L’Union européenne impuissante face au protectionnisme américain

Comme d’habitude, les Américains ont dégainé les premiers, nous rappelant au passage qu’ils n’entendent respecter aucune règle en matière de commerce international.

En effet, l’IRA (Inflation Reduction Act) n’a rien à voir avec un outil anti-inflation, mais s’apparente plus exactement à une subvention directe de 420 milliards de dollars à l’industrie de la voiture électrique américaine et des énergies renouvelables, qui vont créer de fait une barrière à l’entrée infranchissable pour les entreprises européennes.

Pour résumer, toute voiture électrique produite aux États-Unis se retrouvera environ 20 % moins chère qu’un modèle équivalent européen.

Donald Trump, durant son quinquennat, a tué l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en ne nommant pas les juges arbitraux auxquels les États-Unis ont droit, ce qui paralyse l’institution depuis des années. Les contentieux s’accumulent, et il faudra très longtemps pour purger le stock.

 Joe Biden, ou plus exactement son administration (vu que ce dernier ne souvient probablement pas qu’il est Président), s’est bien gardé d’y remédier, ce qui permet aux États-Unis d’enfreindre allègrement les règles du commerce international en repoussant aux calendes grecques toute procédure de la part de l’Union européenne.

Contrairement aux Européens, les Américains ont depuis bien longtemps compris comment utiliser l’OMC à leur avantage, en bafouant les accords signés, puis en payant éventuellement des compensations 15 ans plus tard, lorsque le mal est fait.

Macron est déjà allé manifester son mécontentement lors de son récent voyage aux États-Unis ; il est bien entendu revenu bredouille, avec une petite claque sur la joue, et l’assurance que les États-Unis prendraient bien entendu en considération les intérêts de leurs « amis » européens.

Thierry Breton et von der Leyen ont annoncé que l’UE allait prendre des mesures pour « aplanir les distorsions de concurrence ». C’est la périphrase que l’UE utilise pour qualifier des mesures de rétorsion visant à riposter à un acte de guerre économique de la part des États-Unis.

Un plan en 3 volets, de 350 milliards d’euros, va paraît-il être mis en place, et on va voir ce qu’on va voir. Volet réglementaire destiné au développement de la « green tech » (comprenez plus de moulins à vents et de miroirs) ; un accès facilité à des fonds pour les États membres afin de gaver de subventions ces projets qui, comme tout le monde le sait, sont structurellement déficitaires. Le tout complété par la création d’un « fonds souverain » européen chargé d’investir dans des projets industriels “verts”.

Il y a très peu de chances que ce projet voit le jour sous la forme prévue, car les Allemands et les Hollandais n’ont aucune envie de créer de la dette mutualisée. De plus, les Allemands, qui ont un excédent commercial considérable avec les États-Unis, n’ont aucune envie d’entrer dans une guerre commerciale avec eux, et préfèrent la négociation avec Washington.

Même si par hasard l’UE venait à le mettre en œuvre, la France n’aurait absolument rien à y gagner. Tout d’abord, il faudra bien garantir ces 350 milliards d’euros, ce qui signifie que la France se retrouverait contrainte d’en garantir au moins 25 %,  soit 88 milliards d’euros de hors bilan supplémentaires, comme si nous pouvions nous permettre cela, alors que soi-disant la France est à l’euro près.

Mais le plus grave n’est pas là ; notre industrie étant quasi morte, nous n’aurions presque aucune entreprise en mesure de profiter de ce plan. Quant au fonds souverain européen, ce doux oxymore, vous pouvez être certain que les Allemands en prendront le contrôle, et en profiteront pour favoriser leur industrie. L’Allemagne est un pays en ordre de bataille industriel dont l’écosystème industriel est en position de profiter de chaque euro de subvention, ce qui n’est pas le cas chez nous.

Au final, nous allons encore une fois de plus garantir des dizaines de milliards d’euros de fonds qui iront gaver les industries allemandes, hollandaises, danoises et polonaises.

En réalité, ce plan de subvention américain n’a que peu d’influence sur notre industrie, vu que cette dernière n’existe plus. Quant aux cris d’orfraie des constructeurs automobiles français, ils oublient qu’il y a moins de 1000 voitures de marque Renault ou Peugeot qui circulent aux États-Unis, sur 283 millions de véhicules au total ! Et l’une d’entre elle est la Peugeot 403 de l’inspecteur Colombo.

Les voitures françaises sont trop petites et pas assez puissantes pour pénétrer le marché américain. Ce sera la même chose pour les voitures électriques.

