Victor Hugo était contre la peine de mort : un beau documentaire d’Arte pour mieux le connaître

 

Arte propose un beau documentaire consacré aux Romantiques français, plus spécialement aux écrivains du XIXème siècle s’inscrivant dans ce courant.

Je n’ai pas vu de contre-vérité dans ce documentaire, ni de tentative de manipulation. Des anecdotes sont révélées, assez peu connues, dont je me suis parfois demandé si elles étaient inventées ou romancées afin de rendre le documentaire en 4 épisodes de 45 minutes plus vivant.

La tonalité scientifique de l’ensemble ne m’a pas paru conforter cette hypothèse, on ressent un désir de vérité de la part des auteurs du documentaire qui n’avaient sûrement pas besoin de « broder » pour lier l’ensemble. Les Romantiques parlaient beaucoup d’eux-mêmes donc il n’était pas besoin d’inventer me semble-t-il.

Il est beaucoup question d’Hugo, mais aussi de Dumas dont je n’avais pas évalué l’importance dans cette époque à un niveau aussi élevé.

Victor Hugo était contre la peine de mort. Cela peut inviter certains de nos contemporains à être viscéralement opposés à cette sanction qui me semble au contraire devoir faire partie de l’arsenal de nos sanctions pénales.

Victor Hugo était pair de France en une époque troublée. Il semble qu’il ait pu craindre pour sa vie lors des changements de régimes successifs. Il était d’abord monarchiste et conservateur, opposé à Dumas qui s’était présenté aux élections de 1848 comme républicain. Il n’est devenu républicain que par la suite. On peut avoir un sentiment d’opportunisme dans une certaine mesure, même si ce personnage était immense et cela n’ôte rien à sa grandeur. Qui sait ce que nous aurions fait à sa place ?

Le documentaire laisse entendre que cet opposant à la peine de mort, le premier ou l’un des premiers dans notre Histoire à ma connaissance, pouvait craindre le retour de 1793 en tant que pair de France et d’être condamné à mort par un Tribunal révolutionnaire. Cet éclairage m’a semblé intéressant et inédit.

Christine nous apprend cependant que « il était contre la peine de mort depuis toujours… Il était contre la peine de mort comme il était contre les galères et les bagnes parce qu’alors il y avait trop de pauvres crevant de faim.. qui volaient« .

La peine de mort ne me paraît pas non plus adaptée pour un vol, je ne la conçois que dans le cadre de la « loi du Talion » où cette peine répondrait à une atteinte volontaire et manifestement cruelle à la vie humaine.

Ce beau documentaire est disponible en ligne jusqu’au 18 juillet.

 

https://www.arte.tv/fr/videos/080150-001-A/l-armee-des-romantiques-1-4/

https://www.arte.tv/fr/videos/080150-002-A/l-armee-des-romantiques-2-4/

https://www.arte.tv/fr/videos/080150-003-A/l-armee-des-romantiques-3-4/

https://www.arte.tv/fr/videos/080150-004-A/l-armee-des-romantiques-4-4/

Tandis que le feu des révolutions transforme le XIXe siècle, à Paris, de jeunes artistes exaltés rêvent de régler son compte à l’ancien monde… Après « Les aventuriers de l’art moderne », cette série documentaire animée explore le mouvement romantique en un passionnant chassé-croisé d’oeuvres et de destins. 

Paris, 1827. Une bande de jeunes artistes, emmenée par Victor Hugo, Alexandre Dumas et Eugène Delacroix, fatiguée du classicisme académique, décide de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière. Avec le tableau La mort de Sardanapale comme manifeste, ce mouvement artistique naissant, inspiré par ses voisins anglais et allemand, réinvente la manière d’écrire, de peindre et de composer. Hernani d’Hugo, La peau de chagrin de Balzac, la Symphonie fantastique de Berlioz… Ce déluge d’œuvres nouvelles va faire triompher les romantiques. Mais Paris gronde alors d’une autre révolution : le régime de Charles X bascule après les “Trois Glorieuses” (27, 28 et 29 juillet 1830), qui ont vu Dumas et d’autres prendre les armes. Bientôt, la prison de Sainte-Pélagie accueille de nouveaux prisonniers politiques, dont des penseurs, des bourgeois ruinés, des journalistes désargentés et des poètes contestataires. Parmi eux, l’écrivain Gérard de Nerval et Honoré Daumier, qui a immortalisé le nouveau roi Louis-Philippe sous les traits d’une poire.

