Brel, Brassens, Ferré : le trio inoubliable

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RUBRIQUE MUSIQUE 

Florilège de François Des Groux

Jacques Brel (1929-1978)

A sa mort, je n’étais qu’un enfant mais c’est pourtant l’un de mes chanteurs préférés. Quel jeu, quelle puissance, quelle émotion !

Ses derniers concerts datent de 1966 avec son incroyable prestation à l’Olympia et sur le plateau du Palmarès des chansons. Enfin, le 16 mai 1967, à Roubaix, Jacques Brel quitte définitivement la scène pour se lancer dans une carrière d’acteur et partir vers la Polynésie.

Ces gens-là, Le plat pays, Amsterdam, Ne me quitte pas et tant d’autres restent des classiques inoubliables de la chanson française.

1966 

Merveilleux numéro d’acteur et de chanteur. C’est beau et triste à la fois…

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1969

Jacques Brel acteur, dans Mon Oncle Benjamin avec la charmante Claude Jade : (source : Pierre Marascia)

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1977

Voyage aux Marquises, un an avant sa mort.

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Florilège de Christine Tasin

Mon idole absolue, c’est Brel, que j’ai passé ma jeunesse et ma jeune vie d’adulte à écouter, à pied, à cheval, en voiture. Je connaissais par cœur tous ses titres. Il m’a appris la vie, l’amour, la mort. Je crois bien qu’il même joué un certain rôle dans mon athéisme et ma croyance définitive en l’homme, mis au-dessus des dieux, en moderne Prométhée. C’est le mythe de Prométhée, entre autres, qui a fait basculer la petite catholique que j’étais enfant en athée déterminée, par amour de la liberté. Alors cette chanson de Brel a trouvé un chemin privilégié en moi :

Brel n’a cessé de me hanter, en sus de Lucrèce, de Socrate, de Sénèque, de Sartre… Oui, je sais, j’énerve nombre de patriotes quand je parle de Sartre, mais quelles que soient ses errances politiques, c’était un philosophe et un écrivain de talent qui m’a beaucoup appris, qui m’a faite lui aussi, avec des oeuvres fortes, avec la découverte de L’existentialisme n’est pas un humanisme, le prodigieux Huis-clos…

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En compagnie de Brel, dans ma discothèque, Brassens, Barbara, Ferré, Ferrat. L’amour des mots de mon club des 5. La beauté, l’intelligence, l’amour de la vie et de l’amour, l’amour de la liberté…

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L’humour et le bon sens de Brassens, son amour de la vie… Je connais toujours par coeur toutes ses chansons, comme celles des  4 autres.

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Le désespoir mêlé d’un amour fou de la vie de Barbara. Ah ! Cette voix…. J’ai eu la chance de pouvoir l’entendre en concert, dans une salle de province à la mauvaise acoustique qui valait tous les Zéniths pour l’occasion. A la fin nous étions tous debout, un briquet allumé à la main, fous d’émotion, fous de reconnaissance pour les moments fabuleux que nous avait fait passer la prodigieuse Dame en Noir.

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Et Léo le démesuré, le génial, l’anarchiste qui ne voulait « ni dieu ni maître », le musicien de génie. Le chanteur qui avait du coffre, le poète, qui me faisait irrésistiblement penser à Villon, l’autre mauvais garçon de génie. J’ai eu la chance de le voir lui aussi sur scène peu de temps avant sa mort. Il avait du mal à se déplacer mais bon sang quel coffre, quelle énergie, quelle puissance, quel amour de la vie, quel amour de la poésie, de la beauté, de la femme, de la liberté, de la beauté, où qu’elle soit ! Des gifles de cette puissance reçues un soir vous marquent toute votre vie et vous font croire, elles aussi, pour l’éternité, en l’homme.

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Mais je n’oublierai pas Jean Ferrat, le cinquième homme, et quel homme ! Celui qui a mis en musique de géniaux poèmes d’Aragon comme Que serais-je sans toi ?  celui qui a chanté l’amour de la France avec une force et un talent incomparables. Celui qui avait mis son talent et son intelligence au service de la cause du peuple. 

 

Malgré les temps barbares que nous vivons, et qui risquent de durer un temps certain hélas pour nous et nos descendants, ces 5 poètes, écrivains, chansonniers, musiciens… doivent nous aider à ne pas désespérer. Oui, le bonheur existe, comme le disent Ferrat et Aragon, oui il n’y a pas mieux que l’homme. Faisons-lui confiance… On s’en sortira. Forcément. Quel que soit le prix à payer. Parce que nous sommes beaucoup mieux que les barbares qui nous font la guerre, nous sommes des Hommes, des vrais, nous.

