J’en ai connu, des Jonathan Jahan mal dans leur peau d’ouvrier… horticulteur ou pas

L’affaire Jonathan Jahan, syndrome du gauchisme…

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.Cette affaire relève pour le moins le malaise que j’observe et dénonce depuis plus de 30 ans…

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Pour bien me comprendre, j’ai un passé qui doublement m’amène à ce constat…
Mon origine. D’une famille à la fois artisane et ouvrière (je ne m’étale pas plus)…
Le début de ma carrière dans l’enseignement professionnel, durant 16 ans, modeste professeur de CET, puis de LEP avant que cela ne soit de LP…

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Dès mes débuts, en ENNA (Ecole Normale Nationale d’Apprentissage), le constat de l’influence politique au sein de l’EN, même dans l’enseignement professionnel plutôt centré sur le concret…
Les communistes : genre de réflexion formatée qui décontenance au premier abord par sa logorrhée « Voyons, vaut-il mieux un ouvrier qui n’a qu’une paire de chaussettes qui les lave tous les jours ou un bourgeois qui garde ses chaussettes toute une semaine pour les jeter une fois sales ? ». L’évidence camarade ! (Question formulée par un petit bourgeois bien formé dans les séminaires du PCF-CGT de l’époque, arborant son romantisme par une chevelure à la Dumas père bien vue de ce côté du rideau de fer.)
Les autogestionnaires « PSUistes » cédétistes rejetant tout lors d’assemblées « révolutionnaires »… Une particularité, découverte de furies que je n’ai retrouvées que 30 ans plus tard parmi les militants de SUD-Education ! Encore pires que les cocos à la sauce Langevin-Wallon* !
* Langevin et wallon, deux scientifiques communistes ayant postulé la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans dans le plan qui leur avait été demandé en 44 par le CNR… 

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Le monde du travail, je l’ai connu réellement par la fréquentation du milieu, plus que par une vision que l’on a de l’extérieur. J’y ai trouvé de vrais aristocrates ouvriers dominant leur métier… Pour mémoire, cet artisan menuisier qui m’a espanté par son mode de calcul mental, moi le prof. de math-sciences !

Les élèves de CET, beaucoup entraient en CAP à l’issue d’une 5ème de transition en CEG, donc pas les meilleurs si j’ose dire… Formation de 3 ans, un solide  CAP à l’issue… à la fois par la pratique -bien sûr encore à développer professionnellement- et des connaissances théoriques permettant de poursuivre plus avant*. Soyons clair, ces élèves subissaient une sélection qui n’était pas, a priori, en leur faveur, mais les portes ne leur étaient pas fermées, ils avaient un enseignement concret qui leur était nécessaire. Ils étaient habitués à l’effort par des maîtres qui les rudoyaient un peu et dont on ne discutait pas les consignes !
Je peux déjà formuler un premier constat, beaucoup de mes élèves de 1ère année CAP mécanique de 1973 écrivaient mieux que certains de mes élèves de seconde générale en 2009.
* plusieurs élèves, dans ce lycée où était intégré le CET, se trouvaient en BTS après une seconde d’adaptation et un bac Techno.

Mais le ver était déjà dans le fruit… Les CET devenaient L(ycée)EP dès cette année 73, tant était exposée comme médiocre la condition ouvrière. Cela préfigurait le BAC Pro qui, correct à ses débuts*, était rapidement dévoyé dans sa généralisation -ce qui était de fait dans les tuyaux. Un « 0 » en Math sciences pour une spécialité très technique n’étant pas éliminatoire pour son attribution ! Flatterie aidant, de nombreux jeunes abusés se sont plantés en poursuivant en FAC (2% des BAC Pro passent la 1ère année, 0% à l’issue de la 2ème année).
* BAC Pro, dans le sens du plan Langevin-Wallon, les expérimentations suffisamment « encadrées » se passent évidemment toujours bien pour en justifier l’extension…

