Comment une grande partie de la gauche laïque a-t-elle pu devenir islamo-gauchiste ?

 

Nous reprenons ici une interview accordée par Emmanuel Crenne à l’Action française. Bien que celle-ci ne soit pas notre tasse de thé, le thème et l’analyse sont intéressants, complémentaires à celle de « Et la gauche devint la putain de l’islam » écrit par Pierre Cassen.

Christine Tasin

 

Q : Le terme islamo-gauchiste est contesté par de nombreux sociologues, politiciens, etc. qui n’y voient qu’un mot valise péjorat8if pour une partie de la gauche. Son sens est pourtant clair : il a été défini comme ayant une valeur descriptive de la convergence entre extrême-gauche et intégristes (autre mot valise) musulmans. Comment cette convergence se traduit-elle ? Comment expliquer qu’une tendance politique historiquement laïcarde voire anti-religieuse soit fascinée par cette religion dont la pratique et la traduction politique s’avèrent aux antipodes des idéologies dont se nourrit l’extrême gauche

L’islamo gauchisme a sans doute autant de définitions qu’il y a de manifestation de cette idéologie. On nous dit qu’il s’agit d’un phénomène nouveau, mais cette idéologie est en réalité fortement ancrée dans la tradition politique de la gauche.

La gauche est l’héritière de l’universalisme républicain de 1789. Elle croit en l’Homme tout puissant, thaumaturge au centre de l’univers et maître de son destin. Elle lutte naturellement au nom de l’égalité entre les hommes contre les différences, contre ce qu’elle appelle les « discriminations » qui viennent d’un ordre naturel auquel elle est opposée. « Il n’y a qu’une seule race, l’humanité » nous dit ainsi Jaurès.

C’est dans les années 80, au nom de cette lutte contre les discriminations, que la gauche invente l’idéologie antiraciste, nouvelle manifestation de l’universalisme républicain. L’islam, fortement associé aux communautés immigrées venant d’Afrique est alors naturellement associé à l’antiracisme. On invente alors le terme d’islamophobie qui est assimilé au racisme, au nom du droit d’être et de croire ce que l’on veut. En défendant l’immigré musulman soi-disant discriminé, la gauche finit par défendre son droit d’exister dans sa différence et reconnait ainsi implicitement le droit à l’islam d’exister au même titre que les autres religions. Alors que la gauche croyait autrefois que la religion était l’opium du peuple, la défense d’une religion devient ainsi une de ses causes et de ses combats. On voit même aujourd’hui des féministes militer pour le droit des femmes à porter le voile, pourtant un des symboles de ce qu’elles appellent le patriarcat.

La gauche révolutionnaire éradicatrice des différences au nom de l’Homme universel est devenue ainsi assez naturellement défendeuse du droit à la différence. Malgré cette contradiction apparente, l’islamo-gauchisme apparait ainsi comme une manifestation et une des conséquences naturelles de l’universalisme républicain fondateur du régime, qui périt ainsi dans le flot de ses contradictions au nom de l’égalité entre les hommes.

Ce glissement s’opère non sans difficultés : une partie de la gauche dite laïcarde, héritière de ceux qui détruisaient les églises entre 1789 et 1815, qui croit que la religion est l’opium du peuple n’acceptera pas ce « dévoiement » de l’idéologie fondatrice, On voit ainsi des personnalités de gauche comme Elisabeth Badinter le dénoncer. Christine Tasin aujourd’hui à la tête du site Resistance Républicaine, taxée aujourd’hui d’extrême droitisme et d’islamophobie était membre du parti socialiste dans les années 80 puis Chevénementiste. Cette gauche laïcarde est cependant aujourd’hui minoritaire avec moins de 5% aux élections présidentielles quand elle n’est pas passée dans le camp dit de l’extrême droite, alors que la gauche islamophile est aujourd’hui fortement majoritaire au sein de la gauche.

Q : Les alliances de fait masquent souvent une stratégie plus manichéenne. A votre avis, lequel est l’idiot utile de l’autre ?

La compromission de la gauche avec l’Islam n’est pas réciproque. Car le projet et le fondement de l’Islam est en réalité en complète contradiction avec le projet républicain. S’il s’agit bien d’universalisme dans les deux cas, ils sont fondamentalement opposés, car l’un est fondé sur le relatif et l’autre sur l’absolu. Contrairement aux croyances des républicains l’slam n’est donc pas une religion comme les autres, assimilable dans la société laïque au même titre que le christianisme ou le Judaïsme. Son projet universaliste fondé sur l’absolu entre en réalité en compétition avec l’universalisme relativiste républicain.

