« Comme beaucoup d’autres, j’ai sous-estimé ce virus »

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Le gars qui va parler a perdu son père et il est sous oxygène à cause du virus.

https://twitter.com/D_Conversano/status/1239436091947724800

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Mais comment les gens ont-ils pu sous-estimer cette maladie ?

Un internaute se demande comment tant de gens ont pu passer à côté d’une telle urgence et d’un tel danger.

Matthieu Savioux
Je ne comprends pas comment les gens ont pu sous-estimer cette maladie… Si c’était anodin, les Chinois n’auraient pas bloqué toute leur économie alors qu’ils sont sur la dernière ligne droite pour la domination mondiale économique.

Putain, la France fait tout à l’envers :
– H1N1 => Urgence générale, achetons 94 millions de vaccins.
– Coronavirus => LOL ! Ramenons un avion rempli de Corona depuis Wuhan confiné.

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On peut trouver une première réponse chez un internaute @chatsceptique qui développe son cas personnel :

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Chat sceptique : Pourquoi je n’ai pas compris tout de suite la gravité du coronavirus

[Thread] Aujourd’hui, je vais faire un truc que je pense n’avoir encore jamais fait sur Twitter.

Je vais vous raconter l’histoire d’un de mes plus gros foirages. Cela concerne le coronavirus.

Mes haters (ceux qui me détestent) vont adorer ce thread.

Retour en arrière, janvier 2020. Quelques morts sont annoncés en Chine d’un virus inconnu. Les sites d’info jouent très vite à la surenchère : qui réussira à faire le titre le plus alarmiste et anxiogène possible à propos de ce truc ? LA PEUR FAIT VENDRE !

Le coup de la nouvelle maladie lointaine qui va déstabiliser le monde et venir nous tuer jusque dans nos maisons, c’est un marronnier de l’information. Chaque année, les journaux nous le servent, généralement en hiver. Chaque année, ça finit en pétard mouillé.

Habitué à ce cirque, je campe comme toujours sur l’hypothèse prosaïque (H0) : ça va finir en pétard mouillé. Point. Parce que c’est facile, je me moque au passage un peu de la presse, comme ici.

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Ce que je ne savais bien sûr pas encore et que personne ne pouvait savoir à l’époque, c’est que cette fois, ça allait vraiment mal tourner : on ne fait pas face à un pétard mouillé mais à un gros bâton de dynamite Visage avec des sueurs froides.

Fin janvier, la Chine met des millions de personnes en quarantaine. Trop habitué à ceux ayant crié au loup pour rien les années précédentes, je continue de refuser de prendre le truc au sérieux. Le gouvernement chinois n’ayant pas ma confiance, je l’accuse simplement d’en faire trop.

Le virus finit par débarquer en Italie. Entre temps, on a davantage de données concernant la létalité du virus. J’analyse les données. Bilan : c’est pas la joie, mais c’est vraiment pas la peste noire non plus.

Guère impressionné, je fais donc une vidéo de ces données sur YouTube et déclare de façon péremptoire sur Twitter que nous, en Europe, on va résister au virus bien mieux qu’en Chine parce que on a de meilleurs hôpitaux, les Européens ont une meilleure santé des Européens, etc.

Qu’est ce que j’ai été con ! En une semaine foudroyante, le virus se répand sur l’Europe jusque dans ma ville. L’Italie est mise en quarantaine, les bourses se VAUTRENT. La panique est totale, les morts commencent à se compter avec 4 chiffres en Europe.

Grâce à @SciTania et @Evidencebbh, je comprends ENFIN la donnée essentielle que je rate depuis mi-février au moins concernant ce virus.

Le truc avec ce virus, c’est qu’il pousse une fraction relativement importante des contaminés à l’hospitalisation pendant parfois de longues semaines avant d’aller mieux.

Dans un monde où les hôpitaux auraient une capacité infinie, l’affaire serait vite pliée. Le présent thread n’existerait pas et on serait tous occupés à discuter du réchauffement climatique ou de comment écraser le cancer en prenant le thé.

Mais voilà, les hopitaux n’ont pas une capacité infinie. Et à mesure que le virus se propage, les hospitalisations longues explosent et mettent les hôpitaux dans la mer** : manque de lits et de matériel de soins urgents, genre assistance respiratoire.

Seule option : activer le principe du « triage ». Vous ne connaissez pas ? Cela consiste à décider qui on va sauver et qui on va laisser crever la gueule ouverte devant les hôpitaux. C’est traumatisant à l’extrême pour tous ceux qui le vivent (personnel, malades, familles).

Surtout, ça tue des gens à grande échelle qui auraient pu être sauvés. Comment éviter le triage ? En ralentissant la vitesse à laquelle le virus se propage dans la population. Se laver les mains, saluer de loin, ne plus se réunir en groupe aident BEAUCOUP.

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(Parenthèse Explication JM sur ce paragraphe :

Ligne pointillée : capacité du système de santé à soigner efficacement, à s’occuper de tous les cas, à avoir des appareils et des personnels et des médicaments pour tous les cas.

Courbe bleue : Quand il n’y a pas assez de mesure de confinement, le virus se propage à grande échelle, le nombre de cas augmente et le nombre de cas demandant une hospitalisation et des soins intensifs dépasse la capacité du système de santé. C’est ce qui se passe en Italie et en France. En Allemagne, ils ont trois fois plus de lits de soins intensifs et peuvent donc pour l’instant soigner tout le monde, ce qui explique la mortalité faible en Allemagne, alors que le taux de contamination est à peu près similaire à celui de la France.

