Antisémitisme musulman : le syndrome du plagiaire ?

 

Antisémitisme en islam : la discrimination à l’égard des juifs a été une nécessité pour fonder une religion nouvelle car en empruntant aux juifs une majorité des textes et des pratiques de leur secte, les premiers adeptes de l’islam se devaient de marquer leur différence en accusant leurs prédécesseurs de les avoir falsifiés.  Si une même malédiction semble frapper tous les mécréants, les juifs se voient donc accusés plus sûrement que d’autres d’avoir causé la colère d’Allah (dans la « Fatiha »1, 7), et d’apporter « la corruption sur la terre » (5, 32). Les hadiths et la Sîra viennent renchérir en évoquant leur trahison du pacte contracté à Médine avec le Prophète. A ce titre, les juifs ont mérité les pires châtiments ici et dans l’au-delà.

Le substrat coranique

La dette

Le Coran est composé à 90% de textes juifs et chrétiens : Ancien testament, Nouveau testament, les Apocryphes, la littérature rabbinique, la Michna et le Talmud[1]. Un spécialiste arabophone du Coran propose même de voir, dans le rédacteur principal, un rabbin défroqué dont l’arabe ne serait pas la langue maternelle mais l’hébreu ! [2]  Ces emprunts indéniables à la culture juive se manifestent par des récits repris à l’identique comme par l’emploi de termes précis : certains mots du Coran ne se comprennent pas en arabe mais en hébreu. Quant aux personnages, on compte 136 mentions de Moïse dans plus de 30 sourates, devant Abraham (69 mentions) et les 4 mentions douteuses de Mahomet[3]. Allah s’attarde sur la confrontation de Moïse avec le Pharaon (sourate 7, sourate 26…). A plusieurs reprises, Allah s’adresse, directement aux « Enfants d’Israël » comme si le premier état du texte leur était destiné (2, 40 et 47, 83 à 86 ; 2, 122 ; 5, 12, 17 ;  17, 2 à 8 ; 7, 137 ; 45, 16 ; …). C’est eux qu’Allah a sauvés de l’esclavage en Egypte, pour eux qu’il a entrouvert la mer (7, 138 ; 10, 90), sur eux qu’il a fait choir « la manne et les cailles » (20, 80). C’est à eux seuls qu’Allah a promis des terres « Et les gens qui étaient opprimés, Nous les avons fait hériter des contrées orientales et occidentales de la terre que Nous avons bénies.( 7, 137) « Nous avons établi les Enfants d’Israël dans un  endroit honorable (10, 93). « Ô mon peuple! Entrez dans la terre sainte que Dieu vous prescrite.« (5, 21). Le Coran affirme que Dieu a élu le peuple juif : «Ô Enfants d’Israël, rappelez-vous mon bienfait dont Je vous ai comblés, (Rappelez-vous) que Je vous ai préférés à tous les peuples »(2, 47 et aussi 2, 122 ; 45, 16), ce favoritisme se déclare sans ambages : «  A bon escient, Nous les choisîmes parmi tous les peuples de l’univers » (44, 32). « Nous avons  effectivement apporté aux Enfants d’Israël le Livre, la, sagesse, la prophétie et leur avons attribué de bonnes choses, et les préférâmes aux autres humains.» (45, 16).

Une constatation interroge de manière troublante : Allah manifeste son intérêt pour un peuple, les « Enfants d’Israël« … mais ne fait nulle mention dans le Coran, prétendûment destiné aux Arabes, d’un peuple des «Enfants d’Ismaël» qui serait le peuple arabe, issu d’Abraham et de sa servante.[4]

Salir les créanciers

Pour les arrangeurs du texte coranique, le plagiat des textes religieux précédents était une commodité et une gêne. En effet, ils pouvaient espérer gagner à la religion nouvelle les adeptes des monothéismes dont ils avaient reproduit les textes. Pour accréditer la fable faisant d’Allah le même dieu que Yahvé, on trouve évoqués des épisodes de la Bible. A noter, cependant que les rédacteurs du Coransemblent avoir eu à leur portée davantage de textes apocryphes, dont l’origine humaine est connue (comme la Michna ou le Talmud, écrits par des rabbins), que les textes canoniques. Il est alors difficile d’admettre qu’Allah plagie ses propres commentateurs humains. Mais ceux qui ont collecté et agencé le Coran ne se sont pas arrêtés à de tels scrupules, n’ayant sans doute pas une haute idée du sens critique de leur auditoire. Ils ne se ont guère inquiétés des incohérences d’Allah. C’est ainsi que subsistent, à côté de passages qui peuvent laisser croire à une certaine ouverture envers juifs et chrétiens, des condamnations sans appel pour ceux qui ne dévient pas de leur ancienne foi pour rejoindre le Prophète . Tout en récupérant les textes du judaïsme, on accuse les juifs de les avoir falsifiés. La logique du Prophète est que pour être fidèles à leur vraie religion, les juifs (et les chrétiens) doivent abandonner leur ancienne croyance au profit de l’islam.  Les juifs auraient rompu leur pacte privilégié avec leur dieu, ce qui en en fait désormais des réprouvés. Le Coran prétend être un « rappel » à l’ordre destiné à ceux qui ont oublié leur propres textes ; par ce tour de passe-passe, si on découpe habilement le texte de certains versets, juifs et chrétiens paraissent près d’être accueillis par l’islam  :  «Soyez juifs ou chrétiens, vous serez dans la bonne voie »(2,135) (ce qui est bien commode  pour faire accroire à une tolérance de l’islam). Mais cette « bonne voie » implique la conversion à l’islam : « Alors,s’ils croient à cela même à quoi vous croyez, ils seront certainement sur la bonne voie. Et s’ils s’en  détournent, ils seront certes dans le schisme ! » (2, 137). «  Ceux des Enfants d’Israël qui n’avaient pas cru ont été maudits par la bouche de David et de Jésus fils de Marie, parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. »(5, 79)

A côté de tels passages, en apparence conciliants, la malédiction frappe les juifs de la bouche même d’Allah, qui reproche à ses anciens favoris leur ingratitude dès lors qu’ils ne suivent pas Mahomet (mais Allah n’avait donc pas tout prévu ?) : « Tu trouveras certainement que les juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants « (5, 82) (pour mieux enfoncer les juifs , ce verset épargne exceptionnellement les chrétiens, censés ici être « plus disposé à aimer les croyants »).

