Quand le modélisme raconte notre histoire familiale en trois D

Les photos et éventuellement les enregistrements vidéos nous conservent nos souvenirs les plus marquants du passé. Mais il existe, grâce au modélisme, une façon originale d’entretenir nos moments forts en rassemblant des objets significatifs de nos voyages et divers périples. Et pour pouvoir évoquer ceux-ci avec nos enfants et petits-enfants, rien de tel que de leur raconter notre histoire avec un modèle réduit en 3D. Le plus simple et le plus facile ce sont bien sûr nos voitures ou les avions que nous avons empruntés.

La chose devient beaucoup plus difficile mais aussi beaucoup plus exigeante et impressionnante lorsque nous parvenons à retrouver des paquebots qui nous ont transportés nous, ou nos êtres chers, d’un continent à l’autre, voire lors d’une croisière. Ces souvenirs, inoubliables pour ceux qui ont eu le privilège de les vivre, restent gravés dans leur mémoire.

L’Oncle John s’est donc amusé à tenter de retracer des paquebots miniatures qui ont jalonné son histoire familiale et il en a retrouvé pas moins de huit ! De quoi raconter pas mal d’aventures à ses enfants et petits-enfants. Pourtant, à part une exception, il n’aurait jamais cru retrouver ces paquebots dont presque tous sont tombés dans l’oubli, ont brûlé ou ont été démolis et dont le grand public et même l’Oncle John ignorait complètement l’existence pour la plupart d’entre eux.

Il lui a donc fallu, dans un premier temps, interroger au sein de sa famille les témoins survivants de cette épopée maritime dont il ne connaissait que quelques bribes çà et là.

L’histoire commence il y a 80 ans, en 1943, lorsque fuyant l’avance des armées alliées en Afrique, une des tantes italiennes de l’Oncle John, Nina, emprunta avec ses deux jeunes fils, Valdo et Ennio (donc mes cousins), le paquebot hôpital italien Saturnia qui les ramena sains et saufs d’Afrique au port de Bari sur la côte Adriatique.

Le paquebot était rempli de soldats blessés au front et a dû se faufiler dans la Méditerranée au risque de sauter sur une mine, de se faire torpiller ou se faire attaquer par l’aviation ennemie. Mais finalement le paquebot Saturnia est arrivé à bon port. Mieux connaître son histoire en cliquant ici.

Voici le Saturnia en miniature repeint par l’Oncle John tel qu’il était en 1943 :

L’histoire familiale continue lorsque, en février 1957, un autre oncle de l’Oncle John, Pierre, embarqua au Havre sur le paquebot français Flandre de la French Line pour se rendre définitivement vers sa nouvelle vie au Canada.

Alors qu’il était sur le paquebot, il apprit la naissance de son neveu, votre serviteur. Il adressa immédiatement à ses parents une carte postale que vous pouvez voir ci-après en compagnie du Flandre.

Puisque nous sommes entre nous, c’est-à-dire dans la grande famille de RR, je vous livre le contenu de sa carte postale : « Je pense beaucoup à vous trois et je vous écrirai bientôt une longue lettre. Bons baisers au petit de son oncle. » La carte porte un timbre « United States postage » de 8 cents et est estampillée par une formule plus que jamais de circonstance, hélas : « Pray for peace ». Pour en savoir plus sur l’histoire du paquebot Flandre, cliquer ici. :

Voici sa miniature réduite à l’échelle du 1/1250 par le fabricant anglais Triang minic ship et entièrement repeinte, restaurée et fignolée par l’Oncle John :

 Une autre tante canadienne au long cours, Anita, qui habite toujours là-bas et qui est une fidèle lectrice de RR (eh oui, RR est aussi lu outre Atlantique) a pas mal bourlingué sur divers océans du monde et a emprunté plusieurs paquebots qui existent presque tous en modélisme. Je vous propose de  passer en revue les aventures maritimes de ma tante Anita au travers des paquebots qu’elle a empruntés, de leurs miniatures, du plus petit au plus gros.

Le Ryndam

Mis en service en juillet 1951, ce paquebot de la compagnie Holland America Line assura avec son bateau frère le Maasdam la ligne Rotterdam-New-York pendant deux décennies avant d’être revendus à d’autres armateurs. Ces paquebots relativement lents mais néanmoins solides mesuraient 153,2m de long pour un déplacement de 15024 tjb. Ces deux navires eurent une carrière plutôt longue avant leur démolition 50 ans après leur lancement.

