Geraldine Chaplin, la bien-aimée femme de Jivago.
Julie Christie, sa dangereuse maîtresse.
Le Docteur Jivago fait partie de ces films basés sur des romans russes qui sont devenus des classiques d’Hollywood.
Cette romance épique se déroule dans le contexte de la Révolution russe. La version du réalisateur David Lean, dans laquelle jouent Omar Sharif et l’iconique actrice britannique Julie Christie, est l’une des plus grandes histoires d’amour du cinéma et a remporté cinq Oscars.
L’immense fresque romanesque s’étend de 1903 à 1929, permettant de suivre une série de personnages principaux à travers la révolution de 1905, la guerre mondiale, la révolution de 1917, la guerre civile et jusque sous la NEP.
La matière du roman de Boris Pasternak offre à David Lean l’occasion de renouer avec l’esprit romantique de ses premières oeuvres comme Brève Rencontre qu’il va pouvoir mêler à son nouveau statut de maître du grand spectacle acquise avec ses précédents films, les multi récompensés Le Pont de La Rivière Kwai et Lawrence D’Arabie.
On va donc naturellement retrouver des facettes de ces différentes oeuvres condensées dans Jivago : l’histoire d’amour impossible, le couple adultère coupable, la toile de fond historique, le souffle épique… Pourtant qu’on ne s’y trompe pas, loin d’être une redite, Docteur Jivago est au contraire un accomplissement, la quintessence de la verve romanesque de David Lean.
Le Docteur Jivago est notamment réputé pour la splendeur de ses décors et ses costumes, ainsi que pour la musique de Maurice Jarre.
Météo capricieuse sur le tournage.
Le livre original de Boris Pasternak étant interdit en Union soviétique, il était impossible pour David Lean d’espérer tourner en Russie (où le film n’a d’ailleurs été projeté pour la première fois qu’en 1994 !). Le réalisateur a choisi l’Espagne où il avait tourné certaines séquences de Lawrence d’Arabie. La présence de neige était garantie par les météorologues… qui se sont plantés dans les grandes largeurs. Cette année-là, l’Espagne a connu son hiver le plus chaud depuis 50 ans !
Résultat : l’équipe de tournage a dû disperser des tonnes de fausse neige — réalisée pour l’essentiel avec de la poudre de marbre ou de plastique — sur les décors.
La charge des partisans sur le lac gelé a ainsi été tournée alors qu’il faisait très chaud. Les acteurs, habillés en tenue hivernale, étouffaient dans leurs costumes et la « glace » simulée avec d’énormes plaques de fonte posées sur le lit d’un ruisseau. Omar Sharif racontera dans ses mémoires : « Nous avions une armée d’assistants maquillage qui déboulait toutes les deux minutes pour nous remaquiller parce que nous transpirions en abondance.«
Extrait, Docteur Jivago avec le thème de Lara de Maurice Jarre :
Maurice Jarre est à David Lean ce qu’est Ennio Morricone à Sergio Leone, un atout majeur pour ses œuvres.
Le témoignage d’un spectateur dont c’était le premier film au cinéma, en 1966 :
1966, j’ai huit ans. Mon frère cadet et ma belle sœur m’emmènent au cinéma. Mon premier film. Le docteur Jivago. Je suis ébloui. Mon premier film ! J’ai dû tomber amoureux tout de suite de Lara. Revu le film au moins dix fois depuis. Toujours amoureux de Lara.
Étrangement, je n’avais jamais lu le roman. C’est chose faite ! A quelques détails près, je n’ai rien reconnu du film. Peu importe. J’ai dévoré ce gros pavé. Les plaines interminables de Russie, la neige, et la mélancolie chronique des Russes.
