Au temps du « French Cancan » de Renoir : l’amour de la danse et de la liberté
Le french cancan est une danse libératrice, amusante et folle, en parfait accord avec l’esprit de Montmartre. Renoir filme cette danse en amoureux, saisissant au vol, furtivement, les blancheurs de cuisses et échappées de gambettes. D’amour, il est bien sûr question ici, mais sur un mode léger, euphorisant !
Quand on évoque le french cancan aujourd’hui, ce sont les images du film de Renoir qui s’imposent spontanément. Danse endiablée, joyeuse et débridée, qui veut avant tout de la légèreté, de la liberté : en patron du Moulin Rouge, plein de vie, Jean Gabin est absolument irrésistible.
Découvrez la bande annonce du film French Cancan réalisé par Jean Renoir (1955).
Avec Jean Gabin, Françoise Arnoul, et l’actrice mexicaine de toute beauté Maria Félix :
Synopsis
Montmartre 1900 : les petites ouvrières de la Butte, les lumières du « Moulin Rouge », les viveurs aux terrasses, les refrains populaires et les joyeux tourlourous… Un génial organisateur de spectacles, Danglard (Jean Gabin), règne sur ce petit monde : il a d’abord géré le « Paravent Chinois », puis la « Reine Blanche », où règne en vedette la « Belle Abbesse », une plantureuse comédienne qui est aussi sa maitresse. Les financiers lui font confiance.
Mais Danglard, en voyant gambader sur la Butte une petite blanchisseuse, Nini, a une idée : il veut relancer le cancan, vieille danse passée de mode qu’il rebaptise, à l’anglaise « French Cancan ». Cela n’ira pas sans quelques déboires, car la jalousie de ses « muses » s’en mêle. Mais finalement, grâce aux dons de danseuse de Nini, au Prince Alexandre qui est amoureux d’elle et qui accepte de commanditer le spectacle, à la Belle Abbesse qui a fait taire ses rancœurs, à Casimir le fidèle bras droit et au Tout Paris accouru en foule, le French Cancan connaîtra un triomphe au « Moulin Rouge ».
Le Moulin Rouge, invention de Jean Gabin dans French Cancan
Deux films ont pour titre Moulin Rouge, mais c’est French Cancan (1954), de Jean Renoir, qui raconte de manière romancée – et en Technicolor – la création du célèbre cabaret parisien.
Le tournage débute alors que le réalisateur a été éloigné de France pendant plus de dix ans, d’abord en raison de la guerre, puis d’une situation conjugale compliquée. Pendant son exil il a pris la nationalité américaine, ce qui n’est pas sans irriter Jean Gabin, choisi pour incarner Danglard, créateur imaginaire du Moulin Rouge. Malgré des retrouvailles glaciales entre Renoir et l’acteur avec qui il avait réalisé trois films de légende avant-guerre, le plaisir de tourner sera le plus fort.
L’ambiance sera bientôt aussi joyeuse que celle du Bal du Moulin de la Galette, ce magnifique tableau du père, Auguste Renoir, auquel son fils Jean semble rendre hommage à chaque instant dans French Cancan.
Françoise Arnoul
Seule l’ombrageuse actrice mexicaine Maria Felix, confinée dans sa loge avec son habilleuse, s’est tenue à l’écart de l’euphorie du tournage. Il faut dire qu’elle est sérieusement concurrencée par la très jolie Françoise Arnoul, dans le rôle de Nini, la blanchisseuse qui devient danseuse vedette du French Cancan. Non seulement elle donne avec malice la réplique à Gabin, mais elle parvient dans le film à lever la jambe avec la même aisance que les danseuses professionnelles, en particulier pendant le formidable final de 25 minutes qui constitue le morceau de bravoure du film.
