Le concert du mois : Beethoven

Ludwig van Beethoven, né le 15 (ou le 16) décembre 1770 à Bonn en Allemagne, décédé à Vienne (pas en Isère !) le 26 mars 1827. Beethoven a cumulé les fonctions de compositeur, pianiste et chef d’orchestre. En tant que compositeur, c’est sûrement le plus universel de tous, au point que cette horreur appelée Union Européenne a fait de l’hymne à la joie son propre hymne. Pauvre Ludwig, toi qui prônait la paix entre les peuples, reviens !

Le concert proposé va commencer par une ouverture, Leonore III. Leonore fut le seul opéra écrit par Beethoven. L’ouvrage est empreint des idéaux de Beethoven, la liberté et la fraternité (deux notions bien oubliées dans notre pays, bien qu’elles fassent partie de la devise de la France). La première représentation eut lieu à Vienne le 20 novembre 1805 et ce fut un échec retentissant. Leonore fut retiré de l’affiche après trois représentations. Beethoven dû revoir sa copie et l’ouvrage prit sa forme définitive en 1814, sous le nom de Fidelio. Entre temps, Beethoven avait écrit trois ouvertures, Leonore I, II, III pour finalement en composer une spécifique pour Fidelio et qui s’apparente plus à un prélude en raison de sa courte durée. Des trois Leonore, celle qui a vraiment survécu est la troisième. Il est courant de l’incorporer en guise d’intermède dans Fidelio. On remarquera, à partir de 7’39 », les deux appels de trompette en coulisse. Ils évoquent, dans l’opéra l’arrivée de Don Fernando qui va libérer Florestan, injustement emprisonné et que le méchant Pizarro s’apprêtait à faire exécuter. Voici Leonore III :

Sans garantie aucune de son authenticité, Beethoven aurait songé à une Leonore IV !

 Suite de ce concert, un concerto pour piano et orchestre, le quatrième, écrit entre 1805 et 1806 et créé le 22 décembre 1808 à Vienne, Beethoven tenait la partie de piano, déjà handicapé par sa surdité partielle. Il est d’usage d’admettre que Beethoven a écrit cinq concertos, je serais tenté de dire qu’en fait il y en a sept, si l’on ajoute la transcription du concerto pour violon et le triple concerto pour piano, violon et violoncelle. À cela on peut ajouter la fantaisie chorale pour piano, chœur et orchestre.

Mais revenons au concerto qui nous intéresse : il a de quoi surprendre, car ici pas de longue introduction orchestrale. C’est le piano qui débute l’œuvre. Cette tradition des introductions avant l’arrivée du soliste va disparaître peu à peu, avec Schumann, Grieg, Brahms, Tchaïkovski, Saint-Saëns, etc. Ce qui est remarquable dans le premier mouvement, c’est ce motif de quatre notes qui va se répéter à l’envi. Ce procédé sera repris dans la cinquième symphonie et aussi dans le concerto pour violon (voir ci-dessous, et encore je n’ai pas tout entouré !) :

Le second mouvement a quelque chose de déroutant ; les cordes entament un motif assez agressif tandis que le piano joue une mélodie très douce, comme si chacun jouait dans son coin. Dans le dernier mouvement, rapide, timbales et trompettes interviennent alors qu’elles s’étaient jusque là. J’ai eu du mal à trouver une version qui me satisfasse, en définitive j’ai opté pour deux monstres dans leur domaine, Leonard Bernstein et Claudio Arrau :

Ah, la cinquième ! La plus connue des neuf et sans doute la plus parfaite de toutes les symphonies de toute l’Histoire de la musique ! Une grande unité grâce à ce thème de quatre notes qui parcourt toute l’œuvre, une économie de moyens remarquable (c’est l’orchestre classique auquel on a juste rajouté des trombones), une durée relativement courte (environ 35 minutes), un équilibre parfait entre les mouvements, quoi demander de plus ? J’ai entouré certains groupes de quatre notes, aucun instrument n’y échappe ! Il paraît qu’un jour quelqu’un a demandé à Beethoven ce que signifiaient ces quatre notes, ce à quoi il répondit « Ainsi frappe le Destin à la porte ».

 

Et maintenant, voici la « bête » ! Interprétation rapide (un peu plus de 31 minutes avec TOUTES les reprises), un orchestre avec juste le nombre d’instruments exigé par Beethoven. Quelle force, quelle puissance dans cette musique admirablement rendue par le chef !

Sans transition, je vous propose de passer de Beethoven aux Quatre Barbus et de la cinquième symphonie à la pince à linge !

EN BONUS :

D’abord la transcription pour piano de la cinquième symphonie réalisée par Liszt ; vous êtes bon pianiste ? Moi j’ai jeté l’éponge !

Et enfin les partitions des trois œuvres proposées :

IMSLP384864-PMLP05078-Ludwig_van_Beethoven,_Leonore_3_(1805−07)

IMSLP505958-PMLP86695-Beethoven_-_Piano_Concerto_No.4_in_G_major,_Op.58

IMSLP52624-PMLP01586-Beethoven_Werke_Breitkopf_Serie_1_No_5_Op_67

Le prochain concert du mois sera consacré à Berlioz (mais sans la Fantastique !)

