Marignane : un rond-point en hommage aux victimes du 5 juillet 1962 à Oran

A.O.B.R

AMICALE des ORANIENS des BOUCHES du RHÔNE

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COMMUNIQUE

Après Beaucaire, une autre ville rend hommage à nos morts et disparus. A la demande de l’Amicale des Oraniens des Bouches du Rhône, Eric le Dissès, maire de Marignane nommera un rond-point important de la ville «Rond-point du 5 juillet 1962, hommage aux victimes d’Oran ».

L’inauguration aura lieu le vendredi 1er juillet 2016 à 18H30.

Ce rond-point est situé, à Marignane, au bout de la rue de Figueras, à l’intersection des rues Georges Carpentier et Georges Carnus.

Comme nous l’avons fait à Béziers, comme nous devions le faire à Beaucaire, nous devons être très nombreux à cette cérémonie.

Nous devons soutenir les maires qui acceptent d’honorer ceux qui ont été abandonnés et jetés sans sépultures. Nous espérons ainsi que d’autres maires en France auront le même courage.

A quelques jours de l’anniversaire de cette date tragique, ignorée de tous, montrons que nous n’avons rien oublié et que nous attendons que la lumière soit faite sur ces atrocités.

Souvenons-nous ! Ne lâchons rien !

 Jocelyne QUESSADA

ORAN5 JUILLET 1962 LE GENOCIDE

 

« J’écris dans ce pays que le sang défigure qui n’est plus qu’un monceau de douleurs et de plaies, une halle à tous vents que la grêle inaugure, une ruine où la mort s’exerce aux osselets. » (Louis Aragon – « François la Terreur »)

 

         Ce jeudi 5 juillet ne paraissait pas devoir être, à Oran, une journée plus angoissante que les autres. Comme depuis cinq jours, les Oranais s’éveillaient dans les rumeurs d’une foule qui avait déjà envahi la rue, ivre de promesses et de rêves. On allait enfin connaître le bien être, le monde allait changer de face, le pactole allait couler. Et la fête continuait… tandis que les Français qui étaient encore là bouclaient leurs valises ou attendaient, écrasés de soleil et de misère, un bateau sur les quais ou un avion aux abords de l’aérogare.

            Un soulagement pourtant se faisait jour parmi ces Français-là. Tous avaient redouté la date fatidique du 1er juillet (référendum) et plus encore celle du 3 juillet qui avait vu défiler sept katibas de l’ALN dans Oran. Or, rien de ce qu’on avait craint ne s’était passé. Les enlèvements se succédaient, certes, les attentats sournois au coin des rues, aussi, mais il n’y avait pas eu de déferlement de la masse musulmane et le chef de détachement des unités de l’ALN, le Capitaine Bakhti avait déclaré aux Européens : « Vous pourrez vivre avec nous autant que vous voudrez et avec toutes les garanties accordées par le GPRA. L’ALN est présente à Oran. Pas question d’égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure que celle que vous connaissiez auparavant ! »

          De plus, le général Katz, en personne, avait estimé qu’il avait pris toutes les dispositions nécessaires pour que les manifestations du 5 juillet à Oran se passent dans le calme le plus absolu. Avec le Capitaine Bakhti, il s’était engagé à ce que les réjouissances algériennes ne débordent pas en ville européenne. Pourquoi dans ce cas là s’inquiéter plus que de coutume ? La fête marquant la célébration de l’indépendance  algérienne pouvait commencer…

         Cependant, dès l’aube, le village nègre (quartiers arabes) se mit en mouvement et contrairement à ce qui avait été promis, ce furent des milliers de Musulmans qui déferlèrent vers la ville européenne, s’étourdissant dans les cris, les chants, les you-you des femmes. Rien ne laissait encore prévoir le drame qui allait se passer. Pourtant de nombreux Européens constatèrent que certains avaient une arme à la main et que beaucoup d’autres tentaient de dissimuler soit un revolver, un couteau, un fusil, une hache ou un gourdin. Le doute n’était plus permis. Alors les plus avertis se barricadèrent et on essaya de prévenir par téléphone les amis et la famille de ses craintes.