Le Montmartre encore champêtre de la fin du XIXème siècle a été reproduit au Studio de Joinville par le décorateur Max Douy, dont les toiles peintes et les trompe l’oeil s’inspirent de l’art des impressionnistes. A côté du virevoltant Philippe Clay et du romantique Giani Esposito, on retrouve Edith Piaf et Patachou dans des rôles de chanteuses. Passent fugacement Michel Piccoli et même Rosy Varte, la future Maguy. Mais c’est à l’actrice italienne Anna Amendola, doublée par Cora Vaucaire, que revient l’honneur d’interpréter La complainte de la Butte. Cette chanson, écrite spécialement pour le film par Georges Van Parys et Jean-Renoir lui-même, est devenue aujourd’hui le véritable hymne national de Montmartre !
Par Antoine Sire
La Complainte de la Butte, chanson du film French Cancan
« La Complainte de la Butte » a été créée pour « French Cancan » de Renoir. Chose incroyable : la magnifique interprétation est faite par la grande chanteuse marseillaise Cora Vaucaire, mais c’est l’actrice italienne Anna Amendola que l’on voit à l’écran !
Patachou, autre magnifique interprète de La complainte de la butte, également Mouloudji…
Pour voir le film sur Internet
Cliquer sur le lien suivant :
https://123streaming.cc/film/french-cancan/
En bas à gauche, cliquer sur Opción 1 (et fermer la pub). Puis sur la flèche pour faire démarrer le film.
Capture d’écran
Le cancan des cabarets
La popularité du cancan tient également à celles de danseuses telles que La Goulue (photo), célèbre artiste du Moulin Rouge, qui crée les règles du cancan telles qu’on les connait aujourd’hui. Mais c’est une autre grande danseuse du Moulin, Nini Pattes en l’air qui, après 1894, est la première à l’enseigner. C’est donc entre les murs du moulin de la butte de Montmartre que le French Cancan acquiert sa renommée qui ne l’a depuis lors jamais quitté. Le Moulin Rouge et ses danseuses continuent aujourd’hui de faire rêver ses visiteurs.
1904, le Montmartre de la chanson du film, La Complainte de la Butte
MONTMARTRE 1904
Photo Jules Seeberger – Le Cabaret du Lapin Agile, 13 mars 1904
MONTMARTRE 1904
Photo Jules Seeberger – Passage Cottin, vue prise de la rue du Chevalier de la Barre, 7 février 1904
MONTMARTRE 1904
Photo Jules Seeberger – Femme devant un moulin, Montmartre Janvier 1904 (dite aussi « la Mendiante »)
MONTMARTRE 1904
Photo Georges Rémy – Escalier dans le Maquis, menant à l’impasse Girardon, septembre 1904
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Très émouvant. La Belle Époque, l’apogée… Que reste-t-il de ce pays d’aventure et de liberté depuis qu’il a fait de mauvaises rencontres ?
La plus grande partie de ma vie. Trente ans passé sur la place du Tertre ! Les escaliers de la Butte… Combien de fois les ai-je descendus. Combien de fois y ai-je peiné, les montant. J’ai le cœur remué ! Merci Jules.
Toulouse-Lautrec, La Goulue, toute une époque disparue aujourd’hui. La Butte, avec ses poètes, ses cabarets, ce Paris d’autrefois. La tombe de La Goulue est toujours visible au cimetière Montmartre, et toujours fleurie. Merci Jules Ferry pour cette promenade dans le passé. Pour vous ce modeste sonnet.
OMBRES ET SILHOUETTES
Au pays d’outre-tombe,
Ils dansent endiablés,
Quand la lumière tombe,
Ces témoins du passé.
Dans les ruelles noires,
Les escaliers tordus,
Règne le désespoir
D’un monde disparu.
Fantômes évanescents,
Silhouettes fugitives,
Vous êtes mille et cent.
Danser, chanter et boire,
Telle une flamme vive,
La vie est désespoir.
Toujours, Argo,
Sur les âmes, sur les lieux,
L’Histoire et le désespoir,
Avec talent trouve les mots
Merci pour ce magnifique article et ces photos!!! J’en ai trouvé une de mon grand-père petit garçon dans les années 20 exactement comme cela.