Filoxe

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8 Commentaires

  1. La plus apocalyptique de toutes les musiques dans l’absolu : la Symphonie n°7 en A majeur opus 92 Allegretto: Grandiose !!!

  2. Merci Filoxe pour cet article sur mon compositeur préféré.
    Léonore 3, magnifique poème symphonique, avec son ambiance dramatique, ses rebondissements est vraiment un chef d’oeuvre.

    Pour le concerto numéro 4, j’ai une faiblesse particulière pour les interprétations d’ Helene Grimaud.

    Bientôt un article sur L’Appassionata ?

  3. Pom pom pom pom ! Je débarque derrière Cachou, et que puis-je dire d’autre? Que la musique élève l’âme à des hauteurs insoupçonnées. Je me souviens d’un prof de musique, que les élèves avaient surnommé Crin-Crin, tellement il tirait des sons horribles de son violon. Pas meilleur pianiste non plus, mais qui nous interprétait du Chopin. Il y avait un vieux piano dans la salle de musique où se passaient les cours, un vieux machin qui te martyrisait les tympans. Il nous avait fait la cinquième en allant du piano à son violon à toute vitesse. Un grand moment, mais pas pour les esgourdes. S’étonner après qu’on n’ait pas acquis l’oreille absolue. J’entends encore ces sons criards qui m’ont bousillé les esgourdes , et ce pendant des années.

  4. POST 4 SUR 4
    Je trouve très intéressante la transcription de la cinquième symphonie pour piano par Liszt. Elle aurait pu être écrite comme une œuvre indépendante pianistique. Liszt, outre le nombre d’œuvres qu’il a écrites lui-même comme étant réputés pratiquement les plus difficiles du répertoire pianistique, a réalisé également beaucoup de transcriptions. Sauf erreur de ma part, il a réalisé 14 transcriptions des opéras de Richard Wagner, et beaucoup d’autres de Mozart, Berlioz, Wagner, Saint-Saëns et beaucoup aussi de lieder de Schubert.

    Très bel article, ami Filox.

  5. POST 3 SUR 4
    L’interprétation de la cinquième symphonie de Beethoven (surnommée « la pince à linge » pour ses quatre premières notes) que tu proposes par Paavo Järvi est effectivement très belle, avec des tempi (que l’on peut écrire aussi tempos) rapides, mais il y en a tellement d’autres très belles. J’ai tellement entendu cette symphonie que je ne l’écoute plus depuis plusieurs années. Pareil pour la neuvième. J’écoute toutes les autres, ce qui, même si je les ai déjà souvent écoutées, change.
    La pince à linge des Quatre Barbus que tu proposes est extrêmement intéressante et amusant. Je ne connaissais pas. De plus, les chanteurs chantent juste ce qui, dans la variété, n’existe jamais.

  6. POST 2 SUR 4
    La répétition des motifs chez Beethoven est une habitude. Elle est très souvent employée. Si je ne dis pas de bêtise, dans le concerto pour violon en ré majeur, le motif se répète plus de 60 fois ! Mais on ne s’en lasse pas.
    A propos de la transcription de ce concerto pour violon en « Concerto pour piano n° 6 », je trouve ce dernier peu convaincant. Entre autres, ce concerto écrit pour le violon présente de longues notes tenues pleines d’émotions allant crescendo et qu’on ne peut pas reproduire avec le piano. Beethoven a fait ce qu’il a pu…mais pas terrible. À mon humble avis cette œuvre ne peut pas être transcrite pour piano. De plus, Beethoven n’avait pas le don de transcripteur comme l’avaient de façons extraordinaires Liszt ou Jean-Sébastien Bach. En fait, il l’a fait pour faire plaisir à Julie von Breuning, femme d’un de ses amis qui était pianiste. Cette transcription n’est jamais jouée en concert et trouver un enregistrement est quasi mission impossible (que j’ai la chance de posséder ayant l’intégralité complète de l’œuvre de Beethoven).

  7. POST 1 SUR 4
    Le 4ème concerto pour piano est mon préféré chez Beethoven. Il est emprunt à la fois de poésie et de fermeté. L’orchestre en impose au piano au début, et petit à petit la situation se renverse et le piano termine triomphant. Ce concerto composé en 1806 fait preuve d’une très grande maturité.
    Il est spectaculaire de voir l’introduction toute timide du piano (on a de la peine pour lui…) avec celles, ultra triomphantes et dominatrices du 2ème en sol mineur de Saint-Saëns pour ses 1er et 3ème mouvement, tout comme celle du premier de Brahms dans son 3ème mouvement et celle du deuxième du même Brahms dans son 2ème mouvement !
    Au passage d’ailleurs, ceux qui seraient intéressé d’en savoir plus sur Brahms, votre serviteur les invite à aller lire l’article qu’il a écrit sur RR le 24/04/2021, intitulé : « Aimez-vous Brahms ? Bien sûr qu’on l’aime ! » en cliquant sur le lien ci-dessous :
    https://resistancerepublicaine.com/2021/04/24/aimez-vous-brahms-bien-sur-quon-laime/

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