Le titre de cet album pour enfants paru au Seuil est provocateur, à dessein, et son résumé explicite : Gégé vit seul avec son papa, Jo Cigale, un boxeur renommé. Suite à une blessure, les médecins lui interdisent de continuer la boxe. C’est ainsi que Jo va enfiler robe et perruque et devenir une danseuse de music-hall. Quand il oublie d’enlever sa robe pour conduire son fils à l’école, les enfants se moquent de lui. Une fable sur le droit à la différence.
Jusque-là, pas de problème a priori. S’il y a des livres pour enfants qui reprennent des scénarios qui ont fait le succès de films et autres oeuvres comme Tootsie, permettant aux enfants le rire (donc l’apprentissage de l’humour, de la dérision, qui sont des formes de l’esprit français) et quelque part l’apprentissage des normes à travers leurs remises en cause, c’est très bien.
Par contre, que le résumé se termine sur « le droit à la différence » dit bien quel usage a-normal l’on peut faire de ce livre. En examinant la bibliographie proposée sur le site de la Bibliothèque Municipale de Lyon on se rend compte que des adultes, en pleine possession de leurs moyens, classent, trient et manipulent là où il devrait n’y avoir que découverte libre et non faussée. Le « droit à la différence » ne s’enseigne pas, il se devine, il se comprend, peu à peu, avec la vie, au travers des livres lus, des conversations… C’est comme cela que, peu à peu, l’enfant grandit, élargit sa compréhension du monde.
Or ce qui se passe est tout le contraire : au lieu de laisser les enfants se structurer, prendre des repères pour, peu à peu, les ébranler, prendre de la distance et choisir leur vie, on leur donne, d’emblée, des modèles dé-structurants suivis d’injonction.
Nous nous trouvons là aux antipodes du rôle des livres, comme l’a si bien expliqué Bettelheim dans sa Psychanalyse des Contes de fées. Ils aident les enfants à grandir, les débarrassent de leurs peurs, leur apprennent les codes, les règles, leur permettent de s’identifier aux héros et donc de transcender leurs difficultés. La vie se chargeant de la réalité, mieux acceptée par les symboles qui sont dans les récits. Il appartient aux parents de choisir les livres de leurs enfants, de les lire avec eux, et si des parents peuvent utiliser de genre de livre pour faire comprendre à leurs propres enfants que les choses, dans la réalité, ne sont pas toujours aussi simples, voire manichéennes qu’elles en ont l’air, c’est leur droit, et si ça peut les aider à comprendre et à accepter que leurs propres parents ne soient pas tout à fait comme les autres, c’est bien. Mais cela doit demeurer une démarche ponctuelle, individuelle.
Mais là où les choses se gâtent encore plus, et de façon totalement impardonnable, c’est quand ce livre est repris dans un livre scolaire dont Fde Souche présente une page.
C’est une faute contre l’enfant, contre l’école, contre la société. Là où l’on ne devrait avoir (en CP) que pour objectif d’apprendre à lire et à repérer les règles de vie, on dit clairement que la lecture est un outil de manipulation mentale servant à « déconstruire les stéréotypes ». Déconstruire les stéréotypes d’un gamin de 6 ans !!! Déconstruire les stéréotypes d’un gosse qui a besoin de stéréotypes pour être rassuré et grandir !!!
Non seulement on ne permet pas à l’enfant de se repérer et de savoir qui il est ni d’où il vient mais on fausse toute représentation idéale.
Pire encore on lui interdit de pouvoir se construire à l’adolescence par l’opposition, par le refus du modèle dominant, le contraignant à fuir dans la socièté de consommation, la drogue ou les jeux video une vie réelle qui n’a plus grand intérêt.
Parce que, même (et surtout) les enfants qui vivent dans des familles « différentes », monoparentales, couple d’homos ou de lesbiennes ont besoin des repères traditionnels pour comprendre leur particularité et bien la vivre. C’est fondamental et structurant. Et c’est parce qu’ils ont l’amour de leurs parents quels que soient ces derniers, qui qu’ils soient, que leur situation ne posera pas de problème. On sous-estime en général l’intelligence et la comprehension des enfants qui savent, tout simplement, que la vie n’est pas constituée d’un seul chemin. Et c’est à leurs parents de leur montrer qu’on peut être heureux dans n’importe quelle famille, s’il y a de l’amour. Ce n’est pas à l’école de déconstruire tous les modèles sous prétexte de droit à la différence.
Le pire c’est que plus on veut enseigner le droit à la différence au lieu de le laisser vivre plus on met en avant ces différences, plus on les montre du doigt.Et plus on fait souffrir les enfants.Parce que les enfants sont naturellement plutôt cruels, parce qu’ils apprennent qui ils sont en se comparant aux autres. Et que cette étape ne peut être sautée, elle ne peut qu’être dépassée avec l’aide de la « morale » des parents qui reprennent et mettent dans le droit chemin. Seul un « sur-moi » peut imposer le respect des autres et empêcher la loi de la jungle, la loi du plus fort,à un enfant. Que cela plaise ou pas à nos socio/psycho/dingos ne change rien.
Il en est des livres utilisés à l’école comme du Gender, ce sont des outils faits pour détruire nos enfants et notre civilisation. Délibérément. Et ceux qui enseignent cela et de cette façon sont des assassins d’enfants.
Christine Tasin
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Droit à la différence ?
Quelle différence ?
Magnifique texte que je publierai demain Philippe, merci et bravo !
L’école pouvait parler des différences, les familles aussi.
A un enfant qui se moquait ou faisait le dégoûté s’il voyait 2 hommes ou 2 femmes s’embrasser, la plupart des adultes leur répondaient que ce n’était pas bien de se moquer, que tout le monde n’était pas pareil et que ces différents avaient autant que les autres droit au respect et à l’estime. Point.
Eriger en norme une différence, c’est à coup sûr rater la capacité à tolérer et à ne pas faire cas.
L’homophobie augmente, paraît-il ? C’était tellement prévisible !
C’est comme le Gender, vous avez raison Christine, une aberration !
J’ai rencontré quelques homos il y a quelques années, tous, mais tous m’ont toujours parlé de cette petite différence qu’ils ont senti dès leur plus jeune âge.