MANGER SOUS L’OCCUPATION
Ils sont corrects. Voilà ce que se disaient les Français après l’Armistice à propos des Allemands.
Pendant l’offensive, des bruits couraient à propos de la sauvagerie du guerrier teuton. Comme celui de couper les mains des jeunes gens en âge de combattre, ou les seins des femmes afin qu’elles ne puissent plus allaiter, et bien d’autres canards qui avaient précipité des populations entières sur les routes de l’exode, avec la peur des combats, des bombardements.
Oui, ils se montrèrent corrects, du moins au début, dûment chapitrés par leurs chefs. Cela ne devait pas durer.
La riche terre de France allait connaître la faim. Enfin, pas toute, il faut bien le reconnaître. La riche terre de France ? Pas tant que cela. La métropole découvre qu’elle recevait 7 à 8 millions d’hectolitres de vin d’Afrique du Nord, que 600 000 tonnes d’arachides nous arrivaient de Dakar, que le cacao, l’huile de palme (déjà!), le riz, le sucre, les bananes, le caoutchouc provenaient de nos lointaines colonies, le blé du canada, la viande d’Amérique du Sud, l’essence du Moyen-Orient, la pâte à papier de Finlande, le charbon en partie d’Allemagne, la laine d’Australie.
Avec la guerre, les importations ont du mal à nous parvenir. Les occupants interdisent l’accès des ports de l’Atlantique aux navires français. En Méditerranée, les Italiens n’autorisent que peu de convois. Idem avec les Anglais. Et quand les importations reprennent, elles seront bien insuffisantes pour combler le déficit.
Comme on peut le constater, la mondialisation ne date pas d’hier et nous étions à cette époque loin d’être auto-suffisants. C’est au creux du malheur que l’on redécouvre le mot autarcie. Les leçons de la période de l’Occupation n’ont pas été retenues puisque nous risquons de nouvelles pénuries provoquées par les sanctions exercées contre la Russie suite à son intervention en Ukraine.
En plus de la délocalisation d’un grand nombre d’activités essentielles, qui constitue un véritable crime contre les Français et notre pays. La partition en deux de notre territoire n’arrangea pas les choses : la France du sud manque de céréales, de sucre, de pommes de terre, de charbon. La France du Nord manque de savon, d’huile, de vin. Le tout dû à la ligne de démarcation.
Mais là n’est pas le gros des pénuries. Les Allemands vont se charger de l’alimenter.
L’imposant maréchal Goering trouve que les Français s’empiffrent que c’est est une honte (sic). L’ Allemagne va se servir. D’abord les achats officiels, dont le prix est déduit des frais d’occupation. Et puis les bureaux d’achat, avec ses trafics en tous genres. Des fortunes se font, qui feront les riches de l’après- guerre. C’est le temps du marché noir, des épiciers et des crémiers-rois. Les cartes de rationnement font leur apparition. Les J1, J2, J3, et autres A, T, V et E. En plus, il faudra faire la queue, pour apprendre au dernier moment qu’il n’y a plus rien, ou presque rien. À titre indicatif, à cette époque, la ration moyenne d’un Français est de 1100 calories environ. Celle de l’Allemand, trois fois plus. Si c’est le temps du marché noir, c’est aussi celui des ersatz : confitures sans sucre, mayonnaise sans œufs, fumer sans tabac, comment recoller un vase brisé sans colle, des semelles de chaussures en bois, des vêtements aux textiles pittoresques (fibre de peuplier par exemple). On remplace les chambres à air des vélos par du papier journal. Pour se chauffer, la ration de charbon étant insuffisante, on fait des boulets de ce même papier en l’humectant au préalable. Pour les automobiles, le gazogène fait son apparition. Les rutabagas et les topinambours, jadis réservés au bétail, arrivent sur les tables, légumes que l’on fait cuire partiellement sur une flamme chiche et fuligineuse (le gaz aussi est rationné). Ils finissent de mijoter dans une marmite dite norvégienne, assemblage de bois et d’isolants constitués de chiffons ou de kapok.
