Trump et Biden devront-ils être départagés par la Cour suprême ?

Voici une belle analyse, de très bon niveau,  parue sur Atlantico, et qui éclaire parfaitement les élections et la situation aux Etats-Unis
 

Les Etats-Unis n’ont pas encore de président mais ils ont un nouveau visage

Avec

Jean-Eric Branaa est spécialiste des Etats-Unis et maître de conférences à l’université Assas-Paris II. Il est chercheur au centre Thucydide et chercheur associé à l’institut l’IRIS. Il est notamment l’auteur de Hillary, une présidente des Etats-Unis (Eyrolles, 2015), Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump (Passy, 2016), Trumpland, portrait d’une Amérique divisée (Privat, 2017) et 1968: Quand l’Amérique gronde (Privat, 2018) ainsi que Et s’il gagnait encore ? (VA éditions).
Son dernier livre « Joe Biden : le 3e mandat de Barack Obama » est sorti chez VA éditions en novembre 2019.
ET
Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour  occuper le poste de rédacteur en chef au  mensuel Le Spectacle du Monde.  Aujourd’hui il est consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique ».
Il est aussi chercheur associé à  l’IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.
Il est l’auteur de Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain, paru chez Picollec on Octobre 2012.

 
Atlantico.fr : La nuit électorale n’a pas encore permis de déterminer un gagnant entre Trump et Biden, quel est désormais le scénario le plus crédible ?

Jean-Eric Branaa : Il y a quelques heures, le scénario qui s’annonçait comme le plus crédible c’était que Donald Trump attende les décomptes et devienne, peut-être, le Président et se succède à lui-même. En réalité, tout indiquait qu’il pouvait être le gagnant de cette soirée. Depuis, il a fait un vrai hold-up puisqu’il a annoncé qu’il voulait que tout s’arrête et qu’il irait devant les cours de justice. Les choses ont donc un peu changé. Quand on regarde d’un peu plus près la carte électorale, on se rend compte que pour Joe Biden, en réalité, la victoire n’est pas très loin puisqu’il lui suffit de gagner le Wisconsin et le Michigan et les deux sièges supplémentaires du Nebraska. Il arriverait à 270 et deviendrait président. C’est cela que Donald Trump a vu et veut empêcher tout prix. Tout le monde s’est focalisé sur la Pennsylvanie en disant qu’il y avait 400.000 voix d’écart alors qu’en réalité il y a une autre voie qui est beaucoup plus simple. Donc aujourd’hui c’est dans les recours que ça va se passer.

Gérald Olivier : La fameuse vague bleue attendue ne s’est pas matérialisée. Le vote de 2016 semble se confirmer. Les victoires obtenues par Trump en 2016 dans des états importants comme la Pennsylvanie, Michigan et le Wisconsin ne sont pas encore actées mais Trump s’y comporte mieux qu’il y a quatre ans et Biden y fait moins bien.

Un cas de figure en particulier pourrait permettre d’officialiser une victoire de Trump. Les états où Trump semble en tête, la Géorgie, la Caroline du nord, le Michigan, le Wisconsin, suffiraient à lui donner plus de 270 voix au collège électoral. Dans ce cas, le résultat de la Pennsylvanie n’aurait plus importance. Par contre s’il perd dans l’un des ces états la Pennsylvanie devient cruciale. Or le résultat risque d’être long à obtenir dans cet état, d’autant qu’il est dirigé par un gouverneur démocrate.

L’électorat de Trump a marqué un certain nombre de points cette nuit. Il est en bonne voie mais ne peut pas prétendre avoir gagné. Il semble frustré que le décompte ait été interrompu dans un certain nombre d’états. Mais il faut bien que les gens aillent dormir. Demain le résultat devrait être un peu plus clair. Biden est en train de sous-performer, notamment dans le Michigan ou le Wisconsin. Le média de sondages 538 donnait jusqu’à 16 points d’avance dans le Wisconsin et Trump a actuellement il a 3 points d’avance.

Atlantico.fr : L’élection va-t-elle se jouer devant les tribunaux ?

