Der des Der : le djihad made in Germany

Édition 6 novembre 1898 • Weltpolitik du Kaiser Guillaume II

 

L’empereur allemand Guillaume II a tenté de manipuler le monde musulman pour gagner la Grande Guerre. Mais au vu des tenants et aboutissants de cette manœuvre rien moins que diabolique, peut-on réellement parler de djihad dans son acception moderne ?

 

Durant la Première Guerre mondiale, les stratèges prussiens ont actionné non seulement la Grosse Bertha mais également les prémices du djihad contemporain, l’objectif étant une rébellion générale des musulmans visant à déstabiliser les Empires français et anglais. Le panislamisme serait ici un vecteur parallèle de la victoire du Deuxième Reich.


 

 L’excentrique baron Max von Oppenheim (1860-1946)

 

Descendant de banquiers, Max von Oppenheim entreprend dès 1872 des études de droit à l’Université de Strasbourg en Reichsgebiet. Fasciné par l’Orient et portant régulièrement djellaba et turban, il apprend l’arabe au Caire, supervise fin 1899 le chantier de chemin de fer Berlin-Bagdad et est nommé en 1910 agent diplomatique à l’ambassade allemande du Caire. Il fera de nombreuses découvertes archéologiques à Tell Halaf, à l’extrême nord de la Syrie actuelle, à un jet de pierre intifada de la Turquie erdoganesque.

 Berlin 1930 • Musée privé de Max von Oppenheim au sein d’une ancienne fonderie

Bombardé en 1943 par les Alliés, une partie du patrimoine a pu être restaurée

 

Max von Oppenheim est archéologue mais surtout espion allemand au détriment de l’Empire britannique. Dès la fin du 19ème siècle, il préconise l’insurrection islamiste ou djihad islamique et établit des liens avec les nationalistes égyptiens en vue de se liguer contre Londres.

 

Peu à peu, Max gagne la confiance de l’Empereur d’Allemagne et Roi de Prusse Guillaume II, ce dernier voyant dans le plan du baron une manière de porter un coup à l’impérialisme anglais. Bénéficiaires de la manœuvre ? L’Empire allemand et son allié turc. Un Empire ottoman luttant contre la révolte arabe…

 

En 1898, Guillaume II se rend au Mausolée de Saladin à Damas et y place un discours. Son projet est de reproduire une sorte d’alliance contre-nature similaire à celle conclue entre François 1er et Soliman le Magnifique à savoir les Capitulations du 4 février 1536. Tout cela est bien périlleux puisque Guillaume II est en principe le chef des églises protestantes communes luthéro-calvinistes.

 

Le 14 novembre 1914, le sultan ottoman Mehmed V déclare devant la mosquée Fatih de Constantinople décorée de cocardes ottomanes, allemandes et austro-hongroises : « Ceux qui prendront part à la Guerre sainte pour le bonheur et le salut des croyants et en reviendront vivants jouiront du bonheur. Quant à ceux qui y trouveront la mort, ils auront droit au titre de martyr ». Sous la bénédiction de Berlin, le sultan incite ici les musulmans du monde entier à mener un combat sélectif contre les chrétiens anglais, britanniques et russes. Les fidèles allemands sont évidemment absents de la liste.

14 novembre 1914, mosquée Fatih à Constantinople

Premier discours officiel recensé de proclamation de Guerre sainte contre les chrétiens

 

Mosquée Fatih ou Mosquée du Conquérant de nos jours

 

Auteur de Djihad 1914-1918, Jean-Yves Le Naour prétend que la théorisation allemande de la Guerre sainte se serait probablement développée sans l’intervention du baron von Oppenheim. Il écrit : « L’Histoire est toujours faite par des individus qui servent de grands intérêts. C’est l’intérêt de l’Allemagne de s’associer à l’Empire ottoman, qui a une position stratégique : au contact de l’Empire russe dans le Caucase et du canal de Suez que Berlin souhaite reprendre. La Guerre sainte visait aussi à occuper les Britanniques en soulevant les cent millions de musulmans dans les Indes »

 

Les Jeunes-Turcs

 

Au pouvoir depuis 1908, ce parti nationaliste, moderniste, réformateur, laïque et francophile connu sous Comité Union et Progrès CUP – qui planifia sans le moindre état d’âme le génocide arménien et mit en œuvre la « turquification » de l’Anatolie – est bien conscient des réelles finalités du Reich qui se moque éperdument de l’éthique du Coran. Mais l’alliance avec le Reich, c’est la perspective d’écarter Paris et Londres au vu de leur contrôle sur les finances ottomanes. Et puis en 1914, rien ne laisse présager la victoire finale des Alliés…

 

Sous le ministre de la Guerre Enver Pacha dit Napoléonik et alliance germano-ottomane de 1914 oblige, l’Empire ottoman prévoit d’attaquer une Russie jugée grabataire. Pour surprendre les Russes, 90.000 hommes traversent le Caucase en plein hiver 1914-15. Par -20°C et 1,5 m de neige, 30% de cette armée ne survivra pas l’entame des combats. Lors de la bataille de Sarikamis(extrême-est de la Turquie actuelle), les Ottomans sont battus sèchement par les Russes. Dès lors, l’attrait du « djihad turc » sous logiciel allemand en prend un solide coup ! Le but de Berlin était en réalité tout autre : éparpiller les forces russes pour soulager son Front est, tant la campagne de France dévore la Deutsches Heer.

