Retour sur le contexte historique de la pièce "le fanatisme ou Mahomet" de Voltaire …

Un contributeur de leur site prétend que Voltaire écrirait sur le boulevard Voltaire de la catholique Emmanuelle Ménard.
http://www.bvoltaire.fr/voltaire-sil-vivait-ecrirait-boulevard-voltaire/
On peut en douter…

J’ai lu « Zaïre » et « le Fanatisme ou Mahomet ».

Les préfaces proposées par des critiques contemporains affirment que derrière l’islam, c’était le catholicisme qui était attaqué, que le recours à l’islam visait seulement à éviter les foudres de la censure.

Je me demande cependant si ces présentations actuelles ne sont pas une relecture bien pensante de Voltaire.

Certes, force est de constater que Voltaire ne se fonde pas sur les spécificités de l’islam.

Les discours anti-islam contemporains ne trouvent pas d’écho chez Voltaire.

Voltaire ne dénonce pas la pédophilie de Mahomet, il ne vise aucune sourate particulière, il ne s’intéresse pas au mode opératoire de la conquête islamique… les arguments islamophobes qui sont devenus des lieux communs désormais sont absents chez Voltaire.

De là à dire que Voltaire aurait choisi l’islam au hasard, on peut toutefois en douter.

Il avait suffisamment prouvé la fécondité de son imagination, sa capacité à inventer d’autres univers dans ses contes, pour pouvoir éviter de viser une religion ou une secte déjà existante.

Il était assez créatif pour inventer de toutes pièces une nouvelle secte et s’acharner sur elle.

Mais le choix de l’islam n’était pas tout à fait neutre non plus à cause du souvenir des Croisades, qui mettait en antithèse l’islam et le catholicisme et évinçait ainsi de manière plus efficace la censure qui serait moins portée à rapprocher des opposés que de découvrir une réalité derrière une fiction bâtie de toutes pièces

.
Voltaire n’exploitait pas vraiment le matériau islamophobe dans ses deux pièces, alors que la société dans laquelle il vivait ne comprenait pas de musulmans, ce qui lui aurait permis de s’en donner à cœur joie s’il l’avait voulu.

On peut cependant penser que Voltaire n’avait pas tous les outils nécessaires pour réaliser une critique de l’islam.

Les Mille et une nuits n’avaient commencé à être traduites par Galland qu’en 1701, alors que Zaïre date de 1732. Les arabophones étaient très peu nombreux en France, à part Galland qui enseigna l’arabe à partir de 1709 au Collège des lecteurs royaux.

L’argumentation islamophobe ne s’est vraiment structurée que quand les Français ont commencé à vivre avec des musulmans entre deux et trois siècles plus tard.

Malgré tout, il y a un vrai plaisir à lire à voix haute ces deux pièces, dans la mesure où certains vers ne pourraient plus être prononcés spontanément par le lecteur sans encourir les foudres des habituels LDH, Licra, CCIF… ainsi que de certains procureurs.

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6 Commentaires

  1. Je suppose qu’il en savait assez, il ne devait pas être ignorant des conquêtes qui avaient envahi l’Espagne, de la bataille de Poitiers, et des pirates barbaresques qui sévissaient sur les côtes, mettant des milliers de chrétiens en esclavage,
    Il n’a sans doute pas jugé utile d’étudier le coran que ses contemporains ne connaissaient pas,
    il en savait cependant assez pour porter un jugement lucide

  2. Dans une perspective militante, on peut en déduire que le ramdam autour de la représentation de sa pièce notamment à Genève n’avait aucun fondement puisqu’à l’époque où il écrivait, Voltaire n’avait pas d’intention spécialement et exclusivement islamophobe.
    Voltaire n’avait pas d’autre approche de l’islam que Montesquieu à la même époque : l’image du harem, point barre.
    Pourtant, un responsable musulman avait considéré que « Mahomet ou le fanatisme «insulte les musulmans et bafoue leurs valeurs».
    https://www.letemps.ch/culture/fautil-interdire-voltaire .

  3. J’ai dit qu’on reconnut Mahomet pour un grand homme; rien n’est plus impie, dites-vous. Je vous répondrai que ce n’est pas ma faute si ce petit homme a changé la face d’une partie du monde, s’il a gagné des batailles contre des armées dix fois plus nombreuses que les siennes, s’il a fait trembler l’empire romain, s’il a donné les premiers coups à ce colosse que ses successeurs ont écrasé, et s’il a été législateur de l’Asie, de l’Afrique, et d’une partie de l’Europe.
    De Voltaire également

  4. Casanova (1725-1798) est un contemporain de Voltaire (1694-1778).
    Dans sa biographie, lorsqu’il veut parler de quelqu’un de stupide et obstiné, il dit « résolu comme un musulman ».
    Comme quoi, à défaut de pouvoir expliquer un comportement par l’influence délétère du coran (auquel Casanova ne fait jamais allusion bien que sa première traduction en français par André Du Ryer date de 1647) il a simplement pu constater un point commun à tous les adeptes du fanatique Mahomet : leur stupidité et leur obstination à s’y complaire.

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