Siècle bouillonnant  
« C’est l’œuvre du romantisme que de faire entendre le pouls de chacun« , murmure Cécile de France, tandis qu’à l’image, comme un rêve éveillé créé par Amélie Harrault, la Symphonie fantastique de Berlioz fait danser des tableaux détournés. Le nouveau projet de l’animatrice, césarisée pour son court métrage Mademoiselle Kiki et les Montparnos et créatrice de la série documentaire Les aventuriers de l’art moderne, narre un siècle de bouleversements artistiques et politiques à travers les destins croisés des grandes figures du romantisme. Hugo, Dumas, Sand, Delacroix, Gautier, Nerval, Baudelaire, puis Courbet, Manet, Flaubert, Nadar… Les titans de l’art du XIXe siècle prennent vie dans cette fresque chatoyante qui ressuscite un Paris tumultueux, entravé de barricades et inspirant la peinture, la caricature, la musique et l’écriture. Aussi prenante qu’une fiction, la formidable chronique d’un siècle bouillonnant, menée tambour battant dans les pas d’adolescents rebelles promis à l’immortalité, qui, à travers leur amitié, leurs rivalités et leurs combats communs, jettent les fondations de la modernité.

1833-1848 : les romantiques sont partout. Leurs oeuvres se jouent au théâtre, paraissent en feuilleton dans les journaux, envahissent les vitrines des librairies. Tandis qu’Hugo est élu à l’Académie française et que Dumas inaugure son théâtre, Balzac se passionne pour son projet titanesque de « Comédie humaine » et se pique, comme Nerval, de sciences occultes.

George Sand, tout juste divorcée, défend le féminisme et ouvre les portes de son domaine de Nohant, où la peinture de Delacroix rencontre la musique de Chopin. Hugo, effaré par la misère du peuple, s’inquiète des dérives autoritaires du régime et rédige son célèbre plaidoyer contre la peine de mort. Au club des haschischins, caché dans une sorte de palais vénitien défraîchi sur l’île Saint-Louis, Dumas, Delacroix, Gautier et Nerval participent à une soirée « fantasia » : sous la supervision d’un docteur, ils s’essaient à la découverte du cannabis… Les adeptes comptent aussi un jeune dandy extravagant, Charles Baudelaire.  

La révolution de 1848 a balayé la monarchie et porté les poètes républicains au pouvoir. Dumas, Sand et Hugo s’engagent, mais ce dernier, élu avec le parti conservateur, sent ses convictions vaciller. Baudelaire, abîmé par une relation destructrice, transcrit sa haine de lui-même et sa fascination pour la mort dans « Les fleurs du mal ».

Le jeune peintre Gustave Courbet défraie la chronique et invente le réalisme en représentant le peuple dans ses toiles. Balzac s’éteint, laissant derrière lui une œuvre colossale. Quand Louis Napoléon se proclame empereur en 1852, Hugo bascule définitivement à gauche. Il n’a d’autre choix que de fuir la France, suivi par Alexandre Dumas, que son mauvais sens des affaires a conduit à la ruine. Craignant la perquisition et l’emprisonnement pour sa ferveur socialiste, George Sand brûle tous ses écrits et rentre à Nohant. Ils ne seront pas là pour dire adieu à leur ami Gérard de Nerval, retrouvé pendu dans une rue de Paris, un matin de janvier 1855. 

Exilé à Guernesey à partir d’octobre 1855, Hugo achève « Les misérables » avec l’aide de sa maîtresse de toujours, Juliette Drouet. À Paris, l’art est malmené : « Madame Bovary » de Gustave Flaubert, « Les fleurs du mal » de Baudelaire et « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet sont censurés. Delacroix s’éteint, laissant Baudelaire orphelin.

Lassé de la France et de lui-même, le poète s’exile en Belgique, dont il ne reviendra que pour mourir, rongé par la syphilis. Encouragé par Napoléon III, Haussmann éventre Paris et transforme la ville. Nadar fait de la photographie le nouvel art en vogue, et inspire les premiers romans d’anticipation de Jules Verne, avec lequel il visite l’Exposition universelle de 1867, vitrine de la puissance du Paris du Second Empire… Mais la guerre contre la Prusse sonne le glas du régime. Hugo rentre en France en héros et assiste, avec Sand, Gautier et Dumas, au triomphe d’une république qui vient de vraincre la Commune au prix d’une sanglante répression, dans un Paris en ruines.

 

 

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12 Commentaires

  1. Je suis un admirateur absolu de Napoléon III, qui est l’un des plus grands chefs d’état que la France ait connu.
    Mais V. Hugo le détestait. De ce fait, l’homme politique V. Hugo n’est pas « ma tasse de thé ». Désolé.