 

 

 

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22 Comments

  1. Oui un trio inoubliable. Merci pour ce mémorendum culte. Merci à EUX !

  2. Sartre et sa conscience qui se néantise, aucun prof de philo ne m’a expliqué.

    Verlaine et Rimbaud, gare aux trafics d’armes et aux coups de révolvers entre «amants» !!!!
    C’est vrai que ça a donné de la valeur (sentimentale?) au 8/92 utilisé lors de leurs règlements de «contes» !

    Quand à Ferrat, mise à part l’apologie du castrisme, il nous la baye bonne l’art déchoit !!! Une année bonne et l’autre non.
    De quoi jeter dans le retour à la terre, des gens qui avaient bien du mal à retourner là où ils n’étaient jamais allés !!!
    Heureusement, tous ces 68ards sont retournés …. dans les administrations de leurs ancêtres. …. C’est plus facile, lucratif, et moins fatigant que l’agriculture.

    Chaque chose à sa place, et, une place pour chaque chose.

    Les porteurs de valises?
    Ne pas oublier, sous couvert d’intellectualisme.

    Gérard

    • Ne pas oublier de rester intelligent et objectif et ne pas faire comme les gauchos qui jettent le bébé avec l’eau du bain par simplification haineuse et amalgames

    • Daho , j’aime bien . Il est de ceux que j’apprecie le plus, encore aujourd’hui.
      Il a su marîer électro et chanson de façon heureuse.
      Je ne deteste pas Benjamin Byollay mais il se sent obliger de la ramener sur la politique pour donner un poids idéologique à son travail ,. pour moi ça le dessert . Ce qui est commun aux deux c’est leur filiation avec Gainsbourg. Chez les contemporains Murat thiefaine. Sheller qui n’est pas non plus un petit nouveau .Que dire de Renaud il a collectionné le meilleur et le pire. Le pire c’est encore son soutien inconditionnel à tonton !!

  3. Tous ces grands de la chanson Française , ne faisaient pas leur métier pour gagner plein de flouze mais pour faire partager, conquérir les cœurs et les esprits. Ils ont en commun d’avoir tous galérés avant de connaitre la consécration. Il fallait vraiment y croire pour chanter tous les soirs dans d’obscures salles de cabarets où les gens n’étaient pas spécialement venus pour vous voir et se hisser à un tel niveau uniquement par son talent sans aucune aide promotionnelle ou support médiatique.
    Oui effectivement vous citer
    , là en Brel , Ferrat , Barbara et Brassens les incontournables. Je possède encore tous leurs vinyles et cassettes que j’avais acheté lorsque j’avais une vingtaine d’année. J’aimais bien les Stone et consort mais j’avais autant de plaisir à écouter Brel ou Barbara. A la liste de ces grands , je pourrais rajouter nos amis Québécois Gilles Vigneault et Felix Leclerc . Trenet , c’est pas mal non plus avec Bécaud et Aznavour, les trois déjà un peu inspirés du swing Outre Atlantique.
    Et par la qualité de leur interprétation Greco et Montand .
    Les autres, auxquels je pensais Nougaro , Gainsbourg, Moustaki ont été des précurseurs par l’introduction de rythmes tropicaux ou Africains dans leurs chansons .
    Comme quoi, ce n’est pas d’aujourd’hui que les Français ont métissé leur musique . Mais ce métissage était choisi et non imposé .
    Je voudrais bien savoir si les peuples qui nous envahissent font preuve de la même curiosité et la même ouverture en vers l’autre . Je les sens plutôt repliés sur eux mêmes, genre paranos plutôt qu’ouverts à l’autre . Mais je peux me tromper.
    Je vais en faire sursauter plus d’un mais à cette liste non exhaustive je rajouterais Dutronc et Ferrer . Disons le duo Dutronc Lanzmann puis qu’ ils faisaient leur chanson en parfaite complicité. J’ai toujours aimé le ton incrédule et décalé du gars qui ne s’en laisse pas conter mais qui ne se prend pas non plus au sérieux tout en faisant cela avec classe .Il y a un côté très Français chez lui!!
    Enfin, Ferrer, parce que en dehors de son grand talent ,c’est celui qui a chanté une chanson qui s’appelait « je voudrais être noir » !! Bien longtemps avant les sombres donneurs de leçon de « black live matter » et consort!!! 1966!!!
    Alors qu’ils arrêtent leur cinéma!!!

    https://www.youtube.com/watch?v=7tQ_uSZGPkY
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  4. Aujourd’hui je réponds la même chose à tous les artiche car tout le monde doit en être conscient. Je ne sais plus qui a dit je ne sais plus où – « Les Chinois nous disent que l’Occident est en train de vivre sa révolution culturelle chinoise ». Souvenez-vous des dégâts que cela a fait en Chine !