Même si l’analyse « Bourdieusienne » des élites se reproduisant est juste, la suppression de la sélection ne résout pas l’équation sociale… Au contraire, cette suppression s’accompagne d’une négation des difficultés à surmonter, d’une victimation sociale pour qui ne réussit pas, la solution est pire que le mal… D’ailleurs, constat est, de son application, moins d’élèves des milieux ouvrier et paysan accèdent aux grandes écoles que par le passé.
Idéologie à la clef, il s’agit à tout prix de circonvenir les jeunes que le monde du labeur n’est qu’échec social, et donc scolaire. Des proies idéales à terme pour les partis gauchisants, une pierre deux coups ! Bien sûr, l’inexistence d’un monde ouvrier étant -encore- impossible, l’état intello étant idéal et en grâce auprès des idéologues, des artifices sont développés, ainsi le BAC Pro* ou encore le CAP après un BAC général qui vaut presque béatification !
* a tristement remplacé la majorité des BT (Brevet de technicien, diplômes de promotion sociale)

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A de nombreux jeunes qui auraient pu accéder à un travail qualifié s’ils n’en avaient été détournés pour un avenir sans objet s’ajoutent des Jonathan Jahan mal dans leur peau d’ouvrier… Convaincus d’être des victimes de la société, ils en attendent des comptes,  préfèrent une situation de chômage à charge qu’un métier dont ils sont convaincus qu’il les confine dans un état inférieur et indigne comme du temps de Zola ! Ainsi ce Jonathan « n’a pas vu » que 1400 emplois d’horticulteur sont « offerts » en France, pas forcément dans les jardins de la capitale. Certes il faut souvent se déplacer, la vie est pourtant chère à Paris… pas forcément des salaires attractifs, mais l’indépendance, la certitude de ne devoir rien à personne, la dignité quand même…

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Je ne puis reprocher à notre horticulteur d’être ce qu’il est, par contre à tous ceux qui l’ont trompé, abusé même… Il le paie lourdement par sa situation logiquement mal vécue, par l’humiliation qu’un Président méprisant lui a infligée, par l’avalanche de propositions qui lui sont faites montrant l’absurdité de son adresse à Micron… Bon, il aura quand même des propositions, avec difficulté pour toutes les refuser, une fois l’intérêt des média passé…

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Vous allez me dire, mais vous, qu’avez vous à suggérer ? Vous prétendez que c’était mieux avant… Comme tous les réacs en somme.

Les 50 années qui viennent de passer nous affichent des solutions à nombre de problèmes scolaires et donc sociaux, mais il faudrait les adapter sans encore les dévoyer…
– La réussite de l’Ecole finlandaise*, en baisse actuellement.
Les petits Finlandais sont devenus des petits princes à qui on passe tous les caprices, au même niveau qu’en France (Compte rendu de PISA 2009, ce que personne ne vous a dit !). Avec moins d’heures d’enseignement qu’en France, avec des méthodes traditionnelles dont les neuroscientifiques comme Stanislas Dehaene confirment la validité, en traitant immédiatement, à part, les difficultés des élèves en difficulté dans ce qui correspond pour nous aux classes du préparatoire et début du primaire, ceux-ci rapidement remis à niveau ne ralentissent pas l’évolution de leur classe. Initialement la mesure paraît onéreuse, mais pas de redoublement (ou peu, cas très particuliers), et dans le futur des adultes maîtrisant bien mieux tous les fondamentaux intellectuels, un véritable investissement pour le futur. Inutile de préciser, que les handicapés mentaux restent dans les mêmes proportions qu’en France, il n’y a pas de miracle !
Ce qui ne vous a pas été dit encore,  à l’intérieur de l’école fondamentale -jusqu’à 15 ans- une sélection s’effectue et déjà se prépare une certaine orientation (CHUT !). Certains partiront vers des établissements de formation professionnelle – pratiquement nos CET mais après l’équivalent d’un brevet- d’autres en lycées… Les lycées, extrêmement sélectifs choisissent leurs élèves en fonction des objectifs propres au lycée… Et l’entrée dans le supérieur, elle n’est pas donnée pour les FAC les plus cotées… Vous vous doutez en conclusion que les lycées ne peuvent bluffer !
* pas les asiatiques, comme à Singapour ou Hong-Kong, où les gosses sont gavés d’heures…
– Ce qui a été oublié, le contrôle continu expérimenté dans 13 établissements CET-LEP de France (années 70). Rien à voir avec ce qui est appliqué aujourd’hui dans certains collèges… En 82, tentative de généralisation, mais extrêmement lourd et cher à une époque où les moyens de communication entre établissements n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui… Abandon ! Serait parfaitement adapté maintenant pour des retours en formation, intégré même à la formation initiale en CC, sans galvauder la masse financière de la formation professionnelle continue…
– Pour rétablir l’équité entre élèves partant dans le professionnel au lieu de l’enseignement général, un avoir d’au moins trois ans à utiliser pour un enseignement de mise à niveau à l’équivalent secondaire
– Dans les abandons regrettables, les bourses au mérite et non uniquement sociales comme aujourd’hui !