 

L’Aureol

Ce fut un paquebot mixte Fret/passagers lancé en 1951. Il assura pendant deux décennies la rotation Grande Bretagne Lagos avant d’être racheté par un armateur grec. L’Aureol parti pour son dernier voyage vers son chantier de démolition en 2001 après 50 ans d’existence. En savoir plus.

L’Alexandr Pushkin

(La lettre “e” manquante à la fin du mot “Alexandr” est normale. C’est ainsi que s’écrit le nom de ce bateau)

C’est un paquebot russe lancé en 1964 qui assura la Ligne Leningrad – Montreal. Il est désarmé depuis 2021 (en attendant sa démolition?). En tout cas il aura connu une carrière exceptionnellement longue de presque 60 ans ! La durée de vie moyenne des paquebots étant d’environ trente ans quand tout se passe bien. Pour connaître son histoire, cliquer ici.

L’Ivernia

Ce fut un paquebot britannique lancé en 1954 pour la compagnie Cunard. Il faisait partie d’une série de quatre paquebots transatlantiques strictement identiques :

  • Le Saxonia
  • L’Ivernia
  • Le Carinthia
  • Le Sylvania.

Ces navires assurèrent pendant une quinzaine d’années la liaison Liverpool -Montreal. Ma tante ne se rappelle plus exactement si elle a voyagé avec l’Ivernia ou le Carinthia ? Quoi qu’il en soit ces navires étaient parfaitement identiques. L’Ivernia fut finalement démoli au chantier d’Alang en 2004 après 50 ans de service à la mer. En savoir plus sur l’Ivernia.

 Voici l’Ivernia produit par le fabricant Triang minic ship à l’échelle du 1/1250ème, entièrement restauré et repeint par l’Oncle John :

 Le RMS Queen Elizabeth

Ce paquebot fut le plus grand transatlantique du XXème siècle. Lancé en 1940 et utilisé comme transport de troupes pendant toute la durée du conflit, il commença sa carrière commerciale en 1946 sur la ligne Southampton-Cherbourg-New-York en compagnie du RMS Queen Mary. Ces deux paquebots ont été commandés un temps par le Commodore Sir James Bisset.

Pour l’anecdote, Sir James Bisset était le second officier sur le paquebot Carpathia lorsque celui-ci porta secours aux rescapés du Titanic le 15 avril 1912.

Pour mieux connaître Sir James Bisset par un résumé de son autobiographie, c’est ici.

Comme tous les grands paquebots, le Queen Elizabeth a reçu la visite de personnalités célèbres dont Winston Churchill (2X).

 Lors de sa visite chez nous à Bruxelles en 1967, ma tante Anita avait stocké les malles de son voyage dans notre cave et je me rappelle des étiquettes de la compagnie Cunard collées sur celles-ci, et qui mentionnaient fièrement le nom du navire : « Queen Elizabeth ».

 Vu la notoriété de celui-ci, ce paquebot a été reproduit à l’échelle du 1/1250ème par Triang minic ship dans les années soixante mais aussi en matière plastique par la firme Airfix à l’échelle du 1/600ème et à construire soi-même, ce que l’Oncle John a fait. A cette échelle, le paquebot mesure 51cm de long. Cette maquette est devenue rare aujourd’hui.

Pour consulter l’histoire de cette célébrité (pas l’Oncle John, mais le paquebot bien sûr) c’est ici.

Voici le RMS Queen Elizabeth de Triang à l’échelle du 1/1250ème repeint et fignolé dans les détails par l’Oncle John :

Et ici la photo 9 du Queen Elizabeth Airfix construit par l’Oncle John :

C’était en janvier 1963 lorsqu’il rejoignit le Congo avec ses parents et sa petite sœur à bord du paquebot de la Compagnie Maritime Belge « Leopoldville ». Et bingo, contre toute attente, ce modeste paquebot a lui aussi été reproduit en miniature à l’échelle du 1/1250ème par le fabricant allemand CM Miniaturen.

Le Leopoldville fut construit et lancé à Hoboken en 1948 en compagnie de quatre autres paquebots identiques. Il s’agissait aussi de paquebots mixtes fret/passagers qui mesuraient 153, 66m pour un tonnage de 10350 tonnes.

