Ce modeste article est divisé, pour être agréablement publié sur Résistance républicaine, en quatre parties. La présente partie est la deuxième sur les quatre.
Durant le premier conflit mondial il y a eu de nombreux animaux qui ont été réquisitionnés pour différentes missions. Lors de missions ponctuelles et très particulières, certains animaux ont été réquisitionnés car ils présentaient le meilleur profil pour lesdites missions.
Ils ont été combattants involontaires, mascottes ou ennemis de l’intérieur, des millions y ont laissé la vie, en rendant de vastes services aux patries des belligérants.
Les équidés ont servi essentiellement pour le transport des troupes, dans les combats, aux corvées, aux tractions des canons et autres matériels militaires, ravitaillement et logistique. Pour déplacer les canons les plus lourds, il fallait jusqu’à 178 chevaux.
Ils étaient aussi envoyés au front faisant face à toutes les violences inouïes des combats. Ils vivaient un calvaire (comme les hommes, bien entendu, ne l’oublions pas). De leurs réquisitions jusqu’à leurs envois au front, le stress les envahissait. Les phéromones dégagées par les hommes et les animaux les apeuraient. Puis les détonations, la lumière des canons ; la vision des cadavres de leurs congénères et l’odeur du sang. L’artillerie les frappe, le gaz les ronge.
Dans les charges de cavalerie sur lesquelles Français et Britanniques mettent une grande part de leurs espoirs dans leurs chevaux : mais espoirs brisés et rendus inutiles par les mitrailleuses allemandes dès l’été 1914. Aucun texte n’évoque les ressentis des chevaux, mais certains retracent celui des cavaliers : le difficile contrôle du cheval, l’impossibilité de voir à cause de l’entassement et de la poussière soulevée, la confusion en raison des bruits, la peur…
Les équidés ont payé un très, très lourd tribut puisqu’on estime que sur les 14 millions d’animaux mobilisés pour cette guerre, 11,5 millions d’entre eux qui sont morts sont des équidés (chevaux, ânes, mulets).
Au fil de l’avancée du conflit et des morts, de plus en plus d’équidés sont importés par bateau des États-Unis, de Grande-Bretagne ou d’Argentine. La France dépensera près d’un milliard pour les faire venir de l’étranger.
L’armée française à incorporé et immatriculé près de deux millions de chevaux. La moitié mourra entre 1914 et 1918. Rien que dans les trois premiers mois de combat, 130.000 pertes sont enregistrées. Ce n’est pas tant sous les bombes et autres projectiles que ces bêtes de somme meurent que de froid et d’épuisement. Beaucoup ne survivront pas à la malnutrition : en mai 1917, l’État-Major est obligé d’euthanasier 100.000 chevaux à cause du manque de nourriture. D’autres finiront ensevelis vivants dans la boue des champs de bataille.
N’oublions pas également les bœufs qui ont été grandement utilisés pour tracter des charges. Comme tous les autres animaux, beaucoup y ont laissé leur vie.
Nous sommes dans le paragraphe des équidés, restons y. Quelques mots particuliers sur les chiens. Qu’ils soient chiens de ronde, chiens de liaison, chiens ambulanciers, messagers, les canidés furent eux aussi mis à contribution de la guerre.
Au début du conflit, on a compté près de 12 000 chiens français contre 30 000 chiens allemands. Pendant toute la durée de la guerre, les chiens ont fortement été sollicités appelant même les citoyens à prêter leurs compagnons pour participer au sauvetage de la France. Les fourrières ont également été vidées afin de faire face à la demande croissante de ces nouveaux alliés. Ces animaux fidèles ont été de véritables héros qu’il ne faut pas oublier.
Les chiens sont tout d’abord chargés de retrouver les blessés, c’est le chien sanitaire. En 1916, leurs rôles évoluent et ils deviennent aussi messagers, quand le téléphone et le télégraphe sont hors service. Ils passent dans des endroits inaccessibles pour l’homme et sont beaucoup plus rapides.
Côté anglais, l’accent est mis sur le lien entre le maître et le chien, qui passe en amont des tests permettant d’évaluer ses prédispositions. Ce n’est pas le cas côté français et les résultats s’en ressentent.
Les Belges s’essayent aux chiens mitrailleurs de transport, censés tirer des mitrailleuses lourdes d’une centaine de kilos. Ils s’inspirent des « chiens charrettes » qui tractent la marchandise sur les marchés. Mais quid de l’encadrement affectif… Les soldats, issus pourtant pour la plupart du milieu rural, ne font pas attention aux affinités entre les bêtes et ne les ménagent pas. On entend ces chiens désorganisés et bruyants arriver de loin, ce qui laisse le temps à l’ennemi de riposter. C’est un échec cuisant.
Les chiens messagers étaient de véritables atouts pour les soldats. Ils ne reculaient devant rien, sur la photo ci-dessous, on constate bien que le chien est trempé. Les soldats pouvaient avoir une confiance aveugle en ces chiens entrainés et dressés pour remplir leur mission.
