Conséquences du platonisme : le paradoxe de l’oeuf et la poule !

D’après Aristote, Platon (et sa doctrine philosophique éponyme, le Platonisme) considère « l’essence ou l’idée comme un être existant en soi, tout à fait indépendamment de la réalité sensible ».

Le but de la science serait donc de dépasser le sensible pour accéder aux « intelligibles, universels, immuables et existants en eux-mêmes ».

La capacité à essentialiser, à généraliser, à passer du particulier au général – certains diront à mettre les choses dans des cases – peut être considérée comme une forme de Platonisme.

Cette volonté de nommer, de classifier les choses, est une des caractéristiques fondamentales de la pensée et de la science occidentale.

Cette capacité à identifier des points communs à l’intérieur d’une population d’individus donnée semble innée.

C’est d’ailleurs un des obstacles majeurs au développement de l’Intelligence artificielle.

À titre d’exemple, il suffira à un bébé humain de voire quelques photos de chiens pour être en mesure de comprendre ce que sont les caractéristiques de cet animal.

À l’inverse, il faudra une base de données contenant des dizaines de milliers de photos de chiens pour apprendre à un modèle d’Intelligence artificielle à exécuter la même tâche, et malgré cela, il sera courant de le voir confondre un chien avec un lion ou un chat.

Or, il n’est pas rare que ce Platonisme, qui nous est par ailleurs tant utile, soit également, par sa rigidité structurelle, à l’origine de notre impossibilité à comprendre des processus dynamiques.

Le célèbre paradoxe de l’œuf et de la poule, déjà mentionné par Aristote au 4e siècle avant notre ère, est une magnifique illustration des conséquences du Platonisme.

Le paradoxe de l’œuf et de la poule s’exprime comme suit : qui de l’œuf ou de la poule est antérieur à l’autre ? En effet toute poule est originaire d’un œuf qui a éclos, et tout œuf a forcément été pondu par une poule.

Nous sommes a priori ici confrontés à une aporie (impasse logique).

Il nous faut faire appel à Darwin pour se sortir de cette impasse.

Bien évidemment, ceux qui sont créationnistes, et qui considèrent comme plausible que l’homo sapiens batifolait dans l’herbe avec les dinosaures à l’origine des temps, devront se résigner à tourner pour l’éternité dans la roue de ce paradoxe, tel un hamster neurasthénique.

Pour les autres, la Théorie de l’évolution va les tirer de cette mauvaise posture.

Ici l’aporie peut être levée en examinant le sens du mot poule. Comme nous l’avons mentionné précédemment, notre prédisposition au platonisme induit en nous une définition rigide de ce qui définit cet animal.

Ce que nous appelons poule dans le langage naturel quotidien se nomme en réalité dans le langage taxonomique Gallus gallus domesticus.

Ce simple changement de nom nous ouvre immédiatement un chemin vers la solution. Sous le nom de poule se cachent différentes espèces d’oiseaux comme la poule domestique, la poule naine, la poule de Turquie etc.

Toutes ces espèces d’oiseaux que nous appelons poule ont donc, de par la Théorie de l’évolution, un ancêtre commun qui se trouve être le Gallus gallus ou coq de Bankiva.

Il est évident que le coq de Bankiva, ainsi que ses nombreux ancêtres dans la chaîne de l’évolution étaient des ovipares à coque dure, à l’instar de notre poule domestique.

Par conséquent il est raisonnable de dire que l’œuf précède la poule. Une branche d’oiseaux ovipares se sont reproduits et ont divergé génétiquement pendant des millions d’années, et l’une de ces branches, nous avons décidé de la nommer poule.

Il apparaît donc que le simple fait de créer une catégorie mentale pour les poules (on ne peut tout de même pas leur donner à toutes un prénom) a eu pour conséquences de faire apparaître un pseudo paradoxe.

En réalité, le Platonisme a très certainement eu pour principale conséquence de retarder l’avènement de la Théorie de l’évolution elle-même, et permis ainsi à Dieu de survivre jusqu’en 1859, et la parution de L’origine des espèces.

Avec cet ouvrage, Darwin sort l’humain de sa « case » et l’englobe dans un processus dynamique d’évolution, au même titre que tous les autres êtres vivants.

Cependant, malgré cette découverte révolutionnaire, Darwin reste un être humain occidental, profondément platoniste.

En effet, à bien y regarder le concept d’espèce, inventé par Darwin, et tellement naturel à nos yeux, est en réalité une pure construction intellectuelle, qui nous empêche encore aujourd’hui d’embrasser toutes les conséquences de la Théorie de l’évolution.

D’ailleurs, la démonstration que votre serviteur vous a proposée n’est pas exempte de reproche, car elle utilise la notion d’espèce, qui est malheureusement précisément la catégorie mentale à l’origine du paradoxe, la poule étant implicitement considérée comme une espèce homogène.

Nous consacrerons donc le prochain article à la destruction de ce concept, afin de tenter d’aller au fond des choses.

