Pour ce mois nous allons nous intéresser à l’un des rares compositeurs norvégiens dont la musique soit parvenue jusqu’à nous : Edvard Grieg est né le 15 juin 1843 à Bergen en Suède-Norvège et est mort dans la même ville, mais cette fois en Norvège le 4 septembre 1907.
Les deux œuvres que nous connaissons le mieux sont Peer Gynt et Le concerto pour piano. Peer Gynt est une musique de scène destinée à accompagner la pièce éponyme d’Henrik Ibsen ‘écrite en 1866). Elle a été jouée pour la première fois au théâtre d’Oslo le 24 février 1876 et reçut un accueil triomphal. Mais au fait, qui est Peer Gynt ? La réponse avec Wikipédia :
« La pièce est une farce douce-amère proposant une quête de l’identité indéfinissable, remplie d’humour sous des dehors graves, et débordant de charges satiriques. L’histoire peut se résumer ainsi : un antihéros, prétentieux et aventureux, part défier le vaste monde et rate tout ce qu’il entreprend avant de découvrir, seulement à la fin, la vérité de la solitude de son unique individu.
L’amertume apparente qui s’en dégage semble rejoindre le ton dur des autres travaux d’Ibsen, centrés sur une critique sociale incisive. S’enfermer dans une recherche de son identité insaisissable, n’est-ce pas à chaque instant se juger et se condamner ? »
Il n’est pas question dans cet article de vous proposer l’intégrale de cette musique de scène, ce qui risquerait de s’avérer barbant. Mais pas question non plus de faire appel aux deux suites, car trop « réductrices », il y manque des morceaux essentiels, à l’instar de la suite de Casse-Noisette : pourquoi avoir amputé La Danse de la fée Dragée de son final au célesta et pourquoi avoir omis cette danse délicieuse Mère Gigogne et les polichinelles, dans laquelle deux chansons traditionnelles françaises sont reprises ?
Mais revenons à Peer Gynt ; je vous propose deux liens : une vidéo YouTube d’une durée d’à peu près ¾ d’heure, une autre (statique) de 70 minutes. Dans les deux cas il s’agit d’extraits, évidemment la version de 70 minutes est plus complète, surtout qu’on y entend la voix humaine notamment dans La caverne du Roi de la montagne, La danse arabe, La chanson de Solveig.
Le concerto pour piano est une œuvre de jeunesse de Grieg, écrit en 1868, le compositeur n’avait que 25 ans. Je ne vais pas vous en faire l’analyse, mais le concerto est souvent comparé à celui de Schumann : même tonalité de la mineur, introductions semblables avec une descente en accords du piano (début du concerto de Schumann suivi du début de celui de Grieg) :
(Le prochain concert du mois sera consacré à Schumann et on retrouvera Hélène Grimaud dans le concerto). En attendant, place à Grieg :
Les danses norvégiennes, pour piano à quatre mains…et je vous rappelle que le piano à quatre mains, c’est ça !
Un peu de sérieux, tout de même !
La structure de ces danses est la suivante (je suis certain que beaucoup d’entre vous ont déjà entendu la deuxième danse quelque part !).
- Première danse : allegro moderato e marcato (en sol majeur)
- Deuxième danse : allegretto grazioso (en la majeur) sur un rythme de halling (danse traditionnelle norvégienne)
- Troisième danse : allegro giocoso (en ré majeur) sur un rythme de springdans (danse traditionnelle norvégienne)
- Quatrième danse : andante – allegro molto risoluto (en la mineur)
En 1898, Grieg transcrit ces danses à l’orchestre, les voilà interprétées par l’orchestre de la radio de Francfort dirigé par le sympathique Paavo Järvi :
Ce concert est terminé, mais il reste les bonus !
LES BONUS
Un arrangement intéressant de la pièce Au matin (avec chœurs) suivi du Roi de la montagne. Un regret, les chœurs ne sont pas suffisamment audibles :
La chanson de Solveig, avec une soliste jolie comme un cœur ! C’est un ravissement qui me touche à chaque fois au plus profond de mon être ; en fait ce n’est pas une femme qui chante, juste un ange avec un timbre de voix d’une pureté insoutenable.
On termine avec Grieg par sa suite Holberg, composée en 1884 pour célébrer le bicentenaire du poète et dramaturge Ludvig Holberg, né à Bergen en…en… en…bon sang, où ai-je bien pu fourrer cette calculatrice ? Bon je réponds au pif, 1684 mais je ne garantis pas que la réponse soit bonne !
- Praeludium (Allegro vivace) (Sol majeur)
- Sarabande (Andante) (Sol majeur)
- Gavotte (Allegretto) (Sol majeur)
- Air (Andante religioso) (Sol mineur)
- Rigaudon(Allegro con brio) (Sol majeur)
Je voudrais revenir sur Tchaïkovski, son dernier ballet Casse-Noisette fait souvent allusion à notre pays, ne serait-ce que par le choix du célesta qu’il avait fait venir de Paris spécialement, mais aussi par l’emprunt de plusieurs chansons traditionnelles.
Dans le premier acte, on a Bon voyage, monsieur Dumollet :
La danse Mère Gigogne et les polichinelles du deuxième acte est encore plus intéressante, puisqu’elle reprend deux chansons traditionnelles : Giroflée, girofla et Cadet Rousselle :
Il aurait donc été logique d’intégrer cette danse (comme d’ailleurs la délicieuse Valse des flocons de neige) à la suite évoquée en début d’article. Mais plus surprenant encore et même carrément inadmissible, c’est que Mère Gigogne est parfois purement et simplement supprimée du ballet comme ce fut le cas en 2010 à l’Opéra-Bastille, deux chansons françaises à la trappe !
La semaine prochaine, fini de rigoler ! Comme Robinette, je serai EN GUERRE…par procuration, c’est beaucoup moins dangereux !
Filoxe
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Magnifique, merci, j’ai beaucoup apprécié la suite Holberg (après les images de la journée d’Israël attaqué , cela fait du bien). Je reviendrai plus tard car l’exposé est très riche.
Naturellement, Grieg est mort en 1907 et non en 1807 mais je pense que vous aurez rectifié de vous-même.
Comme d’habitude, une très belle vulgarisation de la culture musicale par Mr Filoxe. Il est à noter, pour ceux que cela intéresse, que l’air que siffle Peter Lore dans M le maudit de Fritz Lang est « le roi de la montagne ». Un classique rencontre un autre classique.
Merci pour votre article érudit sur un sujet céleste. J’ai visité la maison d’Edvard Grieg dans les collines au sud de Bergen. Un petit paradis. Comme j’avais raté mon car pour rentrer et avais peur de me perdre dans la montagne, je suis rentré à pieds ensuivant la voie rapide et ai été ramassé par un voiture de police. J’ai expliqué am situation, et à ma question « Puis-je recevoir une amende ? », les deux policiers m’ont répondu oui en souriant puis m’ont ramené à Bergen tout en discutant du Tour de France, qui passe près de chez moi. Des gars gentils, mais ce sont les Norvégiennes qui m’ont le plus impressionné. Plus d’une foi j’ai failli avoir une crise cardiaque en croisant une de ces beautés dans une rue. Je suis un « visuel ». Mais merci pour cet article, délicat Filoxe !
Et merci pour votre commentaire très intéressant !
Oui je suppose que les Norvégiennes sont très belles. Pour ma part, les seules Norvégiennes que je connaisse sont les omelettes !
Un seul mot Filoxe . Merci !
Merci Filoxe pour cet encore brillantissime article.