Courbe jaune : La contamination augmente modérément, de sorte que les cas nécessitant une hospitalisation ne sont pas trop nombreux en même temps et que personne ne se voit refuser des soins par le système de santé qui peut tout gérer. C’est ce qui aurait dû être fait, c’est ce qui n’a pas été fait.

Quand les frontières sont fermées, (elles ne sont pas fermées, il y a seulement des contrôles aux frontières) les voyageurs ayant le virus rentrent en France et créent une aggravation de la contamination qui commence dans l’avion, se poursuit dans l’aéroport, la gare, le taxi, dans la famille puis le quartier et le travail. Chaque voyageur contaminé qui arrive de Chine ou d’Italie peut potentiellement contaminer directement ou indirectement des centaines de personnes à lui tout seul qui n’auraient pas été contaminées s’ils n’avaient pu pénétrer en France.

Autres mesures à prendre quand le virus est hyper contagieux et résistant comme celui-ci : éviter tout contact humain avec des porteurs potentiels, donc éviter tout contact humain, ce qui veut dire fermer complètement les foyers de contaminations, mettre les contaminés et tout le quartier ou village en quarantaine surveillée, etc. Ce qui n’a pas été fait.)

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Chat Sceptique (suite) : Autre option radicale : presque stopper les contaminations via une mise en quarantaine de tout le monde chez soi. Autre option radicale : On peut aussi augmenter drastiquement la capacité des hôpitaux en construisant TRÈS TRÈS vite de nouveaux hôpitaux. La Chine l’a fait.

Début de la semaine du 9 mars, je pige enfin que le virus n’est pas un pétard mouillé. Je ne dis alors plus grand chose sur les réseaux. Je relaye simplement les messages de ceux appelant à rester chez soi, à la distanciation sociale, à se laver les mains.

J’adopte moi-même dès le 10 mars le salut thai et invite les gens IRL autour de moi à faire pareil. Je me dis que cette crise passée, histoire d’en tirer au moins quelque chose d’utile, je vais continuer d’utiliser cette forme élégante de salut.

Voilà, c’était mon histoire de comment je suis passé de hypothèse nulle (H0) : le coronavirus est un pétard mouillé à hypothèse alternative (H1) : c’est pas un pétard mouillé. Oui, j’ai été très lent à faire le saut de H0 à H1. J’implore votre indulgence.

Sur le long terme, il est évident que nous devrons tous reprendre les discussions de fond sur le réchauffement climatique, la lutte contre l’alcoolisme, les inégalités, etc.

Mais là, à court terme et moyen terme, la priorité ABSOLUE de tout un chacun est clair : RESTER CHEZ SOI.

Aussi : merci de pas piller les magasins comme si c’était la fin du monde. Ce n’est pas la fin du monde. Juste une sale période qui va passer. À nous de ne pas la rendre encore plus pénible en faisant n’importe quoi.

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3 Commentaires

  1. Il y a deux autres raisons. 1. Peu de personnes sont acteurs, responsables de leur propre santé , nombreux délèguent cette responsabilité à médecin, hôpital, médicament et autres thérapeutes, au point de considérer leur corps comme leur voiture . Quand je travaillais comme physiothérapeute, j’avais souvent l’impression que, si tel patient avait pu, il m’aurait dit « je vous laisse ma cheville, je vais aller faire mes courses et je viendrai la récupérer quand vous l’aurez réparée ». Il est fort difficile de faire admettre que la médecine peut aider mais que c’est à chacun de construire lui-même sa propre santé. Il suffit de regarder les chariots dans les supermarchés pour voir que peu de gens sont conscients de ce que la santé dépend d’abord de l’alimentation et qu’ils sont les premiers responsables de leur santé.
    2. Peu de gens parlent vrai. Exemple : il n’y a plus de morts, seulement des disparus ou des absents, ainsi peu de gens sont-ils conscients de ce que c’est qu’un virus et qu’il n’y a pas de médicament mais que « ou bien le virus est plus fort que le patient et le patient meurt, ou bien le patient est plus fort que le virus et le virus meurt ». le mot « virus » doit toujours sonner l’alarme.

  2. J’ai une petite idée au sujet de cette désinvolture. On peut penser qu’il n’y a aucun rapport, peu importe. Après le Bataclan, Charlie Hebdo, Nice, etc, les réactions étaient systématiquement : bougies, messages, « même pas peur », « la vie continue », pas d’amalgames etc…. A CHAQUE FOIS. Pour atténuer voir annihiler l’impact psychologique d’une menace bien présente, et bien réelle.
    De là à penser que beaucoup de gens ont réagit de la même manière, ben oui la vie continue on va rien changer et comme ça on y pensera plus, je ne pense pas être totalement à côté de la plaque. Il y a sûrement de ça.

    • Oui, j’ai remarqué cela. Les gens se forgent une opinion confortable qui leur permet de continuer à vivre sans stress.

      La vérité ou la fausseté de l’opinion – plus grave peut-être encore sa dangerosité ou sa bénignité – passe bien après le souci de se construire une carapace mentale.

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