2007 : du Pont de la Rivière Kwaï à La Planète des singes, les manuscrits de Pierre Boulle entrent à la BnF.
Le docteur Françoise Loriot, nièce de Pierre Boulle, et son mari, le professeur Jean Loriot, viennent de faire très généreusement don à la BnF de l’ensemble complet des manuscrits de l’écrivain, parmi lesquels figurent Le Pont de la Rivière Kwaï et La Planète des Singes.
Mondialement connu pour les adaptations cinématographiques de deux de ses romans, Pierre Boulle (1912-1994) s’est toujours volontairement situé en marge des cénacles littéraires.
Cet enfant d’Avignon, qui fut ingénieur dans une plantation d’hévéas en Malaisie avant d’être emprisonné pour faits de résistance en Indochine pendant la seconde guerre mondiale, retourne en France en 1949 et décide de se consacrer exclusivement à l’écriture.
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Le Pont de la Rivière Kwaï
The Bridge on the River Kwai (Le Pont de la rivière Kwaï)1957, film culte de David Lean d’après le roman de Pierre Boulle, avec notamment William Holden, Alec Guinness et Jack Hawkins. La musique de Malcolm Arnold intègre la fameuse « Marche du colonel Bogey » sifflée par les soldats britanniques et qui, avec l’énorme succès du film, fera le tour de la planète.
L’impressionnante séquence finale de la destruction du pont n’était pas prévue dans le roman de Pierre Boulle.
Empire nippon et Blancs en esclavage.
«Qui ne travaillera pas, ne mangera pas. (…) Beaucoup d’entre vous ne reverront jamais leur foyer. Nous construirons la ligne, même si nous avons à la faire passer sur le corps de l’homme blanc.»
Pas vraiment engageant, le discours du lieutenant-colonel japonais Nagatomo Yoshitada, adressé en été 1942 aux prisonniers de guerre occidentaux mobilisés dans la contruction de la voie ferrée Bangkok – Rangoon!
La réalité s’est avérée pire encore: en seize mois de chantier, plus de 90 000 travailleurs forcés ont perdu la vie sur les 415 kilomètres de ce «chemin de fer de la mort» longeant la rivière Kwaï. Les coolies asiatiques ont payé le plus large tribut, mais au moins 12 400 soldats et officiers britanniques, australiens, néerlandais et américains ont aussi péri dans ce voyage au bout de l’enfer.
L’enfer de la jungle
Très édulcoré, Le pont de la rivière Kwaï ne fait qu’effleurer les atrocités du travail forcé qui était imposées aux prisonniers de guerre par les forces armées japonaises, au mépris des Conventions de La Haye et de Genève. En fait, comme l’écrit l’historien Jean-Louis Margolin, «le chemin de fer Bangkok – Rangoon fut l’épicentre de l’horreur».
Mené dans l’enfer de la jungle montagneuse et marécageuse de la péninsule, le projet avait pour but de relier dans l’urgence les réseaux ferrés thaï et birman, alors que les sous-marins alliés entravaient les voies maritimes. L’objectif stratégique des Japonais est alors de faciliter le transport et le ravitaillement des troupes au nord de la Birmanie, où l’armée nippone affrontait les Britanniques, les Américains et les Chinois.
Pour réaliser cette nouvelle ligne, l’état-major général peut disposer d’une importante main-d’œuvre, corvéable à merci: environ 200 000 «romusha» (travailleurs forcés) asiatiques et plus de 60 000 «soldats-esclaves» occidentaux.
Les détenus sont acheminés par bateaux ou trains entiers, dans des wagons de marchandises, «de véritables cages en fer» où «la chaleur était intenable, entre 40 et 50 degrés», selon le jeune ingénieur Klaas Kooy, qui a subi un voyage de six jours dans de telles conditions. Les prisonniers rejoignent ensuite à pied les camps situés le long du tracé du chemin de fer, lors d’éprouvantes marches forcées sous la pluie et dans la boue: «Certains d’entre nous étaient si épuisés qu’ils ne pouvaient pas se relever. Nos gardes japonais se jetèrent sur eux en hurlant et en leur envoyant des coups de pied», raconte dans ses mémoires le prisonnier hollandais Loet Velmans.
Dans les camps, les conditions de vie sont qualifiées de «très dures» ou d’«atroces». Le logement et l’hygiène sont catastrophiques, la nourriture fait cruellement défaut, le riz est pourri, l’eau insalubre.
