Eau douce française contre pétrole étranger: un projet élaboré au sommet de l’État

À l’Assemblée, le 11 octobre 2022, le ministre de la Transition écologique, Christophe Bechu, a confirmé que des rencontres avaient bien eu lieu au sommet de l’État pour discuter de la possibilité d’échanger de l’eau douce française contre des hydrocarbures étrangers. (Photo : CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP via Getty Images)

Eau douce française contre pétrole étranger: un projet élaboré au sommet de l’État

Par Sarita Modmesaïb

17 avril 2023 19:18 Mis à jour: 18 avril 2023 18:16

En mars 2022, un projet confidentiel car très sensible aurait été élaboré et proposé à l’Élysée: échanger quelques milliards de m3 d’eau douce française contre des hydrocarbures du Moyen-Orient.

Dans des articles publiés entre septembre et octobre 2022, l’hebdomadaire Marianne révélait que des tractations se seraient déroulées au plus haut sommet de l’État, impliquant notamment, Alexis Zajdenweber, conseiller en économie, finances et industrie d’Emmanuel Macron ainsi que deux intermédiaires, Xavier Houzel, spécialiste du trading pétrolier, et Claude Rouy, ancien directeur d’hôpital public reconverti dans le métier de consultant en région PACA, souligne Marianne.

Le projet consisterait, en effet, à prélever de l’eau douce provenant de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône), et de l’échanger ensuite contre des hydrocarbures étrangers.

 

Le choix porté sur cette centrale hydroélectrique provient du fait que ses rejets d’eaux douces sont acheminés dans l’étang de Berre, lequel jouxte la centrale. Seulement, celui-ci étant constitué d’eau salée, ces rejets sont devenus une menace pour l’écosystème de l’étang. Afin de préserver l’étang de cette pollution, l’Union européenne avait condamné EDF à réduire le débit de la centrale en 2006. Celle-ci ne fonctionne plus qu’à la moitié de sa capacité, soit 700 GW de puissance inexploitée.

Aussi, afin de remédier à cette situation de pollution, les deux porteurs de projets proposaient de récupérer ces rejets d’eau afin de les acheminer à l’étranger, contre du pétrole.

Marianne précise ainsi que « dix-neuf tankers de 200 000 m3 partiraient quotidiennement de Fos-sur-Mer (13) tandis que des bateaux de plus faible capacité embarqueraient à quelques kilomètres de là, à Martigues, depuis le port de Lavéra : 48 tankers de 80 000 m3. Il ne s’agit encore que de petits dessins sur l’une des pages de la plaquette, qui chiffre à 185 000 € l’étude de faisabilité. Le coût du projet est, lui, pour l’heure, évalué à 300 millions d’euros. »

Au total, il s’avère que ce serait quelque 4 milliards de m3 d’eau douce, soit la consommation annuelle de toute la France, qui quitteraient ainsi le territoire.

Un projet confirmé mais non entériné?

Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a confirmé le 11 octobre dernier à l’Assemblée nationale, l’existence de ces tractations. « Des rencontres se sont tenues entre des porteurs de projet et des conseillers » a ainsi reconnu le ministre de la Transition écologique.

« Ce projet n’a pas franchi la barrière des conseillers et en aucune manière nous l’envisageons », a t-il rapidement conclu.

 

 

Alors que la France connaît depuis l’an dernier une sécheresse exceptionnelle qui devrait malheureusement perdurer cet été, ces révélations font l’effet d’une bombe.

Mercredi dernier, Alain Houpert, sénateur de la Côte d’Or membre de la commission des affaires étrangères, est revenu sur ce projet, interrogé par André Bercoff, sur Sud Radio.

« On veut échanger des ressources naturelles contre des ressources vitales… De l’eau qui part de notre pays et ne peut pas s’évaporer sur notre territoire, ne se transforme pas en nuages… Nous sommes en manque d’eau! Allons expliquer à toutes ces communes rurales qui sont livrées par des citernes que l’on va envoyer des tankers en Arabie Saoudite, au Moyen-Orient… On marche sur la tête, on déraisonne! »

Selon le sénateur, « tout a été étudié, et il y a eu certainement déjà des envois… c’est important de dire la vérité! J’aimerais qu’on sache, qu’il y ait une enquête! Parce que c’est la ressource vitale des Français! Nous sommes dans un pays où nous allons manquer d’eau! », a t-il ainsi rappelé.

 

 

 

Le BRGM (Bureau des Recherches Géologiques et Minières) indique ainsi dans un communiqué de presse, qu’au 1er avril 2023, 75% des nappes phréatiques demeurent sous les normales mensuelles (58% en mars 2022), avec de nombreux secteurs affichant des niveaux bas à très bas.

