Journal de bord de deux résistants français de passage à Prague (2) : Prague la révoltée
Première partie, voir ici.
Jeudi 12 mai
Journée consacrée, non pas au tourisme, mais à la découverte de Prague la révoltée. A la découverte de l’âme tchèque…
On reçoit un coup au coeur quand on arrive sur la superbe place de la vieille ville.
Ce ne sont pas les bâtiments anciens qui interpellent.
Ce ne sont pas les multiples restaurants pleins à craquer qui interpellent.
Ce n’est pas l’horloge astronomique du XVème siècle avec son défilé des 12 apôtres qui rassemble des milliers de personnes chaque jour, attendant l’heure fatidique de voir défiler ces petits personnages. Et on a tort, car quand on approfondit les choses, on découvre des choses étonnantes : La légende dit que les Bourgeois de Prague, tellement fiers de leur horloge, auraient fait aveugler son auteur, l’horloger Hanuš, afin qu’il ne puisse pas trahir ses secrets et construire ailleurs une rivale. Il était très sollicité et avait refusé toutes les propositions mais apparemment cela ne suffisait pas à les rassurer… alors ils le firent aveugler !
La vengeance étant un plat qui se mange froid, quelques mois plus tard Maître Hanuš parvint à aller près de son oeuvre, il plongea sa main dans le mécanisme de l’horloge qui s’arrêta. Il fallut des siècles pour parvenir à la faire à nouveau bien fonctionner, la plus longue panne ayant duré 95 ans, au XVIIIème siècle. Maître Hanuš mourut lors de sa vengeance, son vieux coeur n’ayant pas résisté, mais quel acte de révolte et de vengeance !
Ce qui arrête c’est ce monument situé en plein milieu de la place, consacré à un personnage austère s’il en fut, Jean Hus.
Jean Hus, devenu prêtre en 1400, lance un mouvement de réforme de l’église. Malgré son excommunication, il s’obstine à dénoncer les trahisons de l’église et notamment le système des indulgences. Il prêche dans les campagnes et crée un véritable mouvement populaire … L’Eglise convoque donc l’hérétique à Constance en 1414 et… le condamne à mort. Malgré la dispersion de ses cendres dans le Rhin, il ne sera pas oublié et les guerres hussites déchireront le pays pendant les 15 années suivantes. Il faut dire que, en sus, dans la droite ligne que suivront un Calvin et un Luther il avait décidé d’écrire en tchèque et non en latin et de faire connaître en langue vernaculaire les écrits sacrés. Il a ainsi donné ses lettres de noblesse à la langue littéraire tchèque.
Ce monument, en place centrale, sur la plus vieille – et plus belle- place de Prague est un message lancé à tous : à Prague l’on ne se soumet pas au pouvoir, quel qu’il soit, on préfère mourir.
C’est d’ailleurs ce que fit Jan Palach, l’étudiant tchèque qui s’immola par le feu place Wenceslas le 16 janvier 1969, après l’arrivée des chars russes à Prague le 21 août 1968 afin d’écraser le « printemps de Prague ». Ses obsèques rassemblèrent plus d’un demi-million de personnes, en plein régime communiste…
Mémorial place Wenceslas
Deux autres jeunes Tchèques suivirent son exemple la même année Jan Zajic le 25 février et Evzen Plocek, le 9 avril.
Avant Jan Palach, bien que moins connu c’est un enseignant polonais opposé au communisme, Richard Siwiec, qui s’était immolé, à Varsovie, lui, pour protester contre l’occupation de la Tchécoslovaquie.
Mais ce n’est pas tout ! Entre le XVème siècle et 1969, il y a eu à Prague 3 célèbres défenestrations !
A Prague, on ne discute pas, on élimine les opposants !
La première défenestration date de 1419, 4 ans après la mort de Jean Hus. Ses partisans, les « Hussites », plus remontés que jamais, font irruption dans l’hôtel de Ville et précipitent des conseillers catholiques par les fenêtres.
C’est le début de la révolution hussite et d’une guerre civile qui durera jusqu’à la signature d’une trève en 1436.
La deuxième défenestration, la plus connue, date de 1618. Les protestants soupçonnent l’empereur de soutenir les catholiques à leurs dépens et de vouloir leur enlever leurs privilèges. Le comte Thunr « monte au château » avec une délégation et une discussion animée commence avec les gouverneurs catholiques qui remplacent l’empereur en son absence. Deux gouverneurs, réputés catholiques intransigeants, sont traînés jusqu’aux fenêtres et jetés dans le vide.
Ils seront paradoxalement sauvés par la très épaisse couche d’ordures qui avait été jetée dans les douves lors d’un récent nettoyage du palais. Ils ne demanderont pas leur reste et s’enfuiront, indemnes, malgré les coups de fusil tirés contre eux.
La population de la ville se soulève, brûle les églises catholiques… et c’est le début de la guerre de Trente ans.