          Place Jeanne d’Arc située devant la cathédrale, une Musulmane, après avoir poussé une série de you-you stridents, grimpa sur le socle de la statue équestre de la pucelle d’Orléans. On lui tendit un drapeau vert et blanc qu’elle accrocha à l’épée que Jeanne d’Arc pointait vers le sol. Une immense clameur accueillit cette action. Survoltée par sa prouesse, la mégère entreprit, toujours juchée sur le socle, une danse du ventre endiablée, supportée en cela par des milliers de mains qui claquaient au rythme de la danse. Il n’y avait plus de France en Algérie, il n’y avait plus de pucelle Française. L’Algérie appartenait aux Algériens !

         A midi moins dix, devant le théâtre municipal où s’était rassemblée la foule, un silence incompréhensible s’établit soudain. Des responsables du FLN, étaient là, encadrant la meute et semblant attendre un signe. Puis quatre coups de feu isolés se firent entendre. C’était le signal ! Ce fut alors que plusieurs hommes, semblant mettre à exécution un plan mûrement réfléchi, partirent en courant dans toutes les directions, criant : « C’est l’OAS, c’est l’OAS qui nous tire dessus !» entraînant par là même la foule qui se mit également à courir en criant « OAS, OAS, OAS ! »

           De ce rassemblement qui se devait – aux dires de Katz – être pacifique, émergèrent soudain des hommes en armes qui, pour affoler les gens, tirèrent dans toutes les directions – y compris sur la foule – aux cris de « OAS assassins ! Sus à l’OAS ! »

Bientôt le feu fut dirigé sur les sentinelles françaises en faction devant la mairie, le Château-Neuf (là précisément où se tenait l’état-major de Katz) et l’hôtel Martinez qui hébergeait les officiers français. Après un moment d’hésitation, les soldats français ripostèrent à leur tour avant de se barricader. Ce fut là le point de départ du plus grand pogrom anti-européen que l’Algérie n’eût jamais connu.

             Ce qui va se passer ce 5 juillet à Oran, sera insoutenable à voir. Toutes les limites de l’horreur seront franchies. Des centaines d’Européens seront enlevés ; on égorgera, on émasculera, on mutilera pour le plaisir, on arrachera les tripes des suppliciés, on remplira les ventres de terre et de pierraille, des têtes d’enfants éclateront contre les murs comme des noix, des hommes seront crucifiés, brûlés vifs ; des femmes seront violées puis livrées à la prostitution ; le sang se répandra en nappes tandis qu’au village nègre, les Européens encore vivants seront suspendus par le palais aux crochets d’abattoir.

            Très vite, les Européens qui ne s’attendaient pas à ce déferlement de violence furent pris en chasse et bientôt ce ne fut qu’horreurs et abominations.  Les cris de terreur trouvaient leur écho dans toutes les gorges des victimes pourchassées. Il ne subsistait plus le moindre sang froid, plus le moindre germe d’humanité… Ce n’était plus qu’une avalanche de démence et de terreur. Le carnage était sans précédent. La puanteur uniforme de la mort avait remplacé les odeurs multiples de la vie.

          Pendant ce temps, l’armée française se barricadait dans les postes de garde en position de surveillance. Un hélicoptère survola la ville. A son bord, le Général Katz essayait d’apprécier la situation. D’après le rapport des sentinelles, sur la seule place d’Armes, il y avait au moins vingt cadavres d’Européens affreusement mutilés. Mais du haut de son appareil, le « boucher d’Oran » – ainsi l’avaient surnommé les Oranais- crut pouvoir conclure que la ville semblait calme (!). Tout était, apparemment, rentré dans l’ordre ! Il valait mieux éviter un affrontement avec le FLN, pensa-t-il !… et le drapeau français fut amené pour ne pas exciter davantage la multitude.

          Chaque Européen était devenu proie, gibier face à la foule terrible, acharnée à sa joie, déchaînée, et quand ils apercevaient des véhicules de l’armée française, en proie à la terreur, tentaient d’y grimper… ils y étaient la plupart du temps repoussés à coups de crosse.  C’était l’épouvante parmi eux. « Mais que fait l’armée, que fait l’armée ? » disaient-ils. Ils entendaient encore les hauts parleurs des camions militaires promener dans toute la ville, le lancinant et rassurant appel : « Oranais, Oranaises, n’écoutez pas ceux qui vous mentent (sous-entendu, l’OAS). L’armée est ici et restera pendant trois ans pour vous protéger. ». C’était, les 26, 27 et 28 juin 1962 !

