Hier seulement nous avions chanté les rengaines habituelles, avions ri de la frimousse de notre voisin de classe, avions couru sous la grêle, sous les torrents de pluie, la tête nue et sans parapluie.
Hier encore, nous nous sommes moqués de nos maîtres face à nos farces, à nos défis, à notre jeunesse insouciante.
Hier encore, nous paradions à la queue leu leu devant nos classes avant de jeter des cailloux aux vitres et de les voir s’effondrer comme un minable jeu de cartes…
Nous avions aussi juré de casser la gueule au maître en fin d’année, lorsque, finalement, nous avions remisé nos cartables dans nos greniers pour courir à perte d’haleine vers la pompe à eau et avaler de grandes goulées d’eau fraîche.
Nous étions libres, du moins il nous semblait.
Hier, nous étions certains d’être immortels… nous riions de nos vieux, de leur faiblesse, de leur déclin… Nous, cela ne nous arrivera jamais !!!
Nous chantions à tue-tête Gai, Gai l’écolier, c’est demain les vacances…
Nous avions attendu l’été pour joindre les colonies de vacances au bord de la mer… Nous avions sautillé sur chaque petite vague qui venait s’éteindre à nos pieds.
Nous avions bâti des châteaux de sable avant qu’ils ne soient emportés par la marée haute.
Puis vint l’automne, dans les bois, nous avions cherché les châtaignes et les glands… avions joué aux scouts qui pulvérisaient tous les obstacles… Nous étions invincibles.
Oubliés les angines, les maux de ventre, les fièvres et les infections… c’est du vent… ce même vent qui vient nous annoncer la fin de l’été.
Colchiques dans les prés, fleurissent, fleurissent, c’est la fin de l’été. La feuille d’automne emportée par le vent, en rondes monotones, tombe en tourbillonnant…
Puis c’est le retour à la classe, à la hâte d’enrouler un foulard autour du cou, de happer un casse-croûte amoureusement préparé par nos mères… et c’est encore une fois le tourbillon des activités, des blagues, des farces, des pleurs lorsque nous avions glissé et s’étions blessé le genou…
Les années passent, nous mûrissons lentement, nous mettons de côté notre passé hasardeux, qui nous avait semblé être une calamité… pour connaître enfin les rouages de la vie.
Et ce n’est que lorsque nous observons nos petits enfants qu’il nous est possible de revoir notre enfance, de la regretter, de la languir… de se dire avec une nostalgie douloureuse…
Nous aurions dû arrêter le temps….
Thérèse Zrihen-Dvir
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Très joliment dit.
Merci de nous rappeler le temps d’avant.
Que cela est bien dit ….Comme si c était moi qui vous aurais ces lignes !!!
Bisou