Une semaine dans la peau d’un bisounours

Lundi :
J’arrive au travail avec mon masque et mon gel.
Comme tout le monde.
C’est une journée ordinaire.
Dans la matinée je vais aux toilettes. Mon pote Mohammed en sort. D’habitude je mets un coup de lingette sur la poignée avant de la saisir mais j’ai peur qu’il pense que je fais ça parce qu’il est musulman ; donc je m’abstiens. Il a déjà assez souffert dans sa vie je ne vais pas en rajouter.
Midi arrive. Ça fait du bien de voir un peu de monde à la cantine. Au menu, comme d’habitude poisson ou poulet hallal. J’aimerais bien qu’ils fassent un jour végétarien quand même. Une fois par semaine ce ne serait pas un gros effort. Je vais en parler lors de la prochaine réunion du personnel. Je ne vois pas qui serait contre (à part les fachos habituels…).

Mardi :
Une journée ordinaire. A partir du moment où on a un masque et du gel tout va bien !
Après le boulot je vais faire des courses.
Il y a des personnes qui récoltent des denrées pour le restaurant du cœur. Ces gens sont formidables. En partant du magasin je leur donne un gros pot de rillettes.
Ils le refusent poliment. Et d’un seul coup je comprends : Quelle erreur de ma part !! Je m’excuse. Je promets de revenir avec des denrées plus « consensuelles ». Je ne sais plus où me mettre. Sans réfléchir je me suis comporté en égoïste centré sur lui-même sans penser une seule seconde que les autres pouvaient être simplement différents.
C’est nul de ma part.

Mercredi :
J’écoute France-info en allant au boulot. J’aime bien la rubrique « Vrai ou de droite ? ».
Après les habituelles nouvelles du Moyen Orient vient la météo : les températures sont douces pour la saison. Je m’en réjouis bêtement. Heureusement que le journaliste précise qu’on n’est pas très loin du record de ces 20 dernières années et je comprends tout à coup que c’est à cause du réchauffement climatique. J’ai honte de m’être réjoui de cette catastrophe épouvantable. Je gare ma voiture devant mon travail et je m’y rends en baissant la tête (c’est une diesel…).
Promis : Quand j’aurai terminé le crédit qui m’a permis d’échanger mon poêle à bois pour une chaudière électrique dernier cri j’achèterai une voiture électrique.
Au boulot je croise mon pote Kassim hilare. Je lui demande pourquoi et il me dit « Tu vois ; tout le monde porte le masque : Quand je pense à tout le tintamarre qu’on a fait pour un simple voile ! ». Je n’y avais pas pensé ; il a bien raison !!

Jeudi :
Une journée ordinaire. Sur Internet, avant l’affichage de toute page, je dois cliquer pour accepter ou non les cookies. Puis accepter ou non les notifications. Puis indiquer si j’accepte que ma localisation soit connue du site. Enfin il y a une zone à remplir pour montrer qu’on n’est pas un robot. C’est rassurant de savoir qu’on est maître de sa destinée ! C’est aussi ça la démocratie.
Le matin c’est France-info mais le soir en rentrant j’écoute BFM. Il faut savoir varier ses sources d’information.
C’est important.
Malheureusement il y a eu un attentat d’un extrémiste religieux.
Quelle horreur ! Je n’arrive pas à comprendre l’objectif mais sur BFM ils ont tout compris : Ces terroristes sont extrêmement malins et veulent nous diviser : ne nous laissons pas manipuler !
Qu’ils ne comptent pas sur moi.
Ça me dégoûte. Le pire dans tout ça c’est que la fachosphère va en profiter pour vomir sa haine.
Cette simple idée me casse le moral.

Vendredi :
Réunion du personnel. Même si on garde nos distances à cause du virus c’est beau tous ces gens rassemblés au même endroit. 2 personnes parlent de Trump : « Tu te rends compte : c’est le seul président Américain qui n’a pas déclenché de guerre et les médias n’en parlent pas » : J’ai un haut le cœur et préfère passer mon chemin.
On devrait interdire à ces gens d’avoir des enfants. Je sais c’est un peu radical , mais quand même !!
A un moment je me lève et prend la parole. « Voilà ; je voudrai vous suggérer une amélioration pour le repas de la cantine ». Les visages s’éclairent. « Pourquoi ne réserverions-nous pas une journée de la semaine à un repas végétarien ? » .
L’idée à l’air de plaire. Si je peux faire avancer les choses alors tant mieux !
Le mois dernier j’ai réussi à faire poser des dos d’âne dans toutes les allées. Les gens roulent moins vite maintenant.

Samedi :
J’ai trouvé une tourterelle blessée dans mon jardin. J’aimerais bien m’en occuper pour essayer de la sauver mais comment (je n’ai pas de cage) ? Et si je la mettais dans mon poulailler ?!
Quelle bonne idée.
Je la prend délicatement mais elle ne se laisse pas faire. Je suis obligé de l’enserrer fermement dans les paumes de mes mains. Je l’amène fièrement vers le poulailler et je la montre au passage à mes cocottes qui ont l’air assez surprises.
Lorsque je la dépose dans l’abri elle s’agite et essaie de s’échapper. Puis elle se fait attaquer par les poules. Quelle bataille ! Les poules hérissent leurs plumes c’est impressionnant. Quelle misère ; mais pourquoi ne peuvent-elles pas vivre ensemble ? Je m’en veux d’avoir perturbé l’équilibre de mes cocottes. Je reprends la tourterelle et lui trouve un meilleur abri derrière le tas de bûches dont je n’ai plus l’utilité depuis que j’ai une chaudière électrique.
Mais je ne comprends pas ce qui s’est passé.