          A dix sept heures, enfin, le bruit caractéristique d’un convoi de camions se fit entendre. C’était la gendarmerie mobile, l’âme damnée du Général Katz qui prenait position. Dès cet instant, comme par miracle, la manifestation prit fin et la populace disparut… mais il était trop tard.

Des centaines de cadavres jonchaient les rues, le sang avait maculé trottoirs et rigoles, les appartements étaient dévastés, les magasins pillés, les disparitions ne se comptaient plus, la ville avait pris le visage de l’apocalypse.

         Pourquoi cette intervention s’était-elle produite si tardivement ? Avait-on décidé de faire payer aux Oranais leur folie, leur passion pour l’Algérie française, leur trop grande fidélité à l’OAS ?

         Où était passé le Capitaine Bakhti, l’homme fort, l’homme de confiance de Katz, qui avait déclaré le 3 juillet qu’il n’était pas question d’égorgement ?

          La réponse est simple : Paris, qui, grâce à ses renseignements, s’attendait à cette explosion de folie furieuse, avait ordonné à Katz « de ne pas bouger, de laisser faire ». Et Katz, grosse brute bornée qui tirait vanité de sa servilité – même quand il s’agissait d’assassiner ou de laisser assassiner des Français ! – à la recherche constante d’une nouvelle étoile, obtempéra aveuglément. Ceci est une certitude.  Les preuves matérielles foisonnent en ce sens. Ce qui est incontestable, c’est que l’ordre de Paris, capté à la poste centrale vers 16 h 30, de faire cesser la tuerie eut instantanément son effet. A 17 heures, tout était fini et la ville abasourdie était plongée dans un silence de mort, de cette mort qui pendant six heures s’était abattue sur elle. Katz quant à lui, pouvait être fier : Il avait obéi aux ordres et une quatrième étoile allait récompenser sa fidélité.

          Cependant dans la cité meurtrie, l’angoisse étreignait les survivants. Chacun tremblait pour les siens, les gens se cherchaient, beaucoup demeuraient encore cachés de peur de voir la tornade s’abattre de nouveau. Le nombre des disparitions augmentait d’heure en heure, aggravant le tourment des familles. La morgue était pleine à craquer et une odeur fétide s’en dégageait. On en refusa bientôt l’entrée et les corps entassés, mutilés, étaient méconnaissables.

Dans la ville arabe et au Petit Lac, le tas des tués était plus incohérent et plus dense. Il s’échappait une odeur fétide, insupportable, une épouvantable pestilence. L’on pouvait voir, trempant dans des bains répugnants, les viscères des malheureuses victimes et sur un mur, tracé d’une main maladroite, l’on pouvait lire : « Les boyaux des Français »… Et toujours cette liesse, et toujours ces cris « Mort aux Chrétiens ! »… Et toujours cette foule frénétique, fanatique, cette même foule qui, quelques mois plus tard, n’obtenant rien des promesses invoquées tout au long de la guerre et réduite soudain à la famine, émigrera en France avec une mine attristée et des yeux de douleur, dans cette Patrie qu’ils auront eu plaisir à humilier et dont ils auront persécuté avec délice ses enfants.

                                                                             José CASTANO 

(joseph.castano0508@orange.fr)

Avec toute notre gratitude

Bravo et Merci Monsieur le Maire !

Merci à Jocelyne QUESSADA, présidente de l’AOBR, pour sa magnifique initiative

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7 Commentaires

  1. Ceux qui savent et qui ont vécu cette tragédie ont raison d’écrire même si a chaque fois a la lecture la douleur nous est insupportable, une question me hante depuis plus cinquante ans . Comment De Gaulle a t-il pu permettre ça contre des français ceux là même qui avaient favorisé son retour au pouvoir quatre ans plus tôt . Je crois que je n’aurais jamais la réponse mais de toutes façon je n’accepterai pas l’explication si il en avait une . En 1962 j’étais la bas et j’ai vu les visages des civiles complètement déboussolés au milieu des bandes de tueurs et une armée françaises vérouillée dans ses casernes , si j’avais été pieds noirs jamais je n’aurais pu pardonner ça a la France ..N’oublions pas , aussi en 39/45 que le gros paquet de l’armée d’Afrique a été constituée de Pieds Noirs je le dis car plus personne n’en parle mais c’était déjà et encore une bonne raison pour ne pas les laisser tomber et leurs renvoyer l’ascenseur pour qu’ils gardent leur pays et la France ses deux départements et en plus lorsque l’on voit ce qu’ils ont en fait . Arrêtons nous là ça vaut mieux .

