Peillon pratique la discrimination avec la préférence pour l’Outre-mer

C’est encore un des symboles de notre République qui disparaît, la République une et indivisible.

 Tout le monde sait que la perspective d’être affecté à Créteil fait partie des raisons pour lesquelles les concours de recrutement d’enseignants ont de plus en plus de mal à faire le plein, avec pour certaines disciplines autant de candidats que de postes, ce qui en dit long sur le niveau d’un certain nombre de nos jeunes enseignants…

 La règle est en effet que chaque enseignant émette des voeux et qu’il soit affecté en fonction des points qu’il détient. Plus on a de l’ancienneté plus on a de points ; si on est marié ou pacsé on a des points, si on a des enfants on a des points etc.  Alors, forcément, le célibataire qui commence a peu de chances de voir ses voeux pris en compte puisque d’autres mieux lotis par leur ancienneté et/ou leur situation familiale sont prioritaires pour les académies, les villes, les postes… qu’ils ont demandés. Le résultat, ils sont nommés là où personne ne veut aller, Créteil entre autres. (On notera en passant la monstrueuse hypocrisie de nos politiques qui depuis des décennies mettent de l’argent dans les zones dites d’Education prioritaire, s’arrachent les cheveux en déplorant que les jeunes expérimentés soient envoyés en enfer, mais ne remettent pas en cause l’immigration qui alimente ces ghettos ni le refus de l’école et des règles de la  République qui empêchent d’y enseigner… )

 Alors le résultat de ce système c’est que partout en France on a des enseignants qui se valent à peu près et qui sont « servis » à égalité, sur la foi de règles communes à tous, même si dans certains lieux ce sont plutôt des jeunes qui se font la main.

 Partout en France ?

 Non… parce que les jeunes Corses, eux, par la violence et la menace des attentats ont fini par faire reconnaître leur « spécificité », la nécessité pour des Corses d’enseigner en Corse et celle des Corses de recevoir l’enseignement de Corses.  Pour cela un petit artifice a été trouvé, ceux qui demandent un poste en Corse ont un « bonus » de 800 points… Et comme nos amis corses préfèrent  voir les leurs que les continentaux en poste sur leur île et se mêlent de le faire savoir de façon pas toujours catholique, les jeunes Corses sont assurés d’échapper aux affres de Créteil et de pouvoir dès la réussite de leur concours vivre au pays de leurs pères. Inégalité, injustice, en contradiction complète avec notre constitution qui ne doit pas prendre en compte les origines.

 Non… parce que les jeunes natifs des DOM (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Guyane) ont droit, eux, à un bonus de 1000 points s’ils demandent en premier voeu l’académie d’où ils sont originaires. 1000 points également pour Mayotte, réservés aux personnels « dont on a reconnu du CIMM (centre des intérêts matériels et moraux) tel que défini dans la circulaire DGAFP n°02129 du 3 janvier 2007 sur l’île » dont on prendra connaissance à la fin de ce document… Inégalité, injustice, en contradiction complète avec notre constitution qui ne doit pas prendre en compte les origines.

 Bref pas mal de « spécificités » qui sont autant de passe-droits. Ce qui n’est pas le cas pour le jeune Marseillais qui se retrouve à Lille ni celui du jeune Brestois affecté en Seine Saint Denis pour des années, car les postes en Bretagne sont chers, très chers !

 Pourtant, qui dit service public dans une République veillant à l’égalité devrait voir l’égalité de traitement pour tous.

 Pourquoi les Martiniquais, Guyanais, Réunionnais, Corses etc. ne se verraient-ils pas appliquer la loi commune ? Pourquoi ne feraient-ils pas partie de ces familles séparées pendant des années et de ces couples obligés de louer deux appartements différents tant leurs lieux de travail sont éloignés l’un de l’autre qui sont légion dans l’Education nationale ? Pourquoi ne feraient-ils pas partie de ces célibataires obligés de quitter amis et famille et de s’exiler pour de longues années loin de leurs racines ?

 Elle est où l’égalité républicaine ?

 Et voici que Peillon vient de décider d‘accorder, en sus, aux anciens contractuels (auxiliaires non titulaires) de Martinique et de la Réunion  qui viennent d’avoir le concours  l’affectation dans leurs îles… Non seulement il y a discrimination et on bafoue l’égalité républicaine mais, en plus, on permet à ceux qui sont allés travailler dans certains des DOM sans les concours requis d’être bénéficiaires d’une priorité d’affectation le jour où ils ont le concours.