Le fait que les juifs soient les premiers à avoir reçu un Livre, en fait des prédécesseurs enviés et d’autant plus coupables de ne pas suivre Mahomet : « L’image de ceux qui ont été chargés de la Torah et qui, par la suite, ne s’en chargèrent point est à la ressemblance de l’âne chargé de livres. Combien détestable est l’image de ce peuple qui traite nos versets de mensonges ! Allah ne dirige point le peuple des Injustes.» (62, 5). Ils sont à combattre, justement parce qu’eux, ont le Livre : «Combattez ceux qui ne croient point en Allah ni au Dernier Jour, qui ne déclarent pas illicite ce qu’Allah et son Apôtre ont déclaré illicite, qui ne pratiquent pas la religion de Vérité, parmi ceux ayant reçu l’Écriture ! Combattez-les jusqu’à ce qu’ils payent la jizya, directement et alors qu’ils sont humiliés.» (9, 29). Ce Livre que les musulmans n’ont pas encore, leur fait défaut face aux « Gens du Livre »[5], plus à même qu’eux de produire une argumentation théologique. Eux n’ont pas encore leur Livre, le Coran (= « Récitation ») ne se révélant à eux, que par bribes et oralement. Il faut donc discréditer les théologiens juifs, habiles à la dispute : « Il en est  parmi les juifs qui détournent le mots de leur sens (…) tordant la langue et attaquant la religion . » (8, 46).

Certains passages du Coran alimentent, de plus, une imagerie naïve qui déshumanise les juifs, ou, du moins ceux d’entre eux, qui auraient enfreint leur propre loi juive (respect du Sabbat, qui n’est pas une règle musulmane !) : « Vous avez sûrement eu connaissance de ceux des vôtres qui transgressèrent le Sabbat. Nous leur dîmes : « Soyez des singes abjects ! » »(2, 65 ; 7:166) ou bien encore « Dis : « Puis-je vous informer de ce qu’il y a de pire en rétribution auprès d’Allah ? Ceux qu’Allah a maudits, sur qui Il a déversé Sa colère, et dont Il a fait des singes, des porcs, et ceux qui adorèrent le[6].»(5:60). Si l’exégèse contemporaine s’efforce, en Occident, de nous dire qu’il faut attribuer ces métamorphoses à quiconque se rebelle contre Allah, en voulant nous persuader que ce sont là d’innocentes métaphores[7], ces images bestiales n’en demeurent pas moins gravées dans l’inconscient collectif musulman comme des anathèmes spécifiques contre les juifs.

Mahomet et les juifs

D’après la biographie de Mahomet (Sîra et hadiths) telle qu’elle est présentée dans la tradition musulmane, Mahomet, chassé par ses compatriotes de La Mecque, aurait trouvé refuge à Médine (Yatrib) où il fut accueilli, avec ses premiers disciples, par les tribus locales, principalement trois tribus juives : les Banû Qaynuqâ‘, les Banû Nadir, les Banû Qurayza. Il ne parvint pas à les persuader qu’il apportait une Révélation supérieure à leur religion. Alors Mahomet les élimina, perpétrant ce qui pourrait être qualifié de premier génocide anti-juif contre les Banû Qurayza : tous les hommes furent massacrés ainsi que les petits garçons pourvus de poils pubiens, le reste fut réduit en esclavage. Mahomet assiégea ensuite ceux des juifs qui avaient trouvé refuge à Khaybar. Le soir même de sa victoire, alors qu’ il venait de torturer Kinana ibn al-Rabi,  pour lui faire avouer où était le trésor de la citadelle, Mahomet mit dans sa couche sa veuve, la juive Safiyya. D’après certains hadiths, Mahomet aurait plus tard péri empoisonné par une viande que lui aurait servie une juive de Khaybar. « Je continue à ressentir la douleur causée par ce que j’ai mangé à Khaybar. Et maintenant, il me semble que c’est le moment où ma vie est arrachée à cause de ce poison. » (Bukhari 2617). Même s’il s’agit là d’affabulations, il faut comprendre que ces récits sont rapportés par la tradition musulmane comme des épisodes valorisants de la vie du Prophète et qu’ils constituent une incitation à partager sa vision des juifs et à l’imiter dans sa conduite envers eux car il est, en tout, le Beau Modèle (33,21).

Les vieux mythes repris en terre d’islam

Les meurtres rituels

Depuis des siècles court la légende des meurtres rituels accomplis par les juifs. Ils enlèveraient des enfants non-juifs, les immoleraient et mêleraient le sang des victimes à la recette de pains azymes pour la Pâque.

Représentation d’un « meurtre rituel », cathédrale de Sandomietz, Pologne ( XVIIIe siècle).

Les juifs maîtres de la finance capitaliste

La légende prendrait source dans l’écrit d’un avocat bordelais du XVIIe siècle, qui attribue aux juifs l’invention de la lettre de change et de l’assurance maritime[8]. Il est certain que ces procédés facilitèrent les échanges commerciaux internationaux, et que ceux qui vivaient du commerce et non de l’exploitation des terres, en ont été bénéficiaires. Parmi eux, les juifs interdits dès la fin du XIIe siècle en Europe, « de posséder des terres chrétiennes, exclus du travail manuel, exclus du travail manuel, évincés des corporations d’artisans et de commerçants, et tenus à l’écart des fonctions publiques. Ils se tournent donc vers le prêt à intérêt et l’usure, souvent pour alimenter une clientèle peu fortunée, ou vers les domaines intellectuels ou scientifiques comme la médecine »[9]. L’interdiction de l’usure inscrite dans le Coran (2, 278-279 ; 3, 130 ; 30, 39) vient corroborer l’accusation de cupidité concernant les juifs. Pour un public ainsi préparé, la convergence des luttes anti-juive et anti-capitaliste est ainsi scellée, sans trop de dépense argumentative.

Le juif répugnant par essence

Affiche de l’exposition « Le Juif éternel » à Munich en1937, conçue par Hans Stalüter, sous le pseudonyme de « Horst Schlüter »

Pierre-André Taguieff a répertorié les « mythes répulsifs concernant le peuple juif essentialisé et, partant, déshistoricisé (comme l’atteste la référence à l’entité abstraite nommée « le Juif »), les récits d’accusation permettant de déshumaniser les Juifs de diverses façons : animalisation, démonisation, pathologisation, réification et criminalisation. »[10] On pourrait ajouter que Le Juif, lui-même impur, agit avec les armes impures des faibles, il « sème la corruption »[11] au sens physique, moral et politique : à lui, le mensonge, le secret, la magie noire, le poison. Non contents d’empoisonner les puits et les gens ( voir plus haut la fin de Mahomet), les juifs empoisonneraient aussi le corps social par leur seule présence, suscitant révoltes et révolutions. Ainsi seraient-ils à l’origine de la Révolution russe qualifiée de « judéo-bolchévique » par les nazis. Mais Le Juif des anciens mythes, n’est pas dangereux par ses propres forces : disgracié de naissance, dévirilisé, s’il incite les autres au combat, il est lui-même incapable d’être un soldat. Il est donc l’éternel errant sans armée, l’éternel vaincu qui se lamente, il a d’ailleurs un Mur pour cela…

