Poutine sait que ni l’Amérique, ni l’Europe ne sacrifieront un soldat pour l’Ukraine

Voici une lettre de Robert Schneider qui me semble intéressante…

Armand Lanlignel

 

À propos de la guerre en Ukraine
Chère lectrice, cher lecteur,

Dans la nuit de mercredi à jeudi, mon portable s’est mis à vibrer. Il était 3h du matin.

Sur tous les groupes d’intelligence stratégique que je fréquente, je recevais des messages alarmants :


En moins de 12h, les Russes ont neutralisé la marine militaire ukrainienne, et détruit plus de 80 installations terrestres et aériennes.

Au moment où je vous écris (jeudi 24/02, 15h), il semblerait que l’armée russe soit aux portes de Kiev.

On pouvait s’attendre a minima à un assaut dans les régions de l’Est… mais c’est en fait toute l’Ukraine qui ploie sous le feu russe.

Des colonnes de blindés envahissent le pays depuis le Nord, par la Biélorussie, depuis l’Est, mais aussi depuis le Sud par la Crimée déjà annexée. Les bombardements frappent tout le pays, y compris l’Ouest.

En clair : la situation vient de prendre un tour radical et violent. On ne survole plus l’Ukraine, ni le sud de la Biélorussie, ni l’Ouest russe – ce sont des zones de guerre :

D’après mes sources, c’est au Nord, à la frontière biélorusse, que les combats sont les plus violents…

Mais surtout, ne vous méprenez pas : il est déjà trop tard pour « tenir les frontières » : les Russes sont en Ukraine, et le rapport de force est totalement déséquilibré.

La Russie prend l’Ukraine.

Que va-t-il se passer ensuite ?
Je le répète assez souvent concernant les marchés, et ça vaut pour la géopolitique : je n’ai pas de boule de cristal.

Cela étant, je rejoins l’opinion de l’historien Jean-François Colosimo, selon qui « Poutine sait que ni l’Amérique, ni l’Europe ne sacrifieront un soldat pour l’Ukraine ».

Cela veut dire : pas de Troisième Guerre Mondiale pour l’instant – si la Russie se limite à l’Ukraine, du moins.

Car les pays baltes, membres de l’OTAN, ainsi que la Pologne, la Moldavie et la Roumanie, tous frontaliers de l’Ukraine ou de la Russie/Biélorussie, sont fébriles.

Au lieu d’une guerre totale, on risque de monter d’un échelon dans la guerre économique.

Les Russes seront exclus des échanges internationaux pendant un bon moment, mais ne pensez pas être appelé sous les drapeaux d’ici là… car le scénario que je privilégie, c’est que l’OTAN soutienne discrètement la guérilla anti-russe qui risque de s’installer.

Bien sûr, la prise de l’Ukraine, c’est la Russie (version agressive) aux portes de l’Europe. Plus de « sas » ukrainien entre nous. Mais la Biélorussie, État fantoche s’il en est, nous mettait déjà dans cette situation… depuis de nombreuses années.

Voilà mon opinion sur les questions les plus brûlantes, celle d’un conflit où nous serions directement concernés.
Mais que veut Poutine ?
Rappelons-nous aussi que cette « blitzkrieg » en Ukraine ne devrait probablement pas durer indéfiniment, ni s’étendre à tout le pays : Kiev est à portée de chars depuis la Biélorussie, mais le vaste territoire ukrainien est difficilement praticable à cette période de l’année, notamment à cause de la neige qui recouvre une partie du pays, et dont la fonte va rendre compliquées la plupart des manœuvres au sol.

Ainsi, on peut s’interroger : pourquoi Poutine n’a-t-il pas attendu, alors même que c’était lui qui décidait du timing – les Occidentaux étant prêts à discuter ?

Je n’ai évidemment pas la réponse, mais je peux à nouveau vous donner mon avis : le chef du Kremlin n’a pas l’intention d’annexer toute l’Ukraine pour en faire un sujet de la Fédération Russe. Du moins, pas tout de suite.

Il y a fort à parier que son objectif soit d’abord de chasser le gouvernement actuel, puisque le président ukrainien Volodymyr Zelensky est jugé trop proche de l’Occident par Moscou.

Le risque (réel) d’une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN étant insupportable pour Poutine, il sème le chaos en Ukraine, s’arrange pour placer un gouvernement pro-russe à sa tête (ou assure une régence), annexe éventuellement les régions du Donbass… et on verra la suite plus tard.

Dans le même temps, l’OTAN arme la rébellion, l’Ukraine reste une zone tampon entre Occident et Russie, mais le risque qu’elle bascule à l’Ouest est éloigné.

Voilà mon hypothèse.
Les implications économiques
Cette guerre en Ukraine a l’effet attendu : les marchés plongent, les cryptos aussi.