  5. Je ne comprends pas comment on peut aimer tous ces ringards.
    Tout ça est d’un autre âge. Il faut vivre avec son temps, que diable!
    Moi j’aime le rap de notre époque, il est la marque de la modernité et du progrès. Regardez qui notre Président a invité à l’Élysée pour la Fête de la Musique.
    Qui de meilleur que Médine, Booba, Alpha Wann ou Damso?
    Regardez comme ils électrisent les foules lors des concerts. Tout le monde saute comme des singes au son de la caisse. On revIent à la Nature. Ça c’est de l’écologie!
    Quand je m’arrête au feu rouge et qu’une Chance pour la France arrive à ma hauteur, vitres baissés et stéréo à fond, ma poitrine vibre au son mat des tambours, je ferme les yeux et…j’oublie de démarrer au feu vert. C’est ça l’extase.
    Quand je pense que ce pauvre idiot d’Adolf aimait Wagner…
    🤮

    • « …Tout le monde saute comme des singes… » Vous avez tout dit !

  6. Bonjour ,merci pour ce merveilleux article qui nous mets du baume au coeur, ces chanteurs font partie de notre patrimoine musical , désormais souillé par l’immonde musique actuelle.

    • Vous appelez « ça » de la musique? C’est une insulte?
      Ce tintamarre n’est que du bruit.

  7. Quand on voit la nullité des chanteurs actuels, on mesure la vitesse de l’ effondrement de notre civilisation parfaitement illustré par celui de notre culture :plus de musique, plus de paroles, plus d’émotion , plus de création…., sans parler du rap !

    Quelle différence avec ces années 50-70 !

    • Merci Claude tal@ pour Léo Ferré chantant Rimbaud.
      .Avec Nougaro et Gainsbourg, je ne cesse d’admirer la poésie, la musique et l’orchestration de ce trio au sommet de la chanson française.

  8. ces géants quel bonheur, quelle fougue, quel talent et au passage merci de citer Villon un de mes livres de chevet préféré…
    quant je vois les gugusse de nos jour venir vociférer sur scène et oser se dire « artistes » pas un me leur arrive même au petit orteil.
    mais a ce quintette j’oserais aussi y ajouter un Georges Moustaki et un Maxime Le forestier sans qui je crois la liste serait incomplète…

  9. Mes préférés étaient Brassens jojo,et Nougaro ,mais j’aimais bien aussi Ferrat et Brel ,et je continue toujours de les écouter avec autant de plaisir, j’adore l’humour de Brassens et sa poésie et celle de Nougaro aussi.merci

  10.  » L’existentialisme n’est pas un humanisme  » ?

     » L’existentialisme est un humanisme  » Sartre -1946

     » L’existentialisme n’est pas un humanisme  » Jean Kanapa – 1947

    Kanapa, à cette époque, était un stalinien de pointe.
    Sartre disait de lui :  » ce crétin de Kanapa « 

  11. Tu m’as profondément ému, Christine, par tes souvenirs et l’amour qu’ils transportent. Je me souviendrais toujours de ma rencontre (virtuelle) avec Jacques Brel. J’étais, étudiant, à la Cité Universitaire de Nancy, dans la salle de loisirs, salle minable avec une télé et Brel suant, transpirant et chantant « Quand on a que l’amour… » Frissons, chair de poule, fascination. Oubliés sa dentition de cheval, oubliés ses sueurs…Comme une lame qui te pénètre…Et après vint « Sur le port d’Amsterdam… » Plus de mots, ce jour là Brel est entré dans mon coeur et s’y est logé…Merci Christine.

  12. Je ne suis pas française et pourtant j’ai toute ma vie été bercé pas ces mêmes artistes! Même que j’arrive à en jouer…surtout Brassens pour qui j’ai eu un coup de foudre étonnant pour une québécoise.

    Mille mercis pour ces magistraux souvenirs.

  13. Et maintenant, nous avons l’immonde rap et les courges comme la Camélia… Merci pour ce florilège de vrais artistes !

  14. Hôôôô. Merci à vous deux, votre duo dédié à la poésie au service de l’Amour. Nous en avions très brièvement évoqué, François et moi, l’existence de ce trio, qui a chamboulé nos vies. Ces hommes, aux Âmes d’enfant, m’ont aidé à supporter endurer puis comprendre. Sans eux, je ne serais pas celui que je suis. Et ce ne sont pas « que des mots » ! Et Jean Ferrat, bien sur, l’amoureux, le patriote, poète inconditionnel ! Merci, merci,merci et merci !

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