Les best-sellers de l’antisémitisme en terre d’islam

Les Protocoles des Sages de Sion

Les Protocoles des Sages de Sion sont censés être la transcription des paroles des sionistes, réunis lors de leur premier congrès organisé en 1897, à Bâle, par Theodor Hetzl. Les juifs eux-mêmes y révèlent leur plan secret (!) pour gouverner le monde : « Par la violence, la ruse et la corruption, nous établirons notre domination sur tous les peuples de la terre. Les goyim[12] ne comprendront jamais le pouvoir que nous exercerons dans l’ombre. » En 1921, ce canular a été éventée par des enquêtes journalistiques en Occident, comme celle parue dans le Times. Ce texte a d’abord été une fabrication des services secrets russes pour décrédibiliser les opposants juifs au régime tsariste : c’est un montage de plagiats, intégrant notamment un pamphlet de Maurice Joly visant…Napoléon III[13]. Cela n’a pas empêché les antisémites de le prendre au pied de la lettre depuis la fin du XIXe siècle. La première traduction en arabe des Protocoles des Sages de Sion  a été publiée au Caire en 1925, suivie d’une édition à Jérusalem en 1926. Ces premières traductions, issues d’une version française, ont été réalisées par des Arabes chrétiens et ont initialement connu une diffusion marginale dans le monde arabe… avant d’y devenir une référence absolue. Par exemple, en 1929, Le Grand Mufti de Jérusalem a cité les Protocoles lors de sa comparution devant la commission Shaw[14], accusant les sionistes d’être ceux qui ont attaqué les Arabes et non l’inverse. En 1958, Nasser, alors président égyptien, a recommandé la lecture des Protocoles affirmant qu’ils démontraient que « 300 sionistes […] gouvernent le destin du continent européen » ! En 2002, la télévision égyptienne diffusa Les Protocoles ds Sages de Sion sous forme d’un feuilleton de 41 épisodes pendant le Ramadan ; ce gros succès fut vendu à 17 autres chaînes islamiques. En 2003, ce fut le tour de la Syrie et du Hezbollah, qui réalisèrent leur version des Protocoles en 29 parties, dont une séquence montrant le meurtre rituel d’un jeune garçon filmé en gros plan, images propres à traumatiser à vie les jeunes téléspectateurs …[15]

Mein Kampf

Les éditions de « Mein Kampf » sont partout répandues dans le monde musulman. L’ouvrage a été traduit à plusieurs reprises depuis le début des années 1930, sous le titre « Kifāḥī ». Une difficulté s’est présentée en raison de l’antisémitisme d’Hitler qui n’exceptait pas les Arabes dans son mépris des races « inférieures ». Il y eut donc occultation des passages dépréciatifs envers les Arabes dans beaucoup de copies. Certains s’en étaient rendu compte en Egypte. En 1937, Hamid Maliji, un procureur égyptien écrivit : « Amis arabes […] Les copies en arabe de Mein Kampf, distribuées dans le monde arabe, ne sont pas conformes à l’édition originale en allemand car les instructions données aux Allemands nous concernant ont été supprimées. De plus, ces passages ne révèlent pas sa [Hitler] véritable opinion nous concernant. Hitler affirme que les Arabes sont d’une race inférieure, que l’héritage arabe provient d’un pillage des autres civilisations, et que les Arabes n’ont ni culture ni art, ainsi que d’autres insultes et humiliations qu’il déclame contre nous. [16]» L’édition de 1938 a donc omis le passage classant les Arabes au 14e rang sur l’échelle raciale [17] ,mettant en veilleuse la suprématie de la race aryenne. L’ouvrage est aujourd’hui dans les vitrines, chez les marchands de journaux. On en trouve dans le paquetage des combattants anti-israéliens, sans doute plus comme un talisman que comme objet d’étude[18]. De nos jours, des exemples attestent de la présence de Mein Kampf chez les terroristes de Gaza.[19]

Les grands ordonnateurs

Haj Amin Husseini (1895-1974), issu d’une des plus puissantes familles de notables arabes de Jérusalem, (alors sous domination britannique après avoir été sous domination ottomane), a attisé chez les musulmans la haine anti-juive, dès les années 20. Il a forgé le nationalisme arabe «palestinien », bien avant la création de l’Etat d’Israël, suscitant les pogroms de 1920, puis de 1929, puis la grande révolte arabe de 1936-1939 contre l’occupation britannique et l’établissement des juifs en Palestine. Grand mufti de Jérusalem dès 1921, il fut le fonctionnaire le plus puissant de la Palestine sous mandat britannique.

Dès 1933, Husseini affirma son soutien à la « politique juive » des nazis et s’engage « à faire de semblables efforts contre les Juifs dans l’ensemble du monde islamique »[20]]. En exil entre 1937 et 1945, il s’est allié avec les nazis pour en finir avec la présence juive en Palestine. Il visait également à devenir le leader des Arabes et du monde musulman. Installé à Berlin en 1941, il demanda à Hitler une déclaration promettant l’indépendance des états arabes sous une domination musulmane et empêchant toute création d’un foyer juif. Le 28 novembre 1941, lors d’une réunion couverte par la presse allemande, Hitler n’accéda pas publiquement à ces demandes, tout en manifestant son soutien au Mufti à propos la lutte contre les juifs

Le grand Mufti et Hitler à Berlin, le 28 novembre 1941.

En février 1943, Le Grand Mufti est intervenu dans la création; par Himmler, de la division de Waffen-SS « Handshar » composée principalement de musulmans bosniaques [21]. Le Mufti rédigea à leur intention une brochure intitulée « L’islam et la juiverie » où il rappelait les versets du Coran pour présenter les juifs comme des ennemis historiques de l’islam, il remontait aussi aux hadiths accusant les juifs de Médine de trahison et légitimant leur élimination par Mahomet (cf. plus haut). Il déclara devant les recrues musulmanes : « Le Reich mène le combat contre les mêmes ennemis, ceux qui ont spolié les musulmans de leur pays et anéanti leur foi religieuse en Asie, en Afrique  et en Europe. L’Allemagne est la seule grande puissance qui n’a jamais attaqué un pays musulman. L’Allemagne national-socialiste lutte contre la juiverie Mondiale ; Comme le dit le Coran : « Tu apprendras que les juifs sont les pires ennemis des musulmans » (cf. plus haut, 5, 82)). Les principes de l’islam et ceux du nazisme présentent de remarquables ressemblances, en particulier dans l’affirmation de la valeur du combat et de la fraternité d’armes, dans la prééminence du rôle du chef, dans l’idéal de l’ordre. Voilà ce qui rapproche étroitement nos visions du monde et facilite la coopération. Je suis heureux de voir dans cette division de Waffen-SS composée de musulmans, l’expression visible et la mise en pratique de nos deux visions du monde »[22]

Amin al-Husseini passe en revue les troupes de volontaires bosniaques engagés dans la Waffen SS le 13 janvier 1944. (AFP ARCHIVES / AFP)

De plus, certains éléments portent à croire que Husseini ne joua pas seulement un rôle de comparse dans la mise en place de la « Solution finale », mais qu’il en fut l’un des principaux instigateurs, dans son obsession d’éviter l’arrivée de réfugiés juifs en Palestine. La pression exercée par le Mufti pour que les nazis optent plutôt pour l’extermination figure dans les dépositions recueillies au procès de Nuremberg ; le Mufti se serait même rendu à Auschwitz[23].