 

 

Bataille de Sarikamis du 22 décembre 1914 au 17 janvier 1915

 

Sarikamis, à chacun son Stalingrad

 

Paris ne perd ni le nord ni le Nord

 

Cette menace de soulèvement des musulmans fut prise au sérieux par Paris. On constate d’ailleurs une censure générale au sujet de ce forcing teutonique d’un genre très particulier. À l’attention des Marocains, Algériens et Tunisiens au service de l’héritière de la Grande armée, on publie en parallèle des déclarations de fidélité à la Patrie française, seule garante de la victoire.

 

Avec une incontestable légitimité, la propagande française insiste sur la brutalité des Boches en Belgique et dans le nord de la France. Si la soldatesque musulmane ciblée n’apprécie la colonisation française, la peur du Fridolin barbare devrait prendre le dessus. Comme on dit, « mieux vaut être du côté du manche que du côté du fouet ». Épisode peu connu, un millier de jeunes mineurs algériens du nord de la France seront déportés vers Berlin pour leur endoctrinement contre le colon français. Au nom du djihad

 

La Guerre sainte prônée par le Reich fut un échec non seulement parce que la France, acharnée comme elle le fut à Verdun, sut conserver son patrimoine de soldats maghrébins mais également parce que la diplomatie berlinoise n’a trouvé aucun interlocuteur ou institution capable de canaliser « l’énergie de l’islam » contre les Alliés. En 1914, l’islam en tant que tel n’est qu’une bulle entre le fidèle et Allah, sans compter l’appréhension de ses nombreux schismes que les Prussiens sont bien loin de maîtriser en ce début de 20ème siècle. À titre d’exemple, les chiites n’écoutent point le sultan ottoman.

 

En 1914, qu’aurait donc pu puiser l’Allemagne – déjà première puissance industrielle européenne – au sein d’un Coran déjà courtoisement taquiné par le général Bonaparte ? « Pendant la conversation, le général Bonaparte dit aux cheikhs que les Arabes avaient cultivé les arts et les sciences du temps des califes, mais qu’ils étaient aujourd’hui dans une ignorance profonde et qu’il ne leur restait rien des connaissances de leurs ancêtres : le cheikh Sadat répondit qu’il leur restait le Coran qui renfermait toutes les connaissances. Le général demanda si le Coran enseignait à fondre les canons. Tous les cheikhs présents répondirent hardiment que oui », extrait de L’Expédition d’Égypte, Henry Laurens, parution 1989, année de la renaissance du 4ème Reich selon certains.

 

 

On commettrait un périlleux anachronisme en imputant à Berlin les origines du djihad en version moderne, tout simplement parce que le détonateur fut allemand et non panarabe ou fondamentaliste. Les Prussiens usèrent de l’islam comme d’un ustensile à peu de frais, ce dont les Jeunes-Turcs laïques furent parfaitement conscients. En outre, les musulmans ruraux, majoritairement illettrés, éprouvèrent de réelles difficultés à donner du sens à un djihad dépassant parfois leur entendement. Ce n’est hélas plus le cas aujourd’hui, comme en témoigne la mise hors-la-loi sur sol allemand du Hezbollah selon la décision du gouvernement du 30 avril 2020.

 

Richard Mil+a

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2 Comments

  1. « je n’hésite point à accorder que les Turcs sont les plus sympathiques des Orientaux, jusqu’au jour où nous-même, par notre imprévoyance et notre sottise, leur fourniront les moyens de redevenir pour nous des ennemis avec lesquels il faudra compter. »

    Paris, 23 septembre 1922.
    Louis BERTRAND

    Source : https://servier1923.skyrock.com/1392627447-Preface.html

  2. MAX VON OPPENHEIM …….

    «  » » Il fera de nombreuses découvertes archéologiques à Tell Halaf ( ou encore Tell el Hallouf, hihihi ), à l’extrême nord de la Syrie actuelle, à un jet de pierre intifada de la Turquie erdoganesque……..

    cette fascination depuis le kaiser Hadj Guilloume !! se prolonge jusque de nos jours

    en Germania les Turcs, ce sont nos gris et noirs africains en France

    PS

    PAS UN MOT A PROPOS DES EMEUTES MAGHREBIQUES HIER SOIR A PARIS

    LE PSG AYANT PRIS UNE DECULOTEE? DE TOUTES FACONS GAGNE OU PERDU LE RESULTAT EST LE MEME

    CHIER SUR LA FRANCE ETANT LE SEUL VRAI BUT DE CES « DEBORDEMENTS »

    DES CENTAINES D ARRESTATIONS , DES VOITURES BRULEES , ETC …..ETC………………

    FRANCAIS !! FERMEZ LES YEUX Y A RIEN A VOIR !!!

    ordures de gouvernants fantoches a la solde des assassins de notre vieille Nation !!

    75 ans sans guerre , ce n’ est pas trés bon finalement pour la santé physique et surtout morale

    y a qu a voir l’ immense majorité de NOS jeunes: des larves, laches et feminisés, incapables de retrouver cette attitude de clan, de meute qui a prevalu depuis homo erectus pour defendre les siens, evitant l’ affrontement (tu me diras les hyènes agressent a 12 contre un……..)

    je ne vois que les scouts chrétiens qui véhiculent encore des attitudes responsables
    il y a deux ans, je croisais une de leurs troupes en plein Vercors, cartes et boussoles en mains, , havresac sur le dos, couverture roulée dessus, tels les fantassins de WW1

    ET SE D2BROUILLANT COMME, ET

    MËME MIEUX QUE DES GRANDS;;;;;;;

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