Les Pieds Nickelés à la manoeuvre saison 5 : journal intime de Filou, notre premier Ministre

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Les Pieds Nickelés Saisons 1  2, 3, 4

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Rois de la com, nains de l’action.

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Par des moyens inavouables, j’ai réussi à me procurer un extrait du journal de bord de Filou, notre premier ministre.

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« Donc ce soir jeudi 2 avril, j’ai organisé une opération de propagande sur TF1 et LCI.
Tout a été minutieusement préparé. Gilles Bouleau, le journaliste a été bien dégoulinant de servilité.
Deux toubibs ont été invités sur le plateau pour me servir de faire-valoir. J’ai particulièrement apprécié la façon qu’ils avaient d’acquiescer à chacun de mes propos. Ils me font penser aux petits chiens en peluche qu’on pose sur les hayons à l’arrière des voitures et qui hochent la tête à tout bout de champ. Il faudra que je pense à les remercier en leur filant une Légion d’Honneur.

Le programme était de continuer la stratégie de désinformation entamée depuis le début, à savoir :

– C’est la pire crise depuis plus d’un siècle
– Aucun système de santé n’est dimensionné pour y faire face.

Jusque-là, c’est fastoche parce que c’est globalement vrai. Cependant, tout mensonge doit comporter une part de vérité pour être crédible.
Maintenant ça se corse et on attaque le dur :

– En France, on fait mieux que tout le monde. (« On », c’est « moi »)
– On donne le meilleur de nous-mêmes et les résultats sont exceptionnellement bons. Le président et moi-même sommes les sauveurs providentiels.
– On occulte soigneusement le fait qu’on a carrément tout merdé depuis le début.
Pour faire gober le tout, je feins l’humilité et avoue « commettre parfois des erreurs » (si ! si !), mais « sur la base de données parfois contradictoires, souvent incomplètes ». Je sers cette formule à chaque occasion : elle fait toujours recette. Trop drôle !

Et on continue :
– À dramatiser pour gonfler l’importance de la crise, justifier la prolongation du confinement qui stérilise tout mouvement de contestation
– À stigmatiser les irresponsables qui osent critiquer notre action, ces jean-foutre qui seraient bien incapables de faire le dixième de ce que nous faisons. Ça marche : c’est le silence radio complet du côté de l’opposition ! Jamais je n’aurais espéré une telle situation, même dans mes rêves les plus fous !
– À valoriser et flatter les Français, qui sont des exemples de solidarité, et d’entraide. Ça ne coûte rien, et ça paie un max en termes de popularité. C’est rigolo de voir tout ce personnel soignant qui nous crachait à la figure avec ses grèves à répétition venir maintenant nous manger dans la main juste parce que nous ne cessons de clamer qu’ils sont formidables.

Je suis particulièrement fier de moi pour avoir su esquiver quelques chausse-trappes particulièrement vicieuses.

►D’abord, une conne m’a demandé pourquoi il y avait moins de morts en Allemagne que chez nous.
Pas question bien sûr d’avouer notre cruel manque de masques, de tests ni de matériel. Alors voilà par quelle pirouette je m’en suis sorti pour masquer notre déroute :
« Je ne suis pas dans la comparaison des morts dans les différents pays d’Europe… probablement en partie au fur et à mesure que la vague se déploie et arrive dans les pays concernés. Ils doivent faire face à de multiples difficultés. L’épidémie a commencé plus tôt en Italie (…), nous sommes derrière. Le fait d’avoir subi la vague un peu après eux nous a permis d’apprendre et de nous adapter. La vague arrive avec un peu de retard sur l’Allemagne. Tant mieux pour l’Allemagne, car elle a pu mieux se préparer. Ils sont tout à fait conscients de ce que la vague arrive et est susceptible de causer des dégâts dans leurs pays peut-être dans des proportions comparables à ceux qu’elle provoque dans d’autres pays ».
Putain de boches ! Ils pourraient pas crever davantage ?
Ils me font passer pour une andouille. Heureusement qu’avec cette réponse j’ai bien noyé le poisson !