Les Allemands avaient installé le Mufti dans le luxe d’une villa de Berlin-Zehlendorf et où il percevait une généreuse allocation mensuelle pour ses frais de logement, ses activités politiques et ses loisirs. Il appelait à la radio à une révolte arabe contre la Grande-Bretagne et à la destruction des colonies juives en Palestine. Selon ses discours, la politique des États-Unis et du Royaume-Uni était contrôlée par les juifs… de même que « les communistes impies »de l’URSS. Husseini  appelait les Arabes à tuer les juifs partout où ils se trouvaient car ils étaient « les ennemis des musulmans les plus irréconciliables ». Son audience fut considérable, y compris en Iran, où un certain Khomeyni écoutait ses programmes en langue farsi presque tous les soirs[24]. Lorsqu’au printemps 1943, des négociations avaient été entamées entre belligérants sous l’égide de la Suisse et de la Croix rouge internationale, pour mettre des enfants juifs en sécurité en Palestine, Husseini se déploya pour qu’ils soient envoyés en Pologne, où ils seraient « soumis à un contrôle plus strict », c’est-à-dire vraisemblablement envoyés à la mort [25]. Jamais jugé, il continua, après la Deuxième guerre mondiale, à s’opposer aux demandes sionistes d’un Etat juif en Palestine. Il rejeta le plan de partage des Nations Unies en 1947, et la création en 1948 de l’Etat d’Israël. Il continua à produire et à diffuser de la propagande anti-sioniste, anti-juive et anti-Israël jusqu’à sa mort, à Beyrouth, au Liban, le 4 Juillet 1974. Il est toujours admiré comme un héros parmi les Palestiniens musulmans. Il est le fondateur incontesté du national-islamisme palestinien.

Hassan al Banna (1906-1949), fut le fondateur de la Confrérie des Frères musulmans en 1928. L’objectif est clair : « La bannière de l’islam doit couvrir le genre humain », l’autorité à rétablir est celle du « grand califat islamique», la devise : « Dieu est notre but, le Prophète notre chef, le Coran notre constitution, le djihad notre voie, le martyre notre plus grande espérance ». Les Occidentaux sont l’ennemi à vaincre, juifs et chrétiens, mais les pires d’entre eux sont « les juifs » et « les sionistes ». L’influence d’Hassan al-Banna fut immense sur al-Qaida et sur l’Etat islamique.

Sayyid Qutb (1906-1966), cet Egyptien, membre des Frères musulmans, qui publia au début des années 1950, Notre combat contre les Juifs a fourni un texte de référence à la plupart des mouvements islamistes. Il ne s’embarrassait pas de nuance entre antisémitisme, antijudaïsme ou antisionisme : il s’agit de créer un état appliquant strictement la charia, tout autre choix est de la Jahiliya, la voie de l’ignorance telle qu’elle régnait avant l’islam. Dans son commentaire de la sourate 5 du Coran, il fait des juifs le coeur de cible du djihad : « Depuis les premiers jours de l’islam, le monde musulman a toujours dû affronter des problèmes issus de complots juifs. (…) Leurs intrigues ont continué jusqu’à aujourd’hui et ils continuent à en ourdir de nouvelles. »[26] Or il s’est formé une « conspiration judéo-chrétienne contre l’islam », « le combat libérateur du djihad ne prendra pas fin tant que la religion d’Allah ne sera pas la seule ». Même le nationalisme arabe lui paraissait détourner les musulmans de cet enjeu central. Il fut pendu pour cette raison sous le pouvoir nassérien.

Yasser Arafat  En 1948 Le jeune Yasser Arafat, celui qui, quoique né au Caire, s’est toujours prétendu « palestinien », était un grand admirateur d’Haj Amin Husseini avec lequel il avait une parenté lointaine. Arafat fonda le Fatah (1959) puis dirigea l’OLP (qui englobait plusieurs mouvements dont le Fatah). Arafat réalisa une sorte d’amalgame entre l’islamisme jihadiste des Frères musulmans, le nationalisme arabe de type nassérien et le nationalisme palestinien jihadiste du Grand Mufti. Mais Arafat se distingua sur la scène internationale par sa stratégie : il fit de l’OLP, à l’heure où s’achevait la guerre du Vietnam, le mouvement qui succéda au Viêt-Cong comme le nouveau fer de lance de la lutte anti-impérialiste … et sut faire en même temps, de sa propre personne, le leader arabe combattant pour le « peuple palestinien », présenté comme le peuple plus opprimé de la Terre, tandis que le sionisme n’était qu’« un mouvement politique organiquement associé à l’impérialisme international. ». On le vit apparaître, à la tribune de l’ONU, une arme à la ceinture [27] : «Aujourd’hui, je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d’olivier tomber de ma main. Je le répète : ne le laissez pas tomber de ma main. » Cela est apparu comme une offre de paix. Cependant, dans une interview publiée le 11 février 1980 par le quotidien vénézuélien El Mundo (Caracas), le même Arafat précisait  : « La paix signifie pour nous la destruction d’Israël. Nous préparons une guerre totale, une guerre qui se poursuivra durant des générations. […] La destruction d’Israël est le but de notre combat  »[28] Par tactique vis-à-vis de ses soutiens pro-communistes, la haine religieuse est dissimulée lorsqu’Arafat s’exprime au niveau international,« sous les oripeaux laïques[29] » mais elle affleure dans d’autres circonstances. Dans un discours prononcé lors d’une rencontre avec une délégation des Palestiniens de Hébron, retransmis le 26 janvier 2002, par exemple : «  Oui, frères, avec nos âmes et avec notre sang nous te délivrerons, ô Palestine. […] Allah est grand ! Gloire à Allah et à son prophète ! Jihad, jihad, jihad, jihad, jihad ! […] Nous ne défendons pas la Palestine en tant que Palestiniens. Nous la défendons plutôt au nom de la nation arabe, au nom de la nation islamique ».