 

Jean-Eric Branaa : Ils n’iront pas devant la Cour suprême directement car on n’y rentre pas comme dans un moulin. Il faut d’abord passer par le juge du contentieux des élections, comme celles-ci sont décentralisées ça se passe dans les cours des états. Une fois qu’on a une décision, à ce moment-là on peut faire un recours devant la Cour suprême. En réalité ce n’est pas ça que vise Donald Trump. Il veut empêcher que des  Etats comme le Michigan ou la Pennsylvanie puisse envoyer leur liste de grands électeurs pour le 14 décembre. S’il y arrive d’une manière ou d’une autre, il bloquera la machine et à ce moment-là, c’est le Congrès qui décidera du nom du prochain président. La règle de la constitution américaine est assez simple. Dans ce cas très précis, c’est la Chambre des représentants qui élit le nouveau président avec une règle particulière : chaque état possède une voix. Or si on fait le décompte des états gagnés par Donald Trump cette nuit, il a plus d’états que Joe Biden donc ce serait lui qui deviendrait le nouveau président. Mais, vu ses déclarations de la nuit, il semble que Trump soit déterminé à aller jusque-là, à ce que le blocage soit très fort jusqu’au 6 janvier pour obliger le Congrès à bouger. Joe Biden lui a fait sa première déclaration avant Donald Trump et il avait vu venir cela puisqu’il a affirmé en déclaration préliminaire : « Ce n’est ni à moi, ni à Donald Trump de décider du sort de l’élection, c’est aux Américains. » Il souhaite qu’on comptabilise tous les votes et bien sûr les votes par correspondance qu’il a en ligne de mire depuis le début de l’élection, et qui sont sa faiblesse.

 

Gérald Olivier : C’est tout à fait possible. Donald Trump lui-même a dit qu’il irait jusqu’à la cour suprême. Des avocats peuvent déposer des recours en Pennsylvanie, c’est pratiquement inévitable. Ces recours iront sans doute jusqu’à la cour suprême de l’état de Pennsylvanie, et si l’un ou l’autre camp fait appel, jusque devant la cour suprême. Mais il ne faut pas imaginer que la cour suprême va se ranger derrière le président simplement parce que trois de ses juges ont été nommés par lui. Par le passé, ils n’ont pas hésité à se démarquer et à prendre des décisions qui n’allaient pas dans le sens du président.

 

Atlantico.fr : Est-ce l’importance du vote par correspondance qui a causé de la confusion dans les résultats ?

Jean-Eric Branaa : Oui en partie, les états qui sont en balance le sont à cause des votes par correspondance. Sinon on aurait les résultats dès ce matin. C’est ça qui a causé un délai et fait que les résultats n’ont pas pu être proclamés. Avec le vote par correspondance on peut avoir le résultat dans dix minutes, quelques heures ou quelques jours. Le plus long ce sera en Pennsylvanie qui a obtenu par la Cour suprême trois jours de délai supplémentaires pour enregistrer les votes déjà postés et leur laisser le temps d’arriver. Donc il va y avoir peut-être un résultat intermédiaire dans la nuit de mercredi à jeudi pour nous. Au pire ce sera dans trois jours.

 

Gérald Olivier : On était prévenus sur le vote par correspondance. Ce vote est majoritairement favorable aux démocrates. Reste à savoir si c’est suffisant pour combler le retard de Joe Biden, qui est de 600 000 voix en Pennsylvanie, sur 6 millions de suffrages exprimés. Il en reste un million et demi à dépouiller. On a des indications assez favorables à Donald Trump sur cet état mais ce vote par correspondance est un panier de crabes : de nouveaux bulletins pourraient arriver et créer la pagaille.

 
Atlantico.fr : Le prochain président, quel qu’il soit, souffrira-t-il d’un manque de légitimité ? Une crise démocratique est-elle à prévoir ? 

