Retour rapide d’Israël à ses mauvaises vieilles méthodes

Daniel Pipes, universitaire et chercheur américain, est un spécialiste du Proche et du Moyen-Orient. Il a écrit 12 livres sur le Moyen-Orient, l’islam et le terrorisme, qui ont été traduits en 35 langues. Il est le fondateur et président du Middle-East Forum (MEForum) (Forum du Moyen-Orient), une importante organisation basée à Philadelphie, qui étudie le Moyen-Orient et l’islam, et les menaces qu’ils font peser sur l’Occident, il a compris les dangers de l’islam et il ne cesse d’alerter, notamment les Français, au point de dire qu’il n’aime pas Zemmour mais qu’il aurait voté pour lui l’année dernière.

https://resistancerepublicaine.com/2021/12/16/daniel-pipes-je-naime-pas-zemmour-mais-je-voterais-pour-lui-si-jetais-citoyen-francais/

Nous l’avions rencontré à Paris en 2013-2014 lors de 2 de nos manifestations contre le fascisme islamique, et il nous a aidés à payer les frais d’avocat de nos premiers procès. Nous ne sommes pas toujours d’accord, et en tout cas pas d’accord sur tout, mais, sur Israël, nous partageons les mêmes analyses, qui rejoignent aussi celles de Thérèse Zrihen-Vir

https://resistancerepublicaine.com/2023/11/23/le-marche-de-dupes-il-faut-etre-israel-pour-accepter-un-contrat-aussi-desastreux/

Il est évident que le rôle de Biden et de la clique démocrate est énorme dans cet océan de trahisons et de mauvaises décisions.

Il est évident que le rôle des ministres opposés à Netanyahu  et traîtres à Israël mais entrés dans la coalition est énorme.

Il est évident que les mois de manifestations et bagarres diverses contre Netanyahu ont effrité le pouvoir et la capacité de ce dernier à prendre des décisions dures pour Gaza, la seule façon pourtant de couper court à l’escalade qui emmène les Israéliens vers un partage de territoire. Ce qui signifierait que les monstres du Hamas auront reçu pour paiement des assassinats, des viols, des tortures, du bébé cuit dans un four… un territoire à eux volé aux Israéliens.

Nous n’avons de cesse de le répéter, ce qui se passe en Israël a commencé chez nous et se terminera de la même façon, avec les mêmes droidelhommistes qui offrent les nôtres en holocauste aux dieux des mondialistes.

Christine Tasin

 

Le 7 octobre, « tout a changé » en Israël. Sauf que pratiquement rien n’a changé. Malgré les nombreux discours de victoire du Premier ministre et les sondages indiquant que l’opinion publique soutient une nouvelle approche plus dure, les autorités israéliennes et leurs services de sécurité montrent des signes de retour à leurs vieilles politiques défaillantes et ce, avant même que tous les morts n’aient été enterrés.

Ces politiques qui ont failli signifient avant tout une chose : supposer à tort que l’enrichissement – davantage de permis de travail en Israël, une plus grande zone de pêche, des financements extérieurs – donne aux Palestiniens quelque chose à perdre, les apprivoise et les rend moins enclins à l’agression.

Les symptômes de ce triste retour sont les suivants :

Les services de sécurité ont approuvé l’entrée en Israël de 8.000 travailleurs de Cisjordanie, principalement pour y effectuer des travaux agricoles, en réponse au ministre israélien de l’Agriculture qui avait assuré à ses collègues que les travailleurs avaient été contrôlés et ne représentaient aucun danger. Le fait que des milliers de travailleurs de Gaza ont espionné Israël et se sont rendus complices du massacre du 7 octobre semblait allègrement oublié.

En Cisjordanie elle-même, le commandant en chef d’Israël sur place a émis des ordres oxymoronesques (1) visant à limiter l’accès des Arabes. Durs en apparence, ces ordres n’ont en réalité pas changé grand-chose. Comme l’explique le conseil régional de Binyamin, « les travailleurs arabes ne peuvent pas entrer dans les villes israéliennes. Ils ne seront autorisés à entrer que dans les zones industrielles pendant la nuit ». Les maraudeurs et les meurtriers commettent-ils leurs crimes uniquement en plein jour ?

L’Autorité palestinienne, qui gouverne théoriquement une partie de la Cisjordanie, a non seulement offert son soutien sans réserve au massacre perpétré par le Hamas, mais s’est également vantée d’y avoir joué un rôle. L’Autorité palestinienne a également demandé aux mosquées relevant de sa juridiction d’informer les fidèles que l’extermination des Juifs constitue un devoir islamique. Malgré cela, le cabinet israélien continue d’envoyer l’argent des impôts à l’Autorité palestinienne. Le ministre de la Défense Yoav Gallant a appuyé cette décision, affirmant qu’« il convient de transférer, et ce immédiatement, les fonds à l’Autorité palestinienne pour financer les services de celle-ci qui contribuent à prévenir le terrorisme ». (Ce thème de l’enrichissement semble avoir la vie dure)

 

La police israélienne.