 

Alain Falento

 

 

 

 

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25 Commentaires

  1. Bravo : beau salto arrière avec rétablissement au sol, on attend la suite…

  2. Affirmer au départ: « tout œuf a forcément été pondu par une poule » me semble une erreur. Bien des animaux font un enfant anormal sans le vouloir, les perturbations rares souvent mortelles ont toujours existé. Les lois de la nature ne sont pas rigides, immuables, et admettent des exceptions. C’est notre esprit qui qualifie ce qui est rare (ou exceptionnel) de cas anormal. C’est l’œuf de poule qui est le premier; pondu par un oiseau proche de la poule. Mais cela n’explique pas tout, il faut ensuite que cette poule soit fécondée …

    • Ce sera justement l’objet de la suite de cet article. La notion d’espece est artificielle, aux contours flous.

  3. Vous laissez entendre que Dieu existe donc vous être croyant ce qui n est pas un reproche mais nous ne sommes plus dans de la science mais dans du créationnisme ?

  4. Si c’est bien l’œuf le premier alors d’où vient l’œuf, on a toujours pas la réponse même si c’est un autre animal ?

    • D’un autre ovipare.
      La vraie question est d’oú vient l’ oviparité à coquille dure.
      Personnellement je suis remonté jusqu au dinausore, dont la poule est un descendant.

      • Votre réponse est intéressante et logique, je savais qu il existait un lien entre les oiseaux et les dinosaures et là je comprends mieux ce qui a pu se passer dans l évolution, je repense à cet animal mythique et peu connu que l on appelle l Archaeopteryx, je m intéresse beaucoup aux théories de Darwin.

  5. Si je peux me permettre, creationnisme et théorie de l’évolution sont compatibles : si Dieu est capable de créer l’homme ex nihilo, il l’est tout autant de programmer l’évolution depuis le microbe jusqu’à l’homme. Après tout Dieu est tout puissant

      • Il y a des ratés dans la création. Quant on voit les mahométans, on est vite convaincu.

      • Madame Christine qu’en savez vous ?
        Et moi non plus d’ailleurs
        Mais c’est une autre histoire et ce serait un peu long d’entrer dans les détails .
        Et je reconnais qu’il y a de bonnes raisons de douter

      • Si on avait une certitude scientifique de l’existence de Dieu, cela annihilerait l Espérance. Le sacré est impalpable et la foi soulève des montagnes. Contrairement aux technologies les plus sophistiquées. C’est aussi l avis d un philosophe qui s appelait Lapoule qui a dit un jour :  » c’est Lapoule qui philosophe « ….bon d accord, ce n est pas d un niveau très élevé. Mais il y a des jours comme ça 🥳🥳🥳🥳🥳🥳

      • Chère Christine, ignorez-vous le gros « pavé dans la mare » de l’athéisme qu’est le best seller (560 p. !) sorti il y a bientôt 2 ans ? (de Michel-Yves BOLLORÉ et Olivier BONNASSIES) — Faites un tour sur Amazon ou Youtube, et vous serez servie. Et vous constaterez que les « preuves » scientifiques basculent de plus en plus (depuis plus d’un siècle) en faveur de la reconnaissance d’une Intelligence transcendantale à l’origine de l’Univers et de la vie — qui renverse toutes les théories de l’évolution ou d’un univers éternel. Bien à vous.

    • Ce que vous dites est tout à fait exact.
      Le monde sans Dieu engendré par la théorie de l’évolution était un des arguments de l’Academie des sciences anglaise pour la rejeter.

      • Bonjour Alain. J adore ce genre d article. Vous êtes un caméléon funambule….créature de Dieu bien sûr 🥳🥳🥳. Vous avez oublié de citer une poule pourant très prisée depuis longtemps : la  » poule de luxe « , la Brigitte du touquet. Volaille suprême du tocard de l Élysée. En tant que créationiste, ayant batifolé dans les herbes hautes des prairies Néanderthaliennes avec quelques poules de cette époque lointaine, dans une vie antérieure, je salue votre évolution, brillante et sympathique, à la grâce de Dieu quand même !!! Cordialement.

  6. Même en faisant appel à Darwin vous ne résolvez pas le problème éternel et initial : comment est apparu le tout premier élément vivant déclencheur des éléments en chaîne de la théorie de Darwin. Il faudra bien un jour que le minuscule roseau pensant humain reconnaisse l’existence d’une force universelle pensante et intelligente (qui plus est infinie) au dessus de toutes ces théories alambiquées qui par des raisonnements et des contorsions bien alambiquées essaient d’expliquer l’irrationnel par le rationnel sauf que depuis des millénaires cela débouche sur une impasse et il en sera toujours ainsi : vouloir comprendre et expliquer l’infini avec une intelligence finie et plus que limitée est une gageure.

  7. Est-ce que la chèvre précède Momo, ou le contraire? That IS the question.

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