Jean-Eric Branaa : Ce qui affaiblit le président, quel qu’il soit, ce ne sont pas tant les recours de Donald Trump que la force du vote qui a eu lieu. Le camp Trump s’est sacrément mobilisé, il faut le reconnaitre et ça envoie un message au pays qui est très important : « nous ne sommes pas des hurluberlus et nous n’avons pas fait ce vote par hasard ». Donc il y a quelque chose à porter. Il y a une défiance vis-à-vis des hommes politiques, du politiquement correct, de l’entre-soi. Aujourd’hui beaucoup de citoyens cherchent d’autres façons d’être représenté et Trump a canalisé tout ça. C’est un message qui est important. Et puis il y a ce message de liberté opposé à celui de protection contre le coronavirus qui est apparu assez clairement. Face à l’enjeu clairement posé par Biden sur la Covid, certains ont répondu par l’économie, le travail, les emplois, la liberté, le fait que le gouvernement ne doit pas s’ingérer dans la vie. Tout s’est porté dans ce vote-là. C’est un vrai message que le prochain président devra décoder.

Atlantico.fr : Ne sommes-nous pas assez loin du scénario porté par les sondages qui donnait Biden gagnant avec une confortable avance ?

Jean-Eric Branaa : Ce n’est pas tout à fait vrai, c’est plutôt nous les analystes qui le lisions comme ça. Les sondages expliquaient que ce serait très court en termes d’avance sur la Caroline du Nord, la Floride, la Géorgie, le Texas, l’Arizona. Ils donnaient l’Arizona à Joe Biden et tous les autres plutôt à Trump, ça a fluctué et c’était dans la marge d’erreur. Depuis une semaine, il donnait l’Iowa à Trump avec 7 points d’avance et c’est exactement le résultat qu’il y a eu à la fin. La vraie différence elle est encore une fois sur les Etats de la Rust Belt : Michigan, Wisconsin, Pennsylvanie et là en revanche nous n’avons pas encore le résultat donc on ne peut pas savoir si les sondages se sont trompés ou non. C’est plutôt ce que les analystes en ont fait qui a été une erreur d’interprétation.

https://www.atlantico.fr/decryptage/3593567/les-etats-unis-n-ont-pas-encore-de-president-mais-ils-ont-un-nouveau-visage

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12 Commentaires

  1. On se demande comment il peut bien se faire qu’il n’existe pas encore un système de vote via internet avec des moyens de sécurisation aussi fiables que ceux en place pour naviguer dans ses comptes bancaires…
    Il est vrai que tout le monde n’a pas une bàl, mais ceux-ci pourraient donner procuration sous réserve d’une procédure de validation … Je me demande où est le problème ?… Risque de fraude informatique cette fois ?… Avec la gôchiasse immigrationniste de la silicon valley portée sur les « bits  » faut s’attendre à tout …

  2. Article ahurissant, la question de la fraude permise par les procédures d’exception mises en place par les Démocrates et présentées comme une nécessité imposée par le Covid n’est jamais évoquée, alors que tout le mandat de Trump aura été une lutte permanente contre des coups d’État successifs contre sa présidence (fausse affaire russe, Commission Mueller, procédure d’impeachment).
    De plus, Biden lui-même avait vendu la mèche.
    Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=MA8a2g6tTp0

  3. une secession verticale géographiquement
    les dits democrates a droite, cote ouest et les vrais américains, le « far west », la cote orientale
    en moins d’ un siècle , l’ est sera « Soylent green » et en face ce sera America great Again »
    je demeure toujours stupéfait par le mot qui designe la Gauche (direction, membre, sens,qualificatif, etc ) en Italien
    c’est Sinistra ………

  4. Par ce système de vote les USA ressemble plus , aujourd’hui à une république bananière !

  5. Il y a quatre ans j’étais pour l’élection de Trump contre Hilary Clinton, je pense et je continue à penser que la présidence ne peut pas être une affaire de famille, où alors cela s’apparente à une royauté, la seule fois où j’ai voté à gauche c’était le 10 mai 1981 c’étais mon premier vote, je m’en veux encore aujourd’hui de ne pas avoir bien lu les 110 propositions du félon. Cela dit, franchement Trump est puant de grossièreté, il se fout du bien aller de son pays qu’il a géré comme il gère sa fortune, tout à son profit. Il a profité d’un système qu’il rejette aujourd’hui sans avoir rien fait pour le modifier, rappelons qu’en 2016 il était perdant en nombre de voix populaires. Il est le responsable de sa probable défaite. Rendez vous dans 4 ans, mais pour l’instant c’est plié.