Comme la gauche est islamophile de circonstance pour faire avancer son projet relativiste, l’islam est républicain de circonstance pour imposer son projet universel, sa pax islamica, a paix universelle de l’Islam une fois tous les hommes convertis ‘a la religion islamique.

Si la République maçonnique universaliste a pu penser un moment instrumentaliser l’islam pour achever de détruire l’absolu dans la société romano chrétienne européenne et accomplir son projet utopique, elle a engendré un monstre œdipien qui va finir par tuer son père géniteur, entré par effraction par la porte dérobée de la Liberté, de l’Egalite et de la Fraternité des peuples. La laïcité et la bien-pensance de gauche comme d’ailleurs de droite, sont ainsi devenu le cheval de Troie de l’Islam pour pénétrer nos sociétés et les asservir. Le loup est entré dans la bergerie et il n’est pas prêt d’en sortir car les bergers se sont vendus au loup.

L’Islam pénètre ainsi progressivement et insidieusement, relayé par l’islamo gauchisme collaborateur de l’invasion, répondant malheureusement aussi à une demande d’absolu dans les sociétés occidentales aujourd’hui fortement déchristianisées et coupées de leurs racines par le relativisme érigé en absolu des gouvernement républicains. Nous sommes ainsi sommés d’accepter un autre mode de vie en notre sein « par respect » pour ne pas prendre le risque d’être raciste.

Sans interdiction de l’islam et du Coran, sans reflux des populations islamisées, il est donc fort probable que l’Occident en pleine perdition spirituelle et morale, aveuglé par l’idéologie du Vivre Ensemble, ne se fasse complètement absorber, submerger et refonder par l’offensive islamique en cours. Comme autrefois en 1940 pendant la « drôle de guerre » ou en 1938 à Munich, notre société émasculée par la bien-pensance, n’ose pas nommer l’ennemi, incapable de prendre ces mesures pourtant nécessaires que tous nos dirigeants politiques au pouvoir ou même dans l’opposition jugent trop radicales. Jusqu’à Marine le Pen, qui a déclaré en Septembre 2016 « l’islam compatible avec la République », puis en février 2019 qu’elle « ne combattait pas l’Islam car c’est une religion », parlant même « d’Islam des lumières », atteinte comme les autres d’un aveuglement laïciste et relativiste très républicain, elle qui n’a visiblement jamais lu une seule ligne du Coran !

On fera donc bien de méditer ces paroles visionnaires de Charles Maurras, écrites au moment de l’inauguration de la mosquée de Paris en 1926 5 « la construction officielle de la mosquée et surtout son inauguration en grande pompe républicaine, exprime quelque chose qui ressemble à une pénétration de notre pays et à sa prise de possession par nos sujets ou nos protégés. Ceux-ci la tiendront immanquablement pour un obscur aveu de faiblesse. Quelqu’un me disait hier : — Qui colonise désormais ? Qui est colonisé ? Eux ou nous ? J’aperçois, de-ci de-là, tel sourire supérieur. J’entends, je lis telles déclarations sur l’égalité des cultes et des races. On sera sage de ne pas les laisser propager trop loin d’ici par des haut-parleurs trop puissants. Le conquérant trop attentif à la foi du conquis est un conquérant qui ne dure guère. Nous venons de transgresser les justes bornes de la tolérance, du respect et de l’amitié. Nous venons de commettre le crime d’excès. Fasse le ciel que nous n’ayons pas à le payer avant peu et que les nobles races auxquelles nous avons dû un concours si précieux ne soient jamais grisées par leur sentiment de notre faiblesse ». 

Q : En tant qu’élu local, vous avez vécu in situ les manifestations de l’islamo-gauchisme. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?

Elu conseiller régional d’Occitanie fin 2014 sur une liste du Front National, je suis sorti du groupe en 2017 pour siéger en indépendant. Au cours de mon mandat j’ai pu constater à de nombreuses reprises la compromission des élus de gauche, mais aussi fort malheureusement celle de la droite, sur les questions migratoires et l’islamisme.

L’exemple le plus significatif dont j’ai pu être témoin dans le cadre de mon mandat est certainement celui de Madame Delga qui a inauguré  en 2017 la mosquée de Toulouse avec le maire de Toulouse et l’imam Tatai, un imam notoirement antisémite, qui avait appelé à la mort des juifs dans ses prêches, aujourd’hui condamné pour ces faits. Cet acte honteux fut dénoncé par Julien Sanchez, le maire RN de Beaucaire, et moi-même à plusieurs reprises en hémicycle et dans la presse. Madame Delga et la gauche ont répondu en proclamant l’avoir fait au nom du Vivre Ensemble et fustigé « l’extrême droite et le racisme ».