►Ensuite, une jeune étudiante m’a posé une question des plus embarrassantes :
« Comment les ministres, les chefs d’entreprise, les sportifs arrivent à se faire tester, mais pas nous ?
Comment est-ce que TF1 a pu commettre une telle erreur en laissant passer une telle question ?
Là encore, je suis très fier de mon esquive. Je n’ai pas répondu à la question de façon fort brillante :
« La règle que (euh !) nous avons fixée (euh !) est une règle (euh !) qui consiste (euh !) à ce que nous ne testions (euh !) que ceux qui, c’est la règle qui prévaut en phase III, que les soignants lorsqu’ils sont (euh !), lorsqu’ils présentent(euh !) des symptômes (euh !), les premiers cas dans un EHPAD (euh !), les malades lorsqu’ils arrivent à l’hôpital avec (euh !) des symptômes pour vérifier s’ils sont bien (euh !) porteurs ou non (euh !) du virus. C’est la règle, c’est la règle qui (euh !) doit s’appliquer à tout le monde. Il peut arriver que (euh !) certains, parce qu’ils sont (euh !) en contact (euh !) très rapproché (euh !) avec des gens (euh !) dont il (euh !) était avéré qu’ils sont porteurs du virus puissent (euh !) être testés.
La règle telle que je viens de la dire est la règle qui prévaut et qui a prévalu jusqu’à présent. Elle est en train de changer puisque c’est un des éléments de réponse à la question que vous posiez sur les EHPAD. Nous voulons faire en sorte que dans les EHPAD, parce que dans les EHPAD, les personnes sont plus fragiles, parce que les soignants ont un rôle particulier, il puisse y avoir des tests plus systématiques et plus nombreux de façon à apporter des réponses dans des établissements dont on sait qu’ils sont particulièrement fragiles face au virus. »
Bon, d’accord, j’ai un peu merdé sur la forme avec une syntaxe approximative, et beaucoup trop disfluences verbales comme ce « euh ! » qui traduisent quand même mon désarroi. Il faudra que je travaille là-dessus : quand je suis embarrassé et que je mens, je ne cesse de dire : euh !). Ça va finir par se voir.
Mais la façon dont je m’en suis sorti est assez brillante je le maintiens. Il ne fallait surtout pas que les téléspectateurs aient l’impression qu’il y ait deux médecines, celle des élites et celle de « ceux qui ne sont rien ».
Et Gilles Bouleau m’a bien aidé en concluant « Merci d’avoir répondu ! » alors qu’en fait je n’ai rien répondu.

► Enfin, le pire moment a été de savoir qui allait payer l’addition.
Le journaliste François Langlet a eu cette impudence :
« Le président Macron a dit il y a quelques mois que dans un pays qui est endetté à 100% du PIB, on ne peut emprunter davantage sinon nos enfants paieront, ce qui me paraît toujours valable aujourd’hui … Au bout du compte, dans quelques mois, dans quelques années, est-ce que ce n’est pas les impôts qui vont attendre les Français ? ».
J’ai fait une magnifique pirouette :
« Ce n’est pas à ce stade qu’il faut se poser cette question !(…) le moment venu, il faudra faire face au choix que nous faisons aujourd’hui (…), l’urgence est de gérer la crise sanitaire. »

Je pensais avoir écarté définitivement le problème mais, de façon incompréhensible, Gilles Bouleau a renchéri, alors que l’affaire était réglée :
« Les dettes vont être tellement abyssales, est-ce que vous projetez, dans 6 mois, dans un an, de dire aux Français : Bon, ben voilà, il faut maintenant gérer le budget au cordeau. Je vais réduire les APL de 3 ou 5 euros pour économiser 241,5 millions d’euros dans le budget. Est-ce que ça sera encore possible ? »

Non mais quel blaireau ! Il ne pouvait pas fermer sa gueule ? Il est pourtant payé pour ça !
J’ai fait à nouveau une autre pirouette avec double saut périlleux arrière et vivement écarté cette question par un péremptoire :
« Ce n’est pas le sujet, Monsieur Bouleau ! »
Après l’émission, j’ai passé à Bouleau une avoinée dont il se souviendra longtemps. Comme il chie dans son froc à l’idée de perdre le 20H00 de TF1, on n’est pas près de l’y reprendre.

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Quelle belle journée finalement !
La presse joue magnifiquement le jeu, positive sans cesse.
Elle idéalise, loue les comportements solidaires et exemplaires des Français devant la crise et cache soigneusement le reste. N’a-t-il pas fallu faire garder l’usine de masques qu’a visitée Macron par un commando d’élite des chasseurs alpins en raison des risques de vol à main armée ?
Les hôpitaux ne sont-ils pas cambriolés en masques et en respirateurs ? Les soignants ne doivent-ils pas être accompagnés par des gardes du corps dans certains endroits ? Un propriétaire n’a-t-il pas vidé sa locataire parce qu’elle était infirmière est porteuse potentielle du virus ?
Non, la presse occulte à merveille tous ces comportements de voyou. Elle arrive même à camoufler à peu près que la France s’est aussi comportée en voyou en confisquant, pardon en réquisitionnant les 4 millions de masques destinés à la Suède.
Nos arrivons à décrire un monde de bisounours là où il n’y a que sauvagerie. Nous parvenons à passer pour des sauveurs là où nous sommes des fossoyeurs.

Y’a pas ! C’est génial la com’.

Et je parie que mon indice de popularité va encore progresser fortement, encore plus même que celui de l’autre con planqué à l’Élysée.
Je finirai bien par le niquer !

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2 Commentaires

  1. Sympatoche, il faudra aussi penser à consacrer un article à la tactique du gendarme. Ou plutôt de la gendarmette ( https://www.europe-israel.org/2020/04/sibeth-ndiaye-qui-na-cesse-de-mentir-depuis-le-debut-de-la-crise-veut-lutter-contre-les-fausses-informations-cest-elle-qui-dira-aux-francais-ce-quils-doivent-penser-et-les-reseaux-so/ ). Oui Sibeth Ndiaye va devenir gendarmette, et même Tata Macoute. Elle va mettre en place le baillon sur les réseaux sociaux pour y interdire tout message discordant : “chloroquine, gouvernement incompétent, etc…”.
    Sur les réseaux sociaux, la mort de la liberté d’expression est En Marche.

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