Mathieu Bock-Côté: «Le voile comme symbole politique»

 

Du « Figaro » :

CHRONIQUE – Loin de représenter une forme de pudeur morale évoquant celle de nos grands-mères, ce marqueur explicite de conquête politico-culturelle symbolise l’exhibitionnisme identitaire et l’exhibitionnisme de la vertu.

Les événements qui remuent actuellement l’Iran font le tour de la planète.

 

Leur portée est claire: des milliers de femmes s’y insurgent en réclamant le droit de vivre sans voile et délivrées du contrôle oppressif de la police des mœurs, agressive et tatillonne, qui circule dans les villes du pays.

Elles se rassemblent autour d’une femme récemment décédée après avoir été passée à tabac par cette police, Mahsa Amini, devenue en Iran une véritable martyre de la liberté, morte pour avoir «mal porté» son voile.

Mais le néoféminisme français peine à se solidariser avec les femmes iraniennes et poursuit sa campagne à temps plein contre un patriarcat occidental fantasmé.

Plus encore, il fait volontiers du voile un symbole de liberté, du moins en Occident, car, à travers lui, les femmes issues de l’immigration témoigneraient de leur résistance à la souveraineté masculine et au néocolonialisme identitaire.

 

Le malaise des néoféministes est électoral et idéologique.

 

Électoral, dans la mesure où la gauche radicale, à laquelle il appartient politiquement, mise sur la communauté musulmane, qui s’est exprimée en faveur de Jean-Luc Mélenchon à la hauteur de 69 % lors de la dernière élection présidentielle, et qui fait du voile son principal étendard identitaire et politique.

 

Idéologique, dans la mesure où la gauche radicale s’est convertie au multiculturalisme, et veut elle-même voir dans le voile l’étendard privilégié de la diversité – à tout le moins, en Occident.

Mais la violence de la répression est telle en Iran qu’elle doit se positionner publiquement.

 

Que faire face à un régime qui, depuis plus de quarante ans, a fait du voile le symbole de son emprise sur le corps des femmes, qu’il fallait mater, pour les ramener dans le giron de la culture islamique?

Que faire face à un régime qui pousse la répression jusqu’à la violence meurtrière?

Mais, surtout, cet argument «progressiste» instrumentalise la dénonciation de l’imposition du voile islamique dans les pays musulmans pour condamner par effet de retour la laïcité française.

Son imposition comme son interdiction seraient moralement équivalentes. Plus encore, il vient normaliser le voile en France.

Ce discours s’inscrit dans une logique qui est objectivement celle de la collaboration.

l’islam, qui s’est installé et s’installe en Occident au fil de nombreuses vagues migratoires, fait du voile un marqueur explicite de conquête politico-culturelle et d’occupation du territoire.On pourrait corriger de manière assez scolaire cet argumentaire, négligeant la différence de civilisation entre les pays forgés dans la matrice chrétienne et ceux forgés par l’islam Les premiers ont élaboré, au fil de l’histoire, la figure de la personne et, plus récemment, de l’individu – sans se confondre, elles appartiennent au même univers anthropologique. Les seconds font de la soumission ostentatoire à une morale communautaire religieusement prescrite un principe fondamental de l’ordre social.

Mais mieux vaut répondre à cet argument politiquement: l’islam, qui s’est installé et s’installe en Occident au fil de nombreuses vagues migratoires, fait du voile un marqueur explicite de conquête politico-culturelle et d’occupation du territoire.

Il permet à la fois de marquer l’appartenance des femmes au communautarisme musulman et de les transformer en panneaux réclames d’une idéologie conquérante, qui n’entend pas se plier aux mœurs de la France, mais plier la France à ses mœurs.

Loin de représenter une forme de pudeur morale évoquant celle de nos grands-mères, il symbolise l’exhibitionnisme identitaire et l’exhibitionnisme de la vertu.

Voyons les choses à la hauteur de l’histoire.

Cette querelle est peut-être révélatrice, finalement, d’une forme de névrose idéologique à gauche. Après avoir poussé la déconstruction de la civilisation occidentale jusqu’à se laisser hypnotiser par une forme de nihilisme culminant dans la négation de l’identité sexuelle, une partie de la gauche s’apprête, sans même s’en rendre compte, à se donner au grand autre qu’est l’islam, pour l’embrasser et pour s’y fondre.

Devant le vide, elle réclame le trop-plein extérieur, la puissance venue de loin pour redonner vie à sa fluidité identitaire qui rend l’âme flasque.

Ainsi, une partie de la gauche espère enfin expier les péchés coloniaux et néocoloniaux qu’elle prête à notre civilisation, dans un acte de soumission qu’elle assimilera jusqu’à l’humiliation à un acte de libération.

https://www.lefigaro.fr/vox/monde/mathieu-bock-cote-le-voile-comme-symbole-politique-20220923

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20 Commentaires

  1. Le foulard porté par les Françaises à une époque, n’avait rien d’une obligation, et n’était pas un symbole religieux.
    D’ailleurs, on avait également des actrices américaines qui mettaient un joli petit foulard de couleur dans ces vieux films aux couleurs effacées. C’était la mode.