Dimanche :
Je me sens un peu fatigué. Je me demande si je n’ai pas attrapé quelque chose.
C’est la brocante au village.
Je fais partie du comité d’organisation.
On m’a confié le rôle de vérifier que tout le monde porte bien un masque à l’entrée.
Je vais croiser plein de monde.
Les fachos ne rentreront pas : ça va être une très très belle journée !

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11 Commentaires

  1. très bon texte, même pas exagéré, juste ce qu’il faut,
    et je reprends ce qui est dit au -dessus, le bisounours se transforme en gremlin, comme jadot le vert, qui veut nous imposer les piquouses OGM, totalement contraire à une écologie standard

  2. @ Maxime du 11 novembre 2020 à 20 h 37 min
    *****
    Excellente analyse, excellent complément de l’article.
    – “Le bisounours est un criminel par sa passivité, mais il est convaincu de ne pas l’être…”
    – “Alors le bisounours se sent pur, irréprochable et dort de ses 2 oreilles, persuadé que si un intrus entre chez lui, il lui suffira de faire le « 17 »…”
    Je suis bien d’accord avec tout l’ensemble de ton texte.

  3. Une journée en France, habituelle pour 85 % des Français. La soumission, la résignation, la peur d’avoir de la personnalité, la peur de se distinguer du groupe, le peuple français totalement dégénéré dans sa très grande majorité dans toute son horreur.
    C’est parce que les dirigeants ont compris cela qu’ils sont en train de faire ce qui se passe. Avec un peuple moins décérébré, il n’aurait jamais osé aller si loin.
    Excellent texte, triste à en mourir.

  4. Excellent DioGen ainsi que les réflexions complémentaires de Maxime que j’ai apprécié tout particulièrement. Comme dit Beate c’est vraiment désopilant mais en même temps extrêmement triste parce que c’est malheureusement la pure vérité et ce sont ces gens qui sont majoritaires et nous imposent leur vision édulcorée des choses !
    Grâce à eux les dirigeants qu’ils ont élus avaient eux la géniale idée de créer la taxe carbone qui avait fait descendre sur les ronds points, les Gilets jaunes . Les décisions prises au nom des bisounours ne sont pas bénignes pour une partie de la société et je dirais que les bisounours en cela sont parfois bien cruels ! Les bisounours se transforment en Gremlins parfois!

  5. Excellentissime. On voit que c’est du vécu. Moi, les cookies, j’ai du les accepter dix fois récemment, avant d’être éjecté. Et par téléphone, pour contacter un humain, c’est la galère. J’arrive jamais à prouver que je ne suis pas un robot, en cochant des photos floues. C’est ce qu’on appelle le progrès. Et vive internet pour que le musulman de base devienne kamikaze affilié Al Qaida. On vit dans un monde merveilleux…

  6. Mon impression est que le bisounours n’est jamais aussi caricatural… malheureusement !
    Il sent bien que Macron abuse en l’empêchant de faire un petit tour de vélo dans sa campagne profonde alors qu’il ne risque que de croiser des insectes venant se coller sur son visage transpirant et tandis qu’il peut aller s’entasser dans les transports en commun tous les jours pour éviter que le PIB se casse la figure…
    Mais même s’il trouve cela anormal, il revotera pour lui en 2022 parce que “ce n’est pas facile” de lutter contre le covid et que ça justifierait toutes les brimades, tout l’arbitraire qu’on cherche à nous faire passer pour acceptable afin de nous habituer à à l’obéissance inconditionnelle, à la passivité et la soumission…
    Le bisounours considère que tant que la télé s’allume et que le bouquet de chaînes de la TNT et de son abonnement s’affiche normalement, alors la vie continue et il peut encore avaler des couleuvres, tout va bien.
    Nos ancêtres ont fait des guerres parce que la communication n’était pas aussi médiatisée, on parlait davantage entre gens d’un même village, on était uni par un sentiment de solidarité par-delà les rivalités, lesquelles étaient grandes car il n’y avait de redistribution sociale légale donc chacun luttait de haute lutte pour sa survie et son honneur ainsi que celles de son clan familial.
    Les dépêches arrivaient par voix de presse écrite par des colporteurs qui passaient tous les mois tout au plus, cela mettait du temps et on en apprenait moins que de nos jours.
    Les gens avaient encore les pieds sur Terre ; hélas ce n’est plus le cas aujourd’hui car notre culture a évolué et pas dans le bon sens… et je m’inclus dans ce “nous” qui a perdu le sens de la réalité, de la conscience du danger imminent et de la nécessité de survivre car j’ai aussi été conditionné par mon époque en ce sens.
    Le bisounours est un criminel par sa passivité, mais il est convaincu de ne pas l’être parce que ses mains ne sont pas souillées de sang contrairement à un guerrier qui a tué un ennemi ou un justicier qui a appliqué l’antique et vénérable loi du talion.
    Alors le bisounours se sent pur, irréprochable et dort de ses 2 oreilles, persuadé que si un intrus entre chez lui, il lui suffira de faire le “17” et que tout se passera pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles…
    Candidours aurait ainsi fait les délices d’un Voltaire. Ce nouveau Pangloss est l’héritier des surréalistes, des nihilistes, des relativistes et des pacifistes.

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