Hommage à nos disparus

À l’origine, je comptais rédiger un article sur la musique sacrée de Bach, mais nous sommes le 2 novembre au moment où j’écris, donc pourquoi ne pas rendre un hommage à nos disparus ? Je vais donc vous proposer plusieurs Requiem, du moins les plus célèbres. Beaucoup de compositeurs ont écrit leur propre messe des morts, que ce soit Gossec, Cherubini, Salieri, Saint-Saëns, Duruflé, etc. Nous allons rester avec Mozart, Verdi, Fauré, Berlioz, Brahms et Dvorak. J’ai eu la chance d’apprendre les trois premiers avec l’orchestre Paul Kuentz.

Commençons par Mozart et son requiem inachevé. Si vous avez regardé le très beau film Amadeus, vous pouvez oublier toute l’histoire de l’œuvre ; déjà Salieri n’a jamais été en concurrence avec Mozart, ils ont même composé une petite pièce ensemble, et surtout Salieri n’a jamais commandé le Requiem et n’a jamais aidé Mozart à l’écrire. Et Salieri n’a pas terminé sa vie à l’asile. Ce que l’on sait, c’est qu’au cours du mois de juillet 1791, un homme masqué s’est présenté au domicile de Mozart pour lui passer commande de la messe. Il s’agissait d’un émissaire du comte Franz von Walsegg, qui avait en tête, une fois l’œuvre terminée, de la présenter comme en étant l’auteur. Mozart composait très vite et l’on peut s’étonner qu’à sa mort le 5 décembre 1791 ce Requiem soit resté inachevé. Le compositeur autrichien avait d’autres projets en tête, notamment l’écriture de La flûte enchantée. Quoiqu’il en soit, la veuve de Mozart, Constance, était bien décidée à ce que la messe soit terminée (il restait, outre les parties achevées, de nombreuses esquisses). Dans un premier temps, c’est un élève de Mozart, Süssmayer (défense de rire !) qui s’y colla. On devine sans peine les parties entièrement écrites par lui, ce sont les plus faibles (le Sanctus, par exemple). Je ne vais pas donner plus d’explications, l’article de Wikipédia est très bien fait ! Dernière information : Salieri était présent aux obsèques de Mozart.

Pour Mozart, j’ai choisi la version de Bernstein, enregistrée en 1988 et donnée à la mémoire de sa femme, l’actrice chilienne Felicia Montealegre, née le 3 mars 1922 à San José (Costa Rica) et décédée d’un cancer du poumon le 16 juin 1978.

Un détail pour finir : à l’automne 1990, le chef d’orchestre Michaël Tilson-Thomas avait proposé à Bernstein de terminer le Requiem. Mais ce dernier était trop faible, il décèdera le 14 octobre de la même année. Dommage, on ne pourra jamais savoir ce que cela aurait donné !

En 1837 Berlioz compose son requiem ou Messe des morts, commandée par le ministre de l’intérieur de l’époque en mémoire des soldats de la Révolution de 1830. La première fut donnée le 5 décembre 1837 en l’église Saint-Louis des Invalides et le succès fut immense, certainement dû en partie à l’impression ressentie par le public de l’époque. L’effectif orchestral est considérable avec des cuivres disposés un peu partout dans l’église, mais paradoxalement les passages intimistes sont nombreux. La partie la plus impressionnante est évidemment le Tuba Mirum. Parmi toutes les versions disponibles sur YouTube, j’ai choisi celle donnée dans la cathédrale de Cologne. Je ne suis jamais entré dans cet édifice, par contre j’ai eu l’occasion de le contempler plusieurs fois…de la gare ! Le toit de la gare principale de Cologne est une verrière qui vous permet d’admirer la cathédrale. Je l’ai vue plusieurs fois, toujours de nuit, à bord de trains qui faisaient Paris Salzbourg aller-retour. Vue de la gare, la cathédrale est impressionnante et la nuit elle en devient presque effrayante ! Comment a-t-on pu, quand on contemple une telle splendeur, autoriser un appel à la prière du vendredi ? Grâce à la vidéo que je vous propose, au moins on va pénétrer au cœur de cette cathédrale magnifique :

Je ne voulais pas l’insérer à l’origine, mais je vais quand même vous donner le lien de la version Bernstein. Elle est historique pour plusieurs raisons ; d’abord le Requiem est joué dans l’église où il a été créé. Nous sommes en septembre 1975 et le président de l’époque était un certain Valéry Giscard d’Estaing. Il est présent au concert et naturellement on joue la Marseillaise, version Berlioz et tempo très lent. Mais oui, l’ex ministre des finances accordéoniste se piquait d’avoir de grandes connaissances  en musique, on voit le résultat sur l’hymne national ! Bon en 1981 tout est rentré dans l’ordre ! Il n’empêche que cette lenteur est choquante, mais le pire est ailleurs : des choristes ont besoin de leur partition pour la Marseillaise ? N’importe quoi !

