Le(s) concert(s) du mois : Antonin Dvořák, suite

 

Comme avec Richard Strauss récemment, le concert du mois consacré à Dvořák comportera deux volets, merci à toutes les personnes qui m’ont envoyé des commentaires. Si l’article précédent a été consacré aux tubes du compositeur tchèque, nous allons cette fois sortir des sentiers battus. Comme ouverture, je vous propose Othello, la dernière du triptyque Nature, Vie, Amour. « Carnaval » était la deuxième et je garde sous le coude Dans la Nature. Othello a été composé en 1892.

Le concerto pour piano a été écrit en 1876 et créé le 24 mars 1878 à Prague. Dvořák a composé trois concertos en tout, les deux premiers (pour piano op.33 et pour violon op.53) ont été critiqués pour la prédominance de l’orchestre au détriment du soliste, ainsi le regrettait Joseph Joachim envers le concerto pour violon ; si celui-ci semble trouver un début de retour en grâce, le concerto pour piano reste encore relativement marginal :

Le dernier morceau de ce concert (mais pas de l’article !) est la Quatrième symphonie op.13. Écrite en 1874, elle n’a véritablement créée que le 6 avril 1892 à Prague, après quelques retouches apportées par le compositeur. Et là je vous rapporte une anecdote sur cette œuvre : dans les années 80, mon beau-frère voulait m’offrir un cadeau pour mon anniversaire, je lui demande de me trouver l’intégrale des symphonies de Dvořák par l’Orchestre symphonique de Londres placé sous la direction du chef hongrois István Kertész. Le 8 septembre, j’ouvre un beau paquet, mais horreur et abomination ! Le coffret ne comportait que les symphonies 7, 8, 9. À la Fnac, le vendeur avait déclaré qu’il n’avait pas l’intégrale et que de toutes façons les six premières symphonies de Dvořák n’avaient aucun intérêt ! Mais de quel droit et à quel titre ce type se permet de telles remarques ? Mon Beau-frère est allé dans une autre Fnac et là il a trouvé mon bonheur. Aucun intérêt, les premières symphonies de Dvořák ? Alors écoutez le trio (extrait du scherzo, noté Allegro feroce, tout un programme !) de la quatrième :

Dans ce passage, on sent toute l’âme tchèque, avec un côté « danses slaves ». En principe je ne parle jamais de version définitive pour une œuvre, car on ne sait jamais quelle nouvelle interprétation peut sortir, mais avec Kertész on atteint le summum, d’autant que la prise de son Decca de 1966 est impeccable ! Kertész, né en 1939 est mort noyé en Israël en 1973, quels trésors il aurait encore pu nous apporter ! (J’ai d’ailleurs ajouté sa photo sur l’image de présentation). Voici à présent deux liens sur cette quatrième symphonie, chaque fois avec les mêmes interprètes, une version avec une image fixe, une autre avec une partition qui défile au fur et à mesure. Les deux vidéos sont chapitrées, donc rien ne vous empêche d’écouter immédiatement le scherzo (environ à 25′). On pourra remarquer que le second mouvement évoque l’ouverture de Tannhäuser de Wagner :

Avant quelques bonus, deux scherzos extraits des symphonies 5 et 6, de vrais petits bijoux ! Les interprètes sont les mêmes, mais pour la sixième symphonie, il s’agit d’une prise de concert, d’une qualité remarquable pour l’époque, 1966. Le troisième mouvement porte l’indication Furiant (Presto), pour la cinquième Allegro scherzando.

Au sujet de la cinquième symphonie, voici ce qu’écrivait Ray Minshull dans le livret accompagnant le livret de l’intégrale des symphonies :

« Les scherzos de Dvořák sont presque toujours heureux dans leur pensée et dans leur tour mais celui-ci est, entre tous, d’un charme singulier. Ses proportions sont superbes, il déborde de mélodie et d’esprit, et son trio magnifiquement écrit est si prodigue d’airs qu’on le sent, de la façon la plus plaisante, réticent à céder la place au retour du scherzo. »

Et quant à la sixième symphonie, à la création le 25 mars 1881, le succès fut considérable :

« Le scherzo (furiant) dut être bissé à la première audition, si grand était l’enthousiasme pour cette nouvelle symphonie de Dvořák. Le rythme vigoureux dans le premier sujet alterne avec des allusions mélodiques pressantes, inquiètes dans le second tandis que le trio avec sa délicieuse écriture pour le piccolo a tout le calme d’un jour d’été. »

Pas mal, non, pour des « musiques inutiles ? » 

 

LES BONUS

Grâce aux commentaires qui ont accompagné l’article précédent, l‘humoresque, le concerto pour violon, la sérénade pour cordes :

Un jour ou l’autre, on retrouvera Dvořák avec des musiques vocales : l’opéra Rusalka, le Stabat Mater et le Requiem.

Le prochain article se fera à toute vapeur !

Filoxe

 

 

 

 

 

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7 Comments

  1. Voilà, on a fait le tour des oeuvres de Dvorak qui méritait bien un tel article, car souvent limité à deux « tubes ». Merci Filoxe, j’espère que les lecteurs de RR auront fait de belles découvertes grâce à vous!

  2. Si vous êtes intéressés par les symphonies de Dvorak par Kertesz, sur YouTube vous cherchez la chaîne cgoroo et là vous faites une recherche sur le compositeur. Vous y trouverez l’intégralité des symphonies.
    D’ailleurs la version Kertesz proposée dans mon article vient de là.
    Filoxe

  3. Merci pour ces beaux concerts, mais rien ne vaut la musique des Chaouias en Algérie.
    Bon, je sors

    • Chez les muzz purs et durs, la musique est interdite sous peine d’être changé en âne ou en 🐖. Je vais réfléchir pour un article, mais comme disait l’autre  » y en a qu’ont essayé, ils ont eu des problèmes. »

  4. Merci encore une fois, Filoxe. Vos articles sont tous des chefs-d’œuvre. La musique élève l’âme.

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