Le Leopoldville assurait la liaison Anvers Matadi avec une escale à Tenerife et Lobito et pouvait transporter 216 passagers adultes et 24 enfants. Le souvenir le plus marquant de l’Oncle John qui avait 5 ans fut ses 17 jours de mal de mer passés dans sa cabine avec le hublot de celle-ci pour seul horizon. Avec les mouvements du bateau, il voyait alternativement le ciel et la mer, le ciel et la mer, le ciel et la mer … Finalement, le Leopoldville fut démantelé en 1974.

Voici la reproduction à l’échelle du 1/1250ème du Leopoldville :

De tous les protagonistes familiaux évoqués dans cette saga maritime commencée il y a 80 ans,  seuls deux d’entre eux ont « rejoint les étoiles » : ma tante Nina et mon oncle Pierre. Tous les autres continuent leur croisière ici-bas. S’ils me lisent je les salue tous affectueusement.

CONCLUSION

Si vous désirez raconter l’histoire de votre famille au travers des modèles réduits, la chose est tout-à-fait possible et cette démarche s’est avérée passionnante pour l’Oncle John. Elle lui a fait découvrir plein de choses qu’il a eu grand plaisir à partager avec les siens et avec vous aujourd’hui.

Les fêtes de fin d’année approchent, peut-être quelques idées cadeau ? On peut trouver aujourd’hui de très belles miniatures à tout petit prix (autos, avions, bateaux, motos …) pour des cadeaux personnalisés et souvent très appréciés. Alors profitez en !

Oncle John

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7 Commentaires

  1. Le Paquebot France a ete desarmé par les politiques incapables qui ne savent pas preserver les Biens de la Partie.Article tres interressant.

    • C’est exact. Les anglais, eux, ont réussi à préserver leur Queen Mary et Queen Elizabeth 2. Le France aurait largement mérité une autre fin. Il était le symbole de la France sur les mers. De Gaulle l’avait lancé, Giscard et ses successeurs l’ont ignominieusement condamné.

    • Les politiques oui, bien évidement, mais aussi et surtout la CGT dont l’existence est basée sur la destruction de tout, au non d’une défense des travailleurs où seuls les cons y croient.
      La CGT a multiplié grèves sur grèves, à tel point que les réservations ont chuté grandement. A peine le départ du France fait, le lendemain, le personnel se mettait en grève > donc plus aucun service assuré pour des gens qui avaient payé des fortunes leurs traversées, pour certains voyages mais répétitif.
      Le dernier commandant du France, le commandant Christian Pettré l’explique bien dans son livre “SPLENDEUR ET ROUILLE FRANCE” aux édition Du Pen Duick, livre plus édité mais que l’on trouve facilement d’occasion (https://fr.shopping.rakuten.com/offer/buy/3761144133/splendeur-et-rouille-france.html).

      • C’est exact. Merci Cachou. Je possède ce grand classique du commandant Christian Pettré. Pour écrire nos articles, je dispose d’une abondante littérature sur les sujets que nous abordons. Et souvent je pars de modèles rouillés pour tenter d’en refaire des splendeurs avant de vous les présenter. En quelque sorte, redonner une forme de beauté à l’histoire.

  2. Merci à l’Oncle John de cette saga passionnante reliée au modélisme. La vie de famille est très importante, pour beaucoup d’entre elles qui s’entendent bien, c’est le seul havre de paix.
    “Réunir” la famille par le modélisme, et donc aussi l’histoire associée au modélisme et la famille, a été une excellente idée. Qui plus est, par les navires, ce qui n’est pas la voie de la facilité !
    Merci Oncle John de tous ces souvenirs et ces vraies histoires passées.

  3. Tres bel article passionnant et instructif! Merci. On parle beaucoup des miniatures automobiles mais rarement des navires, j’avais un collègue italien qui passait tout son temps libre a fabriquer de magnifiques voiliers, j’enrage de ne plus retrouver les photos pour les presenter ici. Bonne journée.

    • Merci chti. Oncle John, italien lui aussi, a donc prit le relais de votre collègue sur RR. Sauf qu’il aime lui, tout ce qui bouge, avions, autos, trains, voitures, motos, navires …

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