Le discours « de paix » de Yasser Arafat à L’ONU, en 1974

Cheikh Ahmed Yassine,  fut le fondateur du Hamas en 1987. Ce « Mouvement de la résistance islamique » est à la fois politique, militaire et religieux. Tout en reconnaissant sa filiation par rapport aux mouvements palestiniens précédents, le Hamas prétend déborder l’OLP, jugée trop modérée et pas assez nettement islamiste. En 1989, Khalil Koka, l’un des fondateurs du Hamas, exprimait sa vision  d’Israël : « Dieu a rassemblé les Juifs en Palestine non pas pour leur offrir une patrie, mais pour y creuser leur tombe et débarrasser le monde de leur présence polluante. »[30] La charte du Hamas cite le célèbre hadith (rapporté par Bukhâri et par Muslim):« L’Heure (du Jugement dernier) ne viendra pas avant que les musulmans n’aient combattu les Juifs (c’est-à-dire que les musulmans ne les aient tués), avant que les Juifs ne se fussent cachés derrière les pierres et les arbres et que les pierres et les arbres eussent dit : “Musulman, serviteur de Dieu ! Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le.” Un seul arbre aura fait exception, le gharqad [sorte d’épineux] qui est un arbre des Juifs ».  Le mouvement a acquis son influence par ses attaques violentes contre Israël et par des actions caritatives. Le mouvement apporte une aide matérielle aux familles de « martyrs » (personnes mortes dans le conflit), y compris des pensions pour les veuves et des soutiens éducatifs pour les enfants. La popularité du Hamas lui a permis de supplanter les autres mouvements politiques palestiniens, notamment le Fatah, si bien qu’ il a été porté au pouvoir par les Gazaouis en 2006. Le mode opératoire du Hamas comprend les attentats-suicides (surtout dans les années 1990-2000), les lancements de roquettes (systématique depuis 2001), les tunnels d’infiltration, la pose d’engins explosifs improvisés (EEI), les enlèvements d’otages. Le pogrom du 7 octobre 2023, perpétré en Israël sur des civils juifs, un jour de fête, constitue son attaque la plus spectaculaire.

L’expertise nazie

Johann von Leers (1902-1965), Cet admirateur inconditionnel d’Hitler, rémunéré par le ministre de la propagande du IIIe Reich, Goebbels, publia de nombreux ouvrages et articles, anima de nombreux séminaires pour démontrer que les juifs étaient des « sous-hommes », à la fois répugnants et redoutables. Il s’appuyait notamment sur Les Protocoles des Sages de Sion, pour étayer l’existence d’un programme juif de domination mondiale. « Qui combat la juiverie, celui-là accomplit l’œuvre du Seigneur [31] et mène le combat de Dieu (heilige Krieg) ». De là au djihad, il n’y avait qu’un pas que franchit Leeds, réfugié en Egypte dès 1955, au service du régime nassérien, puis converti à l’islam: « J’ai moi-même embrassé l’islam et accepté le nouveau prénom Omar Amin, Omar en référence au grand calife Omar qui fut implacable ennemi des juifs, et Amin en l’honneur de mon ami Haj Amin al Husseini, le grand mufti. »[32]  Il y en aut d’autres :, Wilhelm Böckler, ancien SS Untersturmführer, prit le nom d’Abd el Karim et travailla au département « Israël » du Bureau d’informations ; l’ancien SS Wilhelm Boerner, ex-gardien du camp de Mauthausen, devint Ali Ben Keshir, reprit du service au ministère de l’Intérieur égyptien, et fut notamment instructeur du Front de libération de la Palestine ; Erich Altern, ancien chef régional du SD (affaires juives en Galicie), devint Ali Bella et fut instructeur de combattants palestiniens ; l’ancien SS Gruppenführer Aloïs Moser se convertit et occupa un poste d’instructeur des mouvements paramilitaires de jeunesse au Caire ; Heinrich Sellmann, ancien chef de la Gestapo à Ulm, devint Hassan Souleiman et travailla pour les Services spéciaux égyptiens (contre-espionnage) ; Leopold Gleim, ancien commandant de la garde du corps de Hitler et chef du SD à Varsovie, se fit connaître comme le lieutenant-colonel Ali al Nashar, chargé des détenus politiques sur la mer Rouge, et s’employa à former les cadres des services de la sécurité d’État égyptienne…

Les nouveaux mythes

Les juifs bellicistes

Dès le lendemain de sa création d’Israël, les dirigeants arabes pensaient que le Foyer national juif serait facilement anéanti. Depuis que Mahomet les avait écrasés à Médine, les musulmans traitaient les juifs de « faibles et couards ». En 1948, avant l’invasion arabe, Azzam Pacha, secrétaire général de la Ligue arabe, avait déclaré : »Ceci sera une guerre d’extermination et un massacre retentissant dont on parlera comme des massacres mongols et des croisades. », « Nous allons jeter les Juifs à la mer. » Avant la Guerre des 6 jours, le 26 mai 1967, Nasser avait annoncé : « Notre objectif principal sera la destruction d’Israël. Le peuple arabe veut mener la bataille décisive… Nous voulons effacer Israël de la carte. ». Les  gouvernements arabes ont alors incité les habitants arabes de certaines zones (notamment en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans certaines parties de la bande de Gaza) à quitter temporairement leurs maisons, en leur promettant un retour rapide après la défaite d’Israël. (Ce furent les fameux « réfugiés »). Après les victoires répétées de l’armée d’Israël contre les coalitions arabes, et surtout après l’humiliation ressentie en 1967, le mythe du juif dévirilisé, incapable de se battre (cf. plus haut), a dû été révisé. Et même complètement retourné !

Le Juif est désormais décrit comme un conquérant impérialiste implacable. On retourne contre lui l’intention génocidaire clairement énoncée précédemment par les dirigeants arabes contre Israël. Toute riposte menée par l’armée israélienne, y compris en prévenant les civils avant les bombardements, est qualifiée de «génocidaire»… mais on fait mine d’ignorer la menace génocidaire contenue dans le slogan « From the river (le Jourdain) to the sea » qui implique la disparition de l’Etat juif (et de sa population), slogan repris à travers le monde, par tous les « antisionistes » Occidentaux qui le brandissent fièrement.