Autrement dit, le jeune Marseillais ou le jeune Breton qui auront bossé comme des malades pour avoir leurs concours et rêvent d’aller s’installer en Martinique ou à la Réunion ne seront pas prioritaires, et de loin, et ne pourront même, peut-être, pas réaliser leurs rêves quand il suffira aux natifs ou aux petits malins ayant anticipé en déménageant avant de le demander pour  avoir le poste dont ils rêvent. Inégalité, injustice, en contradiction complète avec notre constitution qui ne doit pas prendre en compte les origines.

 Nous sommes vraiment, avec ce gouvernement, dans une logique communautariste qui dépasse l’entendement. On appréciera l’argument de la députée Monique Orphé qui se rejouit que la « spécificité » de « leurs » départements soit respectée.

 Car telle est la vraie question.

 Je refuse la logique du recrutement local ou régional qui est la règle pour les professeurs des écoles, car je pense qu’un concours de haut niveau comme le capes et l’agrégation doit assurer un haut niveau d’exigence qui soit le même pour tous. Il est évident que, si l’on avait un recrutement régional, il y aurait beaucoup plus de postes à pourvoir à Créteil qu’à Bayonne et que, de fait, les plus « nuls » des candicats, sûrs de se faire étendre là où la concurrence est rude, s’inscriraient là où il y a le plus de postes et donc là où ce serait bien plus facile. On aurait ainsi peu à peu une école qui, encore plus qu’aujourd »hui, serait à plusieurs vitesses, car non seulement on aurait les zones actuelles avec trop d’enfants qui ne parlent pas bien français et/ou  qui refusent école et/ou certains enseignements, mais, en sus, tous les mauvais professeurs y seraient et ce serait bien pire que d’avoir de jeunes enseignants, parce qu’actuellement, au moins, les gosses de Créteil peuvent avoir un enseignant arrivé dans les dix premiers au concours.

 Mais il est clair que la préférence multiculturelle est poussée jusqu’au bout par notre gouvernement qui considère que dans les DOM aussi il y a pour lui un réservoir de voix à ne pas négliger, appliquant ainsi le mot d’ordre de Taubira et de son parti guyanais « il faut la préférence guyanaise en terme d’emploi et de logement ».

 Communautarisme et discrimination positive sont la marque du changement cher aux socialistes qui ont le pouvoir et qui ne nous aiment guère, nous Français d’origine, métropolitains, athées ou chrétiens, blancs de surcroît !

 Bien sûr, si on demande en France métropolitaine la préférence nationale, on vous traite de fasciste ; on n’a pas le droit à la « spécificité » française. D’ailleurs, nous voyons de plus en plus souvent dans nos établissements scolaires des immigrés en CDD qui parlent à peine français donner des cours de maths ou d’anglais. Cela ne gêne personne, pourvu que dans les Dom ils continuent de se sentir prioritaires et qu’ils puissent être entre eux !

Christine Tasin

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10 Commentaires

  1. Concernant la préférence locale défendue par Peillon, cela me fait penser à quelques faits troublants.

    Comme vous l’avez rappelé Christine, parler de « préférence nationale » fait aussitôt hurler la clique antiraciste.

    Mais comment expliquer le silence de cette même clique lorsque :

    1. au cours de la campagne pour les Présidentielles 2007, Royal avait promis la préférence régionale à l’emploi en Outre-Mer (La Réunion, puis les Antilles françaises).

    2. en 2010, CGT et CFTC étaient vent debout contre le recrutement de salariés européens par une chaîne de montage de bus, arguant qu’il était plus judicieux de préférer le recrutement local
    http://www.ledauphine.com/ardeche/2010/02/05/des-salaries-etrangers-pour-repondre-a-une-commande

    Or, lors des Cantonales 2011, des candidats FN, militants CGT, avaient été exclus au motif que la préférence nationale n’était pas un principe défendu par la CGT.
    Voir ici sur le site de la CGT http://www.cgt.fr/La-preference-nationale-n-est-pas.html

    Sauf que la CGT a eu la mémoire courte puisque, dès la fin du XIXème siècle, les syndicats ouvriers, CGT en tête, ont défendu… la préférence nationale. Riposte Laïque en parlait http://ripostelaique.com/la-france-en-danger-discours-de-pierre-cassen-la-preference-nationale-est-historiquement-une-valeur-de-gauche.html

    3. en juin 2011, les régionalistes de Nouvelle-Calédonie (USTKE, syndicat militant pour une « Kanakie libre »; proche du NPA et de la CGT) se mobilisait contre l’arrivée sur l’île de travailleurs réunionais, accusés en gros de voler le pain des travailleurs kanaks.
    Ces Réunionais, pourtant Français tout comme les Néo-Calédoniens, étaient même traités d’« immigrés » (sic !) par ces « Kanaks »…
    Cf ici, sur le site de l’USTKE http://www.ustke.org/actualite-syndicale/actualite/La-sonnette-dalarme-est-tiree-par-rapport-a-limmigration-at_146.html

    Voir également cette vidéo dans laquelle la préférence locale est défendue pour la Guadeloupe et la Nouvelle-Calédonie http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=tEzYFlGX23k

    Mais apparemment, il faut être issu de la diversité pour aborder certains sujets sensibles, sans se faire traiter de racistes…
    Ca tombe bien, je suis moi-même issu de la diversité – quoique pas la bonne, puisque ni noir ni maghrébin.

