L’abbaye de La Trappe est située au cœur de la campagne normande, et est bordée d’un étang. – © Abbaye de La Trappe de Soligny
C’est au sud de la Normandie que l’on peut trouver l’abbaye de la Trappe de Soligny, célèbre pour avoir donné naissance aux trappistes. Pourtant, au départ, c’était un simple oratoire… qui a pourtant fini par se transformer en un monastère renommé ! Allez, Divine Box vous en dit plus sur cette abbaye également bien connue pour ses objets en bois et ses pâtes de fruits !
À l’origine : un oratoire pour une défunte
L’histoire de l’abbaye Notre-Dame de La Trappe à Soligny commence tristement en 1120 par le naufrage d’un vaisseau. Mathilde, fille du roi d’Angleterre et femme du comte Rotrou III du Perche, y périt. Son mari, désespéré, érige alors dans la forêt de la Trappe, qui se situe sur ses terres, un oratoire dédié à la Vierge en souvenir de sa bien-aimée. En 1140, il y fait venir quelques moines du Breuil-Benoît. La communauté ainsi née, intègre l’ordre cistercien en 1147, et traverse les âges. La grande aventure trappiste commence !
L’épisode de la guerre de Cent Ans (1337-1453) marque durement le monastère qui est alors brûlé et pillé. Ouch ! Les moines s’en vont pour se réfugier au château-fort de Bonsmoulins, avant de revenir quelques années plus tard mais se faire imposer le régime de la commende : le roi place à la tête de la communauté un clerc extérieur, religieux ou non. Malheureusement, cet abbé est souvent bien loin des préoccupations spirituelles des moines…
Renouveau grâce à l’abbé de Rancé
Mais 2 siècles plus tard, l’abbé commendataire qui arrive, l’abbé de Rancé, va sauver La Trappe ! En 1662, il accompagne et renforce une réforme initiée timidement ici et là dans quelques abbayes. Son objectif est alors de conserver la part importante du travail manuel propre aux cisterciens tout en restaurant une vie pauvre, valeur jusqu’alors un peu délaissée. Sa réforme va s’étendre et ainsi des “petites trappes” vont voir le jour. C’est la naissance du futur “Ordre cistercien de la Stricte Observance”, surnommé “trappiste” (du nom de la Trappe !), un des ordres monastiques contemplatifs les plus répandus aujourd’hui ! Si la réforme reste au début cantonnée à l’abbaye de La Trappe, elle finit par séduire certaines abbayes voisines, puis plus lointaines, qui deviennent des « petites trappes ». La famille trappiste grandit !
Grâce à l’abbé de Rancé, La Trappe devient alors incroyablement rayonnante et les postulants affluent en nombre. Malheureusement, la Révolution arrive, forçant l’exil des moines et l’abandon de l’abbaye, qui devient une carrière de pierres ! Certains frères meurent en martyrs, d’autres fuient en Suisse, puis en Russie, pour échapper aux troupes révolutionnaires. Quand certains reviennent à La Trappe vers 1815, c’est une ruine ; il faut la reconstruire en entier… Alors au boulot !
Tout au long du XIXe siècle, La Trappe de Soligny reprend du galon et connaît un rayonnement exceptionnel ! Elle devient une exploitation agricole gigantesque qui vend ses produits dans dix magasins parisiens qui lui sont spécialement consacrés. D’ailleurs, les plus curieux d’entre vous ont peut-être conservé quelques affiches publicitaires de l’époque vantant les mérites des produits, et notamment du chocolat, bien connu à l’époque ! Le roi Louis-Philippe y fait même une visite en personne en 1847. Quel honneur ! La Trappe accueille également au fil du temps une chocolaterie, une imprimerie, ou encore une pharmacie, et plus tard, en 1895, les frères de La Trappe construisent même une voie de chemin de fer ! C’est vous dire à quel point la Trappe rayonne !
Une affiche du début du XXe siècle vantant la qualité des chocolats de la Trappe. – © Divine Box
Les frères sous la protection mariale
Voici une petite anecdote à découvrir depuis le parking de l’abbaye… En 1940, l’abbaye de Sept-Fons commande au moine sculpteur de La Trappe une statue mariale pour protéger les frères combattants pendant la Seconde Guerre mondiale. Quand La Trappe est prise dans les combats, les frères restés au monastère promettent de construire une statue semblable si leurs compagnons reviennent. Promesse tenue : en 1946, Notre-Dame de Confiance voit le jour. Et encore aujourd’hui, frère F. y monte tous les matins à 5h ! Cependant, la statue n’est pas ouverte au public, donc ce n’est qu’une petite réplique qui vous accueillera au parking de l’abbaye !
Nichée sur une colline, la statue de Notre-Dame de Confiance domine l’abbaye et la protège. – © Abbaye de La Trappe de Soligny
Et La Trappe aujourd’hui ?
Aujourd’hui, à Notre-Dame de La Trappe de Soligny, les 28 cisterciens de la stricte observance, surnommés trappistes, suivent la règle de saint Benoît : “Prie et travaille”. De 4h15 à 20h15, ils chantent sept offices, et le reste du temps, ils se consacrent au travail de type artisanat monastique (magasin, atelier de pâtes de fruits…) et aux visiteurs. Et oui, les frères ne chôment pas !
Côté travail, leurs spécialités sont le bois et les pâtes de fruits. Si vous vous rendez sur place à l’abbaye, vous pourrez peut-être admirer ou entendre le travail des moines, notamment à l’atelier de menuiserie. Les frères fabriquent des objets en bois, avec une machine unique au monde : elle polit cinq-cents croix à la fois en tournant toute seule. Efficace ! Un frère transfère les croix dans les différents tambours de la machine pendant le processus, et ajoute un produit mystère, dont le secret est bien gardé !
Côté pâtes de fruits, le processus de fabrication se fait manuellement. La préparation s’effectue à l’ancienne, avec une cuisson à ciel ouvert, sans colorants, conservateurs ou arômes ajoutés, mais avec une recette uniquement à base de pulpe naturelle de fruit. Les pâtes de fruits sont ensuite coulées et découpées à la main par les moines, puis emballées et conditionnées sur place. La confection est donc artisanale, réalisée avec un savoir-faire ancestral, et toutes les pâtes de fruits sont 100% naturelles. Comment ne pas se régaler avec tout ça ?
Une des spécialités de La Trappe : les pâtes de fruits. Miam ! – © Abbaye de La Trappe de Soligny
Et pour découvrir tous leurs merveilleux produits ?
Pour admirer le travail des moines et goûter leurs délicieuses pâtes de fruits, l’idéal est bien-sûr de leur rendre directement visite : Abbaye Notre-Dame de La Trappe, lieu-dit la Trappe, 61380 Soligny-la-Trappe. Vous pouvez aussi commander les produits de l’abbaye de La Trappe sur le site de Divine Box. Bonne dégustation
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«Ah! Si j’étais un homme…» (Diane Tell) … je me serais faite moine… (plutôt que Capitaine d’un navire vert et rouge) seulement pour éviter les Alice Coffin et consort, ou plutôt et consœurs.
Habitant non loin de l’Orne, j’irai y faire un tour.