  2. Victor Hugo: un parfait représentant dégénéré de la « gauche caviar »…plus d’un siècle et demi à l’avance! Il est l’exemple type de cet abominable humanisme PERVERTI, et décadent au possible, qui place la vie des assassins au même niveau que celle des victimes!… A VOMIR!!! On ferait mieux de déloger son misérable cadavre hors du Panthéon, et de le jeter à la décharge publique la plus proche!

    • Victor Hugo dans « Le Dernier jour d’un condamné » dépeint la cruauté des exécutions capitales auxquelles il a assisté dans son enfance. Dès l’enfance, il est fortement impressionné par la vision d’un condamné conduit à l’échafaud puis par les préparatifs du bourreau dressant la guillotine. VHugo est un génie littéraire, dramaturge, poète, romancier. Il écrivit ce magnifique poème « Demain dès l’aube » après la mort de sa fille qui mourut noyée dans la Seine avec son mari. 2 millions de personnes suivirent les obsèques de VHugo. Nous Français, soyons fiers de Victor Hugo et de ses oeuvres littéraires connues dans le monde entier. Lisez ses oeuvres qui vous aideront à réviser votre jugement plutôt que de vous polariser lamentablement sur une de ses prises de positions dans une autre époque et dans un autre contexte.
      https://www.tours-notre-dame-de-paris.fr/decouvrir/victor-hugo-et-notre-dame-de-paris
      https://www.musicalavenue.fr/critique-les-miserables-au-theatre-du-chatelet-jusquau-2-janvier-2025/

  3. Magnifique composition dans le revue et corrigée de l’histoire de France . Des Hommes de cette  » dynastie révolutionnaire  » n’est que la preuve physique d’une multitude de gens simple qui ont fait la Noblesse de la France et qui dans leur silence de chaque instant et de leur travaux ont élever des Cathédrales ainsi que des réalisations monumentales .

  4. Notre époque n’est pas celle d’Hugo. Nous vivons le siècle de la médiocrité. Pour la peine de mort, lorsque je constate que des assassins n’éprouvent aucun remords, je suis pour.

  5. Voilà ce que pensait le Sieur Beccaria de la loi du talion .
    « Si je prouve que la Société en faisant mourir un de ses membres ne fait rien qui soit nécessaire ou utile à ses intérêts, j’aurai gagné la cause de l’humanité. Verser le sang au nom de l’interdiction de tuer, n’est-ce pas une étrange contradiction ? Il me paraît absurde que les lois qui ne sont que l’expression de la volonté publique, laquelle déteste et punit l’homicide, en commettent un elles-mêmes, et que pour détourner les citoyens du meurtre, elles ordonnent un meurtre public ». Nous devons énormément à cet homme , pensez qu’il y a encore peu de temps le plus pauvre des pauvres était condamné à mort pour le simple vol d’un guignon de pain .

    • Désolé, mais j’estime que la peine de mort devrait s’appliquer systématiquement, de manière pas trop douce et en public, contre certains crimes particulièrement odieux, tels que les viols et assassinats d’enfants!… Osez donc nous présenter le moindre argument valable pour préserver la vie misérable de dégénérés et de criminels aussi abjects!

      • Bernard,

        il n’est pas question de préserver la vie misérable de dégénérés.
        Il est question, pour moi, de ne pas se réjouir que des « gens biens » habillés en robe noire façon djellaba avec bavoir puissent faire tuer un humain après réflexion, café et pousse-café.
        Ça me dégoûte autant qu’un meurtre, qu’un crime.
        J’ai bien dit faire tuer car eux garderont les mains propres.
        Je m’en suis déjà expliqué ici au début que je commentais.

        PS 1: je n’ ai pas lu l’article.
        PS 2: je ne suis pas croyant.

        • Vous avez plusieurs pseudos ?
          Beccaria fait partie du folklore des gens qui font profession de droit pénal.
          La loi du Talion est immédiatement présentée comme archaïque au début de leur cours par tous les pénalistes de France et de Navarre.
          Heureusement pour eux, sinon ils n’auraient plus de métier. Ils vont pouvoir exposer les méandres et subtilités de la science pénale occidentale, la meilleure qui soit, la preuve quand on voit le niveau de criminalité inouï qu’on a atteint.
          Et puis un jour, on apprend à penser par soi-même et on réalise que le droit pénal actuel est d’une subtilité byzantine sans aucune efficacité sociale significative !

          • Vous avez au moins de savoir qui était le marquis de Beccaria , il était humaniste lui au moins .Vous vous appartenez à cette catégorie de gens qui voudraient TOUJOURS !!!! que l’on condamne à la pendaison un enfant de 12 ans pour avoir voler une pomme .Ne mélangez pas tout, le droit pénal avec l’invasion de barbares que nous subissons . Notre droit est fait pour des gens civilisés.