    • La raison de ce massacre est la même que celle du sabordage de la Flotte à Toulon : sur 119 commandants 5 choisir le risque de désobéir dans l’honneur et de continuer le combat contre 114 qui n’avaient pas de couilles et qui trouvèrent moins risqué d’exécuter des ordres traîtres que de poursuivre la lutte.
      À ORAN, mêmes causes, même effets. Qu’aurait fait le boucher d’ORAN si les commandants de compagnies étaient sortis des casernes à la tête de leurs troupes pour aller mater les égorgeurs du FLN. Que risquaient-ils à mettre une balle dans la caboche à ce salopard de Katz ? Rien ! Mais il fallait avoir des couilles et ils n’en avaient pas !
      Qu’a fait Degaulle en 1940 ? Heureusement, il a désobéit. Et c’est aussi ce qu’on attend de nos officiers généraux aujourd’hui : qu’ils en aient un peu dans la culotte et tapent tous en cœur du poing sur la table pour remettre les idées en place à ceux qui sabotent, culpabilisent et déprécient notre belle FRANCE. Monsieur le Maire de Marignane, vous avez pris la décision courageuse qu’il fallait prendre. Total respect.

  2. On peut s’étonner qu’après un vécu aussi horrifiant les pieds noirs, dans leur ensemble, ne se soient pas mieux fait entendre pour protester contre l’arrivée, massive, des algériens en France… Puis, la cohabitation, dans les immeubles, partout… Comment comprendre cela ?
    Et pire : comment comprendre qu’après avoir chassé les Européens de manière aussi radicale ces mêmes assassins aient quitté “leur pays” pour venir chez nous ?
    Enfin, le pire du pire : c’est que les gouvernants, en toute connaissance de cause, aient accepté et acceptent de plus en plus de satisfaire aux demandes d’entrées en France et aux revendications. On soigne gratis Bouteflika au Val de Grâce !
    Tout cela dépasse mon entendement et mon acceptation. Car ce sont des comportements qui vont à l’encontre de la raison, de la logique, du bon sens le plus basique ! La leçon à tirer c’est que nous n’avons pas à avoir de scrupules pour exiger une remigration !

    • Je pense exactement comme vous !
      Et il conviendrait, en outre, de souligner un fait jamais mis en avant, à ma connaissance : c’est que le peuple algérien s’est rendu coupable d’un véritable GENOCIDE, à l’encontre des pieds-noirs (sans même parler des harkis) dont le programme était d’ailleurs tout entier contenu dans le fameux slogan du FLN : “la valise ou le cercueil”.
      Que diraient les merdias, si aujourd’hui quelqu’un s’amusait seulement à dire qu’il aurait fallu tuer tous les Allemands en 1945, ou qu’on a eu tort de ne pas appliquer le plan Morgenthau ? Mais naturellement, pas un seul mot de leur part concernant les massacres – dans des conditions de barbarie inouïe – perpétrés par les Algériens en 1962 !

  3. Bonjour,
    Souvenons-nous de cette page tragique quand les héritiers de ces bourreaux, les soi-disant “Indigènes de la République”, osent nous cracher à la figure !
    Souvenons-nous en, aussi, quand la Gôche et l’ Extrême-Gôche nous enjoindront de faire bon accueil aux centaines de milliers , aux millions d’Algériens qui fuiront le paradis, mi coranique mi maffieux du FLN,déjà en voie d’implosion, dans les mois qui viennent !!
    Oumma.com nous prépare déjà à cette éventualité:
    http://oummatv.tv/algerie-saut-inconnu
    Non , NON ET NON !!
    L’heure doit être, au contraire, au retour organisé des Musulmans algériens chez eux.

  4. j’habite marignane et le l’apprends par vous !! notre maire est un gland qui a de gros problèmes avec la com’, mais j’avoue, par moment il a une idée géniale. une fois tous les 3/4 ans on va dire. je serai présent, étant enfant de rapatriés.

    • Nous sommes presque voisins, dans ce cas. J’habite à quelques dix minutes de Marignane. Et cet hommage semble frapper un grand coup, quand on voit la proportion de musulmans qui habitent là-bas… Si ça peut leur faire grincer des dents, tant mieux.

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