Symphonie municipale hongroise : nul n’est maître absolu en son propre pays

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Gergely Karácsony, le nouveau bourgmestre de Budapest

Viktor Orban accepte la défaite en sa capitale qui est loin d’être défaite capitale

En hongrois, « Karácsony » signifie Noël. Les Budapestois ont vécu une nativité bien précoce lors des municipales du 13 octobre 2019 : le Fidesz de Viktor Orban perd la capitale et une partie de ses districts, de même que certaines grandes villes comme Pécs ou Miskolc.

Politologue universitaire, Gergely Karácsony remporte la capitale, pas tant par les vertus de sa propre personnalité que par la coalition d’opposition s’étant largement mobilisée en sa faveur selon le principe du vote sanction. Il bat ainsi

István Tarlós qui briguait un troisième mandat Fidesz.

Karácsony est également coprésident du PM ou Parti du Dialogue pour la Hongrie, de tendance écolo-centre-gauche. Ses objectifs sont de « remettre la Hongrie sur orbite européenne » et de promouvoir l’écologie.

Homard m’a tuer ? La patate aussi

Fidesz a commis une grosse bourde de marketing électoral en offrant 20 kilos de pommes de terre pour 1,20 € à tout Budapestois en échange d’une « promesse de vote Fidesz ». Vous ne rêvez pas, nous sommes bien au sein de l’UE en 2019… Les containers à patates sont arrivés, tout le stock s’est écoulé et Fidesz a perdu.

Les Budapestois n’ont visiblement pas apprécié cette forme de charité à peine voilée, ils veulent de la pêche politique, pas de la patate gastronomique. L’auteur de cette plaisanterie à coups de TIR, Zsolt Wintermantel du Fidesz, a d’ailleurs été battu dans son district par un pro-européen du parti Momentum.

Pour les fins palais, la pomme de terre entre dans la composition du fameux « rakott krumpli ».

Rakott krumpli ou gratin hongrois de pommes de terre

N’a pas fait recette en électorat, recette culinaire en addendum

 

Scandales à gogo-girls

 

La Hongrie connaît son lot de scandales impliquant aussi la nomenklatura Fidesz. Zsolt Borkai est un gymnaste de très haut niveau, médaillé d’or aux JO Séoul 1988. Bourgmestre de Györ (ville connue pour sa gigantesque usine Audi) depuis 2006, il a fait scandale en se faisant flasher en compagnie de filles de joie, en ce compris scènes explicites, alcool et autres joyeusetés fumantes à tous les étages du yacht du bon copain de famille.

Le hic, c’est que les Hongrois n’ont pas trop apprécié toutes ces frivolités puisque le programme Fidesz est plein de boniments au sujet des valeurs traditionnelles : famille, Église, bref tout le menu conservateur. Zsolt Borkai a tout de même été réélu à Györ le 13 octobre, ici la gloire de cet ancien sportif méga talentueux aura certainement fait le reste. Il a toutefois quitté Fidesz après ce gigantesque cancan.

Zsolt Borkai : la grande forme érotique après la grande forme olympique

 

Les raisons de la colère

 

Le moteur de la croissance hongroise, ce sont deux facteurs essentiels : les investissements étrangers et les colossaux fonds européens. Actuellement, la Hongrie est confrontée à un double défi démographique : un taux de fécondité faible et une émigration bien trop élevée pour cette petite nation.

En 2016, Fidesz a même lancé un programme de rapatriement des expatriés, offrant 3000 euros par personne à titre d’aide au retour, mais sans succès probant. Le patronat hongrois se plaint amèrement d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée qui effectivement fait les beaux jours du patronat allemand.

Viktor Orban est notre allié in-dis-cu-table face aux réalités identitaires européennes, ce qui amena la glorification du personnage politique. Notez que sa tâche ne fut aussi complexe que celle des patriotes français dans un pays où l’islam est généralement condamné indépendamment de toute orientation politique.

Au rayon des qualités, ajoutons également le bel exercice diplomatique d’équilibriste entre Merkel et Poutine, là où la diplomatie polonaise a échoué lamentablement, la cerise sur le gâteau étant les excellents rapports diplomatiques entre Budapest et Tel-Aviv, tout cela du made in Orban ! Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement : tout qui soutient Israël est notre allié inconditionnel.

La perfection n’est pas de ce monde et le revers de la médaille, c’est la mainmise croissante de Fidesz sur tous les secteurs de l’activité, en ce compris les médias et le monde judiciaire. Tout ceci inquiète non seulement la Commission européenne – puisque l’adhésion à l’UE implique le respect de l’État de droit – mais aussi une quantité non négligeable de citadins hongrois et c’est ainsi qu’il faut interpréter les Municipales 2019. En termes relatifs, Orban est certainement le Premier ministre le plus puissant d’Europe U27.

L’orbanisme reste maître du jeu

La coalition Fidesz-KDNP a remporté les municipales 2019 au niveau national. Mieux ou pire, c’est selon le point de vue de chaque Hongrois, Fidesz reste majoritaire au sein des 19 comitats (19 départements hongrois) et, disposant également de la majorité parlementaire, il peut donc serrer les boulons à tout moment et rendre la vie impossible aux bourgmestres de l’opposition comme Karácsony, par exemple en réduisant les budgets alloués.

Le champ d’action Fidesz est très très large, à faire pâlir d’envie certains « ultras » RL et RR. Et comme il reste plus de deux ans avant les prochaines parlementaires hongroises, le succès de l’opposition n’est peut-être que symbolique. Je ne serais pas surpris de voir tout ce beau monde libéral (libérâle ?) jeter l’éponge avant l’heure. Mais quelle serait alors la réaction populaire ?

Europe, terre de tous les paradoxes

À l’Est, au vu de son incroyable potentiel intellectuel et manufacturier, un Groupe de Višegrad – aux peuples largement pro-européens – totalement mûr pour des régimes libéraux de centre-droite et qui pourtant vit sous tutelle « illibérale », ce qui s’explique partiellement par une histoire contemporaine des plus agitées. Quarante années d’occupation soviétique laissent encore toujours des traces en matière de méthodologie politique.  

À l’Ouest, des régimes nécessitant certainement des méthodes musclées visant à éradiquer au minimum l’islam politique mais le maximum est ici nettement plus souhaitable. Je suis républicain à 110% mais je constate qu’il faut parfois perdre la raison républicaine pour ensuite retrouver sa version originale et j’ai bien l’honneur de citer notre France chérie.

Richard Mil

Traitement hongrois de l’islam : prends ton Coran et direction le cosmos !!!

Au fait, n’est-ce pas ainsi que le prophète sans propulsion quitta Jérusalem ?

 

Reset cuisine hongroise : recette rakott krumpli

https://www.750g.com/plat-hongrois-ou-rakott-krumpli-r1817.htmhttp://pique.assiette.over-blog.com/article-rakott-krumpli-ou-gratin-de-p-de-terre-hongrois-121910052.html

 

 

 

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