Autour du violoncelle

Le prochain concert du mois est pour bientôt et il sera consacré à Antonin Dvořák avec des tubes et notamment le Concerto pour violoncelle. Donc, pourquoi ne pas consacrer à article à ce bel instrument ?

La première mention du mot violoncelle (violoncello) apparaît en 1665 dans les Dodici sonate a duo et a tre, op.4 de Giulo Cesare Arresti, compositeur italien de Bologne. Cependant les compositeurs et interprètes lui préfèrent la viole de gambe, instrument qui, comme son nom l’indique, se tient entre les genoux (gambe = jambe, il reste des traces de ce mot, avec les “gambettes”). Ce n’est qu’à partir du XVIII^ème siècle (avec Vivaldi et Haydn) mais surtout du suivant, que le violoncelle va acquérir ses lettres de noblesse. Bon, passons à la musique, avec une ouverture ; j’avais deux choix possibles, Guillaume Tell de Rossini ou Dichter und Bauer (Poète et paysan) de Franz von Suppé. C’est celle-ci que j’ai choisie, avec son beau solo de violoncelle. Elle a été enregistrée lors du concert du Nouvel An à Vienne, sans public, à cause de l’hystérie Covid.

Passons à Vivaldi avec le Concerto pour deux violoncelles RV531 :

On aura pu remarquer dans cette vidéo une erreur chronologique : les violoncelles sont posés sur des piques, or celles-ci ne sont apparues que dans les années 1830 grâce à un violoncelliste belge, Adrien Servais. Les compositions pour son instrument étant de plus en plus virtuoses, il était difficile de les jouer correctement avec un instrument coincé entre les genoux, sans compter le poids du violoncelle lui-même !

Au siècle dernier, les violoncellistes les plus célèbres ont été Pablo Casals, Mstislav Rostropovitch ; la relève est assurée avec Yo-Yo Ma ! (Et d’autres, évidemment !)

C’est le 9 mars 1886 lors du Carnaval de Paris que fut créé Le Carnaval des animaux, de Camille Saint-Saëns. Saint-Saëns avait la réputation d’un homme sérieux et donc cette œuvre choqua les critiques. Est-ce pour cela que Saint-Saëns en interdit l’exécution de son vivant ? Le Carnaval des animaux ne fut rejoué dans son intégralité que les 25 et 26 février 1922 sous la direction de Gabriel Pierné. Seul Le Cygne avait échappé à cet anathème :

Les Bachianas brasileiras font partie des compositions les plus connues du compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos, né à Rio de Janeiro en 1887 et mort dans la même ville en 1959. Les Bachianas brasileiras, au nombre de neuf, sont une fusion entre des airs du folklore brésilien et le style de Bach. Elles ont été composées entre 1930 et 1945.

La Bachianas brasileiras n°5 est sans doute la plus connue des neuf. Elle est en deux parties, une Aria, qui est souvent donnée seule, suivie d’une Dança. Huit violoncelles accompagnent une soprano. Après une brève introduction, la soliste entame l’aria sans paroles, elle est reprise par les huit violoncelles. Arrive un poème de Ruth Corrêa, puis la soprano reprend la belle mélodie, à bouche fermée, d’une difficulté redoutable pour atteindre les notes hautes, notamment la dernière !

Villa-Lobos a transcrit cette composition pour guitare et voix, c’est d’ailleurs la partition qui figure ci-dessus (cette version sera proposée en fin d’article). Je vous mets deux liens, dans le premier vous n’aurez que l‘Aria :

À présent, la Bachianas brasileiras complète, donnée à Berlin en 2008, j’aurais préféré sans applaudissements après la première partie, mais comment en vouloir à des spectateurs aussi enthousiastes ?

L’article touche à sa fin. Naturellement, je ne prétends pas tout dire sur le violoncelle, simplement partager des musiques qui me touchent particulièrement, comme cet adagio de Schubert extrait de son Quintette posthume. Un quatuor se compose de deux violons, d’un alto et d’un violoncelle. Ici on a rajouté un deuxième et le résultat est magique :

Cette magnifique musique de Schubert va terminer ce (trop) petit tour en compagnie du violoncelle.

Un premier bonus avec la version guitare et voix de la Bachianas brasileiras n°5 :

Dans ce deuxième bonus, retour sur Dichter und Bauer, mais à l’orgue :

On se retrouve prochainement avec Dvořák !

Filoxe

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