Excellent, Laurent Mucchielli, directeur de recherche au CNRS, invité à l'IHU de Raoult

Discours d’ouverture du Conseil Scientifique de l’IHU Méditerranée Infection, le 14 octobre 2020

Quel humour, quel talent… Quelle liberté de ton ! Quelle liberté tout court !  Quel regard objectif et caustique sur les manipulations, les réseaux sociaux, les medias et autres journaleux… Quant aux politiques, ils s’en prennent plein la figure. C’est pourtant un “intellectuel de gauche”, mais il n’est pas sectaire…

Que viens-je faire dans cette galère ?


Son discours intégral ici 
https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/11/Discours-de-Laurent-Mucchielli-pour-le-CS-2020-de-lIHU.pdf

Extrait, mais il faut écouter et/ou lire l’ensemble c’est parfaitement savoureux. 
[…]

Je suis donc là parce que l’étonnement a guidé ma réflexion. L’étonnement a amené le questionnement, qui a exigé l’investigation, qui a débouché sur la publication. Un circuit des plus simples.

1) J’ai d’abord été étonné par le confinement général. Sans être un spécialiste de l’histoire moderne et contemporaine des épidémies, je m’y étais intéressé jadis au cours de ma formation universitaire (qui s’est faite en partie en histoire), j’avais quelques livres à ce sujet dans ma bibliothèque et j’en ai trouvé lu d’autres sur Internet. Il n’y est nulle part question de confinement général de la population. J’ai donc fait rapidement l’hypothèse que ce dernier cachait en réalité une absence de stratégie de santé publique, une pénurie de moyens médicaux (lits d’hôpitaux, tests, masques, etc.) et une simple imitation de nos prédécesseurs chinois, italien et espagnol. Je n’y insiste pas davantage ici.

2) J’ai ensuite été étonné par certains des arguments qui ont été employés pour essayer de discréditer Didier Raoult et le protocole de l’IHU.
Que l’on trouve le personnage excentrique, orgueilleux, bavard, autoritaire ou que sais-je, pourquoi pas, mais je ne vois pas le rapport avec la question de la compétence professionnelle. Qu’on critique les publications en rafale en rappelant que la quantité ne fait pas la qualité, soit, mais il faudrait démontrer et non pas simplement présupposer leur faible qualité. Qui est allé y voir de près ? Personne à ma connaissance. Je relève au passage qu’il faut de surcroît une certaine hypocrisie pour ne pas voir que c’est tout notre système institutionnel qui pousse à faire de la quantité. Ce n’est pas l’IHU qui a inventé le classement de Shanghai en 2003, et je peux témoigner du fait que, depuis plusieurs années, les directeurs des laboratoires nous rappellent régulièrement à tous qu’il faut publier et publier avec la bonne façon de mentionner nos universités d’appartenance afin d’augmenter le « bonus recherche » dans le budget annuel de nos laboratoires. La course à la publication est un phénomène global. Enfin, on peut aussi avoir pour de multiples raisons la passion du travail et de la publication. Je répète que ce n’est pas en soi un argument négatif (sinon faudrait-il encourager la paresse ?) et que l’argument est nul tant que l’on n’a pas démontré la mauvaise qualité de ces très nombreuses publications.
Enfin, deux arguments employés contre l’IHU et son directeur m’ont paru particulièrement influents auprès de beaucoup d’universitaires et de journalistes scientifiques (ou supposés tels en tous cas), lors même qu’ils sont très contestables.