    • Beau récapitulatif qui pointe bien les contradictions de nos politiques et des centrales syndicales

  2. je ne suis pas contre le fait qu’à égalité de mérites, il y ait une certaine préférence pour les locaux… à condition toutefois que ça s’applique à tout le monde ! non pas seulement aux corses et antillais, mais aussi aux bretons, aux basques, aux normands, etc etc.

    je me mets simplement à la place de ceux qui ont envie d’exercer telle ou telle profession, mais qui craignent de se retrouver forcés de s’exiler à l’autre bout de la France. à leur place (de candidat à tel ou tel poste), ça serait aussi mon cas !

    je trouve donc naturel de prendre en considération les origines et désirs de chacun…à condition que ça vaille pour tout le monde, et pas seulement à « la diversité » ni à ceux qui gueulent le plus fort !

    mais là, c’est un concept d’égalité qui est étranger à la gôche « égalitioniste » (néologisme maison pour désigner les travers des égalitaires).

    • Effectivement le concept d’égalité est étranger à « la gauche », incroyable d’écrire ça 100 ans après Jaurès !

  3. La préférence « nationale » existe pourtant en Polynésie française, où les chefs d’entreprises doivent justifier (dossier à l’appuie) lorsqu’ils souhaitent employer un étranger (même en situation régulière). Cette mesure existe aussi contre les Français de Métropole: http://www.latribunedesantilles.net/index.php?option=com_content&task=view&id=1820&Itemid=1

    En Nouvelle Calédonie, le sujet était aussi discuté il y a quelques temps, je ne sais pas s’il a été voté. La Calédonie fait honte d’ailleurs à la France par son statut qui interdit le vote des métropolitains à certaines élections.

    Par le principe de réciprocité, les Polynésiens ne devraient pas être autorisés à travailler en métropole et les Calédoniens ne devraient pas y avoir le droit de vote.

    • Devraient… mais c’est exactement le contraire et vous avez même une ministre qui prétend que les jeunes beurs devraient avoir une priorité à l’emploi..

  4. question idiote, pourquoi n’applique t’ on pas le même système que la gendarmerie ?

    a l’issue des résultats des concours, on indique les places disponibles a travers le territoire français (métropolitain et outre-mer) et chacun choisi ou il souhaite aller, le mieux classé choisissant en premier ensuite le deuxième et ainsi de suite (on pourrait proposer un système de priorité pour ceux étant marié ou ayant des enfants).

    on en reviendrait a la méritocratie et personne n’y trouverai rien a redire.

    • Ce serait une excellente idée ! Je ne sais pas comment ça se passe ensuite pour les mutations après concours… Mais on a tellement besoin de rendre au mérite toute sa place…

      • Le système des points est pourri jusqu’à l’os.

        Ces mutations ou ces affectations se font par point sous le regard bienveillant des syndicats. Voici comment ça se passe: Dans chaque département, les agents entrent dans l’ordinateur. Celui-ci les classes en attribuant des points selon des critères bien définis: Ancienneté, rapprochement de conjoint (150 points), enfant à charge (15 points/enfant), handicap (1000 points magiques), ancienneté dans des établissements coupe-gorge (300 à 400 points). Au final une note. On classe du 1er au dernier… En règle générale, plus on est vieux, plus on va où on veut. Les jeunes, c’est la chair à canon.

        Et ensuite ?

        Ensuite, se réunit la commission paritaire composée de moitié par les représentant de l’éducation nationale (inspection académique) et de moitié par les syndicats. Ces syndicats, quelques jours avant ont eu la liste des agents, des points et du classement. Ils arrivent à la réunion avec la liste annotée, modifiée, corrigée. La commission paritaire a donc pour rôle d’entériner une liste définitive. Le classement définitif est différent de celui de l’ordinateur et dépendra surtout de l’affinité qu’on les syndicats avec certains agents. Je traduis pour ceux qui ne comprennent pas: « Tu adhères au syndicat, on défend ton dossier, sinon tu passeras derrière celui d’un camarade qui adhère ».

        Là où le syndicat passe, la démocratie trépasse…

        • Tout cela est vrai, sans parler des points qui tombent du ciel mystérieusement attribués à certains par l’administration avec la complicité des syndicats…

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