Les premiers trains à vapeur du 19ème siècle

L’invention de la machine à vapeur a transformé profondément l’humanité et a marqué la Révolution Industrielle qui nous a introduits vers la modernité. Pendant des millénaires, l’homme était tributaire uniquement des forces de la nature pour répondre à ses besoins. L’eau, le feu, le vent, et la force animale, en particulier les chevaux. C’est tellement vrai que pour exprimer la puissance d’une machine on parle aujourd’hui encore de CV (cheval vapeur). C’était la première fois que l’homme était en mesure de produire une énergie à la fois puissante, régulière et métrisable.

La machine à vapeur a complètement révolutionné l’industrie jusque là manufacturière et la machine a progressivement remplacé la main de l’homme. Ainsi la machine à vapeur a initialement été introduite dans les usines pour alimenter les machines outils. Une machine à vapeur actionnait ceux-ci par tout un système de poulies et de courroies de transmission en cuir. C’était une époque ou l’ouvrier était exploité par des patrons sans états d’âme et ou la grève était interdite et réprimée sans merci. Il ne restait aux ouvriers que leurs sabots pour protester. Ainsi, un sabot glissé entre une courroie et une poulie stoppait net toute la production d’une usine et a introduit dans la langue française le terme sabotage.

Très vite la découverte de la vapeur a été utilisée dans le développement des premières automobiles, des bateaux à vapeur et bien sûr des trains. Si la vapeur a été rapidement abandonnée pour les autos, remplacée par la découverte du moteur à explosion, elle a été exploitée longtemps dans la marine et encore plus longtemps dans les chemins de fer. Ce sont ces derniers et en particulier les tout premiers trains qui seront l’objet de notre attention aujourd’hui.

Les premiers trains à vapeur ont connu un développement simultané des deux côtés de l’Atlantique, en particulier au Royaume Uni et aux USA.

Si l’histoire a retenu la locomotive de Richard Trevithick (1771-1833) de 1804 comme étant la locomotive ayant tiré le premier train à vapeur de l’histoire, ce sont surtout les travaux de Georges Stephenson (1781-1848) qui lanceront définitivement les trains sur les rails.

Pour voir la locomotive de Richard Trevithick, c’est ici.

Et voici la création la plus célèbre de Georges Stephenson qui propulsera définitivement les premiers trains vers le développement industriel de ce nouveau moyen de transport révolutionnaire, voir ici.

Ainsi qu’un petit film qui présente une réplique grandeur nature de cette fameuse locomotive :

 

LES PREMIERS TRAINS EN MODÉLISME

La Rocket de Stephenson de 1829 a été reproduite par le fabricant anglais Triang à l’échelle OO à la fin des années soixante :

Simultanément, aux USA, les premiers trains américains voyaient le jour, telle cette belle rame à l’échelle HO du fabricant US Bachmann, représentant la première loco ayant tiré un train à New York, la Dewitt Clinton de 1831 (plus de détails) :

Le train Adler de 1835 fut le premier train ayant circulé en Allemagne. Il s’agissait encore d’une création anglaise de Georges Stephenson qui créa cette locomotive de type « Patentee ». Ce sont également des Patentee qui inaugurèrent le premier train belge en 1835 et le premier train italien en 1839. Une Patentee circula aussi en Russie en 1838 et une autre en France en 1840 dénommée « Gironde ».

Vers 1855, les Américains produisirent enfin une loco qui ressemblait plus à l’image que nous nous faisons habituellement d’une machine à vapeur. La Genoa ci-après était alimentée en bois et avait enfin une cabine qui protégeait des intempéries le mécanicien et le chauffeur. Remarquez sa cheminée en forme de trapèze surmontée d’un grillage. Cette disposition empêchait les éclats de bois incandescents refoulés par la chaudière de mettre le feu aux forêts environnantes lors du passage du train. Le pare-buffle à l’avant de la machine servait aussi à dégager les éventuels cadavres d’animaux morts de la voie. Enfin, c’est une locomotive semblable qui tracta le train funèbre du Président Abraham Lincoln suite à son assassinat en 1865.

En 1864, les Français construisirent un type de locomotive, la Bourbonnaise, qui allait connaître une longue et fructueuse carrière tant en France qu’à l’étranger. L’image suivante vous présente une Bourbonnaise immatriculée aux chemins de fer italiens. Il s’agit d’un modèle réduit à l’échelle HO du fabricant Rivarossi.

La locomotive suivante a été fabriquée en Belgique à Couillet en 1883 pour la société italienne « Ferrovie Nord Milano » (FNM). Cette sympathique locomotive est actuellement la deuxième plus ancienne locomotive à vapeur encore en service en Europe.

La locomotive suivante, la T3 est une légende des chemins de fer européens. Conçue en Allemagne en 1887 elle a été diffusée sur la plupart des réseaux d’Europe. Il s’agit d’un modèle réduit à l’échelle HO par le fabricant Fleischmann.

La locomotive suivante a été fabriquée en Italie pour les FNM en 1888. Elle aussi connaîtra une longue et fructueuse carrière.

Enfin, pour boucler ce modeste aperçu des trains à vapeur du IXXème siècle, voici une locomotive italienne du groupe FS 851 qui fut construite en 1898 et qui connaîtra elle aussi une longue et fructueuse carrière en Italie. Elle est particulièrement chère au cœur de l’Oncle John car son père et son grand-père ont très bien connu cette excellente locomotive. Il s’agit encore d’un modèle du fabricant italien Rivarossi à l’échelle HO.

