se présente sous différents aspects. On parle souvent des six formes ci-après :

Antisémitisme religieux

L’antisémitisme religieux en représente la forme la plus ancienne. Pour l’islam, c’est le reproche à l’égard des Juifs de ne pas avoir reconnu le prophète Mahomet en tant que tel qui a représenté l’origine de la discrimination religieuse.

Antisémitisme social

L’antisémitisme social trouve son origine dans le rôle de marginal de la société joué par les Juifs, qui se sont spécialisés ou ont été obligés de se spécialiser en pratiquants du commerce et des services financiers depuis le Moyen-Âge en Europe.

Antisémitisme politique

La base de l’antisémitisme politique est constituée par l’idée d’une conspiration secrète du judaïsme à l’échelle mondiale ayant pour objectif de contrôler la politique de tous les États et de la diriger dans l’intérêt juif.

Antisémitisme raciste

L’antisémitisme raciste est sans doute la version la plus récente de l’antisémitisme. L’antisémitisme raciste a constitué le fondement idéologique pour l’assassinat des Juifs européens par les nazis.

Antisémitisme secondaire

La diffamation du souvenir de l’Holocauste ou la mise en doute de son existence historique sont à la base de l’antisémitisme dit secondaire. Les acteurs politiques au Proche et Moyen-Orient notamment essaient, par le déni de l’Holocauste, de contester le droit à l’existence de l’État d’Israël.  

Antisionisme      

L’antisionisme vise à supprimer intégralement l’État d’Israël. Son existence est déclarée source de tous les maux de la politique mondiale et mise en danger de la paix. Le conflit israélo-palestinien est présenté à cet égard comme « guerre d’extermination » juive contre les Palestiniens. En règle générale, la propagande antisémite utilise un mélange d’arguments religieux, sociaux, politiques et secondaires en fonction du thème et du cercle de destinataires.

 

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Qu’est-ce que l’islamisme ?

Le terme « islam » désigne une religion dont l’exercice est protégé en Allemagne par la constitution et la liberté de culte qui y est garantie. Le terme « islamisme » désigne par contre une forme d’extrémisme politique. L’islamisme exige l’existence d’un ordre « voulu par Dieu » et donc « véritable » et absolu, supérieur aux ordres d’origine humaine. Avec leur conception de l’islam, les islamistes sont notamment en contradiction avec les principes de la souveraineté du peuple, de la séparation entre État et Religion, de la liberté d’expression et de l’égalité générale fixés dans la constitution.

Sous le terme général « islamisme » sont cependant rassemblées différentes formes qui se distinguent en partie fortement les unes des autres au regard de leurs prémices idéologiques, de leur orientation géographique ainsi que de leurs stratégies et moyens.  

Les partisans des groupements islamo-terroristes comme le Hamas et « Hezbollah », dont l’objectif est la destruction de l’État d’Israël, sont focalisés sur leurs régions d’origine. Les groupements djihadistes tels l’« État Islamique » (ÉI) et « Al Qaïda » voient dans leur combat pour un « État de Dieu » la violence terroriste comme un moyen indispensable contre les « mécréants ».

Djihad

Le terme arabe « djihad » signifie initialement travail, effort ou même lutte. Dans le coran, il désigne l’effort des croyants pour mener une vie agréable à Dieu Les djihadistes voient dans l’affrontement violent de toutes les personnes à opinion différente la seule possibilité pour surmonter le partage du Monde en croyants et mécréants et ériger la forme d’État prétendument voulue par Dieu, un califat mondial.

Origines et développement de l’antisémitisme islamiste

Dans l’islam sont rapportés les efforts de Mahomet pour convertir trois tribus juives à ses conceptions religieuses. Quand ces efforts ont échoué, des conflits armés sont intervenus, qui se sont terminés par la défaite militaire des tribus. Ces événements constituent l’arrière-plan des passages judéo-critiques dans le coran. On trouve essentiellement l’accusation que les Juifs auraient brisé l’accord avec Allah et les musulmans, en ne reconnaissant pas Mahomet comme le prophète choisi par Dieu. Ces passages du coran constituent dans l’islam la base de l’hostilité aux Juifs.

On peut constater une recrudescence sensible de conflits violents entre Juifs et musulmans à partir des années 1920, quand de nombreux Juifs européens ont émigré en Palestine et y sont entrés en concurrence économique et politique avec la population arabe locale. En 1948, la création de l’État d’Israël et sa victoire militaire sur les États arabes alliés qu’étaient l’Égypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie et l’Irak lors de la guerre d’indépendance, a représenté le summum de l’escalade. Au cours de la guerre est intervenue la fuite et l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens musulmans, ce qui pèse fortement jusqu’à ce jour sur les relations israélo-palestiniennes. La défaite inattendue contre le petit pays supposé plus faible semblait s’expliquer uniquement par le concept d’une « conspiration mondiale judaïque », comme elle est présentée dans le pamphlet antisémite « Les Protocoles des Sages de Sion ».