Manifestants anti-Israël au Canada 2023

Les juifs voleurs de terres

Dans un rapport envoyé de Jérusalem le 20 avril 1933, le consul général allemand Wolff affirmait que si les sentiments antijuifs n’étaient pas largement répandus dans la population arabe, ils étaient bien présents dans les classes sociales supérieures ainsi que chez les intellectuels, qui protestaient contre « l’immigration juive, l’achat de terres par les Juifs et le capital juif » . La haine contre les propriétaires terriens juifs serait donc venue d’en haut, en un temps où les juifs achetaient aux Arabes les terres que ces derniers leur vendaient. Le rêve d’une terre palestinienne « judenrein », non « souillée » par la présence juive, est au cœur de l’idéologie islamo-nationaliste des chefs palestiniens, que leurs organisations soient classées comme extrémistes (Hamas, Jihad islamique) ou « modérées » (Fatah)[33]. Un intense pilonnage de propagande a présenté les Arabes, qui pour beucoup avaient fui la Palestine sur le conseil des gouvernements arabes en 1967, comme de malheureux paysans spoliés, réfugiés de père en fils, éternels ayants-droits de la terre d’Israël. On ne dit rien cependant d’un épisode majeur de l’histoire juive : l’exil, entre 1945 et 1970, d’environ 900 000 juifs originaires de onze pays musulmans d’Afrique du Nord, du Proche-Orient et du Moyen-Orient – du Maroc et de l’Algérie à l’Égypte, la Syrie et l’Iran . Avant la création de l’État d’Israël en 1948, la Palestine mandataire abritait une population juive importante, représentant 17 % de la population totale. Cependant, la guerre de 1948 et les tensions qui ont suivi ont conduit à des déplacements de populations, modifiant la composition démographique de la région. Après 1948, pratiquement plus aucun juif n’est resté dans les territoires arabes contrôlés par les Palestiniens. Après sa victoire dans la Guerre des Six jours, Israël,  a occupé Gaza. En août 2005, sous l’impulsion d’Ariel Sharon, Israël, pourtant vainqueur, a décidé de retirer ses troupes et ses colons de la bande de Gaza, contraignant de force 8000 juifs à quitter les lieux. Depuis, n’y a plus d’habitants juifs dans la bande de Gaza, non plus.

L’ « apartheid » israélien

Il y a aujourd’hui 20% d’Arabes, pour la plupart musulmans, en Israël. Les Arabes musulmans en Israël sont citoyens avec des droits similaires aux citoyens juifs. Des partis politiques arabes siègent à la Knesset (par exemple Ra’am, Balad, Hadash). Certains Arabes musulmans ont été juges à la Cour suprême d’Israël ou ont exercé d’importantes fonctions publiques. Les politiciens arabes ne cessent néanmoins d’accuser Israël de pratiquer un « apartheid ». Voici 10 minutes de témoignage d’une arabe israélienne musulmane ; elle a tenu à dire que, selon son expérience, les droits des citoyens musulmans sont les mêmes que ceux des juifs israéliens contrairement à la propagande des milieux arabes hostiles aux juifs, milieux qu’elle connaît bien, puisqu’elle en elle est issue :

https://youtu.be/o_zIQXFb4G4

Les délires pseudo-historiques

Négationnisme et invention d’une Histoire fantasmée  vont bon train de la part des autorités musulmanes. Au premier rang, l’Holocauste est tantôt nié, tantôt minimisé, tantôt encensé. En 1964, Nasser affirmait tranquillement : « Le mensonge des six millions de juifs tués n’est pris au sérieux par personne.»[34] Dans un grand journal publié au Caire en 2002, on lit : «En ce qui concerne l’escroquerie de l’Holocauste, de nombreuses études françaises montrent que ce n’est rien de plus qu’une invention, un mensonge et une fraude », l’auteur ajoute : « Mais personnellement je me plains auprès d’Hitler et je lui dis du fond du cœur : « Si seulement tu l’avais fait, frère… »[35] Et l’on rencontre la même attitude à l’université islamique de Gaza ![36]Tandis que les livres scolaires ne mentionnent pas Israël sur les cartes, que les livres d’histoire n’en disent pas davantage, les dirigeants les plus haut placés substituent sans vergogne d’anciens arabes « palestiniens »  aux juifs dont la présence ancestrale est pourtant attestée dans la région par tous les spécialistes de l’Antiquité. Le 25 octobre 2015, interviewé sur la chaîne israélienne Arutz 2, l’actuel grand mufti de Jérusalem, Sheikh Muhammad Ahmad Hussein (nommé en juillet 2006 par Mahmoud Abbas), a ainsi déclaré que la mosquée Al-Aqsa était construite sur un site qui existait « il y a trois mille ans, et il y a trente mille ans […] et depuis la création du monde  qu’il n’y avait jamais eu de temple juif ni de sanctuaire juif au sommet du Mont du Temple (…) C’est la mosquée Al Aqsa qu’Adam, la paix soit avec lui, ou lors de son époque, les anges ont construite ». Mahmoud Abbas , président de l’Autorité palestinienne, au Sommet de la Ligue arabe du 29 mars 2017 n’a pas craint d’affirmer : «  Les Palestiniens sont les descendants des Cananéens qui ont vécu en Palestine il y a 5 000 ans. », ni de le répéter au Conseil révolutionnaire du Fatah en décembre 2019 : « Nous sommes les Cananéens, et nous étions là il y a 5 000 ans, et nous continuerons de l’être jusqu’à la fin des temps. »

La menace sur les «Lieux saints» musulmans de Jérusalem

A partir du début des années 1920, la hantise des principaux meneurs arabes, à la fois panarabistes et antisionistes, est d’empêcher l’arrivée des juifs en Judée. Ces derniers la considèrent comme leur terre d’origine (Judée =« terre des juifs »). La Judée est dénommée Palestine depuis la diaspora décidée par l’empereur Titus en 70[37]. Après la Première guerre mondiale et la chute de l’empire ottoman, la région est placée sous mandat britannique. Pour mobiliser les émeutiers musulmans, leurs chefs agitent la menace que feraient peser les juifs sur les Lieux saints de l’islam. Ils prêtent aux juifs le dessein de transformer la mosquée Al Aqsa en synagogue pour y bâtir le Troisième Temple[38] . Depuis ce temps, le slogan « Al Aqsa est en danger », lancé en avril 1920 par le Grand Mufti de Jérusalem,suffit à déclencher les « Intifadas ‘ ( «rébellions ») successives et les attentats terroristes qui les accompagnent. La version actualisée du slogan est désormais « Par le sang on reprendra Al Aqsa », allant de pair avec le cri « Allahou akbar ». Mahmoud Abbas, en tant que président de l’Autorité palestinienne a ainsi déclaré en 2015 : « La mosquée Al Aqsa et l’église du Saint-Sépulcre sont nôtres. Elles sont entièrement nôtres, et ils [les Juifs] n’ont pas le droit de les souiller de leurs pieds sales ».

Un anti-judaïsme d’atmosphère en pays musulman… et quelques Arabes pour le dénoncer

Yoseph Haddad Arabe chrétien israélien, originaire de Nazareth. « Israël est mon pays. Mon combat est pour rendre Israël meilleur, pas pour le détruire. »

Mansour Abbas Politicien arabe israélien, musulman, leader du parti islamiste Ra’am. « L’État d’Israël a été fondé comme un État juif. C’est la réalité, et Ra’am la reconnaît. »

Amal Asad Druze israélien, général de brigade à la retraite dans Tsahal.