  6. https://dailystormer.su/trump-files-lawsuits-against-three-states-as-greatest-election-fraud-ever-happens-in-front-of-us/
    whaou! On a retrouvé quelqu’un qui aurait presque pu voter pour Lincoln. Ah ben il était trop jeune, mais pas trop vieux pour voter biden.
    Tout cela est tellement GROS qu’il ne s’agit même plus de savoir s’il y a eut fraude, mais ce qui va se passer ensuite. Ca m’aurait étonnée qu’ils ne fraudent pas, tout comme ça m’étonnerais que Trump n’ai prévu aucune riposte.

  7. Brana, l’universitaire mondialiste défend ses « analyses » orientées face à Olivier, probablement un républicain qui est un des rares capable encore de recul sur l’actualité.
    Ainsi, selon Brana, les sondages ne s’étaient pas trompés, c’est seulement leur interprétation qui a péché !
    Après y avoir cru, j’ai reçu la douche froide suite au comptage des votes par correspondance des etats démocrates.
    Il semble que cet article a été écrit le matin de la nuit du 3 au 4 novembre.
    Trump au moins se battra jusqu’au bout. Et il le doit n’en déplaise à ce Brana qui feint de croire que les votes par correspondance, surtout dans le contexte empoisonné actuel, sont globalement sûrs.
    Si papie Joe est élu, il va pouvoir continuer à percevoir ses commissions en sous-main, avec la complicité des vertueux bien-pensants à la Brana.
    Les USA goûteront au joyeux socialisme mondialiste qui débouchera sur l’avenir radieux décrit dans Soleil vert. Grâce à tous les miséreux qui vont accourir vers la nouvelle terre promise américaine.
    Comme j’ai l’esprit naturellement porté à la dialectique, je pense que les vrais Américains, ceux qui aiment la liberté avant tout, y compris au prix du travail acharné, au rebours des veules gauchos, vont commencer à chercher un pays où ils pourront vivre encore libres.
    Car jusqu’à présent, les USA restaient un pays où la liberté était la mieux respectée depuis la fin des années 90, depuis que l’UE avait imposé sa main-mise sur les pays européens.

  8. On va voir ce que Trump a dans le ventre. Il n’est pas du genre à se laisser marcher sur la gueule et a oublié d’être con et pleurnichard. De plus il y a de quoi pointer des fraudes massives à la portée du moins dégourdi des avocats. ET DES GENS TEMOIGNENT!
    https://twitter.com/P8R1OT/status/1324102402451116032
    https://www.fdesouche.com/2020/11/05/un-postier-du-michigan-temoigne-on-nous-a-ordonne-de-mettre-les-bulletins-de-vote-par-correspondance-de-cote-pour-quils-soient-tamponnes-manuellement-avec-la-date-du-jour-precedent/
    J’ai aussi vu sur un site une photo d’un écran d’ordinateur où le préposé à la saisie des dates de naissance les met tous au 01/01/1900.
    Pour ajouter de faux electeurs a biden ou invalider des voix pour Trump?
    Allez savoir, mais il y a comme qui dirait matière évident à réclamation. Ca m’étonnerait que Trump n’en fasse rien.

  9. On parle des bulletins Biden apparus comme par magie ? Ou des bulletins Trump brûlés ? Ou des stylos non conformes donnés dans les états à tendance rouge qui font invalider le bulletin ? Il y a une fraude massive, des vidéos qui le démontrent (et se font supprimer comme par hasard). Biden aurait gagné plus de 120000 bulletins en une heure dans le Wisconsin avec les votes par correspondance (aucun pour Trump ? Quelle probabilité ?). Certains ont même repéré des personnes mortes qui auraient voté, et le Michigan présente plus de bulletins que de votants.

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