Les détenus consomment tout ce qui est vaguement comestible, feuilles et racines, serpents, crabes de terre, petits mammifères… y compris la mascotte d’un régiment britannique. «Il m’est arrivé de manger crus des vers que l’on trouve dans les latrines. Ils n’avaient du reste aucun goût. Absolument pas à recommander!», note avec sarcasme l’officier de cavalerie néerlandais Klaas Kooy, qui n’hésite pas à comparer la situation des cantonnements aux camps d’extermination nazis.
La plupart des travailleurs forcés tombent malades: malaria, choléra, infections diverses. Dans le camp de Hintok, le médecin militaire australien Edward «Weary» Dunlop doit admettre 2882 patients en six mois. Les maladies les plus fréquentes sont le paludisme, la dysenterie et l’entérite.
La marche sifflée, la scène de l’explosion :
https://123streaming.net/film/le-pont-de-la-riviere-kwai-the-bridge-on-the-river-kwai/
https://www.laliberte.ch/dossiers/histoire-vivante/articles/la-tragedie-du-pont-de-la-riviere-kwai-369232
La Planète des Singes (roman 1963, film 1968)
Lieux de tournage photos ici
Le récit inventé par Pierre Boulle regorge de ressources inépuisables.
En 1968, date de sortie de la toute première adaptation cinématographique du roman de Pierre Boulle, le genre n’a pas encore accouché de ses sagas-mastodontes telles que Star Wars (1977), Alien (1979), Star Trek (1979) et Terminator (1982).
Cette même année sort également 2001 de Kubrick, dont la conception aura considérablement révolutionné la reproduction de la science-fiction au cinéma.
En plus du succès que va rencontrer La Planète des Singes, 1968 constitue alors une année charnière pour le genre.
Photo avant/après d’un maquillage pendant le tournage de la Planète des Singes (1968)
Une époque où la motion capture n’existait pas et où les acteurs passaient plus de 4 heures au maquillage
À peine publié en 1963, le roman de science-fiction « La Planète des singes », de l’écrivain français Pierre Boulle, tape dans l’œil d’un producteur américain. Le Californien Arthur Jacobs achète les droits du livre en 1965, convaincu du potentiel sur grand écran de cette histoire revisitée du darwinisme qui replace les singes en espèce dominante. À l’époque le défi est de taille : il faut mettre en scène des chimpanzés qui parlent et convaincre les spectateurs de les prendre au sérieux.
Les premiers tests de maquillage et costume sont très compliqués, à tel point que la production du film est finalement retardée de deux ans. C’est finalement grâce à un certain John Chambers que les singes prennent vie. Cet ancien chirurgien de l’armée américaine fabriquait d’abord des prothèses d’oreilles ou de nez pour les soldats défigurés. Avant de se servir des mêmes techniques pour devenir make-up artiste.
Extrait :
Une fin très marquante dont on ne se lasse pas . Pas besoin d’effets spéciaux , le scénario suffisait :
Dans la très bonne version de 2011, l’histoire commence avec un « vaccin » (thérapie génique contre Alzheimer) qui a mal tourné :
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/4516100001011/sortie-du-film-la-planete-des-singes-les-origines
La Planète des Singes au cinéma, de 1968 à 2017, panorama.
Article RR Covid : ils vaccinent aussi les singes !!!
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La planète des singes ….j’ai l’impression d’y être un peu aujourd’hui !
« Les jeux de l’esprit » est ausi un très bon livre
Mais oui, excellent récit ! L’histoire d’un « gouvernement scientifique mondial »!
Merci ami Jules Ferry pour cet émouvant rappel, et la musique inoubliable du film le Pont de la Rivière Kwaï. La planète des singes également. J’ai d’abord lu les ouvrages de Pierre Boulle avant de voir les versions cinématographiques. Cela change des effets spéciaux d’aujourd’hui peu crédibles !
Pareil ami Argo, la Planète des singes a été l’un de mes premiers romans, bien avant de voir les films.
Un beau geste plein de modestie, sans doute.
Vous parlez de la nièce qui a donné les manuscrits ?
J’ai repris la note de remerciement de la Bnf. Il s’agissait d’un don, d’autres auraient mis aux enchères…
Gageons que cette dame est quelqu’un de bien, inspirée par son oncle (Résistant à 24 ans).