  2. C’est un massif des Monédieres. Je n’ai jamais visité le musée Chirac, qui est déficitaire en visiteurs. Un peu comme la tombe de Jarnac, ou presque aucun pèlerin ne passe. Pour Mitterrand, ils auraient dû graver cette épitaphe :

    La rose est bien fanée
    Et restent les épines
    Son parti condamné
    Ne paye plus de mine.

  3. Nos grands-mères ne mettaient pas de voiles. Sauf lors des obsèques, ce qui permettait de dissimuler les larmes -ou les sourires radieux !Nos grands-mères mettaient des chapeaux, objets de toutes les coquetteries.

  4. La gauche n’est qu’un ramassis de pourris imbéciles, dictateurs, dont le seul et unique but est la destruction totale de notre pays par l’islam.
    Alors on ne critique surtout pas un pays qui impose l’islam, même s’il assassine des masses de sa population.
    Ces gauchistes devraient être fusillés sur le champs, tous. L’Islamofrance redeviendrait la France.

  5. Sur les plateaux de Corrèze, il y a fort longtemps, des foules de femmes travaillaient dans les champs, un foulard sur la tête, (on disait un fichu en ce temps-là). Elles ne l’ôtaient que sur les coups de 19 heures, lorsque sonnait l’angélus, par respect. À Tulle où j’ai vécu une partie de ma vie de 1962, jusqu’en 1968, zéro mosquée. Aujourd’hui des mosquées à Tulle, Brive, Ussel, Rosiers-d’Égletons, etc! Ils sont partout! Un véritable cauchemar.

      • Magnifique carte postale. Les Monédieres, souvenir d’enfance, quand nous allions voir le Bol d’Or, course cycliste où l’on pouvait apercevoir les vedettes d’alors. Chaumeil, fief de Jean Ségurel, accordéoniste de renom. J’ai un petit souvenir à ce sujet. Revenant en permission de l’Armée chez mes parents et faisant du stop, je suis tombé sur un élève de Jean Ségurel, qui, pour gagner sa vie en dehors des bals, entretenait les systèmes des sonneries de cloches. J’ai dû le suivre sur sa tournée et faire les clochers de Seilhac à Tulle. Je suis arrivé à bon port mais un peu tard!

        • @Argo

          J’aime beaucoup également les Monédières. Le Suc-au-May, c’est là bas, non ? En revanche, quelqu’un a-t-il visité  » le musée du Président à Sarran ?

    • @Argo

      Depuis quelques années, je constate l’arrivée de « migrants » à Périgueux. Ils traînent le soir en bandes… que des hommes, évidemment.

    • Vous l’avez dit un véritable cauchemar et parfois on a l’impression de perdre pied, je n’aurais jamais imaginé vivre ça un jour et on peut aller dans les coins les plus reculés de France, ils sont partout, nous sommes complètement envahis et au cœur de notre France profonde.

  6. Dalil Boubakeur, ancien recteur de la mosquée de Paris le disait lui-même, l’islam est un système politique bien plus qu’une religion, il était bien placé pour le savoir.

    •  » Un système politique d’agression, d’affrontement… » Même si je ne m’en souviens plus textuellement, tels étaient en substance les propres mots de Boubakeur. Je crois me souvenir que c’était en 2011, sur BFM,et que Bourdin, fort marri, lui avait promptement coupé la parole : » Je vous sens dépassé, monsieur Boubakeur… »

      • Toujours est-il qu’il avait bien quitté l’islam, il était devenu apostat, pourquoi, je ne l’ai jamais su, il était bien naguère au cœur de ce système politique sous couverture religieuse.

  7. Certains ont eu le culot de le comparer au foulard des femmes des années 60 qui lui, était au contraire une marque de féminité, d’esthétisme et de séduction par les couleurs, la matière, etc… choisies. Pour les religieuses catholiques c’est un uniforme pour marquer l’appartenance à leur communauté qui a aussi « son » sens propre mais qui n’a pas le sens du « rejet » bien au contraire d’autant que cela fait bien partie de « notre » culture.

    Tous leurs arguments qui détournent le sens n’ont aucune valeur, dans le « fond », il y a une « violence faite à l’Autre ».

    C’est juste une position facile pour noyer le problème de fond qui montre que deux cultures aussi différentes n’ont pas la capacité à vivre ensemble en dehors d’une intégration et d’une assimilation voulues des nouveaux arrivants.

  8. « symbole de son emprise sur le corps des femmes, qu’il fallait mater »

    C’est cela en « premier » lieu, un problème de relations hommes/femmes donc un problème individuel propre à une Culture donnée. Une femme, en France, n’a pas à couvrir son corps de cette manière juste parce qu’elle est femme. C’est une négation pure et simple de notre Culture et de ses valeurs.

    De plus, on oublie un peu trop souvent que le vêtement a une valeur « sociale » et donc fait partie de la relation à l’Autre et au respect qui lui est dû. Adopter une tenue dans une culture où l’on vit qui n’a rien à voir avec ladite culture et ses valeurs, est proprement une insulte agressive envers ses habitants et une manière de dire qu’on n’en fait pas partie.

    C’est tout ce problème de « fond » que l’on devrait aborder quand on parle du voile, que les politiques devraient aborder au lieu de se cantonner exclusivement à l’aspect politique et religieux (qui est aussi) du problème. Cette logique limitée à une position de « rivalité » avec une religion est responsable de toutes ces errances idéologiques, y compris politiques françaises.

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