Quant aux moulins à vent, nous ne produisons pas d’éoliennes, et les sociétés d’exploitation des champs éoliens sont toutes allemandes ou danoises.

Si Macron et Le Maire avaient à cœur de défendre les intérêts de leur pays, ils feraient tout ce qui est en leur pouvoir pour faire capoter ce projet de riposte européenne, et surtout prendraient toutes les mesures pour ne pas alourdir notre dette hors bilan en garantissant des prêts pour les industries des autres.

De plus, aussi détestables soient les Américains, il ne faut pas oublier que c’est l’un des rares pays avec lequel nous avons un excédent commercial (21 milliards de dollars), et que cet excédent commercial est à forte marge. L’intérêt de la France n’est donc pas de rentrer en conflit ouvert avec eux, alors que rien ne le justifie. Laissons donc les autres pays européens aller à l’abattoir à notre place.

Ce que met une fois de plus en relief l’attitude de nos gouvernants, c’est que la notion d’intérêt national a complètement disparu, remplacée qu’elle est par un soi-disant intérêt européen, que personne n’est capable de définir.

La première mesure raisonnable à prendre, par exemple, serait de s’arranger pour que les entreprises américaines et étrangères ne remportent plus aucun appel d’offre en France, afin d’orienter la dépense publique uniquement vers nos entreprises nationales, en rédigeant astucieusement ces derniers. Cela va bien entendu à l’encontre de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée ; c’est la raison pour laquelle il faut le faire sans le dire.

En tout cas, quoi qu’il advienne de ce projet de riposte européenne, on connaît déjà le nom du futur dindon de la farce.

Alain Falento

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6 Commentaires

  1. Et nous sommes toujours les derniers, et les plus mal servis, pour faire monter cette construction au détriment de notre industrie, au détriment de notre agriculture, ne serait-ce que ce marché de l’électricité qui est fait pour nous ruiner, pourquoi l’avons-nous accepté ??
    Aujourd’hui l’UE nous impose les éoliennes, et nous sommes incapables de dire NON, alors que chacun sait , avec le recul, que ces constructions produisent surtout du vent et des ennuis pour ceux qui vivent dans leurs parages.
    L’UE exige la destruction de 30% de la flotte de pêche française, pourquoi faut-il obéir ??
    Jusqu’où ira la destruction ???

  2. Le FREXIT est la seule façon de s’en sortir.
    Cette UE bancale , à l’administration obèse, nous ruine et ne nous apporte rien en retour.
    Le pire étant que nos dirigeants se sont couchés des années durant face aux exigences des autres pays, histoire d' »aider » à la construction européenne, faisant fi des besoins du pays.

  3. « …L’Union européenne impuissante face au protectionnisme américain… » Que peut-elle y faire ? RIEN ! D’autant que cette union est une chimère ; tous les pays européens s’équipent chez Robinette Bidon et même la France qui fabrique ses propres avions les arme avec des munitions américaines. Les pays de l’UE se sont soumis à Bruxelles qui est aux ordres de Washington. Tant qu’ils ne sortiront pas de cette union merdique, les pays européens seront soumis aux USA (et iront guerroyer en Ukraine tôt ou tard…)

  4. L’Union Européenne se comporte comme un caniche avec les Amerloques qui ne respectent rien et qui font ce qu’ils veulent en créant une loi protectionniste pour leur industrie mais les Amerloques sont les maîtres du chantage commercial et judiciaire avec leur concurrent Européens et Japs pour leur seul profit en utilisant le concept d’extra territorialité avec l’exemple d’Alstom où un cadre de l’entreprise a été incarcéré par les Cow Boys pour que tout simplement les français vendent Alstom à Général Electric en ce qui concerne la branche énergie du groupe français vendu à la découpe par Patrick Kron et Macronor Flatulator alors ministre de l’économie de Hollanchon .Les Amerloques sont des rapaces et ils nous prennent pour des cons !

  5. Comme d’habitude, les Américains ont dégainé les premiers, nous rappelant au passage qu’ils n’entendent respecter aucune règle en matière de commerce international. Oui, mais dites vous bien que les Russes, vont bientôt siffler la fin de la partie….Coté UE grosse désillusion, j’avais toujours pensé qu’avec sa monnaie sa aurait été un concurrent aux dollars US, en plus de sa souveraineté et de son indépendance et d’une force potentielle sur le plan géostratégique ,bon j’étais assez jeune et idéaliste on nous a vendu du rêve si se n’est qu’un vaste mensonge

  6. La planche à billets, l’emprunt, le retour des assignats, la ruine…

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