C’est en 1868 que Brahms termine son Requiem allemand, lequel sera créé le 18 février au Gewandhaus de Leipzig. Le texte de cette œuvre reprend le texte de la bible de Luther ; le Requiem allemand  ne peut pas se comparer à la messe de requiem catholique traditionnelle. Chez Brahms, nous avons sept mouvements dont voici le texte :

Johannes Brahms

La version que j’ai choisie est celle d’Herbert von Karajan, enregistrée au Festspielhaus de Salzbourg lors du festival de Pâques au mois de mars 1978. C’est du Karajan pur jus ! Tout est parfait, les costumes des choristes, la manière dont ils sont placés, direction artistique due au maestro, et naturellement du par cœur ! Je ne vais pas m’étaler sur Karajan car j’ai l’intention de lui consacrer un article très prochainement. Ceci dit, cette version n’a pas de concurrence pour moi. La voix angélique de Gundula Janowitz (42’50) à elle seule vous emmène au paradis. Il est heureux que la version Karajan soit disponible sur YouTube. Je possède le DVD, un vrai trésor !

Le Requiem de Verdi fut créé à Milan le 22 mai 1874. Cette messe a été écrite en hommage au poète Manzoni décédé un an plus tôt, jour pour jour. Verdi est sans doute le plus grand compositeur d’opéras de l’Italie, un sens inné du drame et la musique du Requiem n’y échappe pas. Cette œuvre spectaculaire connaît toujours un franc succès et je dois dire que j’ai été très heureux de pouvoir la chanter avec l’orchestre Kuentz. Eh oui, je suis là avec mon papa et ma maman !

Nous allons retrouver Bernstein en 1970 à Londres pour une version qui ne peut pas laisser indifférent !

Nous allons (presque) terminer avec le Requiem de Fauré dont la composition s’étale de 1888 à 1901. Sans chercher à entrer dans les détails, cette période qui peut paraître longue, peut s’expliquer par le fait qu’au moment de la création à l’église de la Madeleine le 16 janvier 1888 l’orchestration n’était pas achevée. Si l’œuvre fut publiée en 1901, la version que nous connaissons dut donnée pour la première fois le 12 juillet 1900 au Palais du Trocadéro.

Nous allons terminer avec un extrait du Requiem de Dvorak, composé en 1890. Il s’agit selon moi de l’air le plus beau Domine Jesu. Vous ne verrez pas les interprètes, seulement un diaporama de photos magnifiques de la nature. Cela me fait penser à cette scène de Soleil vert, dans laquelle le vieux Sol contemple des images d’une nature disparue.

Filoxe

 

 

 

 

 

 

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4 Commentaires

  1. Il y avait un film, assez ancien, en noir et blanc, italien ou américain, dont le titre comportait le mot « requiem » qui racontait l’histoire de fidèles et d’officiants enfermés dans une église à la suite d’un maléfice. Mon souvenir est malheureusement plutôt vague mais la fin fut, me semble-t-il, tragique : après un moment d’espoir, la porte de l’édifice religieux se referma à nouveau sur les fidèles et les officiants. Quelq’un se souvient-il de ce film et du titre exact ? Ce n’est pas à proprement parler d’un film d’horreur car il n’y avait pas de monstres sanguinaires ou d’apparitions inquiétantes mais une atmosphère très oppressante tout le long de ce métrage.

  2. J’adore les requiems, les messes des morts. J’assisterais volontiers à celles de Macron, Darmanin et consorts. Pour eux, non RIP. Pour Giscard, il a joué de l’accordéon dans une émission de télé, horrible! Ce jour-là, les canards volaient en formation. Les fayots, ou collabos de l’époque, lui disaient qu’il jouait divinement. Molière aurait pu écrire une pièce sur le diamantaire : Le Bourgeois musicien.

    • Merci Filoxe pour ce fabuleux article… Le summum de ce dont est capable l’être humain.

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  1. Juin 1970 : jeune « MNA », j’arrive à la Sainte-Chapelle pour devenir choriste – Résistance Républicaine

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