Chiens « ambulancier », chiens messager :
Chiens blessés :
Chien aidant un soldat blessé :
Nos fidèles compagnons ont payé eux aussi un très lourd tribut d’avoir voulu nous être entièrement dévoués.
Les pigeons ont été aussi des animaux très utilisés. L’armée française durant cette Grande guerre en a utilisé 60 000 et l’armées anglaises 100 000. Ils étaient utilisés pour transmettre des messages ou des photographies des positions ennemies.
Ils informaient de tout ce qui se passait de l’avant vers l’arrière. Ils étaient emmenés vers le front dans des paniers en osier et relâchés avec des missives. Ce sont des animaux plus petits et plus difficiles à rattraper. Cela n’a pas empêché beaucoup d’entre eux de succomber aux tirs ennemis ou d’avoir été gazé.
Dès le mois de décembre 1915, dans le nord de la France, région à haute concentration de « coulonneux » (colombophiles), l’occupant, par voie de presse, rappelle qu’il est interdit, sous peine de mort, de lâcher des pigeons voyageurs. Il est précisé en outre que les personnes « qui récupéreraient des pigeons voyageurs seraient tenues de les remettre à l’autorité militaire la plus proche, faute de quoi, elles seront suspectées d’espionnage… » et responsables des conséquences qui en découleraient.
Votre humble serviteur se permet de vous rappeler l’article qu’il a écrit sur RR publié le 14/04/2021 et intitulé « Con, le pigeon ? Eh bien certainement pas !! Surtout s’il est voyageur… » que vous pouvez lire en cliquant ici.
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Le Vétérinaire général inspecteur(2ème section) Claude MILHAUD a publié une étude sur ce sujet; « 1914-1918 l’autre hécatombe » Enquête sur la perte de 1.140.000 chevaux et mulets. Cet ouvrage donne toutes les réponses sur les conditions d’acquisition, de dressage, d’emploi et de soins de ces équidés pour une part importante importés en France, l’élevage national étant dans l’impossibilité de répondre aux besoins des Armées.
Un très, très grand merci ami patriote Simple Bonsens de m’avoir fait connaître ce livre que je ne connaissais absolument pas. Mais tu me fais baver que de m’apprendre qu’un livre entier a été écrit sur le sujet. J’ai regardé sur Internet en détail, ce livre porte essentiellement sur les chevaux et mulets. Probablement qu’il fait aussi allusion au cours de ces 302 pages aux autres animaux.
Conclusion du schmilblic : je viens à l’instant même de l’acheter à la Fnac et je serai livré dans quelques jours. Je le lirai avec grand intérêt et émotion.
PS : de mémoire de bêtes, je n’ai jamais commandé quelque chose à la Fnac car ce sont des supers gauchistes et des immigrationistes. J’ai dû créer un compte. D’habitude, je commande sur Amazon, c’est pas vraiment mieux de ce côté-là. Mais, bon… il ne restait plus qu’un seul exemplaire sur Amazon et en cas d’erreur de stock je ne l’aurais pas reçu. Il en restait trois sur la Fnac.
» Ils étaient utilisés pour transmettre des messages ou des photographies des positions ennemies. »
Mince, les pigeons photographes, précurseurs des drones !
§:o)
Tu as d’autant plus raison que, sur la photo, on voit un appareil photographique sur le ventre du pigeon. Mais comme je suppose qu’à l’époque les commandes à distance n’existaient pas, je me demande comment les pigeons prenaient les photos là où il fallait et quand il fallait ??
Bref, il y avait bien un système que je ne connais pas, puisque les pigeons prenaient bien des photos avec ses appareils.
Petite question pour ma culture : pourquoi as-tu mis dans ton post les signes §:o) que cela signifie-t-il ?
Peut être Cachou, y ‘avait il un retardateur sur cet appareil photo. Il l’enclenchais sur un certain nombre de minutes, ou 1 minutes, ( je en connais pas les performances techniques des appareils de l’époque ) puis lâchais de suite le pigeon qui s’en allait vers les lignes ennemis, et photographiais à la volée ( sic ! ) ?
Le §:o) , c’est un visage souriant ! Regarde le la tête en bas, à la verticale ! ( rires ! ). Dans l’ordre : cheveux, yeux, nez et bouche…
Merci de tes explications ami jan connaissance. Je me coucherai plus instruit ce soir (et non pas « moins bête » comme on dit toujours dans ces cas là, la bêtise et l’instruction n’ayant rien à voir ensemble… 😄).
La 4ème et dernière partie de l’article vient de paraître ce matin sur RR. Bonne lecture ! Et bon week-end.
Les animaux dans la guerre des hommes sont des « héros » malgrès eux , ils n’ont rien demandés , et ne sont responsable de rien , mais se retrouvent dans la guerre et ses horreurs ! Pour ne pas les oublier
Merci pour cet article !