« Les Protocoles des Sages de Sion »

Ce texte a été publié pour la première fois au début du XXe siècle en Russie tsariste. L’ouvrage est une pure fiction. Il prétend être la transcription d’une réunion de représentants juifs, au cours de laquelle des stratégies auraient été élaborées pour permettre aux Juifs de dominer le Monde.

Les islamistes font particulièrement souvent référence aux éléments et mobiles suivants :

Stéréotypes antisémites dans l’islamisme

L’antisémitisme islamiste est un élément marquant de toutes les organisations islamistes. On retrouve constamment l’affirmation que les Juifs cherchent secrètement à s’assurer la domination du monde, contrôlant ainsi la politique et l’économie mondiales. Les « Protocoles des Sages de Sion » constituent le fondement littéraire de cette théorie de la conspiration mondiale.

La domination des systèmes financiers et économiques par les Juifs  

Les dits conspirateurs juifs veulent soi-disant se subordonner le reste de la planète par des crises économiques provoquées volontairement.

Les guerres et conflits attisés par les Juifs

Selon les « Protocoles des Sages de Sion », des conspirateurs juifs fomentent des guerres et conflits à l’échelle mondiale, pour monter les uns contre les autres peuples et nations. Ce reproche est par exemple repris dans la Charte du Hamas de 1987, qui insinue que les Juifs auraient déclenché aussi bien la Première que la Seconde Guerre mondiale. L’objectif (concrétisé avec succès) des Juifs aurait été de s’enrichir sur le dos de ces guerres et de poser ainsi les fondements financiers de leur domination mondiale.

Lutte permanente entre musulmans et Juifs  

Dans la palette salafiste et djihadiste notamment, intervient une séparation plus ou moins conséquente du Monde en croyants et en mécréants. Dans cette vision du monde, les Juifs sont représentés comme partie et souvent aussi comme leader des mécréants. Leur objectif serait de combattre et de détruire systématiquement l’islam.

Le refus de l’État d’Israël par les organisations islamistes

Il existe au sein de la variété islamiste des organisations pour lesquelles le combat contre l’existence de l’État d’Israël représente l’objectif essentiel. On compte parmi elles le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais. Les deux groupements combattent Israël avec des moyens militaires et terroristes et appellent constamment dans le cadre de leurs activités de propagande à la complète destruction d’Israël. Un point commun à toutes les organisations islamistes est qu’elles ne font aucune différence entre l’État d’Israël et le peuple juif. C’est ainsi que des stéréotypes antisémites séculaires sont souvent reportés sur l’État d’Israël actuel.

Antisémitisme d’organisations et de courants islamistes

« Frères musulmans » (FM)

La Confrérie des Frères musulmans FM créée en 1928 par Hasan al-Bannā est considérée comme le plus ancien et le plus influent mouvement sunnite islamiste. Elle est représentée dans plus de 70 pays. La Confrérie FM essaie d’y gagner, via le prosélytisme (« da’wa »), une majorité de la société respective à sa compréhension conservatrice de l’islam. Son objectif déclaré est à cet égard la création de systèmes politiques islamistes basés sur la sharia.

Sharia

Par sharia, on entend aujourd’hui la « loi islamique », c’est-à-dire des directives, devoirs et interdits qui sont contraignants pour l’individu ou la communauté. Cela va de directives cultuelles (par exemple se laver avant la prière) jusqu’à des réglementations pénales et même constitutionnelles. La sharia constitue dans plus de 50 États islamiques le fondement d’une jurisprudence marquée par la religion.

Hamas

Dans les premiers temps de la première « intifada » (« révolte ») des Palestiniens à partir de 1987, le Hamas s’est créé dans la Bande de Gaza. Il se conçoit comme bras palestinien des FM. Son objectif est de mettre en place un État palestinien islamique sur l’ensemble du territoire entre le Méditerranée et le Jourdain, ce qui aurait pour conséquence la dissolution de l’État d’Israël. La « nouvelle » charte du Hamas publiée au printemps 2017 renonce certes aux formes classiques de la propagande antisémite que comportait la charte initiale, mais renferme par contre des passages manifestement anti-israéliens.  

« Hezbollah »

Le « Parti d’Allah » chiite a été créé en 1982 à l’initiative de l’Ayatollah Khomeini. De la même manière que le Hamas, le Hezbollah associe son argumentation contre l’État d’Israël à des déclarations antisémites dans le sens d’une haine à l’égard de tous les Juifs. Les Juifs sont présentés comme des adversaires sournois de l’islam.

