(Illustration : le Schauspielhaus de Berlin en 1825, aujourd’hui Konzerthaus de Berlin).
Vous saurez tout sur le Freischütz de Carl Maria von Weber. À la suite de mon article précédent, certains commentateurs m’ont fait remarquer que je n’avais pas évoqué cette œuvre majeure de Weber. Ce sera désormais chose faite.
La première du Freischütz fut donnée le 18 juin 1821 dans le théâtre que l’on voit ci-dessus, et ce fut plus qu’un succès, un véritable triomphe ! Vous trouverez sur Wikipédia les informations utiles sur ce magistral opéra, ou plutôt ce Singspiel, qui est l’équivalent de l’opéra-comique chez nous à savoir une alternance de dialogues et de morceaux chantés.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Der_Freisch%C3%BCtz
Si vous avez du courage, voici en pdf le livret intégral de l’œuvre en allemand et en français :
Naturellement, on commence l’œuvre par une ouverture. Comme cela arrive souvent, ce morceau contient des mélodies qui sont reprises dans l’opéra. C’est Carlos Kleiber à la tête de la Staastkapelle de Dresde qui va nous l’interpréter. C’est en 1973 que Kleiber a enregistré le Freischütz avec un des plus anciens orchestres d’Allemagne (avec le Gewandhaus de Leipzig), situé dans ce qui était alors la RDA. Vous aurez aussi le privilège de suivre la partition !
C’est sur un coup de fusil au but que démarre l’opéra. L’auteur de ce tir réussi est Kilian (rien à voir avec qui vous savez…). De son coté, Max se morfond, depuis déjà quelque temps il rate toutes ses cibles. Or le lendemain doit avoir lieu l’épreuve de tir à l’issue de laquelle le gagnant épousera Agathe, la fille du prince Ottokar. Donc Max, amoureux d’Agathe, a du souci à se faire ; Kilian et les villageois se moquent de lui.
De son côté, Agathe restée seule pense à Max qu’elle espère épouser après l’épreuve de tir. Dans son air magnifique Leise, leise (doucement, doucement), elle évoque son amour pour Max.
À présent je vous propose d’écouter le même air chanté par Gundula Janowitz, dans la version Kleiber de 1973. Dès sa parution, j’avais fait l’acquisition de cet enregistrement sur disque vinyle et plus tard dans la version CD. Il existe certainement d’autres bonnes versions du Freischütz, mais avec Kleiber j’avoue que je n’ai pas cherché. Et maintenant, une beauté absolue, la voix magique de Gundula Janowitz :
Conscient du désarroi de Max, Kaspar, un forestier, propose à ce dernier de lui couler des balles enchantées qui font mouche à tous les coups. Ce que Max ignore, c’est que Kaspar a vendu son âme au diable par l’intermédiaire de Samiel. Samiel n’est pas un démon de première classe, comme Méphisto, Belphégor ou Belzébuth mais c’est un démon tout de même (note de votre serviteur). Kaspar donne rendez-vous à Max, à minuit, dans le site redouté de la Gorge aux loups. Arrivé le premier, Kaspar invoque Samiel. Celui-ci, que l’on ne voit jamais, mais que l’on entend en écho, fait remarquer à Kaspar que son heure est venue et qu’il doit payer son dû le lendemain. Kaspar propose de lui livrer Max en échange de sa propre personne. Samiel demande ce que veut Max, Kaspar répond « Des balles enchantées ». Il faut en couler sept, les premières sont bonnes, la septième appartient à Samiel qui décidera de son trajet. Kaspar espère que Max tuera Agathe avec la septième et qu’il sera damné. Samiel dit « On verra ». Max apparaît à l’heure dite et la fabrication des balles peut commencer.
Ici nous avons une scène terrifiante, digne du monde de Stephen King. À chaque balle coulée, l’endroit devient de plus en plus effrayant. Une fois la septième balle fabriquée, Samiel essaie d’attraper la main de Max, mais celui-ci se signe. Samiel disparaît.
Voici comment Kleiber voit cette scène (je n’ai gardé que la fin) :
Le jour de l’épreuve de tir est arrivée. Agathe est chez elle, entourée de sa cousine Annette et des demoiselles d’honneur. Ne sachant évidemment ce qui s’est passé la nuit précédente, Agathe prépare son mariage et attend qu’on lui livre une couronne pour célébrer cet évènement. Les demoiselles d’honneur entonnent un chant folklorique. Annette va chercher la couronne, mais la boîte contient tout autre chose…
La même scène, dans la version Kleiber :
Avant de participer à l’épreuve de tir, Max a dû tirer trois balles d’essai, qui ont naturellement atteint leur cible. Il demande donc à Kaspar de lui donner les siennes. Ce dernier répond qu’il les a toutes utilisées. Max s’énerve mais Kaspar lui rétorque que sur les sept balles coulées à la Gorge aux loups, il n’en a gardé que trois. « De quoi te plains-tu ? Je t’ai donné quatre balles, comme un frère, il t’en reste donc une ! »
Le moment de l’épreuve arrive, les chasseurs entament leur chœur favori. Le Prince arrive et dit à Max qu’il peut procéder à un tir et comme il a parfaitement réussi les trois derniers tests, il ne fait aucun doute qu’il gagnera le concours. La cible est une colombe, mais au moment où Max vise l’animal Agathe arrive et lui crie « Ne tire pas Max ! ». Trop tard le coup est parti et Agathe s’écroule. Max a donc tué sa fiancée ! Mais celle-ci revient progressivement à elle. La balle a touché Kaspar qui agonise et qui maudit le Ciel ce qui effraie les spectateurs. Le Prince exige alors des explications auprès de Max qui avoue avoir coulé des balles enchantées. Furieux, le Prince pousse Max à l’exil ; les supplications d’Agathe n’y changent rien, Ottokar reste inflexible.
C’est alors qu’apparaît l’ermite, vénéré de tous. Il insiste sur le fait que Max est une bonne personne et que, même si sa faute est très grave, cela ne mérite pas une sanction aussi sévère, chacun a droit à une seconde chance. En premier lieu, il décide que l’épreuve de tir ne se fera plus jamais. En ce qui concerne Max, celui-ci pourra rester mais devra attendre une année pour épouser Agathe. Ottokar se soumet à la volonté de l’ermite et demande que le corps de Kaspar soit jeté dans la Gorge aux loups. Tous louent la sagesse du Prince et l’opéra se termine par un chœur qui reprend le célèbre thème de l’ouverture. Fin de l’opéra.
POUR ALLER PLUS LOIN :
Et maintenant, l’ouverture du Freischütz au piano, transcription de Liszt (j’arrive à jouer les huit premières mesures, et comme il n’y a ni dièse ni bémol à la clé, je n’utilise que les touches blanches, c’est nettement plus facile !).
Pour terminer et vraiment tout savoir, la fantaisie sur des thèmes du Freischütz, de Liszt :
Filoxe
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J’ai demandé à Christine la suppression de l’article au cas où les vidéos ne seraient pas visibles, je suis tout simplement écœuré par les méthodes de YouTube.
Pas pour les africains, ça.
Voici la nouvelle version :
https://reseau-libre.org/site/2024/01/26/nantes-a-lavant-garde-de-la-culture/
Bonjour,
Merci pour ce texte, Filoxe, qui me rappelle bien des souvenirs …
Merci Filoxe pour cet article sur cet opera emblématique du romantisme allemand!
Merci Filoxe, toujours fidèle au rendez-vous.