Merci de tes quelques lignes, M. Whites & Winter. Oui effectivement, qu’on le veuille ou non, ces animaux ont été des héros. On ne leurs a pas demandé leurs avis, ils se sont retrouvés au milieu des batailles sans rien avoir demandés.
Mais il en a été de même pour les hommes ! Ils ont été mobilisés sans leur demander leurs avis, et on les a envoyés dans ces boucheries toujours sans leur demander leur avis.
La seule différence, c’est que ces hommes à l’époque, ces jeunes hommes, partez la fleur au fusil et la marguerite entre les dents. Ils ont très, très vite déchanter. Il n’y a jamais eu de guerre sur la planète depuis toujours qui n’a pas été des horreurs absolues.
il y a quelques années , un renard passant dans le pré en dessous ma maison ; je me mis a lui parler , il s’est stoppé et tant que je parlais il regardait vers moi , j ‘arretai il repartait je recommençai il s’arretait , cela a duré une partie de l’été il passait toujours a la meme heure et toujours le meme rituel .
Émouvant et attendrissant comme c’est pas possible. Merci fleuriste.
Cachou ,merci oui je connais cette statue du soldat et de l’ane mais il est bon de le rappeler. les équins endurent tellement la souffrance qu’ils meurent de crise cardiaque cela est prouvé , les vétos le savent .Certaines races de chien sont aussi plus dur a la douleur ce sont les nordiques et les chiens de chasse la aussi c’est reconnu .Ce qui me fait hurler c ‘est la chasse aux pigeons dans les villes des chiures sur une voiture ce n’est pas dégueu alors que ceux qui crachent par terre c ‘est intolérable .Meme en temps de paix il y a beaucoup de témoignages édifiants de comportements d’animaux qui montrent leur empathie et leur amour
Merci de ces informations intéressantes.
J’aime la photo de l’officier britannique avec son renard.
Mais je n’ai pas compris l’utilité du renard à la guerre ?
Oui, ami frejusien, cette photo de l’officier britannique avec son renard est très amusante et déborde d’affection.
À ma connaissance, les renards n’ont eu aucune utilité durant la guerre. Comme d’autres animaux. Ceux-ci ont eu une utilité, en fait, de servir de mascottes. J’y consacre un chapitre dans la dernière partie de mon article (4/4) qui va paraître demain.
Les mascottes ont été très importantes pour le moral des troupes. Beaucoup de bataillons, de marins, et d’autres soldats avaient des mascottes. Ça leurs permettait de voir d’autres choses que ces horreurs de guerre, et cela créait une affectivité entre eux et l’animal. Il y a eu comme mascottes des lions, des éléphants, des cochons, des renards donc, des chèvres, des singes et encore d’autres. Tu pourras voir ça dans la dernière partie de mon article.
Merci pour cet hommage aux « Poilus » à quatre pattes, « de véritables héros qu’il ne faut pas oublier », parfaitement.
Les photos sont poignantes.
Le recours aux chiens à ce point est une surprise.
Merci ami Jules. L’intérêt que tu portes à cette question me touche.
Cet article en quatre parties est pour moi très particulier, car il me touche au plus profond de mon être. Je ressens la souffrance animale comme si c’était la mienne. Ma femme et mes enfants me traitent gentiment de « dingue » !
La souffrance animale me touche beaucoup parce qu’un animal ne comprend pas pourquoi il souffre. Il souffre, il doit supporter sa souffrance sans pouvoir l’exprimer contrairement aux hommes, et il ne comprend pas le sens de cette souffrance, ce que comprennent les hommes.
La souffrance des enfants me touche tout autant pour les mêmes raisons. Mais ils ont la chance d’avoir des parents qui leur expliquent pourquoi il souffre et ils peuvent le comprendre contrairement aux animaux.
Je remercie Christine qui n’est pas très portée sur la souffrance animale de publier cet article, c’était pour moi très important.
Apparemment, ce thème ne remporte pas un succès foudroyant 😂. Mais peu importe cet article était pour moi important à écrire.
Merci à toi aussi ami Jules.
Cette question historique passionne ô combien le public (le présent article compte déjà plusieurs centaines de vues, pas de fausse modestie !).
Le musée de la Grande Guerre de Meaux consacre un secteur à cette question des animaux pendant la Grande guerre, je le connais bien, et les visiteurs se montrent très intéressés mais j’ai remarqué qu’ils sont silencieux devant cet aspect, comme pétrifiés, plongés dans leurs pensées tant les animaux font partie de notre vie. Et cet article est écrit écrit avec le cœur, il touche justement profondément et sur un plan intime. Il ne faut donc pas attendre beaucoup de commentaires, car le sujet fait mal. Face à la mort, à la boucherie de la guerre (certaines photos comme celle des chevaux morts sont très dures), gémir (et commenter) « n’est pas de mise » (dirait le poète).
Merci de tes paroles qui m’ont réellement touché.
Quand je « monterai » dans le nord, j’irai voir ce musée, c’est sûr. Je ne le connaissais pas, merci de me l’avoir fait connaître.