C’est la grande guerre. Puis la révolution, et enfin le coup d’état bolchevique de 1917. Et là Pasternack peint magnifiquement mais sans complaisance l’installation du totalitarisme communiste. Il est interdit d’être amoureux, heureux, malheureux. Il est interdit de créer. Un bon communiste n’a pas de sentiment. Description de cette absurdité cruelle et sanglante que fut ce régime criminel. Les êtres sont bousculés, ballotés, brisés par ce régime qui ne se comprend même pas lui-même. L’histoire d’amour est en arrière plan. Mais Jivago et Lara tout au long des pages sont les deux symboles de ces hommes et de ces femmes broyés par la machine bolchevique qui poussent les individus à s’auto-détruire. Une flamboyante leçon d’histoire à travers la littérature. Et la littérature n’est-elle pas le meilleur moyen d’apprendre et de comprendre l’histoire, surtout l’histoire quand elle est tragique comme le fut celle du siècle dernier ? Ce livre est l’un des plus grands chefs d’oeuvres de la littérature russe sous le joug pervers du soviétisme. Pourquoi diable ai-je mis tant et tant d’années à le lire ? A cause du côté eau de rose du film, peut être. Film que j’aime un peu moins depuis que j’ai lu le livre. Mais je me suis essoufflé dans un livre magnifique. Puissant.
Le docteur Jivago est d’abord paru en Italie puis s’est répandu dans tout le monde libre. Tout de suite interdit au « paradis des prolétaires ». Le pouvoir a interdit à Pasternack d’aller recevoir son Nobel. Pendant que les communistes français et leurs « compagnons de route » couvraient et l’oeuvre et l’auteur de leurs immondices.
Ce qui, au fond, est rassurant, c’est que les crapauds sanguinaires disparaissent pendant que les livres, eux, demeurent.
Ce n’était pas la première fois, ce ne fut pas la dernière et il y en aura encore d’autres…
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Le docteur Jivago est un grand roman d’aventure et d’amour écrit au lendemain de la seconde guerre mondiale par Boris Pasternak (1890 – 1960), écrivain et poète soviétique déjà réputé au moment de la publication de l’oeuvre en 1957.
La tradition des romans russes
Le docteur Jivago est un roman qui s’inscrit dans la tradition des grandes oeuvres russes, dans la lignée de Tolstoï avec un grand nombre de personnages aux destins très finement entrelacés. Il en va bien sûr de Iouri et Lara, qui se croisent à plusieurs reprises dans Moscou au cours de leur jeunesse, puis se retrouvent à Iouriatine mais aussi de bien d’autres personnages, principaux ou secondaires, dont les vies ne cessent de se croiser. Ce qui n’est pas sans rappeler Les Misérables de Victor Hugo, oeuvre magistrale dans laquelle une poignée de personnages ne cessent de se retrouver tout au long des centaines de pages.
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Le Docteur Jivago ? C’est un très beau film rien à voir avec les films merdiques d’aujourd’hui qui parle d’antiracisme , d’idéologie LGBTQ+ ZERT et propagande racialiste .
Je l’ai vu 2 fois !!! Un film mythique !!! C’est dommage aujourd’hui on est inondé avec NETFLIX et sa filmographie, sans consistance ,fini le 7ième art qui était à son apogée ,mais je me suis doté d’une belle cinéthèque ,étant cinéphile très jeune ,dernier film visionné hier soir de Claude Autant – Lara ,bon à tort ou à raison, il faut contenter tout le monde , si par définition, l’on dit que les gouts et les couleurs ne sauraient se discuter
Merci de votre chronique cinématographique. Elle m’a permis de combler quelques lacunes honteuses. Mon Dieu, je n’ai pas lu Pasternak. Honte à moi. Omar Sharif : le plus français des Egyptiens. Bien éduqué, élégant et conservateur.
Moi aussi j’étais amoureux de « Lara » », mais plus encore « Darling » et « ne vous retournez pas », » Fahrenheit 451″ j’en ai rêvé à l’époque !
Quant au film, je dois dire que je le revois avec intérêt mais pour ce qui est d’autant en emporte le vent, je l’utilise comme somnifère…Bon, c’est personnel, même la musique ne me dit rien, par contre, celle de Jivago, j’ai encore le 33 tours !!!!
Merci mille fois , Jules Ferry, pour cette magnifique rétrospective. J’ai lu le roman de Pasternak et vu le film; inoubliable, envoûtante et déchirante musique, sublimes acteurs et actrices, superbe histoire. Pourquoi les amours dans des périodes troubles, dramatiques, sont-elles sublimées alors que les temps paisibles n’apportent que désillusion. C’est une question qui m’obsède. Aurais-je la réponse un jour?
Dans les temps plus troubles, violents et dangereux, peut-être s’accroche plus fortement à l’amour, un peu comme le noyé à une bouée de sauvetage, et peut-être aussi veut-on, par une relation amoureuse forte, transcender ce qu’il reste d’humain en l’homme.