Mohamed Kabiya Bédouin israélien, volontaire dans l’armée de l’air israélienne. « Je suis un Bédouin, un Arabe et un fier Israélien. »

Lucy Aharish Journaliste arabe israélienne, musulmane, très célèbre en Israël. « Si vous niez mon identité israélienne, vous niez aussi mon identité arabe. »

Oumar Youssef Souleimane : Journaliste syrien, écrivain en langue française :

https://youtu.be/SjYMV8K8mDg

 

 

Tag à Carcassonne le 8 octobre 2023

En conclusion, l’engagement djihadiste, chargé d’antisémitisme, en faveur de la « cause palestinienne » n’est pas une conséquence de la création de l’État d’Israël, ni de son « colonialisme« , ni de son « racisme« …. Il précède la création d’Israël et se renforce en Orient à l’aide d’une propagande, en réalité pilonnée par des meneurs dès le début des années 1920. Tantôt panarabiste, tantôt faussement laïque, tantôt pan-islamiste, cette incitation à la haine antisémite se présente toujours comme le rappel d’un combat sacré contre les juifs, qui puise sa légitimité dans les textes de l’islam. L’Allemagne nazie et le nationalisme arabe sous-tendu par l’islam, ont pu ainsi nouer une alliance. Il s’en est suivi une lutte armée conjointe pour dénier aux juifs toute légitimité en Palestine. Après la défaite allemande, ce sont les pays arabes qui ont permis à l’antisémitisme militant de continuer à s’affirmer. Puis, pour trouver de nouveaux soutiens internationaux, le djihad contre le juifs a su voiler sa dimension première en s’affublant de rhétorique anti-impérialiste, tiers-mondiste, anti-raciste ou anticapitaliste. Dans les pays musulmans, une propagande islamiste simpliste a suffi : les juifs auraient déclaré la guerre à l’islam depuis Mahomet, il faut donc les anéantir. Par une inversion évidente, les idéologues musulmans ont projeté sur les juifs leur propre idéal de conquête par le djihad en vue d’établir un grand califat mondial. Une simple regard sur la carte montre, au contraire, que  l’existence d’un Foyer national juif, sur un espace extrêmement réduit, cerné de pays qui lui sont hostiles, est une réponse bien modeste à l’ampleur de la menace antisémite, telle qu’elle s’est concrétisée à travers l’Histoire,  passée comme récente.

 

Israël et ses voisins, in Proche-Orient – Moyen-Orient – Extrême-Orient  https://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/Proche-Moyen-Orient.htm

……………..

 

[1] Sami ALDEEB, « L’étude du Coran révèle son origine juive », 8 janvier 2016.  https://www.youtube.com/watch?v=Cz0Gxi-cTlg

[2] Ibid.

[3] Agathe RABIER, « « M.H.M.D. : y a-t-il quelqu’un derrière les 4 lettres de… Mahomet ? », in Résistance républicaine, 16/03/24.  https://resistancerepublicaine.com/2024/03/16/m-h-m-d-y-a-t-il-quelquun-derriere-ces-4-lettres/

[4]  Abraham aurait eu 2 fils : l’un, Ismaël, de sa servante, est censé être l’ancêtre des Arabes. L’autre fils, de sa femme, serait Isaac=Jacob. Quant à Israël, c’est le fils d’Isaac=Jacob , il est censé être l’ancêtre des juifs. Israël serait donc, non le frère, mais le neveu d’Ismaël et le petit-fils d’Abraham. « Enfants d’Israël« = peuple juif.

[5] Agathe RABIER, « Ô « Gens du Livre », savez-vous ce que l’islam dit de vous ? » , in Résistance républicaine,   02/07/2024.

[6]  « Tâghût »: rébellion contre Allah.

[7] Agathe RABIER, « Taqîya» : connaissez-vous l’islam confit dans la douceur ? », in Résistance républicaine, 15/10/2024 .  https://resistancerepublicaine.com/2024/10/15/taqiya-connaissez-vous-lislam-confit-dans-la-douceur/

[8] Francesca TRIVELLATO, Juifs et capitalisme, aux origines d’une légende, Seuil, 2023.

[9] Didier LETT, « Les juifs au Moyen-Âge, l’escalade de la persécution », National Geografic, 18/07/2024. https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2018/08/les-juifs-au-moyen-age-lescalade-de-la-persecution

[10] Pierre-André TAGUIEFF, L’antisémitisme, Chapitre VI : «Les grands mythes antijuifs », Que sais-je ?, 2002, p. 48 à 58. Mis en ligne le 21/02/2023.  https://shs.cairn.info/l-antisemitisme–9782715413146-page-48?lang=fr

[11] On peut voir se profiler les juifs derrière chaque occurrence du Coran où se trouve cette expression, même si les juifs ne sont pas les seuls « corrupteurs ». Ainsi, dans le verset souvent cité comme affirmant l’innocuité de l’islam mais qui, en réalité, commande le meurtre des « corrupteurs » : « C’est pourquoi Nous avons prescrit pour les Enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes … (5, 32).

[12] « Goyim » est le nom des non-juifs en hébreu.

[13] Maurice JOLY, le Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu, A. Mertens, Bruxelles, 1804. Il s’agit de despotisme et de séparation des pouvoirs, rien à voir avec le sionisme.

[14] Suite aux émeutes de 1929 à Jérusalem, la Commission a conclu que les émeutes résultaient d’une attaque arabe contre les juifs, accompagnée de destructions de biens juifs.

[15] Matthias KÛNTZEL, Matthias KÜNTZEL, Jihad et haine des juifs, traduction française sur l’édition américaine, (d’après l’édition allemande, Ca ira, Fribourg-en-Brisgau, 2002) L’œuvre, Paris 2009, pp. 207-208.

[16] Emily Benichou GOTTREICH et Daniel J. SCHROETER, Jewish Culture and Society in North Africa, Bloomington (Indiana), Indiana University Press, coll. « Indiana series in Sephardi and Mizrahi studies », 2011, 373 p. p. 309.

[17] « Arab Mein Kampf for Sale » (PDF). Jewish Telegraphic Agency. 30 October 1938. Retrieved 6 October 2024.

[18] Par exemple, dans un discours devant l’Organisation des Nations unies (ONU), immédiatement après la crise du canal de Suez en 1956, le premier ministre d’Israël, Mme Golda Meir, déclara que des traductions en arabe de Mein Kampf ont été trouvées dans les paquetages de soldats égyptiens.

