Hommage à Jean-Louis Murat, égaré dans un monde qui n’était pas fait pour lui

LE CHANTEUR ET MUSICIEN JEAN-LOUIS MURAT NOUS A QUITTÉ CE JEUDI 25 MAI 2023 À L’ÂGE DE 71 ANS

Ce nom ne dira peut-être rien aux lecteurs de Résistance Républicaine. À moins qu’il n’y ait quelques fans parmi eux. C’était un artiste iconoclaste, inclassable,  loin des paillettes du showbiz.  Le showbiz, il l’a côtoyé un temps, puis s’en est éloigné.   Pour revenir à ses sources auvergnates. Paris était trop petit pour lui.
Il vient au monde à Chamalières (Puy-de-Dôme)  le 28 janvier 1952. Fils d’un père charpentier et d’une mère couturière, il fait de fréquents séjours à la ferme de ses grands-parents à Murat-le-Quaire, d’où il tirera son nom d’artiste. Il se nommait en fait Jean-Louis Bergheaud. Il se passionne très jeune pour la musique, son père faisait partie de l’harmonie municipale, il apprend le saxo. Il obtient son bac en candidat libre, puis enchaîne les petits boulots. 
Il fonde un premier groupe, Clara, avec lequel il se produit en première partie de William Sheller. Son premier disque, dont le titre était : Suicidez-vous le peuple est mort, fait scandale; les médias craignaient  que ce soit  une invite au suicide. Puis viendront Passions Privées, Cheyenne Autumn, Manteau de pluie. Et  Col de la Croix-Morand. Et bien d’autres. Son style de musique, c’était le rock, mais aussi la pop, les balades. En 2017, il déroute ses fans avec Travaux sur la N89,  d’inspiration électronique. 
C’était un homme plein de contradictions, à l’emporte- pièce. Et pas très tendre avec le showbiz, dont  il égratignait  souvent  les vedettes, que ce soit Hallyday , Goldman,  ou Renaud. En fait, il détestait le côté commercial de ce milieu. Pour preuve, le jour où il avait déjeuné avec le patron d’une maison de disque et sa grande vedette du moment: « Je n’ai pas passé l’entrée; je leur ai dit : je n’ai rien à voir avec vous, je vous emmerde, au revoir , je me casse Il n’épargnait personne, même pas Emmanuel Macron, qu’il taxait de petit apprenti. Gageons que ce dernier ne se fendra pas d’un hommage. Il détestait aussi les Enfoirés. 
Jean-Louis Murat m’a toujours été sympathique, avec son côté Rimbaud, égaré dans un monde qui n’était pas fait pour lui. Et puis pour des raisons de proximité : j’ai des ancêtres auvergnats, du Cantal pour être précis.  Il faut dire que ma généalogie est plutôt un sacré mélange : du Parigot, du Breton, du Corrézien, de l’Alsacien, en plus de l’Auvergnat. 
Jean-Louis Murat était un perfectionniste, toujours à la recherche de la sonorité et des mots exacts. Il était à la recherche de l’absolu, peut-être à la recherche de lui-même. S’est- il seulement trouvé?   
Je ne l’ai pas connu ni approché. Mais je lui dédie ces quelques mots, qu’il n’aurait peut-être pas désavoués : 
 «Mourir à Venise ou au fin fond d’un trou perdu, quelle importance lorsque vient la fin.»  « La connerie est la chose la mieux partagée au monde; personne ne vient en réclamer un  supplément.» « Certains que l’on nomme Stars ne sont au fond que des étoiles mortes.» 
Si je devais manquer de toi, 1987. Aujourd »hui c’est de lui que nous manquons.

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20 Comments

  1. C’était une belle époque, celle de Jean-Louis Murat. Quelques décennies, à peine, ont suffi pour que de beaux garçons romantiques comme lui, chantant de belles chansons, cèdent la place sur les ondes à des tronches de gibiers de potence psalmodiant leur haine et leur désir de tuer les blancs. A-t-on jamais vu une telle décadence culturelle, une telle abjection se faisant passer pour de l’art ?

  2. En effet, il y a quelque chose d’irréel et de profondément triste d’apprendre la mort brutale de Jean Louis MURAT.
    Il est un souvenir lumineux et sombre, si proche et lointain à la fois.
    Merci à lui pour tous ces beaux souvenirs. Que la terre d’Auvergne lui soit légère, pour l’éternité.