Le procureur de la République de Toulouse, m’a déferré en correctionnelle pour avoir dénoncé ces faits lors de mon dernier discours au Conseil Régional en mars 2021 en disant que Madame Delga avait « trahi et collaboré avec l’islamo-gauchisme » à cette occasion le tout suivi d’un « Vive le Roi ». Comme le chantait Guy Béart « Celui qui dit la vérité il faut l’exécuter ».

Q : Il y a dans l’utilisation de ce terme comme une tentative de contre-attaque dans la guerre des mots que livre précisément la gauche depuis mai 1968. Mais cette tentative ne se retourne-t-elle pas contre ses acteurs, dans la mesure où l’emploi du terme « islamo-gauchisme » range de facto son utilisateur dans le camp « fasciste » ?

Je suis en désaccord complet avec votre proposition. S’interdire l’emploi du terme islamo-gauchisme, pour éviter d’être traité de fasciste serait succomber au chantage de la gauche et déposer les armes sans combattre. Assumons.

L’anathème jeté par l’extrême gauche sur tout adversaire politique, fut-il dans son propre camp, est une des techniques classiques de la gauche depuis 1789. Il ne faut donc pas accorder d’importance à ces invectives ni s’en défendre. Staline disait « traitez un homme de droite de fasciste, il passera son temps à s’en défendre et vous n’entendrez pas ses idées ». Traitons donc les gauchistes d’islamo gauchistes, ils passeront leur temps à s’en défendre et vous n’entendrez plus leurs idées.

Par ailleurs, si la création du terme islamogauchiste est une création sémantique de l’extrême droite, ce concept est aussi utilisé par la gauche laicarde pour s’en distinguer. L’islamo-gauchisme est une réalité, mais ce n’est qu’une des tendances de la gauche. Comme nous l’avons vu, il existe une gauche laicarde, certes minoritaire qui est totalement opposée à cette dérive islamophile qu’ils dénoncent. S’il est vrai que même les opposants de gauche à l’islamo gauchisme se font parfois traiter de fascistes par leurs collègues d’extrême gauche, un peu comme les révolutionnaires que les extrémistes de 1793/94 envoyaient à l’échafaud, on ne peut pas nier leur appartenance à la tradition politique de la gauche, et ceux-là ne sont certainement pas fascistes.

Emmanuel Crenne, ancien conseiller régional d’Occitanie

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6 Commentaires

  1. On a été culpabilisés, depuis des années, et là tout d’un coup on commence à se réveiller. La gauche a une lourde responsabilité, dans la décadence généralisée.

  2. L’islamo Gauchisme c’est la réunion entre l’extrême Gauche et l’islam conquérant et politique dont l’essentialisation des musulmans de la part des Gauchos montre que le prophétariat remplace le prolétariat et voir les tronches de de Mélenchon L’Enfariné , Gollum Jadot , Hidalgogol la fossoyeuse de Paris , le Salafiste Hamon , le lécheur de babouche Edwy Plenel , le Rocco Siffredi Egyptien Tariq Ramadan et les autres sont des Islamo Gauchistes qui contaminent la France avec l’islam , l’antiracisme et les autres merdes Islamo Gauchiste .

  3. « Traitons donc les gauchistes d’islamo-gauchistes, ils passeront leur temps à s’en défendre et vous n’entendrez plus leurs idées. »
    C’est bien sûr exactement ce qu’il faut faire. Etre toujours sur l »offensive, jamais sur la défensive, position du coupable et du faible. Nous avons réalité et la raison de notre côté.
    Des auditeurs auxquels il reste du bon sens et de l’honnêteté dans leur camp changeront d’avis, m^me si secrètement au début?. Un des secrets de la gauche qui a tort sur le fond est de maintenir une offensive permanente. Le fameux principe de Staline.

  4. C’est une façon pour la gauche d’exister face à une « extrême(?) » droite de plus en plus présente depuis les débuts du FN. Une réaction devant un mouvement qui lui taille des croupières et qui lui pique chaque jour un peu plus de sympathisants et militants.
    Il fallait donc à cette gauche flatter ceux que le FN et d’autres percutent…
    Une forme de réaction mais avec beaucoup d’insincérité.

    Je n’ai pas encore lu l’article, pas le temps ce matin. Promis je m’y colle après avoir déjeuné.

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