[19] Dans une maison de la bande de Gaza, utilisée comme base par les terroristes du Hamas, se trouvait un exemplaire annoté de Mein Kampf, 124news, 12/11/2023.  https://www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1699782452-herzog-devoile-un-exemplaire-de-mein-kampf-retrouve-dans-une-chambre-d-enfants-a-gaza

[20] Klaus GENSICKE, The Mufti of Jerusalem and the Nazis : The Berlin Years, Londres, Vallentine Mitchell, 15 juillet 2015 (1re éd. 2011), p. 8-14.

[21] Matthias KÜNTZEL, Jihad et haine des juifs, op.cit., p. 21.

[22] Haj Amin Al-HUSSEINI, cité par Maurice PEARLMAN, Mufti of Jerusalem, V. Gollancz, 1947, p. 64, cité par Matthias KÜNTZEL, op. cit. , p. 22.

[23] notamment celles d’Endre Steiner, du SS-Hauptsturmführer Dieter Wisliceny et du docteur Kasztner.

[24] Matthias KÜNTZEL, op. cit., p. 97.

[25] Encyclopédie mutimédia de la Shohah,   https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/hajj-amin-al-husayni-the-mufti-of-jerusalem

[26] Cité par Paul BERMAN, Les Habits neufs de la terreur, 2004, trad. Richard Robert, Paris, Hachette Littératures, 2004, p. 114.

[27] Matthias KÜNtzel, op.cit. , p. 163.

[28] Yasser ARAFAT, cité par Robert S. Wistrich, Hitler’s Apocalypse : Jews and the Nazi Legacy, New York, St. Martin’s Press, 1985, p. 185.

[29] Ibid., p. 164.

[30] Pierre-André TAGUIEFF, « Fanatiques antijuifs sur la voie du jihad. Dans le sillage de Haj Amin al Husseini et de Johann von Leers », op. cit.,  https://shs.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2016-2-page-475?lang=fr#no149

[31]. Formule empruntée à HITLER, Mein Kampf [1925 et 1927], Munich, Zentralverlag der NSDAP., Franz Eher Nachf., 1942, p. 70 ; en français Mon Combat (Mein Kampf), traduit par Jean Gaudefroy-Demombynes & André Calmettes, Paris, Nouvelles Éditions latines, 1934, p. 72 : « La nature éternelle se venge impitoyablement quand on transgresse ses commandements. C’est pourquoi je crois agir selon l’esprit du Tout-Puissant, notre créateur, car : En me défendant contre le Juif, je combats pour défendre l’œuvre du Seigneur [das Werk des Herrn]. », cité par Pierre-André TAGUIEFF, « Fanatiques antijuifs sur la voie du jihad. Dans le sillage de Haj Amin al Husseini et de Johann von Leers », Revue d’Histoire de la Shoah, CAIRN INFO, p. 475 à 510   https://shs.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2016-2-page-475?lang=fr&tab=auteurs

[32] Johann von LEERS, lettre à H. Keith Thompson, 25 novembre 1957 ; passage cité par Andrew G. BOSTOM, «Appointing an Islamist », http://archive.frontpagemag.com/readArticle.aspx?ARTID=28801, cité par Pierre-André TAGUIEF, op. cit., p. 507.

[33] Pierre-André TAGUIEFF, op. cit. , p.

[34] Matthias KÜNTZEL, op. cit. , p. 114.

[35] Ibid. p. 103.

[36] Ibid. , p. 155.

[37] L’empereur Titus, en représailles contre les juifs révoltés, fit raser le temple d’Hérode à Jérusalem, emporta le trésor à Rome , comme cela figure sur l’arc de Titus. Les juifs survivants furent dispersés à travers l’Empire, la plupart comme esclaves. Ils auraient largement contribué à la construction du Colisée (de 72 à 80).

[38] A l’endroit supposé où furent érigés le temple de Salomon, détruit par Nabuchodonosor en 586 avant J.C. et celui d’Hérode, détruit par les Romains en 70 après J.C.

 

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9 Commentaires

  1. Rapport à M.K. « édition spé arabophones », je le crois aisément, car Hitler fit pareil lors 1° édition française, initiative d’un éditeur de chez nous qui fit juste une traduction de l’édition allemande : elle eut droit à procès et interdiction. Une seconde édition mais relativement « expurgée », fut admise.

  2. Pour compléter mon propos, que je voulais humoristique, je tiens à préciser que je n’ai aucun apriori à propos des religions, des ethnies, des groupes humains, à condition qu’ils ne cherchent pas à imposer leurs idéologies, leurs croyances, leurs coutumes, et ceci par la coercition, le meurtre, la terreur. Jusqu’à ce jour, je n’ai pas constaté que les bouddhistes, les témoins de Jéhovah, les mormons, les protestants, les shintoïstes, les catholiques, les amish, et bien d’autres que j’oublie, ne tentaient pas d’imposer leurs points de vue par les armes, la peur, le meurtre. Il y a eu jadis par le passé des guerres de religions, mais à notre époque de progrès, ce ne devrait être plus qu’ un souvenir. L’heure devrait être à l’apaisement. Ce qui ne semble pas le cas de tout le monde, certains veulent imposer une idéologie meurtrière, absurde et ringarde par la terreur.

    • Les certains ce sont les fils d’Abraham la créature du dieu qui lui a mis un couteau dans la main et a mis en place un héritage par testament source d’un conflit sans fin. C’est moi que dieu préfère. D’un coté celui qui a le document le déclarant le choisi de dieu à l’exclusion de tous les autres et celui qui conteste le testament jusqu’à le écrire.

  3. Vos analyses devraient être placardées au Sénat, à l’AN et dans toutes les mairies et administrations pour éduquer et édifier le citoyen dans sa formation intellectuelle et son perfectionnement de comprenette des dits officiels et des non dits officieux que cachent les médias mainstream, qu’il apprenne et comprenne les dangers coraniques et la sottise de nos politiciens, peut-être qu’il voterait mieux ensuite.

  4. Le jour où Dieu a créé les Arabes, il eût mieux fait de se casser une jambe. Et je dis cela très respectueusement. Loin de moi l’idée d’insulter le Créateur. À moins que ce ne soit le Diable qui les ait créés, ce qui semble plus crédible . Mais ce jour-là, des emmerdements sans fin commençaient pour le reste de l’humanité. Merci Agathe.

  5. Merci Agathe.
    Comment peut-on encore être musulman après la lecture de votre texte ? Sinon avoir un esprit dérangé… relevant de soins psychiatriques!

      • On ne pourrait guère leur en vouloir : ils baignent là-dedans dès le berceau, et vivent dans la superstition la plus totale. Il y en a même qui croient fermement à l’existence des djinns. Ils sont carrément hypnotisés dès la naissance. Le malheur c’est qu’ils sont aussi fanatisés en ce qui concerne tout ce qui n’est pas de leur religion.