 

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a tenté d’assouplir les règles d’engagement de policiers, en leur permettant en cas d’urgence de tirer sur les jambes des agresseurs. Cependant Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, a réussi à détourner le vote, avec pour résultat le maintien des réglementations plus restrictives en place. (Note de C.Tasin : voir l’article de Guy Sebag de  2020  https://resistancerepublicaine.com/2020/03/19/si-benny-gantz-compose-une-majorite-avec-les-arabes-israel-est-foutu/  et celui d’Edmond le Tigre

Comme la France, si Israël veut sortir du merdier actuel, il lui faudra se battre contre les juges où il précisait qui était Beny Gantz :  le jour où je le vis déclarer qu’il avait risqué la vie de ses soldats pour ne pas mettre en danger la  vie de „civils“ palestiniens, j’eus un sursaut horrifié d’autant plus qu’il termina en disant „And I am proud of it! I am proud of it“ („Je suis fier de cela…“)

 

Cinq jours après le 7 octobre, Israël a fermé son ministère de la Diplomatie publique, symbole parfait des efforts d’information historiquement malheureux d’Israël.

À l’inverse, le ministre israélien des Communications qui a qualifié Al Jazeera, la chaîne de télévision qatarie, de « porte-voix de la propagande » incitant à la haine contre Israël, a tenté de fermer le bureau de la chaîne en Israël. Le gouvernement a rejeté sa recommandation, soucieux de ne pas contrarier le gouvernement qatari qui avait aidé à la libération de plusieurs otages, mais oublieux du rôle du Qatar dans les attaques du 7 octobre. Yossi Cohen, l’ancien chef du Mossad, va plus loin : il préfère « s’abstenir de critiquer le Qatar ».

Avant le massacre, Israël a fourni à Gaza 49 millions de litres d’eau, soit 9 % de la consommation quotidienne du territoire, via trois pipelines. Après le massacre, l’État hébreu a coupé tous les approvisionnements. Toutefois cette situation n’a duré que vingt jours et Israël a fini par réintroduire 28,5 millions de litres via deux pipelines. Et pourquoi pas les trois ? Parce que le Hamas avait endommagé le troisième le 7 octobre, d’où la nécessité de réparer ce dernier. Mais qu’on se rassure : le colonel de Tsahal Elad Goren a annoncé que son bureau avait « réuni une équipe d’experts qui évaluent quotidiennement la situation humanitaire à Gaza ». Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beiteinu, a qualifié cela de « simple idiotie ». Les approvisionnements en carburant auraient également repris.

 

À Gaza, la livraison d’eau a repris par pipeline et par camion.

 

Les discours de victoire n’ont pas empêché le négativisme de faire rapidement son apparition. « Je ne vois aucune sorte de victoire émerger de ce désordre », commente le créateur de Fauda (C.Tasin : voir notre article sur la mort du producteur, soldat de Tsahal), Avi Issacharoff. Orly Noy de B’Tselem ( voir ici) proclame à l’attention de ses compatriotes israéliens : « Je n’ai aucun intérêt dans la victoire que vous m’offrez. … Je suis prête à admettre ma défaite. »

Le directeur d’un lycée public de Tel Aviv a passé 45 minutes à discuter avec trois élèves venus à l’école enveloppés dans des drapeaux israéliens. Un élève rapporte qu’au cours de la conversation, le directeur a indiqué que d’autres élèves s’opposaient à une telle démonstration de patriotisme, ajoutant que « si un grand nombre d’élèves venaient à l’école enveloppés dans des drapeaux israéliens, il y mettrait fin immédiatement. »

Dans un article publié récemment, je disais en conclusion que je m’attendais à ce que « l’humeur israélienne enflammée du moment s’estompe avec le temps jusqu’au retour progressif des vieilles méthodes et du train-train habituel ». J’avais tort sur un point : le temps que cela a pris. En réalité, il n’a pas fallu attendre, le retour ayant été, du moins à certains égards, quasi-immédiat.

M. Pipes (DanielPipes.org, @DanielPipes) est président du Middle East Forum et auteur d’un livre publié récemment : Islamism vs. The West: 35 Years of Geopolitical Struggle (Wicked Son) © 2023 par Daniel Pipes. Tous droits réservés.

Addendum du 17 novembre 2023. La possible reprise évoquée plus haut des approvisionnements en carburant en provenance d’Israël a été confirmée : « deux camions-citernes entrent à Gaza chaque jour pour les besoins de l’ONU et pour soutenir les systèmes d’approvisionnement en eau et d’égouttage. » Sans surprise, le communiqué annonçant cette nouvelle indique que le Cabinet de Guerre a pris cette décision « sur la recommandation de Tsahal et du Shin Bet et à la demande des responsables américains. »

Les critiques ont été cinglantes.

  • Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir : « Tant que nos otages ne reçoivent pas même la visite de la Croix-Rouge, il est insensé d’offrir des cadeaux humanitaires à l’ennemi. »
  • Le ministre des Finances Bezalel Smotrich : C’est « une grave erreur qui va à l’encontre de la décision du cabinet [de sécurité totale]. C’est un acte de faiblesse qui donne de l’oxygène à l’ennemi et permet au [chef du Hamas Yahya] Sinwar d’être confortablement installé dans son bunker climatisé, de regarder les informations et de continuer à manipuler la société israélienne et les familles des personnes enlevées. »
  • Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu : « Arrêtez d’alimenter les nazis du Hamas ! Les déclarations selon lesquelles « pas une goutte de carburant » n’entrerait dans la bande de Gaza se sont transformées en autorisation unilatérale de livraison de milliers de litres, sans obtenir aucun geste humanitaire pour nos otages. J’appelle à ce qu’il soit mis fin immédiatement à cette imprudence. »

Mise à jour du 19 novembre 2023. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich écrit au ministre de la Défense Yoav Gallant :

D’après les informations que j’ai reçues, il semble que certaines parties du système de sécurité aient commencé à formuler la position de l’État d’Israël au lendemain de la victoire dans la guerre. … Il faut immédiatement ordonner à Tsahal et au ministère de la Défense de cesser de s’occuper de cette question et dissoudre les équipes créées à cet effet. Depuis le 7 octobre, Israël n’est plus le même pays. Les choses que nous tenions pour vraies dans le passé ne sont désormais plus pertinentes. Les organismes qui ont soutenu et même piloté les anciennes conceptions [avec pour conséquence le massacre] ne peuvent pas être responsables des tentatives d’élaboration de solutions.

 

par Daniel Pipes
Washington Times
17 novembre 2023

Version originale anglaise: Israel Has Quickly Reverted to Its Bad Old Policies
Adaptation française: Gilles de Belmont

https://fr.danielpipes.org/22037/retour-rapide-disrael-a-ses-mauvaises-vieilles

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8 Comments

  1. Je pense qu’il ne faut pas s’attendre, à ce que les Palestiniens libèrent tous les otages;car il est évident,que dans les heures qui suivent,ils seraient tous bombardés par les Israéliens. Les Palestiniens le savent très bien.

  2. C’est terrible, le ver est dans le fruit.
    Israël se condamne par excès de gentillesse et d’humanité.
    Israël est déchiré par les pro et les anti.
    Israël a son lot de traitres par nature, comme nous avons les nôtres.
    La sévérité du début devient une certaine mollesse…

  3. En France c’est pareil on continue à financer l’islamisme à coups de millions d’euros dans les zones perdues de la République telle la Seine-Saint-Denis occupée. Israël est le miroir du devenir de la France. On ne soigne pas un animal enragé avec un verre d’eau.

  4. Bibi a cédé parce qu’il est dans une position extrêmement difficile : la guerre et la vie des otages.
    Il est clair que chaque otage mort lui sera reproché, davantage à lui qu’au sshamas.
    Sa marge de manœuvre doit être extrêmement étroite et tous les commentateurs – moi y compris – seraient bien en peine de tenir sa place.
    J’espère de tout mon cœur que les otages seront sauvés et que le sshamas sera réduit en bouillie.
    Quand aux populations « civiles » gazaouies, sincèrement je m’en fiche complètement car pas un n’est innocent de ce qui arrive.
    Alors les mahométans BASTA !

  5. Quand Hitler est devenu chancelier, nombre de juifs pensaient qu’ils ne risquaient rien en Allemagne. Aujourd’hui le même danger plane au dessus du peuple hébreu, à la différence près qu’ils ont les moyens de se défendre, à la seule condition qu’ils ne cèdent pas aux sirènes des pays occidentaux et des pacifistes. Il y a un temps pour la paix et un temps pour la guerre, et celui de la paix n’est plus. C’est une question de survie.

  6. Il me semble qu’il s’agit d’un effet du wokisme qui gangrène les têtes fragiles de personnes ayant bénéficié d’une vie facile. Les autres (djihadistes et consorts) n’ont, eux, rien à perdre, au contraire! Poutine a raison, l’Occident est en pleine décadence…

    • Je pense, Conan, pour avoir quelque peu fouillé la question, que vous mettez en plein dans le mille. Israël vit dans un déchirement interne entre le particularisme et l’universalisme. Le particularisme est sa dimension juive (qu’elle soit religieuse, culturelle, historique peu importe), l’universalisme est cette fascination mimétique pour l’Occident.
      On pourrait tenter d’avoir les deux, mais malheureusement, ce qu’Israël « importe » de l’Occident, ce n’est pas sa grandeur culturelle ou civilisationnelle mais tout le contraire, sa décadence, à travers le wokisme.
      Cet humanisme dégénéré des bougies/nounours, ces luttes contres des moulins à vent que sont le droit des minorités contre le bien commun, cette fascination pour la technologie déconnectée de la vie : l’affaire des vaccins et du pass sanitaire ne l’ont que trop prouvé. Israël comme premier laboratoire à échelle nationale du poison Pfizer, le pass sanitaire implémenté là-bas en premier.
      Face à cela, vous avez un petit peuple assez valeureux, mais qui est toujours, en dernier ressort, le dindon de la farce.

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