Encore une belle analyse de Tarek Heggy, romancier et lanceur d’alerte égyptien proche de Poutine,
Christine Tasin
Trois dilemmes majeurs
Au cours des quatre dernières décennies, je me suis plongé dans le cœur politique, culturel et historique de trois mondes.
Premièrement, dans le monde culturel occidental, son histoire, sa philosophie, sa littérature, son histoire contemporaine et son état actuel.
Deuxièmement, dans le monde des sociétés arabophones, son histoire, ses traditions, son patrimoine et doctrines religieuses, sa littérature ainsi que son histoire contemporaine et son état actuel.
Troisièmement, le monde juif avec une implication personnelle dans l’étude des textes religieux (la Torah et le reste des ouvrages sacrés). J’ai étudié l’histoire des Juifs d’une manière globale puis plus particulièrement celle des Juifs d’Allemagne et de l’Europe de l’Est ainsi que la création de l’Etat d’Israel depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à la décision de la partition d’Israel en mai 1948.
Mon immersion au cœur de ces trois mondes m’a conduit face à trois dilemmes qui requièrent de nos penseurs, intellectuels, et historiens une très grande attention et études pour exposer, examiner et présenter des explications.
Mon premier dilemme concerne les sociétés de la civilisation occidentale, particulièrement les sociétés européennes, celles des États-Unis, du Canada et de l’Australie. Ce dilemme se présente sous la forme d’une contradiction apparente entre la défense effrénée de leurs intérêt propres et la défense de leurs valeurs morales à l’intérieur de leurs frontières.
Nous pouvons constater que ces [pays] sont capables de s’accommoder de ce qui est en totale contradiction avec les valeurs appliquées au sein de leurs sociétés.
Un seul exemple peut nous en épargner beaucoup d’autres. Alors que la société américaine demande à ses hommes politiques de répondre de leurs erreurs et défaillances, graves ou vénielles, cette même société traite, dans ses relations internationales, avec des régimes qui piétinent tous les principes et valeurs de droit et progrès humain.
Alors que la société américaine défend les droits de l’homme en général, ceux de la femme, la transparence, la reddition des comptes, cette même société ne s’oppose pas à ce que les dirigeants de leurs pays alliés tels que l’Arabie Saoudite, l’Egypte et d’autres, sont ceux qui violent toutes ces valeurs un millier de fois par jour.
A mon avis, cette contradiction est la source de cette haine suprême enracinée chez les peuples des pays arabes envers les USA et envers d’autres pays occidentaux. Peut-être même cette contradiction sera un jour la cause d’une grande menace pesant sur l’existence de la civilisation occidentale.
Mon deuxième dilemme s’applique aux Juifs du monde contemporain.
Malgré ma considération pour leur dure expérience humaine couvrant les deux derniers siècles, incluant les énormes difficultés rencontrées lors des persécutions et crimes majeurs commis à l’encontre des populations juives. Malgré aussi ma considération que ces persécutions ont développé chez eux d’énormes capacités et guidé leurs compétences, ce qui a permis l’émergence de potentiels extraordinaires parmi les fils et filles des communautés juives à travers le monde entier, malgré ma considération pour leurs énormes exploits dans de différents domaines, je pense que leur lourd passé historique leur a fourni un avantage qui était le moyen d’exister et d’exceller, mais cet avantage les a conduits au bout du compte vers une grande impasse dans l’histoire. Je veux dire par là qu’ils ont développé au fond d’eux « la culture de la peur » liée à leur passé et patrimoine historique. Cela n’empêche pas de penser que c’est cette peur les a empêchés d’établir la paix avec la région qui les entoure ainsi que la stabilité souhaitée. Alors qu’Israel envisage de parvenir à un équilibre sur le plan géographique, à cause de cette « culture de la peur », il tient à obtenir, lors de négociations, tout ou la presque totalité de ses revendications, tentant ainsi de se protéger et cela en se référant toujours au passé historique et douloureux. Citons comme exemple Golda Meir qui, en 1973, disait à Henry Kissinger que lorsqu’elle demande quelque chose aux Etats-Unis, elle sent monter la rage quand elle n’obtient que 90% de ses attentes.
Troisième et dernier dilemme qui s’applique aux pays du Moyen-Orient arabophones et ceux de la péninsule arabique, leur culture, patrimoine et traditions fondés sur plusieurs piliers, entre autres:
Fierté de soi exacerbée, fierté des ancêtres souvent exagérée et hors de toute limite.
Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter les récits d’une dizaine de recueil de poèmes, ceux qu’on appelle les poèmes « Nabati » ou les poèmes familiers composés par les poètes de la péninsule arabique pour entrevoir les exagérations étranges et bizarres dans l’auto louange, la vanité, la glorification du passé et du présent (essentiellement des gloires imaginaires). Faisant face à cette fierté, les peuples de cette région savent pertinemment que leurs apogées, contributions dans la marche du progrès humain est quasi nulle. La contribution du peuple arabe contemporain aux sciences de la médecine, pharmacie, ingénierie, télécommunications, espace, à l’industrie de l’armement et d’autres domaines comme la recherche scientifique et technologique est presque inexistante.
Bien que le peuple arabe se vante de la gloire de son passé et de présents exploits, il sait avec certitude que les sociétés arabes achètent les fruits du progrès humain sans y contribuer. Cela mène évidemment à un conflit entre d’une part, leur propension innée et exagérée à la fierté et d’autre part, la reconnaissance de la modestie (voir l’absence) de leur contribution dans la marche du progrès humain. Ce paradoxe crée une fausse apparence de supériorité, de grandeur, d’excellence presque maladive car dans le fond, ils sont submergés par un double sentiment d’humiliation et d’infériorité.
Cette situation les conduit vers toutes sortes de dérives: intolérance, terrorisme, sentiment profond d’une conspiration à leur encontre et finalement ils ont un sentiment de contradiction envers l’humanité et la réalité ce qui les éloigne de toute possibilité de régler leurs problèmes majeurs et de rattraper leur retard dans la marche du progrès humain.
Tarek Heggy
Du même auteur sur Résistance républicaine
2,211 total views, 1 views today
Concernant les juifs, ils ont transformé Israël, une minuscule bande de territoire désertique en jardin au milieu d’immenses déserts environnants et on ose le leur contester? Ils sont entourés de peuples hostiles, jaloux et incapables d’apporter quoi que ce soit d’utile à l’humanité à cause de leur religion rétrograde.
Telle est la vacuité de notre monde.
Une fois qu’on a constaté ça, que se passe-t-il ?
Cela me paraît assez juste et en même temps c’est inquiétant car chaque groupe semble figé dans une conduite qui s’est installée durablement et qui ne bougera pas ?
M. Heggy est une lumière, un érudit, un visionnaire, un homme d’une ouverture d’esprit tellement rare dans un monde englué dans les superstitions et enfermé dans une gangue de tabous qui condamne tout espoir de progrès.
En fait, tout est pourri.
Sacré dilemme Mr Heggy !
Remarquable analyse !