Bien sûr, vous savez comment ça marche. C’est d’abord la panique qui l’emporte. Le NASDAQ perd 3%, le S&P500 2%, le CAC et le DAX 4%…

Et dans le même temps, le baril de pétrole dépasse les 100 dollars.

C’est le scénario défensif classique, où les matières premières résistent et grimpent tandis que les valeurs de croissance souffrent.

Alors idéalement, il faudrait acheter la baisse sur les valeurs de croissance, tout en restant exposé aux valeurs défensives…

Mais vous connaissez comme moi les investisseurs : ils ont beau le savoir et le répéter, la plupart n’ont pas les nerfs assez solides pour appliquer la doctrine de Rothschild, à savoir « acheter quand il y a du sang dans les rues ».

Au-delà de ça, la situation est surtout corsée pour les Européens les plus dépendants du gaz russe.

La France, fort heureusement, n’est celle qui a le plus à perdre – la moyenne de l’UE étant autour des 40% :

Il faudra se mettre au gaz américain, à la fois plus cher et plus polluant à acheminer jusqu’en Europe…

Taïwan dans la foulée ?
Si vous me suivez, vous savez que la situation de Taïwan par rapport à la Chine m’interpelle depuis plusieurs mois.

J’ai beaucoup parlé en Octobre 2021 de l’hypothèse d’une invasion chinoise… et aujourd’hui, la Chine, qui est au passage une des seules voix à n’avoir pas condamné la Russie, fait passer un message à l’Occident via le compte Twitter de son ambassade en France :

Faut-il craindre une manœuvre chinoise à l’encontre de Taïwan dans la foulée de l’assaut russe ? Je n’en ai aucune idée, les deux situations sont malgré tout assez différentes.

En revanche, une chose est sûre : l’année 2022 sera un test sérieux pour l’Occident, qu’il s’agisse de son influence géopolitique, de sa résilience économique, et de sa capacité à parler d’une seule voix – ce qui, surtout dans le cas de l’Europe, est éminemment compliqué

Un point sur les marchés technologiques
Comme souvent, les marchés technologiques ont été parmi les premiers à trinquer. Pourquoi ?

Simplement car ils dépendent des investissements et de la croissance, donc de la fiabilité de l’avenir.

Et de prime abord, notre avenir proche est un peu moins radieux que prévu… nous avions déjà l’inflation et le tapering, nous avons à présent la guerre, une hausse des prix de l’énergie et l’instabilité globale.

Mais ne nous limitons pas à ça : la claque prise par les marchés technologiques ouvre des perspectives d’investissement exceptionnelles – c’est le fameux « buy the dip » dans le jargon boursier : il faut acheter la baisse, on y revient toujours.

Mais ce n’est pas tout : je vous disais dans un précédent message que certaines crises, comme celle du COVID, étaient aussi l’occasion de faire émerger des technologies de pointe, et de favoriser leur adoption massive.

La technologie dont je vous parle depuis quelques jours a sauvé des vies pendant la première vague de la pandémie… mais elle va sans doute se montrer encore plus utile si l’on entre dans une nouvelle phase de tensions géostratégiques, car elle permet de relocaliser énormément d’activités manufacturières dans les pays développés.

Je vous en reparle ce samedi.

Amicalement,

Marc Schneider

https://argo-editions.com/a-propos-de-la-guerre-en-ukraine/

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4 Commentaires

  1. Voyez notre gouvernement qui est toujours sur avait dit que les français travaillant en Ukraine ne risqués rien alors que les autres pays avaient rapatriés tous leurs ressortissants et vendredi il y avait urgence on envoyé le gign pour faire sortir les 600 français qui étaient là bas !Et pour moi L’ukraine c’est les sudétes en 1939 servis sur un plateau par la france et l’angleterre .

  2. Une vedette des douanes, une de la gendarmerie maritime et un patrouilleur de la Marine Nationale ont arraisonné un cargo russe dans la Manche et l’ont conduit au port de Boulogne. Je pense que c’est un jeu dangereux et la Russie pourrait bien nous servir la même chose avant d’en venir à escorter ses navires de commerce par des navires militaires. À tirer sur la queue du lion on finit par se faire bouffer…

  3. Le gouvernement allemand ne va pas s’emmerder avec des réfugiés ukrainiens .Ben non ce ne sont pas des muzz islamistes , donc pas intéressant ils sont blancs orthodoxes capables de réfléchir et moins cons que les occidentaux .

  4. Il y a la guerre en Ucraine. Il y a des refugiés. Ce qui m’étonne : qu’est qu’elle fait l’Allemagne ? Il n’y a pas des ponts aériens pour les emmener en Afrique? Quand il y a eu des guerres en Afrique les refugies sont venu en Europe. A l’inverse non?

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