Le premier est politique. Si j’avais su dessiner, j’aurais projeté devant vous un graffiti de la tête de Didier Raoult avec en dessous cette phrase : « Trump m’a tué ! ». En déclarant le 3 avril 2020 que l’Etat fédéral américain allait constituer des réserves d’HCQ, Trump a non seulement achevé de faire classer D. Raoult à droite (comme les soutiens des personnalités politiques de droite de la région avait déjà commencé à le faire), mais il l’a de surcroît associé à la diabolisation dont il est l’objet en France, de manière générale et dans la gauche et le centre politiques en particulier. Qu’on me comprenne bien : je n’ai évidemment aucune forme de sympathie pour Trump, je suis un intellectuel de gauche, c’est de notoriété publique, et je suis fier de l’être. Mais avoir certaines valeurs ne signifie pas adhérer à une idéologie quelconque. L’idéologie conduit toujours à diviser le monde entre amis et ennemis. Elle mène ainsi fatalement au sectarisme. Beaucoup de gens, notamment parmi mes amis universitaires de la gauche intellectuelle et politique, sont malheureusement des gens sectaires et ils n’ont tout simplement plus pu écouter tranquillement Didier Raoult à partir du moment où ils l’ont étiqueté « homme de droite soutenu par Trump ». Pour nombre d’entre eux, que je connais assez bien, c’est malheureusement aussi simple que cela. Et c’est un vrai manque à la fois d’intelligence et d’honnêteté intellectuelle car, en vérité, lorsque nous allons tous voir notre médecin, nous ne nous demandons pas pour qui il a voté aux dernières élections. Nous allons le voir pour qu’il nous soigne.
Arrive alors, à la fin, les arguments dits « scientifiques ». Chez la quasi-totalité des personnes qui ne cessent d’attaquer l’IHU dans le débat public, ce sont bien entendu ces arguments d’apparence neutre et rationnelle qui sont le plus volontiers mis en avant. Pourtant, je pense que pour beaucoup d’entre eux, d’une part ce sont des rationalisations a posteriori (ils ont d’abord une opinion, ensuite des arguments, et non l’inverse), d’autre part ce sont des argumentsd’autorité répétés en boucle par des gens qui n’ont généralement ni pratique médicale, ni pratique scientifique des données quantitatives.
[…]
 
 

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7 Commentaires

  1. quelle stupidité de la part des classeurs de gauche, un médicament n’a pas de couleur politique,
    voilà donc qu’il faudrait à présent, se contenter des médicaments prônés par le parti sinon rien !!!

  2. Je me méfie de ce Mucchielli. Il a signé un autre article critique daté du 20 décembre dernier où interrogé sur la destitution du Pr Perronne de ses fonctions de chef de service, il répond sobrement que ce dernier est coutumier d’une communication “émotionnelle et populaire” qui ont dû déplaire aux hauts fonctionnaires sans prendre position sur la sanction. Se gardant d’approuver ou désapprouver la sanction comme la question l’y invitait discrètement. Mucchielli craindrait-il que le poste au Collège de France qu’il attend désespérément depuis des années lui échappe ?
    Il peut donc déployer les charmes de son esprit face au Pr Raoult en tentant qui sait de bénéficier de sa lumière. Ce qui me paraît sûr, c’est que l’individu est avant tout un carriériste et qui ne veut pas nuire à sa carrière en soutenant un tel ou un tel subissant une sanction.
    On le connaît moins précautionneux quand il s’agit de dénoncer le racisme du peuple et sanctifier ses victimes, quoi qu’elles fassent.
    https://www.alternativesante.fr/coronavirus/covid-19-il-n-y-a-pas-de-democratie-sanitaire-quand-les-professionnels-de-terrain-sont-a-ce-point-meprises

  3. Un peu longuet… pas si brillant que ça… et pourquoi préciser qu’il n’est pas pro-Trump et qu’il est “de gauche” ? Il ne s’est pas suffisamment détaché du politiquement correct qu’il prétend critiquer.

  4. Bon ! était il en manque de notoriété ? c’est une personne que je n’apprécie pas , pour ou contre D.Raoult , je n’attends pas après ce personnage qui a toujours nié les agressions que les citoyens subissent ! pour lui c’est un leur et une idée de personnes âgées!!!

  5. excellent ce directeur qui n’a pas décliné l’invitation du professeur Raoult. ils sont rare à être intelligents.

  6. Exposé d’une grande clarté pour les profanes dont je suis, argumenté de manière exhaustive.

  7. Le gros problème est que ça n’empêchera pas le dictateur de nuire et finir le travail de la raie-publique…

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