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16 Commentaires

  1. Vous vous souvenez de la remarque de Coluche sur les Énarques qui importeraient du sable d’ailleurs dans cinq ans si on leur vendait le Sahara aujourd’hui. Ils vont faire encore plus fort en vendant aux arabes l’eau qui nous fait cruellement défaut chez nous pour acheter du pétrole dont ils ne veulent plus ! Il y avait PIRE, dorénavant il y aura ” ENCORE PIRE ” ! Jusqu’où s’arrêteront ils ?

  2. j’avais écouté l”entretien chez Bercoff qu’ils asséchaient la Durance ; incapables nocifs

  3. “l’Union européenne avait condamné” De quel droit, les tyrans étrangers non-élus ? A bas L’UERSS !

  4. Ou sont donc passés les écologistes qui veulent ns faire manger des insectes pour protéger la planète ? En la rendant aride, une atteinte sans précédent aux écosystèmes, au développement durable qu’ils prônent. Et ns envoyer en tant qu’humus fertiliser la terre ? La c’est bien pire. En fait écologie égale business selon Davos point barre.

  5. Faire du troc ? déjà se poser la question est – ce légale sur les accords avec L’OMC ? Et les marchés de L’OPEP/OPEP + ? ,troquer un volume sur la ressource en eau en contre valeur pour l’équivalent en baril ,qu’elle serait la base de calcul ?
    et les structures du traitements de l’eau ,elle serait payé par le contribuable ,si je tiens se raisonnement les volumes d’eaux seraient payés par les contribuables ,contre du pétrole ? mais on n’est pas en IRAK !!! et c’était sur accord de L’ONU contre de la nourriture ,j’y verrais dans cette hypothèse un contournement pour éviter toutes transactions de règlement en dollars ? Ou réduire la dépense énergétique quand l’acheminement du gaz est liquéfié et livré par voie maritime qui en augmenteraient les couts après stockage ? Avec plus de 25 ans de pétrole à mon actif j’avais jamais entendu ça pour un pays développé !!!! c’est dingue !!! comme si ce pays n’avait plus un rond en caisse ,ces types sont vraiment hors sol !!! avec une raréfaction des ressources dont le niveau en eau et très bas ? Mais je me demande si ils réfléchissent un temps soit peu sur les conséquences à venir ?

  6. On se fout de notre g…? Des solutions existent ,dessalement de l’eau de mer pour les communes proches de la mer ,il suffit de construire des usines comme aux Canaries (300 usines ) et mieux ,entendu hier sur une chaine d’infos, à grimaud dans le sud quelqu’un a créé une machine qui transforme l’air en eau ,oui vous avez bien lu ,et ca marche ,et ils projettent de construire maintenant une usine voire plusieurs ,alors les restrictions d’eau fini car dans ce cas pas de pénurie puisque l’air est inépuisable.

    • En classe de chimie, on faisait la synthèse de l’eau en combinant du dihydrogène et du dioxygène.

    • Les principaux constituants de l’air sont O2 un peu plus de 20 % ,N2 78 %et 1 % de divers gaz rare DONT la molécule d’eau qui est a l’état GAZEUX !!!! . Cet appareil ne transforme pas l’air en eau mais extrait l’eau contenue dans l’air ( humidité de l’air ambiant) et change son état gazeux en un état liquide . Il ni a rien de magique . Dans le même esprit connaissez vous l’effet Peltier qui par condensation transforme l’humidité de l’air de gazeux en liquide ( déshumidificateur)

      • @ Tintin, ah oui merci pour l’info, je n’y connais rien la dessus mais la personne qui a créé cette machine a trouvé une bonne solution et ça évitera peut-être de rationner l’eau pour pas mal de gens .

  7. Je suis persuadé que la guerre de l’eau va bientôt commencer comme celle du pétrole a et a encore lieu sans le dire clairement. Notre seule richesse est l’irrigation de nos cultures par un apport d’eau venu du ciel. Il existe des solutions de dessalement de l’eau. Qu’ils se débrouillent. Quand au pétrole il faut être patient, il ne servira plus que pour faire les produits issus du pétrole. Ils sont déjà assez nombreux, plastiques, routes, vêtements, emballages etc… Lorsque la demande de pétrole commencera à tarir les prix baisseront fortement.

  8. Que l’eau douce soit considérée comme une pollution dans l’étang de Berre hyper pollué , soit . Alors ne le rejetons pas mais créons un canal qui servira à l’irrigation de la région. Les Qataris ont déjà des usines de dessalement d’eau de mer. Qu’ils en construisent d’autres.

  9. Alors peuple de France vas-tu encore te laisser manipuler par l’usurpateur manipulateur ,menteur ,traître et corrompu dit foutriquet l’assassin génocidaire, qui t’impose des restrictions de consommation d’eau douce pour la vendre contre du pétrole ?

  10. Une aberration. Pourquoi ne pas livrer cette eau aux agriculteurs du coin pour alimenter leurs bassines? Pour l’arrosage des particuliers?On a pas de pétrole mais on a des idées, disent-ils. De bien mauvaises idées.

    • Oui, mais ça représenterait beaucoup moins de pognon à la clé avec les taxes sur le carburant.

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