Oncle John

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15 Commentaires

  1. Merci, Oncle John, de ce magnifique article qui nous explique l’origine des trains. Et comme toujours, tes photos des maquettes sont tellement réalistes, qu’on croit voir les vraies machines. Ceci est évidemment dû à la qualité de ton travail de restauration, la précision et l’exigence du détail qui t’anime.

  2. “…elle a été exploitée longtemps dans la marine et encore plus longtemps dans les chemins de fer…” La frégate lance missile DUQUESNE était un navire à vapeur de la marine nationale qui n’a été retirée du service actif qu’en 2007, bien après la dernière loco à vapeur. C’était un ” turbinard ” et pas une machine alternative mais vapeur quand même…

    • Il y a encore de nombreuses machines à vapeur en service actif dans le monde. Et plusieurs pour des trains touristiques en Europe.

  3. Des « savants » disaient que lorsque l’on dépasserait les 30 km/h, les personnes décéderaient par manque d’air, de grands prévisionnistes !

    • Oui, il y a eu confusion avec les effets des accélérations (ou décélérations) brutales. Certains avaient prévu, dès les 50 ou 60 km/h, que le sang giclerait par tous les orifices, que les femmes enceintes accoucheraient. L’imagination a pris le dessus sur l’expérience.

    • C’est aussi l’inventeur de la cocotte- minute. Il travaillait sur la mise au point d’une marmite, et sa femme l’appelait pour dîner. Il lui répondit, ” une minute, cocotte, j’arrive.” C’est ainsi que furent créés l’invention et le nom qui allaient traverser les siècles.

    • Il y a eu beaucoup de légendes relatives à Denis Papin, ce qui lui a valu une belle statue à Blois où il est honoré comme il se doit. Vers 1960, des chercheurs du CNRS ont publié plusieurs livres relatifs à l’histoire des sciences et techniques et autant que je me souvienne, le précurseur est l’anglais Thomas Savery qui a inventé un système à vapeur pour pomper l’eau des mines de charbon aux environ de 1685. Il utilisait de la vapeur d’eau sous pression pour repousser l’eau à l’étage supérieur, puis en fermant la vanne d’arrivée de vapeur, la condensation de la vapeur créait un vide suffisant pour aspirer l’eau de l’étage du dessous. Mais ce procédé consommait trop de vapeur et D. Papin l’a perfectionné en interposant un mince plateau de bois entre la vapeur et l’eau à repousser. Bien sûr, la perfide Albion n’a pas voulu breveter cette astuce. La machine de Thomas Savery avait un autre inconvénient, la chaudière sous pression faite avec des lamelles d’acier soudées entre elles à l’étain avait la manie d’exploser de temps en temps, tuant ou blessant l’ouvrier manipulant la vanne d’arrivée de la vapeur. Denis Papin a inventé la soupape de sécurité …
      La première réalisation d’un moteur utilisant la vapeur d’eau a été faite par un anglais en 1712 (Thomas Newcomen). Ce fut un véritable moteur atmosphérique, c’est-à-dire qu’il utilisait la pression atmosphérique comme force motrice, la vapeur servant à créer un vide assez poussé par condensation dans un cylindre refroidi. Ce moteur très lourd ne pouvait pas être mis sur une embarcation. la légende de Denis Papin descendant la Weser avec un bateau à aubes mues par un moteur à vapeur n’est pas crédible, il a seulement embauché des rameurs pour faire tourner les aubes. Et comme il n’était pas en règle dans cette embauche (un peu trop radin), cela lui a valu des ennuis, dont la destruction du bateau.

  4. Mon arrière-grand mère maternelle a vu les premières voitures, les premiers aéroplanes. Une voiture sans chevaux, s’exclamaient les gens. Pour l’avion, les gens couraient se cacher chez eux! Que de beaux souvenirs. J’aimais à converser avec elle, une vraie encyclopédie sur les premières innovations! Merci cher uncle John, pour cet article! Sacrée putain de collection que vous avez là !

    • Mon grand-père est né en 1903, année du premier vol des frères Wright et ma grand-mère me racontait qu’elle livrait du pain dans une charrette tirée par un cheval tout en assurant mon éducation musicale en me faisant écouter des disques de Beethoven. Concernant ma collection, rassurez-vous, je ne suis qu’un petit joueur par rapport à d’autres collectionneurs …

  5. A l’époque, ces machines innovantes ont provoqué bien des interrogations. En effet, un chariot qui avance tout seul sans être tiré par des chevaux ou des bœufs ne peut être qu’une invention diabolique. Malgré tout, un premier train a circulé entre Roanne et Andrézieux vers 1827 puis un autre plus tard entre Paris et St Germain. D’autres pays d’Europe s’y sont mis également et cela a troublé la papauté !! Et c’est ainsi qu’un pape en 1848 a condamné le chemin de fer comme œuvre diabolique !! Malgré cela, l’Italie a eu son premier train une dizaine d’années plus tard.
    Bien d’autres inventions du début du 19e siècle ont créé de l’émoi chez les croyants. Ainsi l’invention de l’éclairage public (électrique ou à gaz d’éclairage tout nouveau) a interrogé les papes à tel point qu’en 1832, le pape a condamné et interdit l’éclairage public car contraire à la volonté divine. Et pendant qu’il y était, il a également condamné la vaccination antivariolique, alors que la variole était une maladie très grave et invalidante, souvent mortelle.

    • La superstition a toujours été entretenue par l’Eglise auprès de ses fidèles et elle use aujourd’hui de la même stratégie pour condamner les gens éclairés qui refusent une expérience médicale de tous les dangers … Rien de nouveau sous le soleil.

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