  3. Je n’ai jamais connu Jean-Louis Murat ne m’intéressant pas du tout à ce type de musique. Et je te remercie, ami Argo, de me l’avoir fait connaître par ton article. Le personnage paraît vraiment intéressant, hors des sentiers battus, appliquant ses convictions. Tout ce que j’aime chez un individu.
    Tu donnes beaucoup de renseignements sur Jean-Louis Murat dans ton article, mais tu m’as donné envie de le connaître davantage et je vais me balader un peu sur le net à ce sujet-là.

  4. R.I.P. Jean-Louis. Tu étais beau et romantique.
    Quelle différence, le jour et la nuit, avec les rappeurs d’aujourd’hui.
    En te revoyant, en te réécoutant, on constate l’étendue des dégâts à ce niveau.

  5. Ah merci pour cet hommage, je me souviens de cet artiste des années 80 !!! et de cette chanson ,en tout cas c’était toute ma jeunesse les 80’s

  6. Des textes un peu jolis, mais pas tout le temps et mais, aucune voix. Rien, nada. Mais qu’il traitait le choupinet d’apprenti, cela me le rend sympathique !

  7. @ Argo
    « La connerie est la chose la mieux partagée au monde; personne ne vient en réclamer un supplément. » Si je puis me permettre, la plupart de ceux qui composent les classes politiciennes toujours en surenchère, du sommet de l’État aux maires et élus secondaires, en passant par nombre de philosophes auto-proclamés, de chefs d’établissements de toutes sortes, de scientifiques de plateaux télé, d’artistes de tout poil,… Cela fait beaucoup de monde, bien difficile de citer toutes les corporations de métiers. Il y a toujours un qui renchérit un moment ou un autre 😉 pour être « plus fort que moi tu meurs ! »

  8. « Égare Un monde pas fait pour lui ? » Mais il est fait pour qui, le monde actuel ? Il n’a plus de sens, il ne ressemble à rien Il n’a plus rien de beau, d’harmonieux, d’enthousiasmant. . Il est désespérant; il met la folie et la laideur à l’honneur.

  9. Merci à vous , oui Murat on connaissait même si il était discret .

  10. Merci pour ce bel hommage à un grand artiste. Je réécoute souvent l’album « le manteau de pluie », mon préféré, surtout « le lien défait, » « sentiment nouveau », et bien sûr « Cours dire aux hommes faibles », ma chanson favorite…

    Je viens de voir que sur le site officiel de JLM, youtube a réautorisé le magnifique et émouvant clip original, un temps censuré pour nudité « choquante » par le puritanisme débile qui sévit de nos jours. Il y en a même trois versions, dont deux que je découvre (la première avec juste les mains est très belle).

    https://www.youtube.com/watch?v=nqq8NBPLHQk

    Il y eut aussi le beau duo avec Mylène Farmer, « Regrets »… .

  11. J avais dansé avec lui dans nos belles années dans une boite de nuit au pied du puy de dome c etait quelqu un de simple et attachant……

  12. Taddéï va nous proposer une rediff d’une interview très drôle de Murat en 2009. Europe 1 vers 9h40 ce matin…dans 1/2 heure !

  13. L’ange déchu également si belle chanson « parfois je prie mon ange ne m’oublie pas »… et comme il était beau , dans le clip avec Mylène aussi.

  14. Il n’avait pas fuit en Suisse et à Los Angeles…, il ne sera donc jamais une « idole ».

  15. Très bel hommage Argo. Un personnage, un artiste, qui en avait comme on dit.
    Les mots liberté et honnêteté s’appliquaient parfaitement à Murat.
    Un mauvais caractère qui contrastait avec les mièvres faux-culs de la profession.
    Mais les médias et le vulgus pecum ont toujours préféré la facilité niaise, de France Gall à Patriiiiick !

    • @Mantalo. Patrick Je m’en fiche j’ai jamais accroché. Mais France Gall, ok c’est mièvre, mais c’était quand même une sacré signature qui a bercé ma pré-adolescence. Sans être fan c’était de la musique d’une époque qui était joyeuse et insouciante. JL Murat j’aimais bien. Autre style.

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