Une troisième défenestration aurait eu lieu en 1948, bien que certains historiens ne la prennent pas en compte dans notre liste, puisqu’elle n’est pas le fait de révoltés tchèques mais celle de leurs ennemis, celle de » Jan Masaryk, ministre des Affaires étrangères de Tchécoslovaquie et seul ministre à n’être ni socialiste ni communiste mort au pied de la fenêtre de la salle de bains de son ministère. Des auteurs comme Milan Kundera (dans La Vie est ailleurs) rapprochent les différentes défenestrations1. Au début de l’année 2004 la police arriva à la conclusion qu’on l’avait bel et bien assassiné et qu’il ne s’était pas suicidé, comme le rapport officiel de l’époque l’avait affirmé. » Wikipedia.
Comment ne pas se réjouir, avec un tel passé, une telle histoire, une telle âme de révoltée, de voir Prague réunir les représentants de 14 pays pour dire non à l’UE, à l’islam et à l’immigration en créant Forteresse Europe ?
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Chez nous, en France, ce qu’on jette le plus par les fenêtres, c’est l’argent des contribuables. Comme dit gras du bide : » C’est gratuit, c’est l’État qui paie ! » Il ferait peut-être bien de commencer à empiler des ordures sous ses fenêtres……
Dorylée nous sommes plusieurs à penser que NOTRE argent file par les fenêtres mais certains en profitent pendant que d’autres se demandent quand ils mangeront à leur faim! Prague est une ville dont Christine nous révèle l’Histoire et c’est très intéressant d’apprendre tout ces faits historiques. Pourrions nous, nous aussi faire un nettoyage par le vide de tout ces profiteurs? de gens inutiles, menteurs et qui vendent la France à n’importe quel puissance étrangère?
Absolument!, la démocratie, c’est le pouvoir du peuple de dire non aux dictateurs qui s’en prennent aux peuples pour les exploiter à leurs guises et leurs caprices.
Peuples du monde entier prenez vous en mains, ne vous laissé plus faire par les états totalitaire quel qu’ils soient, Fasciste, Nazi, Islam ou pas.
Le pouvoir aux peuples! et vive la forteresse Europe, la liberté sa se protège comme un espace de liberté, en repoussant les frontière pour la liberté un peu plus à chaque fois, dans un monde de plus en plus libre.
Une démocratie sans référendum est une dictature où le peuple n’a rien à dire, vive le référendum.
Rien n’est jamais acquis et nous pouvons tout perdre, même nos libertés, alors protégeons le plus sacré de nos acquis ‘ la liberté ‘.
Non à la dictature multi-colonial, vive l’indépendance et vive la liberté.
Merci Christine : grâce à ce journal de bord je peux faire reculer, un peu, mon ignorance.
J’ignorai tous ces faits fort bien relatés.
Bravo pour votre courage !
Diogène
Merci Diogène
Bonjour chère Christine ! Oui,je crois aux symboles,parce qu’ils sont l’expression d’une réalité qui nous dépasse,et ont une capacité transcendantale,un grand merci à toi,Pierre et Karim pour cette fondation pragoise qui je l’espère etendra son ombre protectrice sur la France avilie! Les événements récents ne laissent plus aucun doute sur ce qui nous attend ! Merci de vôtre courageuse initiative qui nous remonte le moral enfin je parlé pour moi,qui suis fatigué par tant de haine et de veulerie confrontées ?
merci à toi ami, on essaie de faire tout ce qu’on peut, parce que la situation est catastrophique il ne faut passer à côté d’aucune initiative bises à vous ceux
Merci pour ce journal passionnant…. J’ai appris plein de choses…
Merci Coco ravie si je peux être utile, la pédagogue sommeille toujours en moi 😉
Merci Christine d’insister sur l’Histoire des Tchèques : en effet l’esprit d’un peuple (et singulièrement son esprit de résistance) se construit sur le long terme, et seule la connaissance de l’histoire des peuples européens permet de comprendre, voire d’expliquer des faits contemporains.
Car chaque peuple européen a une épaisseur historique, contrairement aux yankees par exemple, pour qui un « monument antique » date du XIXe siècle… Autre perception de la durée historique, autre épaisseur culturelle, autre perception de l’espace géographique qui est aussi culturel.
Construire l’Europe c’est bien sûr connaître et reconnaître le passé de chaque peuple, non pour le perpétuer mécaniquement mais pour arriver à le dépasser : c’est pourquoi la Forteresse Europe a pour frontières naturelles celles de l’Europe, de toute l’Europe car elle veut protéger tous les peuples européens même si certaines cohabitations peuvent se révéler problématiques. Mais quand l’ennemi met le siège, dans la Forteresse tous les peuples se retrouvent au coude à coude pour la défense et la résistance.
J’ai bien dit: les peuples, et pas leurs dirigeants qui eux peuvent être des incapables ou des traîtres : il faut alors les passer par-dessus les murailles, les défenestrer suivant l’exemple tchèque.