On élève des poules, des cochons d’Inde, des lapins dans les arrière-cours, voire sur les balcons. Tout un trafic se met en place : des escrocs débitent des rayons de roues de bicyclette pour les vendre en lieu et place des pierres à briquet, des aigrefins vendent du faux tabac à base de mélanges d’herbes innommables. Des métiers pittoresques voient le jour, comme celui qui consiste à faire la queue devant les magasins pour le compte de consommateurs peu soucieux d’attendre comme tout le monde. On plante des pommes de terre dans les jardins publics, des légumes. Des cantines et des soupes populaires se mettent en place. Les profiteurs se gavent. Ceux qui habitent la campagne sont mieux lotis. Des citadins se souviennent brusquement d’une parenté avec quelque agriculteur qu’on ignorait royalement jusque -là. Des liens se renouent , qui ne résisteront pas à la Libération. Ces mêmes agriculteurs feront leur beurre en vendant l’indispensable à ces mêmes citadins affamés, en même temps qu’ils commercent avec les Allemands, qui paient au-delà du tarif officiel.
Tout le monde trafique, ou presque; pour vivre, pour survivre. D’autres pour bâtir de solides fortunes. La répression contre le marché noir est féroce. Ce sont les petits trafiquants qui paient le plus lourd tribut. On laisse les gros en paix. Les Français se vengent, souvent avec humour. Ainsi, cette réflexion : « Manquer de lait alors que l’on a autant de vaches.» Les vaches, ce sont les troupes d’occupation. Pour leur amour immodéré de la pomme de terre, l’occupant est affublé du surnom de doryphore.
Seul point positif, si je puis dire, on put constater une nette diminution de pléthore de maladies diverses et variées, comme la cirrhose, l’hypertension et autres fléaux d’une économie d’abondance. Sauf pour les profiteurs, qui eux continuèrent de subir les méfaits d’une suralimentation qui ne devait rien à la probité.
Puissions-nous ne jamais renouer avec cette période. Ce sera ma conclusion.
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Pendant l’occupation, dans la population française, il n’y avait pas d’obèses, car les gens, ne mangeaient pas à leur faim.
L’obésité était une maladie de riches. Maintenant elle est une maladie de pauvres, qui n’ont pas les moyens de s’acheter de la nourriture bio, ou de cuisiner des petits plats équilibrés, comme autrefois.
D’ailleurs il parait qu’après la guerre, les gens ne pensaient qu’à manger.
« Le doryphore, arme de guerre biologique ? »
« ….;ce coléoptère fut au centre de nombreuses recherches pendant la Seconde Guerre Mondiale. Objectif : le largage de doryphores et la destruction des cultures en sol ennemi. Une vraie arme de guerre biologique ! »
« Pendant la Seconde Guerre mondiale, les puissances alliées et le régime nazi, eux, s’attachent à étudier comment amener la famine sur les sols ennemis via le doryphore. A priori, ce sont les Français qui démarrent en premier les recherches. Ils sont suivis par les Anglais qui font acheminer 15 000 doryphores des États-Unis, en avril 1942, dans le but de les balancer sur des cultures ennemies. Les Allemands, qui ne comptent pas perdre la guerre entomologique, se lancent alors un double défi : le largage de colonies de doryphores sur l’Angleterre et la lutte contre le coléoptère s’il venait à envahir leurs cultures. Ils ouvrent un institut de recherche à Kruft, une ville dans l’ouest du pays. »
https://magazine.hortus-focus.fr/blog/2020/08/24/le-doryphore-arme-de-guerre-biologique/
Cf mon commentaire plus bas relatant un documentaire : les Allemands auraient raté le largage qui serait tombé en Bretagne France.
Les Allemands réquisitionnaient les pommes de terre en grande quantités.C’etait de gros consommateurs de kartofels D’où des pénuries. Avec leur uniformes verts de gris en plus, dans les campagnes on les surnommait déjà les doryphores, vu qu’ils ne laissaient rien derrière eux, comme les insectes du même nom. Dans mon village corrézien, on surnomme parfois encore les touristes allemands les doryphores.
Bonjour,
Oui, gamine, ma mère, en Corrèze, se faisait un peu d’argent de poche en collectant les larves.
Il y avait une (toute) petite somme pour chaque larve apportée …
Oui, période terrible…
« Pour leur amour immodéré de la pomme de terre, l’occupant est affublé du surnom de doryphore. »
Pour les doryphores (qui adorent les pommes de terre comme chacun sait), je ne sais pas si c’est vrai, mais j’avais vu un documentaire qui disait qu’en fait, les Allemands auraient voulu larguer en masse avec des avions de ces bestioles en Angleterre, les Anglais étant friands de pommes de terre, dans le but de les affamer en détruisant leurs cultures. Mais il y aurait eu un problème et la cargaison serait tombée en France, en Bretagne… Il est vrai qu’il y avait beaucoup de doryphores après la guerre en Bretagne.
Cela aurait été l’origine du surnom donné aux Allemands par les Français.