Coup de force des Frères musulmans en plein Paris (2), commentaires d’un témoin, ancien consul

Lorsque les pro-Morsi sont parvenus à empêcher la conférence de l’écrivain Al Aswany, ce dernier et son traducteur, l’ancien consul d’Alexandrie Gilles Gauthier, ont dû précipitamment être mis à l’abri des violences, comme on le voit sur la video.

Cela a définitivement ouvert les yeux de Gilles Gauthier, qui a publié surfacebook un texte intitulé Intolérance et mensonges. Le voici.C’est moi qui ai mis en gras certains passages.

Christine Tasin 

En commençant ce bref message j’ai envie de remercier les frères musulmans de Paris et leurs amis très attentionnés de m’avoir montré ce que réellement ils sont. Conscient de tous les cheminements psychologiques qui pouvaient conduire des personnes malheureuses à trouver un refuge identitaire dans une religion qu’ils connaissent d’ailleurs fort mal, j’avais jusqu’ici fait preuve de beaucoup de compréhension à l’égard de ceux qui, incapables d’affronter le siècle dans lequel ils vivent pensaient pouvoir trouver un refuge dans une histoire lointaine et imparfaitement connue et dans une religion dont ils ignorent les lumineuses transcendances pour se contenter de la surface rugueuse que leur en montrent leurs curés mal décrottés.
Depuis ce soir, mon indulgence a pris fin. Je sais où ils se trouvent et où je me trouve.
Alaa El Aswany, l’auteur de l‘immeuble Yacoubian, de Chicago, de J’aurais aimé être Egyptien et de l’Automobile Club bientôt traduit en français avait accepté à ma demande, alors qu’il se trouvait à Paris, de venir parler de son oeuvre à l’Institut du monde arabe. Je comprenais, et il comprenait que, après l’éviction par le peuple égyptien du président Morsi, des questions allaient être posées par des personnes qui pensaient encore que, après son coup d’état constitutionnel du mois de Novembre 2012 ce président incarnait encore une certaine forme de légitimité. Alaa El Aswany était prêt à leur répondre et à expliquer à ce public français sa vision de ce qui se passait en Egypte.
A l’Institut du monde arabe, comme cela est d’usage commun, l’orateur s’exprime habituellement pendant quarante-cinq minutes après lesquelles quinze minutes sont laissées au débat. Il est, après tout, plus intéressant d’entendre parler un écrivain engagé depuis plus de dix ans dans les luttes de son pays, que des orateurs du quartier latin qui ont depuis bien longtemps traversé notre mer commune.
A peine la conférence engagée des doigts commencèrent à se lever. Comme modérateur de cette rencontre j’expliquai que les questions pourraient être posées plus tard mais que le moment n’était pas venu.
Un peu las d’entendre parler de littérature, des personnes qui n’en avaient peut-être pas l’habitude et qui, de toute façon, n’étaient pas venues pour cela, se sont mises à s’agiter. Le pauvre modérateur s’est soudain vu déborder et l’orateur privé de parole. Detous les recoins d’une salle préalablement occupée et soigneusement quadrillée, des nervis se sont levés reprenant des slogans qui, en d’autres temps, avaient été utilisés par de vrais révolutionnaires, et se sont dirigés, menaçants, vers la tribune. Un service de sécurité limité – car des actes de sauvageries de ce genre sont encore rares – a permis de faire sortir sans dégâts corporels l’orateur et le modérateur qui ont attendu que se poursuive la furia ikhouania, cassant les vitres, jetant les sièges, giflant les femmes et les hommes qui émettaient des réserves face à ce déferlement de barbarie, et, accessoirement volant des téléphones portables. 


Je me suis dit alors que le mot fascisme avait encore un sens.


Lorsque le président Marzouki était venu à l’Institut du monde arabe, il avait également été accueilli par des opposants. Les opposants tunisiens du président Marzouki étaient des laïques puisque c’étaient les islamistes qui sous son ombre étaient au pouvoir en Tunisie.
En dehors de l’intrusion violente, mais gracieuse, de deux femens, les opposants au président Marzouki ont respecté les règles habituelles de la civilité. Leurs questions ont été dures, exigeantes, mais sont restées des questions. Ils ont attendu, avant de prendre la parole qu’on la leur donne, et le président Marzouki a eu la possibilité de leur répondre. C’étaient des opposants déterminés, mais démocratiques.
Ce soir, à l’Institut du monde arabe, nous n’avions pas affaire à des démocrates, mais à une bande de voyous qui, comme dans les années vingt en Italie et dans les années trente en Allemagne n’avaient que leur force physique comme argument.