En 2017, à l’occasion de la Journée mondiale d’Al-Quds, plusieurs personnes ont hissé à Berlin un drapeau du Hezbollah. Quand des fonctionnaires de police ont empêché cela, une des personnes a crié : « Ces Juifs de merde ont le droit de tuer nos enfants et nous, on nous interdit de montrer notre drapeau ! Sales Juifs de merde ! »

« Hizb Ut-Tahrir » (HuT)

Le parti politique HuT a été fondé en 1953 à Jérusalem par Taqiuddin an-Nabhani. Son œuvre principale « Le mode de vie de l’islam » (« Nizam al-Islam ») représente jusqu’à ce jour le fondement idéologique de l’organisation. Son objectif est de réunir la communauté de tous les musulmans en un califat mondial avec un système juridique islamique. Pour le HuT, islam et démocratie ne sont pas compatibles. L’activité du HuT a été interdite en 2003 en Allemagne. Il continue toutefois à être actif dans l’ombre, notamment sur les réseaux sociaux, et s’efforce de propager son idéologie radicale et sa conception antisémite parmi les jeunes gens, et en particulier dans les rangs des réfugiés arrivés en Allemagne.

Mouvement « Millî Görüş »

Pour le mouvement politico-religieux fondé par le politicien turc Necmettin Erbakan, les termes « Millî Görüş » (« vision nationale ») et « Adil Düzen » (« ordre équitable ») sont d’importance centrale. Est « équitable » l’ordre fondé sur la « révélation divine ». Les ordres conçus par des êtres humains sont par contre « non avenus » et doivent être remplacés par un « ordre équitable », exclusivement orienté en fonction des principes islamiques au lieu de se conformer à des « règles arbitraires » créées par des êtres humains. Le mouvement « Millî Görüş » souhaite atteindre ses objectifs sans recours à la violence. Les déclarations antisémites sont toutefois d’emblée une partie ferme du mouvement.

« État islamique » (ÉI) 

L’ÉI, fondé fin 2003 encore comme partie de la mouvance mondiale « Al-Qaïda », a joué au cours de l’année 2013 un rôle central lors de la guerre civile syrienne et a conquis début 2014 des territoires dans le Nord de l’Irak. Le 29 juin 2014, l’ÉI a proclamé le « califat ». L’ÉI a mis sous son joug la population en Syrie et dans le Nord de l’Irak au nom du « véritable » islam et a perpétré de nombreux attentats terroristes dans les pays occidentaux. Il aspire à détruire l’État d’Israël et l’ensemble du peuple juif.

Salafisme

Salafisme est dérivé du mot arabe « salafiyya » et on peut le traduire par « orientation sur nos dévots ancêtres ». Les salafistes prétendent s’orienter pour leurs idées et leurs actes exclusivement sur une compréhension littérale du coran et de la sunna ainsi que sur l’exemple des compagnons du prophète et des trois premières générations après lui. Les salafistes se considèrent comme les seuls « véritables » croyants. À l’heure actuelle, on estime à plus de 11 000 le nombre de personnes faisant partie de la scène salafiste en Allemagne. Quoiqu’interdite, l’association « Islamische Audios » a publié sur Internet des images et des contributions orales telles par exemple « Nazi & Israël : same shit, different asshole ».

Conclusion : Propagation de l’antisémitisme en Allemagne

Le BfV saisit depuis 2015 les incidents antisémites ayant un arrière-plan supposé islamiste, qui sont portés à sa connaissance. Une condition préalable à l’enregistrement d’un incident est que des personnes ou installations appartenant manifestement à la communauté confessionnelle juive en subissent des dommages. Rien que pour la période de janvier à décembre 2017, on a enregistré plus de 100 incidents dont la gamme va de prêches antisionistes à des attaques verbales et corporelles contre des individus isolés en passant par des graffitis antisémites. Il s’agit probablement dans ce cas seulement du proverbial « sommet de l‘iceberg ».

 

Résumé et traduction par Jean Schoving  du document original complet qu’il a également traduit et met à votre disposition ici.  Cliquez sur le lien ci-dessous.

Antisemitismus_im_ Islamismus-Texte intégral

 

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2 Commentaires

  1. Cela donne une idée de la nébuleuse musulmane, de son importance, de son pouvoir occulte en Occident et devrait nous mettre en garde.
    Le danger est réel et minoré par les fourbes qui nous gouvernent.
    Combien faut-il être pervers ou déséquilibré pour tenter de nous faire croire que c’est une religion d’amour.

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