Le dernier Spielberg, le Pont des espions, que du bonheur pour les patriotes

L’HOMME DEBOUT,  Stoïki Moujik

J’entends encore la célèbre journaliste Geneviève Tabouis relater la retentissante affaire Gary Powers sur les ondes de Radio-Luxembourg, en cette année 1960 où j’étais alors un enfant : « Les Américains guettent ce que font les Russes », disait-elle avec ses intonations si particulières dans son émission Les Dernières Nouvelles de Demain.

Steven Spielberg restitue cet événement, le Mur de Berlin et l’ambiance de la Guerre Froide dans son dernier film  Le Pont des Espions, une savante mise en scène où sont célébrées les valeurs fondamentales du citoyen. Cette reconstitution d’événements passés éclaire de façon singulière notre présent.

Sans raconter le film, relevons qu’un citoyen ordinaire, menant une vie banale et bourgeoise, se trouve impliqué sans l’avoir voulu dans une affaire d’espionnage, l’amenant à œuvrer dans un univers dont il ne connaît rien. Mais ce citoyen à la droiture exemplaire met son intelligence au service à la fois de son pays et de ses valeurs. Bien que d’origine irlandaise, il se comporte en bon Américain par reconnaissance envers son pays d’accueil. Il sait mêler l’humanisme et la prévoyance, surtout il sait maîtriser ses émotions et agir en fonction de la raison. Il n’abandonne pas un étudiant égaré dans la tourmente, malgré les ordres reçus. Tout cela lui vaudra l’inimitié et la rancune, mais son épouse et ses enfants seront fiers de lui, car il aura su agir en conscience en n’accordant pas d’importance à ce qu’en pensent les autres, surtout ceux qui ne fonctionnent qu’avec leurs émotions.

Ce citoyen fait quelque-chose pour son pays, il respecte celui qui fait de même en sachant humaniser son devoir d’intervention. Il défend ses valeurs de civilisation, ceci est exprimé verbalement ; on voit les enfants d’une classe chanter leur engagement pour leur pays avec leur professeur. Que du bonheur pour les patriotes.

Qui se souvient encore qu’en ces temps de la Guerre Froide, les communistes français louaient les vertus et les avantages des pays de l’Est ? Qui se souvient qu’ils allaient en admirer les vitrines lors de voyages soigneusement organisés et surtout très surveillés ? Pourtant, il suffisait d’aller voir le Mur de Berlin, son arrière-plan de trois rangées d’immeubles murés, ses barbelés, ses miradors et ses fusils à tir automatique commandé par infra-rouge… Il suffisait de lire l’interminable liste de ceux qui avaient été tués en tentant de le franchir… Il suffisait d’observer que toutes ces tentatives n’avaient lieu que dans un seul sens… Le Paradis des Travailleurs n’existait que dans leur idéologie et certes pas au delà de cette frontière littéralement carcérale.

Aujourd’hui, une remise en cause rationnelle des idéologies serait la bienvenue, venant de ceux pour qui les patriotes, les anti-mondialistes et les islamophobes sont des fascistes. C’est bien à cela que les communistes français ont dû se résoudre après la chute du Mur et la dislocation de l’U.R.S.S. Il suffirait qu’ils observent les réalités factuelles, qu’ils les reconnaissent comme telles au lieu de prétendre que le monde est tel qu’ils le rêvent. C’est exactement la même histoire, mais les aberrations et le déni de réalité ont la vie dure. La médiocrité et l’agitation vaine provoquée par la culture des émotions à grand renfort de bougies allumées et de polémique sur la déchéance de nationalité, tandis que d’autres préparent de nouveaux attentats, si elles ne cèdent pas la place au bon sens et à la raison, amèneront à l’aggravation de cette guerre civile qui a commencé depuis que l’État a toléré le premier quartier de droit extra-républicain, et qui comme celle d’Algérie, tarde à dire son vrai nom.

Patriote, sois l’Homme Debout, Stoïki Moujik !
 
 

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