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La suite est si j’ose dire anecdotique, ne rajoute rien au fond, ce sont des faits, des assertions en sus de celles que j’ai déjà données et qui portent à la destruction de l’Ecole.

– Les maths dites « modernes » pour remplacer les maths traditionnelles. Les maths traditionnelles étant accusées de conduire à la reproduction sociale des élites, il fut pronostiqué que leur suppression dans l’enseignement établirait l’égalité sociale ! (Ne pas rire)… Échec : les plus sanctionnés furent encore les élèves des milieux modestes. Furent abandonnées au bout de quelques années…
– Election de Mitterrand en 81. Cette année là, lors de ma participation à un jury de CAP habillement à Niort, le chef d’établissement président du Jury demanda à ce qu’on marque l’élection d’un président de gauche avec bienveillance pour les candidats au CAP, pas à l’élection bien sûr…
– Avec la gauche au pouvoir, en 81 fut mis en place une pédagogie « de la réussite » dans certains établissements : des moyens, ce que naïvement j’approuvais. A la fin de l’année scolaire 82, tous les élèves ayant bénéficié de ce dispositif ne pouvaient que passer en classe supérieure, puisque c’était une pédagogie de la réussite…
– Je ne vous raconte pas l’histoire du lycée expérimental de Marennes d’Oléron, cela est pratiquement hors Education nationale…
– Lors d’un conseil d’administration de mon lycée, à l’annonce par la Conseillère régionale de la contrainte pour la région de rénover certains LP négligés auparavant, un gaucho du SNES-NPA s’éleva contre ces fabriques à chair à patrons… Ceci illustre ce que souvent je disais à mes collègues « Vous vous dites de gauche, mais vous n’aimez pas le monde du travail ! ».

– Pour terminer, le sophisme du début de années 2000. Les redoublements causent l’échec scolaire, la preuve, les statistiques montrent que les élèves qui redoublent réussissent moins bien au BAC ! (En réponse : Si c’était l’inverse qui se produisait, c’est que l’on aurait fait redoubler les meilleurs élèves ==> ce qui faisait tordre du nez aux inspecteurs et chefs d’établissement).

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4 Commentaires

  1. J’ai, pour ma part, eu la chance de suivre un enseignement technologique, et j’ai passé un bac STI (anciennement bac F). Je peux vous dire qu’à l’époque encore (fin des années 90 début des 2000), les enseignements technologiques et pro étaient considérés comme des filiales pour les nuls, pour ceux qui étaient pas assez intelligents (trop bête) pour suivre les sacro-saintes filiales S, L et ES.
    Ceux qui disent ça ne savent pas qu’en fait, les enseignements technologiques et pro sont simplement plus spécialisés, plus restreints et centrés sur les filières qu’ils représentent.
    Allez vous taper trois heures d’affilées de cours de mécanique générale (pas l’automobile, la branche physique appelée mécanique). Ce n’est pas une sinécure.
    Bref, c’était dur, mais je me suis régalée. J’ai adoré mes deux années de lycée et mes deux années de BTS. Et je vous assure que ce n’était pas des cours faciles même si nos profs déploraient déjà la baisse de niveau.

    • Mais une analyse certainement barbante pour beaucoup et un peu difficile.
      Mais il fallait que cela soit dit !

  2. Jahan On trouve surtout ce nom dans le Maine. C’est une des nombreuses variantes du nom de baptême Jean (Jehan < Johannes).

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