Pourquoi tant de violence et tant d’acharnement ? Réduite en Egypte, déstabilisés en Tunisie, la confrérie des frères musulmans sent le pouvoir qu’elle attend depuis quatre-vingt ans lui échapper des mains et son rêve millénariste s’effondrer. Il faut dire qu’avec un peu de cervelle et moins de sermons, ils auraient eu beaucoup de cartes entre les mains. Il ne reste plus que celle de la brutalité.
Mais, grâce à un tout petit émirat posé sur une très grosse poche de gaz, ils bénéficient d’un soutien médiatique très efficace.
A l’heure où la plupart des moyens d’information mondiaux doivent faire face à de graves problèmes budgétaires qui les obligent à réduire le nombre de leurs correspondants à l’étranger, quoi de plus facile que de reprendre la télévision Al Djezirah. Si Al Djezirah dit quatre mille morts, allons-y pour quatre mille morts, cela fait mieux dans un titre que trois cent. Et six-mille est encore plus alléchant. De toutes façons, personne n’ira compter.
Ce soir Al Djezirah a couvert en live la conférence d’Alaa El Aswany. Disons même que les cameramen cette chaîne si interactive ne semblaient pas bien éloignés des organisateurs de l’algarade. 
Al Djezirah a entendu un étranger assis à la droite d’Alaa El Aswany (je pense que c’était moi, bien que je ne pense pas être étranger Paris) prendre la défense du président Sissi. L’étranger en question s’était contenté, sur un ton parfois un peu sec, mais inefficace, de rappeler à plusieurs reprises que les questions, comme il est de coutume, seraient posées à la fin. Il n’a prononcé aucun phonème qui de près ou de loin se rapproche du doux susurrement de Sissi.
Mais l’étranger en question a pu se rendre compte par lui-même de ce qu’on lui avait depuis longtemps répété : qu’El Djezirah n’avait pas un très grand respect pour la vérité et que l’important pour ceux qui utilisaient ou possédaient cette chaîne, c’était que leurs mensonges aient une large audience.


Oui, je le redis ici, je suis reconnaissant aux voyous de ce soir. Ils m’ont convaincu. Ils m’ont rassuré. L’histoire n’ira pas dans leur direction. Les peuples arabes ont déjà compris ce qu’étaient ces gens-là. Les croyants savent qu’ils n’ont pas besoin d’eux pour prier ni pour régler leurs existences. Les patriotes, fiers de leurs pays, Egypte, Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Arabie, Emirats, Oman, Yémen, Maroc, Bahrein, Koweit, Algérie, Tunisie … et fiers de leur commune appartenance à la civilisation arabe et à la civilisation de l’Islam, n’ont pas besoin de leur vision étriquée de la condition humaine. L’avenir se fera sans eux. Ils s’en rendent peut-être compte. Ils en souffrent sans doute. Je souhaite que les moins atteints d’entre eux en puissent guérir.
En attendant Joyeux Aïd à tous (y compris aux méchants qui après tout sont créatures du bon Dieu, et plus à plaindre qu’à maudire). ?? ??? ????? ?????
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6 Commentaires

  1. Bonjour Christine, j’ai quelques retards dans la lecture de vos mails, étant donné toutes vos nombreuses démarches,
    nous vous félicitons pour votre courage.
    les nouvelles s’accumulent; mais je me donne la peine de transmettre les vidéos et vos textes, vous nous demandez de signer votre pétition là je rencontre un petit souci , je clique
    :
    Signez notre pétition pour que cesse toute collaboration entre la France et les mouvements islamistes. La France doit cesser de soutenir les Frères musulmans et les rebelles syriens et interdire la présence sur notre sol de tous les mouvements islamistes. .

    Mais la fenêtre ne s’ouvre pas.

  2. Texte d’un ancien consul ! Rien de surprenant qu’il y ait utilisation de double langage quoi.

    Et cette partie ci montre bien qui va gagner selon lui entre l’islam et la liberté,

    “Les croyants savent qu’ils n’ont pas besoin d’eux pour prier ni pour régler leurs existences. Les patriotes, fiers de leurs pays, Egypte, Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Arabie, Emirats, Oman, Yémen, Maroc, Bahrein, Koweit, Algérie, Tunisie … et fiers de leur commune appartenance à la civilisation arabe et à la civilisation de l’Islam”

    Sans oublier,

    En attendant Joyeux Aïd à tous (y compris aux méchants qui après tout sont créatures du bon Dieu, et plus à plaindre qu’à maudire). ?? ??? ????? ?????”

    Navré mais ça montre que ses yeux ne sont pas ouverts, contrairement à ce que tu écris au début de ton article chère Christine.

    Monsieur l’ex consul, vous voulez ma conversion à l’islam ? Pour vous sentir moins seul parmi les dhimmis peut-être ?
    Christine a mes adresses mails, convenons d’un rendez vous et venez avec vos amis barbus.
    Je perdrais car je suis sérieusement diminué, mais je parviendrais encore à vous emmèner et quelques un d’entres eux en enfer avec moi.

    Votre joyeux aïd, que vous écrivez avec des majuscules…
    …mettez vous le où je pense !

    • Bon c’est clairement dit ! Mais son analyse des Frères musulmans est claire et un sacré pas par rapport à HOllande, Fabius etc qui leur lèchen tles babouches !

      • Me suis laissé emporter je le reconnais, mais bon, consul c’est politicard et donc de facto suspect pour moi désormais (me méfie même de Marine le Pen aujourd’hui alors qu’avant elle m’inspirait un peu confiance)
        Bref joyeux aïd venant d’un type qui refusera sûrement de dire joyeux Noël par “respect” de la laïcité (devenue à sens unique et pro islam) ça passe plus !

        D’ailleurs le joyeux aïd constitue pour moi un sacré léchage de babouches, moindre peut-être que ceux que tu sites, mais ça reste du léchage de babouches.

        Et je reviens la dessus…

        Les patriotes, fiers de leurs pays, Egypte, Syrie, Liban, Irak, Jordanie, Arabie, Emirats, Oman, Yémen, Maroc, Bahrein, Koweit, Algérie, Tunisie … et fiers de leur commune appartenance à la civilisation arabe et à la civilisation de l’Islam”

        Tu notera qu’il est prudent, il n’évoque à aucun moment le même droit pour NOUS !

        (on reste Amis tout de même j’espère ? 😉

        • Bien sûr qu’on reste amis, tu oses en douter ?
          Par ailleurs le “joyeux Aïd” pourrait être ironique…

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